Création théâtrale
adaptation et jeu Alexandre Bernhardt
chorégraphie Lucie Lataste
dramaturgie
création lumières
Nicolas Bernhardt
Stéphane Rouaud
musique originale Marc Lobjoit
Bruno Kuchalski
1
1
« Tout s'entremêlait, s'unissait, se pénétrait de
mille façons. Et toutes les voix, toutes les
aspirations, toutes les convoitises, toutes les
souffrances, tous les plaisirs, tout le bien,
tout le mal, tout cela ensemble, c'était le
monde. Tout ce mélange, c'était le fleuve des
destinées accomplies, c'était la musique de la
vie. »
Hermann Hesse, Siddhartha
2
2
Sommaire
Le projet artistique 4
Origine et évolution de Siddhartha 5
Argument et Forme 6
La danse des signes 7
L'équipe de création 8
Alexandre Bernhardt, metteur en scène et acteur
Lucie Lataste, chorégraphie
Nicolas Bernhardt, dramaturgie
Marc Lobjoit et Bruno Kuchalski, musique originale
Presse et photographies 9
Article Le clou dans la planche
Article 20 minutes
Article Culture.blog31
3
3
Projet artistique par Alexandre Bernhardt
Sur les flancs de l'Himalaya, à Dharamsala, la capitale du Tibet en
exil, en Inde, j'ai découvert Hermann Hesse avec la lecture du Jeu des
Perles de Verre, et, parallèlement, j'étudiais les quatre vérités du
Bouddha. Dans le roman comme dans ma vie, l'utopie de
l'enseignement parfait était confrontée à la réalité doctrinaire. Ces
deux pôles s'attirent et se repoussent en nous. Et c'est en lisant
Siddhartha que j'ai vraiment senti résonner en moi la possibilité de
s'affranchir de ce conflit.
Si je souhaite adapter Siddhartha sur scène aujourd'hui c'est pour
partager avec le plus grand nombre cette vision.
Siddhartha est un roman qui traite de l'affranchissement d'un
homme avec son moi. C'est le voyage d'un héro en quête d'absolu dans
les multiples vies que lui propose sa culture. Cette histoire particulière
a un écho universel. Notre défi dans cette adaptation sera autant de
faire voyager le spectateur dans un conte de l'inde du VI ème siècle que
de lui permettre de s'approprier le propos. Il s'agit donc d'intégrer la
narration dans notre culture, la rendre possible n'importe où. La scène
se doit donc d'être vide ou d'incarner le vide, comme cette chaise posée
là qui attend quelqu'un. La pièce se doit d'être un monologue car il
place l'homme à la fois face à sa propre solitude et à l'ensemble du monde. Nous avons alors
devant nous la force et la vulnérabilité de ce qu'il y a de plus fondamental en chacun de nous.
Voilà pourquoi l'adaptation scénique de Siddhartha sera racontée-vécue par un acteur-conteur.
Trois styles prédominent dans l'écriture de Hermann Hesse. La narration, où les éléments
sont mis en place, les dialogues, où les personnages prennent vie, et les envolées lyriques, où
Siddhartha est transcendé par ce qu'il vit. Chaque style a une oralité différente, chaque style sera
partagé différemment : la narration verra le rapprochement entre le public et le conteur créant
une connivence ; les dialogues verront l'apparition de personnages archétypaux et enfin les
envolées placeront la salle dans un état second, une abstraction dansée, pour ouvrir une brèche
poétique, sublimée, dans les méandres de l'esprit de Siddhartha.
La révélation de Siddhartha est symbolisée par l'écoute du fleuve, dont le son permet
d'entrer en contact avec l'éternel retour des choses. Le fleuve, lieu de passage d'une rive à l'autre,
est aussi le symbole de l'unité, étant toujours fleuve à sa source comme à son embouchure. Ainsi,
dans Siddhartha le fleuve est bien plus qu'un lieu, c'est un appel. Nous chercherons le design
sonore de cet élément pour en représenter toutes ses facettes. Les variations ondulatoires
combinées aux rythmiques électroniques actuelles composeront la musique originale de cette
pièce.
