le brexit - Bibliothèque de Clermont Communauté

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EXPLIQUEZ-NOUS
LE BREXIT
Dossier documentaire
Médiathèque de Jaude
EXPLIQUEZ-NOUS LE BREXIT
1ère partie- Sur le site www.touteleurope.eu :
Créé en 1992 comme Centre d'information sur l'Europe, Toute l'Europe aujourd'hui c'est :
• depuis mai 2006, le premier portail en ligne d'information sur les questions européennes
: Touteleurope.eu. Il propose une information pédagogique sur le fonctionnement et les
politiques de l'Union européenne, un décryptage de l'actualité européenne dans toutes ses
dimensions (politique, économique, sociale, historique, culturelle), ainsi que des clés pour
saisir les enjeux et des outils de participation au débat. Touteleurope.eu propose : une revue
de la presse européenne quotidienne, des articles, des entretiens vidéo, une lettre
d'information hebdomadaire, des cartes comparatives, des datavisualisations, des chiffres
clés, des débats en ligne, des plateformes innovantes, un blog, etc.
• Le moteur d'un réseau européen d'associations, cercles de réflexion et media sur les
questions européennes, Toute l'Europe relaie leurs analyses les plus stimulantes, pour
montrer la diversité des points de vue et alimenter le débat sur les grands enjeux européens.
Toutes les initiatives de la société civile sont mises en avant sur une plateforme dédiée:
"Rencontrez l'Europe !"
• Un espace d’expression et de participation ouvert aux internautes, Toute l'Europe anime le
débat sur l'UE et ses réalisations concrètes, à travers des conférences de haut niveau ouvertes
au public, des chats mensuels autour de personnalités européennes, et le développement de
communautés sur les réseaux sociaux.
2ème partie- Sur le site http://www.franceculture.fr :
Articles, podcasts, vidéos sur le Brexit
1ère partie- Sur le site www.touteleurope.eu
Dossier Brexit
29/06/16
Royaume-Uni
Dossier : Brexit : quelles menaces pour l'Europe ?
1946 – 2016 : 70 ans d'histoire des relations
UE-Royaume-Uni en 10 dates
17.06.2016
Le 23 juin, les Britanniques sont convoqués aux urnes pour écrire une nouvelle page de leur histoire
avec l'Union européenne. Une histoire démarrée au sortir de la Seconde Guerre mondiale alors que
Winston Churchill voyait se dessiner à grande vitesse la division de l'Europe ; marquée par le
volontarisme puis l'intransigeance du Parti conservateur ; et qui pourrait donc connaître un sérieux
coup d'arrêt en cas de Brexit.
De 1946 à 2016, Toute l'Europe a identifié 10 dates majeures dans les tumultueuses relations UERoyaume-Uni, permettant d'éclairer, voire d'expliquer, la tenue de ce (deuxième) référendum
d'appartenance à l'Union européennne.
1946 : Discours de Winston Churchill à Zurich sur les EtatsUnis d'Europe
En 1946, Winston Churchill plaide, lors d'un discours à Zurich, pour la constitution "d'Etats-Unis
d'Europe". Alors que la division de l'Europe se dessine et que la Guerre froide démarre, il s'agit,
selon lui, du meilleur moyen de protéger le continent. Néanmoins, il n'intègre pas le Royaume-Uni
à cette idée, qui relèverait plutôt de la responsabilité de la France et de l'Allemagne.
Winston Churchill
"Si les pays européens parvenaient à
s'unir, leurs 300 à 400 millions
d'habitants connaîtraient, par le fruit
d'un commun héritage, une prospérité,
une gloire, un bonheur qu'aucune borne,
qu'aucune frontière ne limiterait",
déclare Winston Churchill à Zurich le 19
septembre 1946. Ecarté du pouvoir
depuis un an par les travaillistes, le héros
de la Seconde Guerre mondiale n'en
demeure pas moins actif sur le plan
politique et multiplie les discours,
aujourd'hui passés à la postérité,
principalement pour avertir sur la
naissance du Rideau de fer s'apprêtant à scinder l'Europe.
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Dossier Brexit
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Et pour l'ancien Premier ministre - qui retrouvera son poste en 1951 - l'avenir du Vieux Continent
doit passer par la constitution de "quelque chose comme les Etats-Unis d'Europe". Le joug
germanique et l'anéantissement de la culture européenne ayant été évités, il convient désormais de
"reconstituer la Famille européenne, aussi largement que possible, et de lui donner un cadre de
telle manière qu'elle puisse se développer dans la paix, la sécurité et la liberté", présente-t-il depuis
la Suisse.
