La Pangée déchirée : réponse à l’énigme La théorie d’Alfred Wegener s'appuie principalement sur la complémentarité qu'il constate entre les côtes de part et d'autre de l'océan Atlantique (arguments cartographique. On lui objecta que cette complémentarité ne serait qu'une illusion disparaissant pour un niveau très différent de la mer. Toutefois cette complémentarité topographique n'est pas le seul argument présenté par Wegener. De multiples indices confortent l'idée d'une dérive des continents, qui auraient formé il y a 200 millions d'années un super-continent unique, la Pangée, bordé d'un super-océan, la Panthalassa : Argument géologique : similitude des ensembles géologiques situés de part et d'autre de l'océan Atlantique (âge et nature des terrains, orientation des déformations) Arguments paléontologiques : les fossiles des continents américain et africain montrent que la faune et la flore de ces deux continents étaient très semblables jusqu'au début de l'ère secondaire (-200 millions d'années), époque à partir de laquelle les fossiles divergent sur chacun des continents. Arguments climatiques : La présence de vieilles moraines glaciaires datées du Carbonifère en Afrique du Sud et en Australie atteste d'un climat glaciaire à cette époque, tandis que des fossiles de fougères arborescentes retrouvés dans les sédiments carbonifères d'Europe et d'Amérique du Nord témoignent d'un climat tropical à la même époque. Qu’en est-il donc pour notre énigme ? Ci-dessous les documents rassemblés à la manière de … Wegener : Document 1 : indices cartographiques Conclusion : La complémentarité des contours n’est pas très flagrante … on aurait tendance à choisir l’emplacement 2, mais cela ne suffit pas …. Document 2 : indices paléontologiques Conclusion : Les indices paléontologiques (étude des fossiles) ne nous aident pas. On trouve des ‘Glossopteris’ un peu partout. Impossible de trancher pour une localisation !! Document 3 : indices paléoclimatiques Conclusion : Même chose avec les traces de calottes polaires. Bien difficile de placer Madagascar … Seule la position 1 semble exclue ! Document 4 : indices géologiques Conclusion : Les indices géologiques nous sauvent ! Seule la position 3 est compatible avec les indices géologiques. On constate que Madagascar est caractérisée par des failles majeures et des cratons dont le prolongement se retrouve en Inde et dans la zone 3 de l’Afrique. Réponse à l’énigme : On voit bien que les indices cartographiques ne suffisent pas à reconstituer la Pangée. Le géologue se doit d’accumuler les indices issus de disciplines différentes avant de conclure quitte à ce que la solution ne soit pas la plus évidente !! La position 3 était la solution. Pour aller plus loin : Les arguments utilisés par A. Wegener ne sont pas si évidents. Si dans l’Atlantique, ces arguments sont efficaces, il n’en est pas de même partout ailleurs. Mais la principale faiblesse que présente la théorie de Wegener est liée à la raison véritable de la dérive des continents : il impute, à l’époque, l'origine de ces mouvements aux marées lunaires. Cette hypothèse par trop inexacte permet aux géophysiciens opposés à cette idée (dont notamment le Britannique Harold Jeffreys) de la torpiller en « démontrant » qu'elle est physiquement irréalisable. De plus, les données sismiques démontrent, à cette époque que le globe terrestre est solide. Cette opposition forte a eu pour conséquence de conforter pour un temps la communauté des géologues sur ses positions « antimobilistes ». Bien plus tard, Wegener trouvera cependant un soutien dans la communauté scientifique qui montrera la réalité d’un mouvement de la surface du globe. Le modèle de la tectonique des plaques s’imposera progressivement par l’accumulation de données la plupart venant des observations de l’océanographie naissante dès les années 1950 Parmi les grands artisans de la construction du modèle de la tectonique des plaques, on trouve Harry Hammond Hess, un officier de marine et géologue américain (1906-1969). Lors de ses nombreuses plongées, ses observations l’amenèrent à affirmer que le plancher océanique traduisait des mouvements de convection du manteau terrestre : les dorsales mettaient en évidence les courants ascendants et les fosses océaniques les courants descendants. La croûte océanique, créée au niveau des dorsales et enfouie au niveau des fosses océaniques, était continuellement recyclée alors que la croûte continentale, à cause de sa légèreté, était condamnée à dériver à la surface de la Terre. Il proposa ainsi un modèle de l'étalement des fonds océaniques. Le rapport de Hess a été très controversé : il a déclenché une révolution en sciences de la terre. Il restait à entreprendre une exploration systématique du plancher océanique, notamment par un programme de forages profonds qui débutera dans les années 1960 ! Harry Hess en était un grand partisan Nous partons bientôt vers le Pacifique au dessus d’un rift qui porte sont nom : Hess Deep Rift !