
En termes descriptifs, le nombre de jours fériés observés dans le pays n’est pas élevé par rapport à des pays
de référence (Corée du Sud, Afrique du Sud, Malaisie, Tunisie, Botswana, Cap Vert, Rwanda, Côte d’Ivoire, etc.).
Les données révèlent que de 13 jours fériés en 1980, on en est actuellement à 14 jours fériés pour une moyenne
de 14 au cours des trois dernières décennies; le minimum étant de 12 et le maximum de 17. Par ailleurs, à peine
un jour férié sur cinq a lieu durant le weekend. On constate également que 62% des jours fériés surviennent vers
la fin du mois, entre le 25 du mois en cours et le 05 du mois suivant.
Une enquête d’opinion a été réalisée auprès des chefs d’entreprises pour connaitre de la contrainte des jours
fériés sur la productivité des employés et sur la production de l’entreprise. En effet, les efforts des travailleurs
peuvent être dictés par des motivations extrinsèques tels qu’une plus grande rémunération, un contrôle renforcé,
les normes sociales, ou être guidées par des convictions propres (vertu, autonomie etc.) ; il s’agit là de la
motivation intrinsèque, nécessaire en cas d’insuffisance des incitations externes. D’un point de vue hédonique, le
bonheur ou le loisir de la veille conduisent parfois le travailleur à accroître son effort ou à être paresseux. Sous ce
rapport, les jours fériés affectent probablement la productivité des travailleurs notamment lorsqu’il s’agit des fêtes
occasionnelles. Les fériés peuvent induire une baisse plus que de raison de la production en liaison avec
l’absentéisme au-delà des jours de repos autorisés. C’est le cas des grandes fêtes religieuses musulmanes.
L’administration centrale ainsi que la majorité des activités économiques du pays étant concentrées à Dakar,
pour des raisons pratiques, notamment les problèmes de transport, beaucoup de travailleurs migrants internes ne
peuvent pas rejoindre la capitale juste après le jour même de la fête. S’il s’agit d’une grande fête religieuse
coïncidant, par exemple, avec le jeudi, certains travailleurs prolongent le repos jusqu’à la fin de la semaine : c’est
un effet « pont » ; ce phénomène touche moins les provinces. Au-delà de ces raisons objectives, les pertes
d’heures de travail occasionnées par ces jours fériés procèdent d’habitudes largement encrées chez des
travailleurs. Ainsi, l’argument du manque à gagner s’analyse aussi en termes de baisse de la productivité.
Malheureusement, moins d’une entreprise industrielle sur trois dispose d’un dispositif ad hoc (heures
supplémentaires pour respecter les objectifs de production, remplacement des travailleurs permanents par des
temporaires etc.) ; dans les services, ce ratio est de 29,4%.
S’agissant de l’estimation des effets à l’échelle macroéconomique, elle n’est pas évidente en ce sens que la
célébration de fêtes religieuses est souvent l’occasion d’une hausse significative des dépenses de consommation
des ménages. Les grandes fêtes religieuses ont donc des effets dynamisants dans les activités telles que le
commerce, les transports et les télécommunications ainsi que sur l’activité du secteur informel d’une manière
générale.
Après la désaisonnalisation des séries trimestrielles de la production et leur correction des jours ouvrables, les
coefficients obtenus respectivement des Moindres Carrés Ordinaires, de l’approche stochastique et de la
méthode par les chaines de Markov montrent qu’un effet jour-férié est observé surtout pour le vendredi, le lundi
et le jeudi. Dans l’industrie, la perte de production est de 2,6% par an et, une conjoncture favorable a 71,6% de
chances de se prolonger au trimestre suivant si l’on expurge les effets des jours fériés, contre 70,2% pour la série
brute. Par ailleurs, en considérant l’ensemble de l’économie, la perte due aux jours fériés est très faible (0.01