La formule "Etats-Unis d'Europe", utilisée bien avant Churchill par Victor Hugo, est encore
aujourd'hui présente dans l'imaginaire européen. Pouvant représenter, pour les pro-européens, un
idéal à atteindre, qu'elle ait été prononcée par un Britannique ne constitue pour autant pas un
paradoxe. En effet, Winston Churchill n'inclut pas son pays dans le projet. L'homme d'Etat place en
effet le Royaume-Uni à la croisée de trois mondes : l'Atlantique, le Commonwealth et l'Europe.
"Chaque fois que nous devrons choisir entre l'Europe et le grand large, nous choisirons le grand
large", avait-il d'ailleurs confié au général de Gaulle en juin 1944. Dans l'esprit de Churchill, la
Grande-Bretagne serait le "sponsor" d'une construction européenne, dont la direction relèverait de
la responsabilité commune de la France et de l'Allemagne.
Quelque 70 ans plus tard, Boris Johnson - auteur d'une biographie remarquée de Churchill et figure
de proue des partisans du Brexit - voire David Cameron, dont la fibre européenne ne s'est
véritablement éveillée qu'avec la nécessité politique de remporter le référendum, ne sont
probablement pas éloignés de cette conception de l'Europe.
1950 : Le Royaume-Uni refuse de participer à la CECA
En 1950, Robert Schuman, l'un des pères fondateurs de l'Europe, pose les premiers jalons de la
construction européenne et présente son plan pour la création d'une Communauté européenne du
charbon et de l'acier (CECA). Le Royaume-Uni refuse d'y participer.
Discours de Robert Schuman, le 9 mai
1950
Le 9 mai 1950, Robert Schuman
prononce le désormais fameux discours
de l'Horloge, véritable coup d'envoi de la
construction européenne et expose son
plan pour instaurer une Communauté
européenne du charbon et de l'acier
(CECA). L'objectif est de rendre la
guerre aussi "impensable" que "matériellement impossible" entre les puissances européennes. Six
pays adhèrent au projet : la France et l'Allemagne, principaux intéressés, ainsi que les Pays-Bas, la
Belgique, le Luxembourg et l'Italie - les futurs membres fondateurs de la Communauté économique
européenne en 1957. Le Royaume-Uni, alors producteur incontournable de charbon et d'acier, n'est
pas consulté.
Le travailliste Clement Attlee est, en 1950, le Premier ministre britannique. Invité à participer au
projet, ce dernier présente rapidement son refus, dès le 3 juin. Ce dernier, tout comme l'opposition
conservatrice menée par Winston Churchill, voit d'un mauvais œil ce qui est alors perçu comme une
atteinte à la souveraineté du pays et un risque pour leurs relations commerciales privilégiées avec
les pays membres du Commonwealth. "Nous sommes désireux de jouer un rôle actif dans tous les
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Dossier Brexit
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types de coopération européenne sur une base intergouvernementale, mais nous ne pouvons pas
céder notre liberté de décision et d'action à une quelconque autorité supranationale", déclare ainsi
Clement Attlee en 1951.
A cela s'ajoute la crainte, chez les travaillistes, que cette première ébauche de construction
européenne ne vienne saper leurs efforts pour mettre en œuvre un Etat-providence au RoyaumeUni. Le gouvernement de Clement Attlee "qui a nationalisé les charbonnages pour maintenir le
plein emploi, redoute également une fermeture des puits les moins rentables en cas de concurrence
étrangère et craint qu'une Europe des patrons remette en question les acquis sociaux du Welfare
State", explique le Centre virtuel de la connaissance sur l'Europe. Une vision de l'Europe d'ailleurs
assez proche de celle de Jeremy Corbyn, actuel leader du Labour, dont l'euroscepticisme a toujours
été lié au libéralisme européen, source selon lui de réduction des droits des travailleurs.
1960 : Création de l'AELE, concurrente de la CEE
En 1960, afin de concurrencer la Communauté économique européenne (CEE), créée en 1957, le
Royaume-Uni est à l'origine de l'Association européenne de libre-échange (AELE), aux côtés de six
autres pays. Une initiative qui se révèlera insuffisante pour Londres, qui déposera sa première
candidature pour intégrer la CEE dès l'année suivante.
Harold Macmillan (à gauche), avec
John F. Kennedy, en 1961
Dans la première partie des années 1950,
le Royaume-Uni est invité par les pays
qui deviendront les Six à participer à
l'élaboration de la Communauté
économique européenne (CEE). Mais à
l'instar de la CECA, la CEE ne suscite
pas l'enthousiasme du gouvernement,
conservateur de 1951 à 1964. De fait, les Britanniques ne croient pas que le projet de traité soit
viable, ne désirent pas s'engager dans une union douanière qui serait défavorable aux pays du
Commonwealth, et rejettent toute institution qui pourrait avoir autorité sur le gouvernement ou le
Parlement.
