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Une étude plus approfondie sur quelques cas
Aujourd’hui, une bonne dizaine de regroupements coopératifs, dont les membres
développent d’abord des activités artistiques ou plus largement culturelles, se réfèrent à
la dynamique des Pôles Territoriaux de Coopération Économique (PTCE). Celle-ci a été
initiée dès 2009 et progressivement formalisée à partir de 2010 par le Labo de l’ESS,
avant de connaître une première institutionnalisation étatique via successivement un
appel à projets en 2013, son inscription dans la loi relative à l’Économie sociale et
solidaire de juillet 2014 et un second appel à projets lancé en 2015. Même si cette
reconnaissance rapide concourt à une plus grande visibilité de ce type d’agencement
coopératif, elle introduit aussi de nouvelles inflexions entre autres dans les objectifs
visés. Il est donc intéressant et devient urgent d’évaluer, sur des cas concrets, la
concordance entre, d’une part, les principes directeurs d’une démarche originelle qui se
voulait exploratoire et proactive, ainsi que les inflexions introduites par son
institutionnalisation récente et, d’autre part, les réalisations concrètes que l’on peut
aujourd’hui observer.
C’est dans cette optique et suite aux constats synthétiques opérés grâce à
différentes études menées en 2013-2014 sur un ensemble de PTCE de divers secteurs
d’activité
qu’une trame d’analyse a été mise en forme à partir de mai 2014 et plus
amplement développée pour les regroupements coopératifs à forte dimension culturelle
dès juin 2014
. Compte tenu de moyens de recherche limités et des explorations déjà
réalisées sur quelques pôles à forte centration culturelle (PTCE culture), le choix pour la
saison 2014-2015 s’est porté sur quatre cas avec l’objectif de mieux appréhender et
comparer leurs fonctionnements respectifs :
Fontaine O Livres réellement constituée à partir de 2007, centrée sur le monde du
livre (petite édition) en particulier du Nord-Est parisien et installée dans le quartier de la
Fontaine-au-Roi ;
La Coursive Boutaric, implantée dans un immeuble du quartier des Grésilles à Dijon,
également initiée en 2007 autour du spectacle vivant (avec un accent originel fort sur les
musiques actuelles) et désormais élargie au secteur audiovisuel et plus largement
créatif ;
Paris Mix qui, dès 2008, regroupe dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris des
entreprises participant à la chaîne de valeur du monde musical (musiques du monde) ;
Culture & Coopération enfin, regroupement en 2010 d’une dizaine d’entreprises et
associations culturelles de l’agglomération de Saint-Etienne, sur un spectre d’activités
assez large de production, de diffusion ou d’accompagnement de projets, d’abord dans le
spectacle musical, l’audiovisuel ou le cinéma, et longtemps logé dans un petit bureau
avant de pouvoir disposer d’un siège commun plus ample en fin 2015 dans le nouveau
quartier de la Manufacture.
Le choix volontaire de regroupements ayant plusieurs années d’existence vise à
mieux appréhender les enjeux auxquels ces organisations se trouvent confrontées une
Voir à ce sujet Laurent FRAISSE (coord.), « Pôles Territoriaux de Coopération Économiques. Synthèse des
études 2013 », Groupe Analyses et connaissances, Le Labo de l’économie sociale et solidaire, juin 2014.
Cette grille plus spécifique a été établie par Philippe HENRY, en concertation avec Luc DE LARMINAT d’Opale –
Centre de ressources Culture pour les dispositifs locaux d’accompagnement – et Alban COGREL de l’Ufisc –
Union fédérale d’intervention des structures culturelles –, dans le cadre de l’intérêt porté par ces deux
structures à l’observation et l’accompagnement des dynamiques de coopération dans le champ artistique et
culturel.