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ÉDITO
le débarras de
nos adultes
songes, une place, toujours, est
faite à la jeunesse. Avec douceur,
avec tendresse, elle scintille en
notre âme et conscience sur
ces hôtes étagères que sont les
responsabilités, la transmission,
l’avenir ou encore le partage.
Cependant, lorsqu’il nous est
donné de la faire émerger à la
lumière du réel, son éclairage
juvénile en nous se crispe
irrémédiablement de colorations
inquiètes et de perspectives
encombrées. Et pour cause. Dans
le monde comme il va – chaque
jour plus nombreux en population
mais où il est chaque jour
moins aisé de trouver matière
à une activité pérenne –, nous
sentons poindre, à son endroit
particulièrement, ce grand défi
du XXIe siècle qui est d’accueillir
l’autre.
Au théâtre d’ailleurs, accueillir
l’autre s’envisage de bien des
façons : invitation du public,
invitation de metteurs en scène
étrangers, représentation d’une
parole meurtrie ou réfugiée
comme celle de Lampedusa
Beach, inscription pour la
première fois au répertoire
d’un texte de langue arabe...
Mais que pourrait signifier,
au théâtre toujours et à
la Comédie-Française en
particulier, accueillir la jeune
génération ? Depuis que je suis
administratrice générale, je
tente d’apporter des éléments
de réponse. Pour cette nouvelle
programmation, je veux plus que
jamais le faire en prolongement
des thématiques dessinées lors
des saisons précédentes, car
à n’en pas douter un tel projet
reviendrait aussi à mener la plus
belle des batailles, en même
temps qu’il serait un moyen
parmi les plus sûrs de continuer à
grandir pour ne pas vieillir...
Depuis quelque temps
déjà, la Comédie-Française
accueille en son sein de jeunes
élèves-comédiens pour une
durée d’un an. Et l’expérience
fonctionne très bien. Le regard
qu’ils posent sur notre art est
aussi une réponse à l’époque
difficile et précipitée qu’ils
ressentent, qu’ils vivent, une
réponse indispensable, prise
à la source en quelque sorte,
qui parfois bouscule mais qui
toujours nourrit et livre ses
espoirs en devenir. Une réponse
qui nous connecte, nous renforce
et enfin nous oblige – nous
gens de théâtre – de la plus
belle des manières. Je veux bien
sûr ici parler de transmission.
Transmission des textes, du
jeu, des émotions, des énergies
mais également des savoirs et
des savoir-faire. Des échanges
en somme, un brassage d’idées
et d’intelligences partagées
qui, au final, ouvrent à d’autres
horizons, à d’autres propositions
artistiques. Cette année encore
nous ouvrons nos plateaux à
de nouvelles disciplines, à de
jeunes élèves, à de nouveaux
JEUNESSE !
JOUEZ
DANS