Dans ce contexte, le Royaume-Uni se rapproche plutôt des pays scandinaves (Norvège, Suède,
Danemark), de la Suisse, de l'Autriche et du Portugal pour constituer l'Association européenne de
libre-échange (AELE), alternative plus souple et non politique à la CEE. Un projet concurrent qui
ne rencontrera toutefois pas le succès espéré. Le Royaume-Uni connaît en effet d'importantes
difficultés économiques, tandis que ses liens avec le Commonwealth se distendent sous l'effet de la
décolonisation. Même l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle en France, réputé pour son hostilité
envers les organisations internationales, n'entrave pas le démarrage de la CEE. Cette dernière
s'enracine et favorise le dynamisme économique de ses membres.
C'est pourquoi dès 1961, Harold Macmillan, alors Premier ministre, dépose la première demande
d'adhésion britannique à la CEE, faisant valoir que la prospérité du pays en dépend et que les
relations avec le Commonwealth n'auront pas à en pâtir. Plus qu'un rapprochement de cœur, le
revirement britannique à l'égard de l'Europe est fondamentalement lié aux questions économiques et
intervient à une période de faiblesse du pays, également en perte de rayonnement sur le plan
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Dossier Brexit
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international.
1963 et 1967 : La France s'oppose à l'intégration du RoyaumeUni à la CEE
En 1963, puis en 1967, la France rejette les deux premières candidatures britanniques d'adhésion à
la Communauté économique européenne (CEE). Le général de Gaulle, alors président français,
estime en effet que le Royaume-Uni est trop tourné vers les Etats-Unis et que cet élargissement
porterait atteinte aux acquis communautaires, en particulier concernant la Politique agricole
commune (PAC).
Le général de Gaulle, avec Konrad
Adenauer en 1961 : le premier "couple
franco-allemand"
Par deux fois, au cours des années 1960
et alors que les conservateurs et les
travaillistes se succèdent à la tête de
l'exécutif, la candidature du RoyaumeUni à la CEE est rejetée par la France.
La première, émise par le gouvernement
d'Harold Macmillan en 1961, avait en réalité peu de chances d'aboutir, dans la mesure où elle
comportait - déjà - des demandes d'exceptions, concernant les pays de l'ancien empire britannique,
ou encore la Politique agricole commune (PAC), et qui auraient été contraires aux acquis
communautaires. En outre, le général de Gaulle voyait dans l'adhésion britannique à la CEE
l'arrivée des Etats-Unis dans les affaires du continent et donc une "menace à l'Europe européenne".
La seconde demande d'intégration à la CEE est quant à elle déposée par le travailliste Harold
Wilson en 1967. Fort peu enthousiaste vis-à-vis de la construction européenne, le Labour retrouve
le pouvoir en 1964 et doit faire face à une situation économique encore dégradée. Trois années
seront alors nécessaires pour convaincre le Premier ministre de frapper à nouveau à la porte de
l'Europe. En effet, son camp continue de craindre pour les droits sociaux dans le cas d'une adhésion
à la CEE. Et, plus encore que les conservateurs à l'époque, il est attaché à l'indépendance du pays
ainsi qu'à la special relationship avec les Etats-Unis.
Or de nouveau, le général de Gaulle oppose son véto à la candidature britannique, mettant en avant
les concessions trop importantes que cela comporterait sur la PAC, l'atlantisme du Royaume-Uni et,
cette fois, les difficultés économiques du pays, qui vient alors de procéder à une dévaluation de la
livre sterling. Inflexible, le président français ne propose au Royaume-Uni qu'une simple
association commerciale, refusée tant par Londres que les cinq autres Etats membres de la CEE.
Mettant la participation française à la CEE dans la balance et n'hésitant pas à bloquer le processus
de la construction européenne, l'opposition du général de Gaulle ne pourra être contournée jusqu'à
son départ du pouvoir, en 1969.
1973 : Entrée du Royaume-Uni dans la CEE
En 1973, la troisième candidature du Royaume-Uni pour adhérer à la Communauté économique
européenne (CEE) est validée par l'Europe des Six, y compris la France. La proximité entre le
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Dossier Brexit
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Premier ministre britannique Edward Heath, et le président français Georges Pompidou sera
déterminante. Consultés par référendum en 1975, les Britanniques approuvent l'intégration.
