
Formation continue, « Politique économique et Europe », Arnaud Diemer, MCF IUFM D’Auvergne
Introduction
La politique économique est généralement définie comme le domaine d’intervention des pouvoirs
publics dans la régulation de l’économie marchande capitaliste1. De façon plus précise, la politique
économique est « la branche des théories économiques qui traite des diverses façons dont l’Etat peut
intervenir pour infléchir la conjoncture, notamment en ce qui concerne l’évolution de la production et du
niveau des prix » (Guerrien, 2000, p 384).
Dans une économie marchande capitaliste2, l’Etat doit en effet affronter deux ensembles de questions
essentielles. La première est la stabilisation conjoncturelle de l’économie. L’apport essentiel de J-M
Keynes3 aura été d’avoir exploré les conséquences de l’introduction de l’hypothèse d’incertitude sur le
fonctionnement d’une économie de marché. Une économie soumise à l’incertitude, doit faire face à des
fluctuations imprévisibles comportant de fort risques récessionnistes. Ainsi, l’incertitude qui caractérise
les marchés boursiers, génère une spéculation financière. Dès lors, la masse d’épargne existante est
susceptible de ne pas se convertir en projets d’investissements à long terme dans la sphère réelle (en effet,
une partie de l’épargne apparaîtra sous la forme de mouvements spéculatifs à court terme).
Pour stabiliser conjoncturellement l’économie, l’Etat dispose de plusieurs instruments, dont la
politique budgétaire – qui fixe les dépenses (salaires, équipements, subventions) et les recettes (impôts,
taxes) de l’Etat – et la politique monétaire – qui vise à contrôler l’évolution de la masse monétaire. Le
modèle IS-LM est à la base de la plupart des analyses de politique économique.
A côté de ces deux politiques conjoncturelles que sont la politique monétaire et la politique budgétaire, on
retrouve généralement la politique de change (dévaluation-réévaluation, appréciation-dépréciation) et la
politique des prix et des revenus.
La deuxième question est celle de la politique structurelle. L’Etat cherche ainsi à modifier
l’économie en profondeur, tel est le cas de la politique industrielle (aides à des entreprises naissantes,
constitution de pôles technologiques…), de la politique d’aménagement du territoire, des politiques de
redistribution de revenu (aide à la famille, RMI, …), la politique agricole...
Lorsque l’on intègre dans la politique économique, ces différents types de politiques
(conjoncturelles et structurelles), on peut alors rappeler, à l’image des travaux de Musgrave4 (1954), que
la politique économique a trois fonctions : la régulation de la conjoncture, l’allocation des ressources
entre les diverses activités, la redistribution des revenus entre les différentes catégories de la population.
Ces fonctions ne sont pas complètement indépendantes, par exemple, la politique fiscale influence à la
fois l’évolution de la conjoncture, l’affectation des ressources et la redistribution des revenus.
Si les fonctions sont induites par le fonctionnement de l’économie marchande capitaliste, le
contenu de la politique économique détermine en grande partie les performances du mode de régulation
donné. Le débat porte donc sur les politiques appropriées à la survie ou/et à l’expansion du mode de
régulation existant, mais aussi, en cas de crise de ce mode de régulation, sur le choix d’une autre
régulation.
1 Il convient ici de distinguer l’économie marchande de l’économie capitaliste. Ainsi l’économie qui s’est imposée au cours du
XX siècle, était en premier lieu, une économie marchande parce que le marché était le lieu par excellence de la socialisation
des richesses humaines, matérielles ou immatérielles. Elle est en second lieu une économie capitaliste parce que l’entreprise
capitaliste, définie par un droit de propriété fondant l’existence d’un rapport salarial, est le lieu de création du surplus
économique).
2 Bidet J. (1990), Théorie de la Modernité, suivie de Marx et le marché, PUF.
3 Keynes J.M (1969), Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Payot.
4 Musgrave R. (1954), The Theory of Public Finance, New York, Mc Graw Hill.