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méditation". Ce mot qui vient du sanskrit et du pàli, signifie étymologiquement "se
concentrer". Les pratiquants s'assoient correctement sans se faire mal au dos, cultivent d'abord
le va-et-vient du souffle, les yeux mi clos, mais toujours en éveil. Cette méthode "consiste à
rétrécir le champ de l'attention selon un mode et pour une durée déterminée par la volonté. Le
résultat est que l'esprit devient fixe, comme la flamme d'une lampe à huile en l'absence de
vent. En termes affectifs, la concentration aboutit à un état de calme paisible, parce qu'on s'est
retiré pour un temps donné de tout ce qui peut causer de trouble."5
Les techniques de méditation
Voici quelques techniques que j'ai observées chez les méditants dans les pagodes
khmères en France et au Cambodge.
D'abord il faut s'asseoir en lotus (ou en demi lotus) sur coussin (20 cm d'épaisseur
d'environ) avec bascule du bassin en avant et sur trois points d'appui, c'est-à-dire les deux
genoux et le coccyx.
Les épaules doivent être décontractées (légèrement rentrées), la tête droite
naturellement avec mention rentrée, nuque tendue, les yeux mi-clos avec le regard juste posé
devant soi.
La colonne vertébrale doit suivre la forme naturelle (cambrée à l'endroit du 5ème
vertèbre lombaire là où il y a une légère bascule du bassin).
Les bras non collés au corps, les coudes légèrement courbés, les mains (l'une posée sur
l'autre) posées sur les cuisses devant le point d'énergie (se trouvant environ 3 doigts sous le
nombril), on cultive des expirations abdominales longues et profondes (l'inspiration se fait
toute seule après chaque expiration longue), en restant immobile. Le méditant se livre à la
bhàvanà (lit. "création mentale"6, par extension "répétition") c'est-à-dire qu'il répète souvent
intérieurement une formule, par exemple, "Hommage à lui le Béni, le Très saint, le
Parfaitement éveillé"7, trois fois en un seul souffle.
Quand les pensées arrivent et parfois encombrent l'esprit, il ne faut pas chercher à les
retenir et se concentrer uniquement sur la bonne posture et sur les expirations abdominales
longues.
Pendant la méditation, il faut reste vigilant, c'est-à-dire, ne pas tomber dans la
passivité, ni s'endormir8
Cette technique de méditation se retrouve à peu près similairement dans les églises de
Theravàda et de Mahàyàna.
Voici des exemples sommaires de quelques techniques pratiquées chez les bouddhistes
du Theravàda dans l'Asie du Sud-Est, notamment au Cambodge:
1- Les kasina (fixer l'objet visible/concentration).
5E. Conze, Le bouddhisme, Paris, Payot, 1971, p. 115.
6Cette "création mentale" se définit par l'effort de l'adepte qui passe en revue les vérités et "objets d'acquisition"
que propose l'enseignement. Ses deux applications sont le samantha (tranquillité) et la vipasssana (inspection).
Cf. F. Bizot, Le chemin de Lankà, Paris, Publ. EFEO, 1992, p. 304.
7Namo tassa bhagvato arahato sammasambuddha (3 fois),: litt. cela signifie "Hommage au Buddha qui,
(atteignant la Perfection de l'Eveil) est un Saint, un Bienheureux".Cette formule doit être récitée trois fois par les
bouddhistes avant de commencer la méditation ou toutes les activités religieuses. Ensuite, ils doivent également
répéter trois fois une autre formule: Buddham saranam gacchami, dhammaµ saranam gacchami, sangham
saranam gacchami: "Je prends refuge en le Buddha, je prends refuge en la Loi, je prends refuge en la
Communauté" (3 fois). Cf. San Sarin, Les textes liturgiques fondamentaux du bouddhisme cambodgien actuel,
thèse de EPHE, IVe section, Paris, 1975, 225 p.; voir également Olivier de Bernon, Le manuel des maîtres de
kammatthàn. Étude et présentation de rituels de méditation dans la tradition du bouddhisme khmer, thèse de
doctorat sous la direction de Pierre Lucien Lamant, Paris, Inalco, 2000, 828 p.
8Cf. Dr. Ikemi et Taisen Deshimaru, Zen et self-control, Paris, Albin-Michel, 1985.