Edward Heath
C'est à leur troisième tentative que les
Britanniques sont finalement admis à
intégrer la Communauté économique
européenne, en 1973, après des échecs
en 1963 et 1967. En effet, en 1969, le
général de Gaulle quitte le pouvoir en
France, à la suite du rejet par les
Français de sa proposition de réforme du
Sénat par référendum. Un départ qui ouvre la voie à l'intégration du Royaume-Uni, dans la mesure
où Georges Pompidou ne partage pas les positions de son prédécesseur vis-à-vis des Britanniques et
où les cinq autres Etats membres de la CEE y sont depuis plusieurs années favorables.
Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un véritable couple francobritannique parvient même à se constituer. Arrivé au 10 Downing Street en 1970, le conservateur
britannique Edward Heath, ancien chef des négociations pour l'intégration britannique à la CEE
dans les années 1960 et Européen convaincu, trouvera en la personne de Georges Pompidou un
proche interlocuteur. Les principaux points de friction entre les deux pays sont levés, notamment
celui relatif au montant de la participation britannique au budget communautaire - même si ce
dernier point ne tardera pas à ressurgir par la suite. En outre, les deux hommes partagent la vision
selon laquelle l'Europe doit être une entité à même de rivaliser avec les Etats-Unis et l'Union
soviétique, tout en reconnaissant la présence militaire américaine indispensable sur le continent.
Malgré tout, dès 1975, l'appartenance britannique à la CEE est remise en question. Perdant des
élections législatives de 1974, principalement en raison du contexte économique et social
particulièrement difficile et de l'explosion des Troubles en Irlande du Nord, symbolisés par la
tragédie du Bloody Sunday, Edward Heath cède en effet la place à son prédécesseur Harold Wilson.
Or le Labour demeure très divisé sur la question européenne et M. Wilson a dû promettre
d'organiser un référendum en cas de victoire, afin d'éviter l'éclatement de son parti. Après avoir
obtenu quelques concessions mineures de la part de ses partenaires européens, comme sur… la
participation du pays au budget européen, Harold Wilson milite pour rester dans la CEE et évite ce
qui n'est pas encore appelé un 'Brexit' avec une majorité confortable (67% de "oui" à l'Europe).
Quelque quarante ans plus tard, le parallèle avec la présente situation est frappant. Seuls les rôles se
sont inversés : les conservateurs sont aujourd'hui les plus divisés sur la question européenne et
David Cameron a remplacé Harold Wilson dans le rôle du chef de parti tiraillé entre deux camps.
Différence de taille par rapport à 1975 toutefois : le référendum de 2016 a peu de chance d'aboutir à
une victoire aussi confortable du "oui" à l'Europe.
1979 : Margaret Thatcher wants her money back
En 1979, Margaret Thatcher, tout juste élue Premier ministre, entre en conflit avec l'Union
européenne et réclame un rabais sur la participation de son pays au budget communautaire. Le
début d'une longue confrontation, conclue seulement en 1984, et qui se soldera par une victoire pour
la Dame de fer.
Margaret Thatcher
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Dossier Brexit
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En 1979, le retour des conservateurs au pouvoir et l'accession de Margaret Thatcher à la tête du
gouvernement marquent l'ouverture d'une première période de crise entre le Royaume-Uni et
l'Europe. De fait, si à bien des aspects, les onze années au pouvoir de la Dame de fer ont
révolutionné la politique britannique, l'Europe, au même titre que l'économie ou encore les affaires
étrangères, a fait partie de ses chevaux de bataille prioritaires. Au sommet de Dublin, le 30
novembre 1979, six mois seulement après son entrée en fonctions, Margaret Thatcher prend ainsi de
court ses homologues européens en demandant, avec virulence, un rabais à la participation de son
pays au budget communautaire. La formule, elle, est entrée dans l'histoire : "I want my money
back".
Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, médusés, cherchent à contourner son refus
catégorique. Sans succès. Leurs successeurs, respectivement François Mitterrand et Helmut Kohl
n'y arriveront pas davantage. Pendant cinq ans, le Premier ministre britannique restera inflexible,
n'hésitant pas à bloquer la progression de la construction européenne. Au cœur de la discorde : la
Politique agricole commune. Secteur peu important au Royaume-Uni qui, traditionnellement,
importe des produits agricoles bon marché en provenance des membres du Commonwealth, il est en
revanche crucial pour les pays d'Europe continentale, et notamment la France, qui ont pour objectif
l'autosuffisance alimentaire.
L'issue du blocage n'interviendra que le 26 juin 1984 lors du sommet de Fontainebleau, se soldant
par une victoire totale pour Margaret Thatcher. Les Européens se résolvent à accorder au RoyaumeUni ce qu'ils désirent et lui accorder un "rabais" conséquent sur sa participation au budget
communautaire, pomme de discorde qui ne cessera d'être remis sur le tapis à intervalle régulier
jusqu'à aujourd'hui.