Mon ambition est de réveiller les consciences dans un spectacle divertissant. L'oeuvre de
Hermann Hesse est un bijou littéraire. Ce texte, d'une structure dramaturgique impeccable, aux
précisions historiques et symboliques avérées, renferme une caractéristique rare: il est nécessaire.
Il soulève des questions essentielles. Chacun y trouve des pistes, l'univers des possibles grandit,
et l'on rêve de s'aventurer sur d'autres sentiers. Chacun emportera avec lui ses propres images,
ses propres liens, gardant pour lui la vision d'un homme qui danse, pense, jouit, souffre, crève et
renaît avec pour unique but celui d'être libre.
4
4
Origine et évolution de Siddhartha
« J'ai su dès l'âge de 13 ans que je voulais devenir écrivain ou rien du tout. »
Hermann Hesse
Hermann Hesse est considéré comme un " auteur en crise " qui, en écrivant, se soumettait
à la torture de l'autoanalyse, toujours en quête de sa propre et véritable identité. La maison de ses
parents et son éducation ont autant imprégné sa personnalité que son œuvre littéraire. C'est la
Mission protestante de Bâle en Inde qui a réuni à Calw, une petite ville de forêt noire, les membres
souabes (Gundert) et baltes (Hesse) de sa famille. Le monde dans lequel Hesse est né se
caractérise par son côté à la fois étriqué et ouvert : d'un côté la rigueur intègre du piétisme de sa
ville natale et de la maison paternelle, de l'autre l'ouverture au monde et la grande culture de ses
parents et grands-parents. A deux reprises dans sa vie, l'état psychique de Hesse atteignit un
point dramatique. La découverte de la psychanalyse chez le docteur Jose Bernhard Lang, un
collaborateur de C. G. Jung, qui l'aida à réfléchir aux conflits de sa jeunesse, constitua un
tournant important dans la vie de Hermann Hesse.
« Toutes choses, même la plus banale, touchaient le même point en moi, d'un léger et
incessant coup de marteau. Elles contribuaient toutes à me débarrasser de mes peaux, à briser
mes coquilles d'œuf, et à chaque fois ma tête en sortait un peu plus haut, un peu plus libre,
jusqu'à ce que mon oiseau jaune fît sortir une tête de rapace de la coquille brisée du monde. »
En 1919, Hesse écrit dans une lettre : « Je suis persuadé depuis longtemps que l'esprit
européen en est à son déclin et a besoin de retourner à ses sources asiatiques. J'ai vénéré
Bouddha durant des années et j'ai lu la littérature indienne dès ma toute première jeunesse. Par
la suite, je me suis senti plus proche de Lao Tseu et des autres Chinois. Mon voyage en Inde n'a
été qu'un petit complément et une illustration de ces pensées et de ces études. » Le véritable fruit
de ce voyage fut son récit paru en 1922, Siddharta.
Hesse croyait en « une religion en dehors, au milieu et au-delà des confessions, qui soit
indestructible. » Il resta d'ailleurs toujours sceptique à l'égard des dogmes et des doctrines.
« Je crois que toutes les religions se valent. Il n'y en a aucune grâce à laquelle on ne puisse
devenir un sage, et aucune que l'on ne puisse pratiquer comme une stupide idolâtrie. »
En 1946, Hermann Hesse reçoit le prix Nobel de littérature. Il faudra attendre que
Siddhartha soit publié aux États-Unis pour la première fois en 1951 pour que ce roman connaisse
une influence mondiale, surtout au cours des années 60, lorsque, comme il l'avait préssenti, le
retour aux sources asiatiques inspirait l'occident.
Tout en ayant les qualités d'un livre de référence sur nombre de questions spirituelles, ce
qui frappe dans ce roman c'est son aspect romantique. Siddhartha est un voyage, tout autant
intérieur qu'extérieur. Il nous renvoie à nos choix, à nos espérances les plus folles comme les plus
modestes. On s'identifie alors, non pas au brahmane, mais à l'homme qui veut tout simplement
devenir meilleur. Siddhartha est un roman universel.
5
5
1 / 11 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !