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Le deuxième modèle développé par Lucas (1988) se base sur la notion de capital humain,
celui-ci génère de son côté des externalités positives qui empêchent la décroissance des
facteurs de production, conduisant ainsi l’économie vers une croissance auto-entretenue. Le
modèle de Romer (1990) développé à la suite de ces travaux considère de son côté que le
progrès technique est issu de l’activité de recherche et développement soutenue par les acteurs
économiques. Enfin, Barro (1990) et Barro et Sala-I-Martin (1992) accordent dans leur
modèle une place centrale aux infrastructures publiques, ces dernières étant considérées
comme le moteur de la croissance à long terme.
Du point de vue empirique, suite aux travaux de Holtz-Eakin (1988), Aschauer (1989a) est
l’un des premiers économistes américains à trouver un lien entre la baisse du taux de
croissance de la productivité totale des facteurs (PTF) au cours des années 1970, et le stock de
capital public des Etats-Unis, net des dépenses militaires. Aschauer estime cette relation à
l’aide d’une fonction de production Cobb-Douglas sur la période 1949-1985 et trouve une
élasticité de la productivité au ratio capital public/capital privé de 0.39. Ce résultat
correspond à une productivité marginale du capital public très élevée (de l’ordre de 75%). Dès
lors, le capital public est considéré comme une « driving force » pour le capital privé, dont les
retombées sont nombreuses : réduction des coûts de transport, élargissement des marchés, et
ouverture de nouvelles opportunités de concurrence (Aschauer 1989 ; Agenor et Moreno-
Dodson 2006). Un autre canal de transmission des effets du capital public réside dans les
économies d’échelles et les économies d’envergure (Straub 2008) qu’il est susceptible de
diffuser du point de vue macro-économique.
S’intéressant au cas du Maroc comme pays en développement (PED), ce papier tente de
répondre à deux questions essentielles. La première s’intéresse à déterminer le rôle du stock
du capital et à son accumulation dans le processus de croissance économique en adoptant une
approche quantitative et historique d’inspiration cliométrique basée sur les travaux de Diebolt
(2001, 2005). Quant à la seconde question, celle-ci permet d’explorer le rôle de la dépense
publique productive orientée vers le secteur des infrastructures de transport dans la croissance
économique au Maroc dans le prolongement des modèles de croissance endogène (Barro ;
1990). Nous proposons également une modélisation de la fonction d’efficience de
l’investissement public autoroutier en s’appuyant sur les travaux de Hurlin (2008).
Ce papier se présente en quatre parties. Nous présentons dans la première section une analyse
rétrospective versus cliométrique des faits stylisés ayant marqué l’évolution récente de