Allant jusqu'à paralyser la CEE, Mme Thatcher n'ira toutefois pas jusqu'à la faire péricliter et jouera
le jeu du "sommet de la dernière chance" - expression qui fera sa réapparition jusqu'à l'indigestion
avec la crise grecque de 2015 - finissant par accepter les propositions de ses homologues. L'année
suivante, Margaret Thatcher validera la nomination de Jacques Delors à la présidence de la
Commission européenne, jugé moins fédéraliste que son concurrent, Claude Cheysson, mais qui se
révélera être un farouche adversaire pour la cheffe du gouvernement britannique.
1992 : Le Royaume-Uni ratifie le traité de Maastricht, mais
refuse la monnaie unique
En 1992, en dépit de l'opposition d'une partie de son parti, le conservateur John Major ratifie le
traité de Maastricht. Lors des négociations préalables, il a néanmoins obtenu une clause lui
permettant de ne pas avoir à adhérer à la monnaie commune.
John Major, en 2013
Depuis la seconde moitié des années
1980, Margaret Thatcher et les
conservateurs se montrent favorables à
l'Acte unique, élaboré par Jacques
Delors, nommé président de la
Commission européenne en 1985, et à
l'approfondissement du Marché unique.
En revanche, les Tories rejettent en bloc
l'idée d'un "super-Etat européen", ainsi que tout abandon de souveraineté dans les domaines
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économique, financier et social.
En 1990, la Dame de fer est cependant évincée du pouvoir par ses rivaux conservateurs et John
Major prend sa succession à la tête du parti et du pays. Un changement politique non dénué
d'importance au niveau européen dans la mesure où M. Major se montre nettement plus ouvert que
Mme Thatcher. Le contexte est donc favorable à ce que le Royaume-Uni ratifie le traité de
Maastricht, qui doit entrer en vigueur en 1992 et destiné à donner à la CEE une véritable dimension
politique et entériner l'instauration d'une monnaie commune.
Naturellement, les conservateurs, au pouvoir sans discontinuer entre 1979 et 1997, sont très divisés
sur la question et globalement peu enclins à accepter un tel degré d'intégration européenne. En
1991, John Major obtient donc de ses homologues une "clause de retrait" afin de ne pas avoir à
adhérer à la monnaie commune ou à la charte sociale européenne. En échange, le Premier ministre
s'engage à ratifier le traité. Combattu par la frange la plus eurosceptique de son parti, qui exige la
tenue d'un référendum sur cette question, John Major tient bon et évite cette solution à risque en
menaçant de démissionner. Un succès qui, de toute évidence, ne parviendra néanmoins pas à
éteindre la division des conservateurs sur l'Europe. Cette dernière se réveillera fortement lors du
retour des Tories au pouvoir, en 2010, conduisant donc David Cameron, également sous la pression
de la popularité du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), résolument anti-européen,
à, cette fois, consulter le peuple britannique.
1994, 2004 et 2014 : Le Royaume-Uni s'oppose à la nomination
de personnalités trop fédéralistes à la présidence de la
Commission européenne
En 1994, 2004 et 2014, le Royaume-Uni s'oppose à la nomination du candidat favori pour la
présidence de la Commission européenne. Respectivement Jean-Luc Dehaene, Guy Verhofstadt et
Jean-Claude Juncker sont considérés trop fédéralistes par Londres. Le Premier ministre obtiendra
gain de cause dans les deux premiers cas, mais pas dans le troisième.
De gauche à droite : Jean-Luc
Dehaene, Guy Verhofstadt et JeanClaude Juncker
John Major aura incontestablement été
un interlocuteur plus facile que Margaret
Thatcher, à qui il a succédé en tant que
Premier ministre en 1990. Malgré cela,
tout n'aura pas été idyllique entre
Londres et Bruxelles durant cette période
avec, en point d'orgue, le véto britannique, en 1994, à la nomination du Belge Jean-Luc Dehaene à
la présidence de la Commission européenne. M. Major fut à l'époque le seul dirigeant parmi les
douze Etats membres que comptait alors la CEE à s'opposer à l'ancien Premier ministre belge,
estimant qu'il se montrerait trop fédéraliste et interventionniste vis-à-vis des gouvernements
nationaux. Le Luxembourgeois Jacques Santer sera nommé en remplacement - avant d'être conduit
à la démission en 1999 à la suite d'allégations de mauvaise gestion.
Dix ans plus tard, en 2004, au moment de choisir un successeur à Romano Prodi à la tête de
l'exécutif européen, le même cas de figure s'est reproduit. Tony Blair, Premier ministre depuis 1997
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Dossier Brexit
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et enclin à renforcer la participation du Royaume-Uni dans l'Union européenne, s'oppose à la
candidature d'un autre Premier ministre Belge, Guy Verhofstadt. Tout comme pour M. Dehaene, le
dirigeant britannique reproche à la personnalité défendue par l'Allemagne et la France son
positionnement fédéraliste. Le véto de Tony Blair sera insurmontable et José Manuel Barroso sera
finalement nommé à la tête de la Commission européenne. Ce dernier restera dix ans à ce poste, ce
qui coïncidera avec une perte significative d'envergure politique pour l'institution de Bruxelles.
Enfin, en 2014, bis repetita. A l'image de ses prédécesseurs, David Cameron, au pouvoir depuis
2010 et déjà aux prises avec la frange eurosceptique de son parti - l'organisation d'un référendum
d'appartenance à l'UE ayant été promise en janvier 2013 - s'oppose au candidat "naturel" pour le
poste de président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Or contrairement à 1994 et
2004, M. Juncker n'est pas choisi par les Etats membres, mais est la tête de liste du Parti populaire
européen (groupe où figure la plupart des conservateurs européens, à l'exception des Britanniques,
au Parlement européen), arrivé en tête lors des élections européennes de 2014. Et selon le traité de
Lisbonne, les chefs d'Etat et de gouvernement doivent "tenir compte des élections européennes"
pour faire leur choix. David Cameron cherchera à contourner cette nouvelle disposition des traités,
mais en vain. Tout comme pour MM. Dehaene et Verhofstadt, sont reprochés à l'ancien Premier
ministre luxembourgeois sa fibre fédéraliste et sa probable indépendance de ton vis-à-vis des Etats
membres. En poste depuis novembre 2014, M. Juncker n'a pour l'heure pas démenti ces
caractéristiques que Londres lui prêtait.
1997 : Tony Blair devient Premier ministre et réchauffe les
relations avec l'Europe
En 1997, l'arrivée du travailliste Tony Blair au pouvoir au Royaume-Uni permet un réchauffement
significatif des relations avec l'Europe, à tel point que l'adhésion à l'euro est envisagée. En raison de
la participation du Royaume-Uni à la guerre en Irak, de monnaie du parti anti-européen (UKIP), ou
encore du rejet du projet de constitution européenne, il n'en sera finalement rien.
Tony Blair
A bien des égards, le retour des
travaillistes au pouvoir en 1997, après 18
années passées dans l'opposition, a
constitué un tournant majeur dans la vie
politique britannique. Sous l'égide de
Tony Blair et de Gordon Brown, le New
Labour, recentré sur l'échiquier politique,
remporte un franc succès avec 43,2% des
voix et une majorité confortable à Westminster. Sur le plan européen, le gouvernement tranche avec
celui de John Major et amorce une période de relations privilégiées entre Londres et Bruxelles.
Le Royaume-Uni cherche alors à se mettre au centre du jeu politique européen, à égalité avec
l'Allemagne et la France. Si le pays reste profondément attaché à la règle de l'unanimité pour les
décisions touchant à la souveraineté des Etats membres, comme en matière de politique étrangère,
la Grande-Bretagne sera en revanche un moteur pour l'élargissement et, de manière plus
surprenante, envisage d'adhérer à la monnaie unique, prévue pour entrer en vigueur en 1999.
Interrogé par Le Monde au lendemain de l'élection de 1997, Robin Cook, alors nouveau ministre
britannique des Affaires étrangères, déclare que "si la monnaie unique est lancée et si c'est un
succès, alors dans le long terme, la Grande-Bretagne devra s'y joindre".
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Dossier Brexit
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Cette porte ouverte vers l'adoption de l'euro ne sera toutefois jamais franchie par le gouvernement
de Tony Blair. Ecartée de l'agenda politique au moins jusqu'en 2002 et la fin de son premier mandat,
la perspective fut par la suite progressivement enterrée, à la faveur de la participation britannique à
la guerre en Irak, de la montée du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), ou encore du
"non" français et néerlandais au projet de constitution pour l'Europe. Depuis de nombreuses années,
et à plus forte raison avec l'accession de David Cameron au poste de Premier ministre et
l'organisation d'un référendum sur l'appartenance même du pays à l'UE, la possibilité pour le
Royaume-Uni de renoncer à la livre au profit de l'euro n'a jamais paru aussi improbable.
2013 : David Cameron promet un référendum sur l'Europe
En 2013, trois ans après son arrivée au pouvoir, le conservateur David Cameron, en conflit déjà
prononcé avec Bruxelles, promet la tenue d'un référendum d'appartenance à l'Union européenne en
cas de réélection aux élections législatives de 2015. Reconduit à la tête du pays, il tient promesse :
ce référendum pouvant conduire à un "Brexit" se tiendra le 23 juin prochain.
David Cameron
Le retour des conservateurs au pouvoir
en 2010 et l'arrivée de David Cameron
au 10 Downing Street sonnent la fin
d'une période de relatif calme dans les
relations entre le Royaume-Uni et
l'Union européenne. Plutôt
eurosceptique, le nouveau Premier
ministre, à l'instar du reste de son parti, est hostile au traité de Lisbonne, ratifié en 2008 par son
prédécesseur travailliste Gordon Brown. Lors de la campagne pour les élections législatives, il
promet même d'organiser un référendum sur la question en cas de victoire. Une promesse non tenue
qui ne fera que renforcer la pression de la partie la plus eurosceptique des Tories sur ses épaules.
Le début de son mandat est marqué par une forte montée du fossé entre Londres et Bruxelles,
symbolisée, en 2011, par le refus de David Cameron de valider la modification du traité de
Lisbonne. Défendue par la France et l'Allemagne, cette réforme vise à renforcer la discipline
budgétaire en Europe et, en échange, le Premier ministre souhaite soustraire la City du mécanisme
paneuropéen de surveillance des marchés. Chose que les autres Etats membres refuseront de lui
concéder. Deux ans plus tard, devant également faire face à la montée en puissance du Parti pour
l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), le chef de gouvernement en vient donc à promettre
d'organiser un référendum sur l'appartenance de son pays à l'UE, en cas de réélection en 2015. Le
23 janvier 2013, David Cameron déclare toutefois qu'il ne "veut pas remonter le pont-levis et retirer
[le Royaume-Uni] du monde", et promet de négocier un nouveau "deal" avec l'Europe. Lequel sera
soumis à la validation du peuple.
En mai 2015, les conservateurs sont reconduits au pouvoir et, contrairement au mandat précédent,
sont en mesure de l'exercer seuls. Elément central de la campagne pour ces élections législatives, le
dossier européen est par conséquent immédiatement ouvert par le Premier ministre. Ce dernier, non
sans mal, parvient à un accord avec ses homologues, le 19 février 2016, comprenant notamment la
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Dossier Brexit
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limitation des aides sociales pour les nouveaux migrants issus de l'UE, ou encore la fin de
l'obligation pour le Royaume-Uni de participer à une "Union toujours plus étroite".
Convoqué pour le 23 juin 2016, le référendum d'appartenance du Royaume-Uni à l'Union
européenne s'annonce particulièrement imprévisible. Le Parti conservateur, très divisé sur la
question, est tiraillé entre d'un côté le Premier ministre, qui milite pour rester dans l'UE, et de l'autre
Boris Johnson, l'ancien maire de Londres, figure de proue du Brexit, et qui vise la place de David
Cameron en cas de victoire. Tandis que de l'autre côté de l'échiquier politique, le Labour,
majoritairement favorable à l'Europe et dirigé depuis 2015 par Jeremy Corbyn, loin d'être le plus
europhile des travaillistes, a tardé à réellement entrer en campagne. Depuis février, aucun sondage
n'indique une avance potentiellement décisive d'un des deux camps.
Le 23 juin 2016, quel que soit le résultat du référendum, est donc appelé à devenir une nouvelle date
majeure des relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Fin de l'histoire ou nouvelle
tentative de relance de la coopération ? La réponse appartient aux Britanniques.
Source : http://www.touteleurope.eu/actualite/1946-2016-70-ans-d-histoire-des-relations-ue-royaume-uni-en-10-dates/print.html
consultée le 25/06/2016
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Dossier Brexit
29/06/16
Royaume-Uni
Dossier : Brexit : quelles menaces pour l'Europe ?
[Infographie] Brexit : quelles conséquences ?
L'application de l'article 50 du traité sur
l'Union européenne
24.06.2016
Le 23 juin, les Britanniques se sont prononcés
à 51,9% pour le Brexit, le retrait du pays de
l'Union européenne. Quelles sont les
prochaines étapes ? Cette infographie résume
la procédure prévue par l'article 50 du traité sur
l'UE.
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Dossier Brexit
29/06/16
Source : http://www.touteleurope.eu/actualite/infographie-brexit-quelles-consequences-l-application-de-l-article-50-du-traite-sur-l-unioneu/print.html
consultée le 29/06/2016
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2ème partie- Sur le site http://www.franceculture.fr
29/06/16
Les Matins par Guillaume Erner
Brexit : un séisme économique ?
28/06/2016
44 mn
Le Brexit voté jeudi par les Britanniques suscite beaucoup d’inquiétudes au sein des places
financières mondiales et soulève de nombreuses interrogations du côté des économistes. Quelles
conséquences économiques cette sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne peut-elle avoir ?
Le journal des idées de Jacques Munier :
http://www.franceculture.fr/emissions/lejournal-des-idees/brexit-les-suites
http://www.franceculture.fr/emissions/lejournal-des-idees/la-voix-des-peuples
Le billet économique de Marie Viennot :
http://www.franceculture.fr/emissions/le-billeteconomique/brexit-nuit-blanche-la-city
http://www.franceculture.fr/emissions/le-billeteconomique/brexit-out-c-est-quand
1
29/06/16
http://www.franceculture.fr/emissions/le-billeteconomique/harmonie-sociale-et-fiscale-dans-lue-encore-des-mots
Les Enjeux internationaux par Thierry Garcin :
http://www.franceculture.fr/emissions/lesenjeux-internationaux/europe-quelsenseignements-tirer-de-la-victoire-du-retrait
http://www.franceculture.fr/emissions/lesenjeux-internationaux/espagne-les-premiersenseignements-des-legislatives
La revue de presse internationale de Thomas Cluzel :
http://www.franceculture.fr/emissions/revue-depresse-internationale/brexit-de-la-jubilation-laconsternation
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29/06/16
http://www.franceculture.fr/emissions/revue-depresse-internationale/ironie-de-l-histoire
Le Monde d'Hubert Védrine :
http://www.franceculture.fr/emissions/le-mondeselon-hubert-vedrine/brexit-or-not-brexitanalyse-des-deux-hypotheses
Les idées claires de Brice Couturier :
http://www.franceculture.fr/emissions/les-ideesclaires/apres-le-brexit-eviter-l-effet-domino
Le billet politique de Benoît Bouscarel :
http://www.franceculture.fr/emissions/le-billetpolitique/que-peut-changer-le-brexit-lacampagne-presidentielle-francaise
3
29/06/16
http://www.franceculture.fr/emissions/le-mondeselon-hubert-vedrine/le-brexit-un-traumatismegeant-et-un-vrai-saut-dans-l
L'invité des Matins
"Brexit : un séisme économique ?"
Notre invité est Daniel Cohen, économiste et directeur du département d'économie de l'Ecole
Normale supérieure.
https://www.dailymotion.com/video/x4ioqlv_les
-matins-brexit-un-seisme-economique_news
source :
http://www.franceculture.fr/emissions/les-matins/brexit-un-seisme-economique?
xtmc=brexit&xtnp=1&xtcr=3
consultée le 29/06/2016
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La Grande table (2ème partie) par Caroline
Broué
Emission spéciale « Brexit »
24/06/2016
35 mn
Lors du référendum hier 23 juin, les Britanniques ont voté pour le « Brexit », la sortie du Royaume
Uni de l’Union européenne, faisant ainsi mentir les sondages. Quelles conséquences pour les
anglais et pour l’Europe ? Quel symbole ? Est-ce le début du « détricotage » de l’Union ?
Un drapeau britannique dans les rues de Londres le 24 juin 2016
• Crédits : Reinhard Krause - Reuters
« We’re out », annonce la Une du Daily Mirror ce matin. Selon les résultats définitifs du
référendum qui s’est tenu hier au Royaume-Uni, 51,9% des Britanniques ont voté pour une sortie de
l’Union européenne. Dans une allocution ce matin, David Cameron a déclaré qu’il assurerait la
transition jusqu’à la nomination d’un nouveau Premier ministre.
Le taux de participation a été très fort : plus de 72% des électeurs se sont rendus aux urnes. Mais si
l’Angleterre a voté pour le "Brexit", L’Irlande du Nord et l’Ecosse ont en revanche majoritairement
voté pour le maintien au sein de l’Union : une situation qui menace l’unité du Royaume-Uni. A
l’ouverture ce 24 juin, les bourses européennes – Londres, Paris, Francfort – plongeaient, faisant
craindre une catastrophe financière.
Pour discuter de cet événement historique, nous accueillons en studio Marielle de Sarnez viceprésidente du MoDem, députée européenne et secrétaire générale du Parti démocrate européen,
ainsi que Sarah Pickard, maître de conférences en civilisation britannique contemporaine à
1
l'Université Sorbonne Nouvelle Paris 3. Dans cette émission également : la réaction par téléphone
de l’écrivain britannique Adam Thirlwell et de l’écrivain nord-irlandais Robert McLiam Wilson.
Son diffusé :
• "Should I stay or should I go ?", Los Fabulosos Cadillacs
Intervenants
• Marielle de Sarnez
• Sarah Pickard : Maître de conférences en civilisation britannique contemporaine à la
Sorbonne Nouvelle et spécialiste des jeunes et la politique en Grande-Bretagne
• Adam Thirlwell : écrivain
• Robert McLiam Wilson
Source :
http://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/emission-speciale-brexit#
consulté le 29/06/2016
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