Paris, France -- Après les résultats décevants de la dénervation rénale, le Pr Bernard
Chamontin (CHU Rangueil, Toulouse) est revenu sur la conduite à adopter devant une
hypertension artérielle (HTA) résistante, à l'occasion d'une session « Meet the expert » des
Journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC), à Paris [1]. Si l'option
médicamenteuse s'avère toujours incontournable, une fois les causes d’hypertension
secondaires écartées, une autre technique est à l'essai pour les cas les plus réfractaires : la
stimulation des barorécepteurs carotidiens.
En France, près d'un adulte sur trois est atteint d'hypertension, à l'origine d'une part non
négligeable de décès par accidents vasculaires cérébraux et par cardiopathies. Parmi les
patients hypertendus, on estime qu'ils sont 10 à 15% à être résistants aux traitements
habituels.
Vérifier le respect des mesures hygiéno-diététique et les interactions médicamenteuses
L’HTA résistante se définie par l'absence de contrôle de la pression artérielle, malgré trois
traitements antihypertenseurs, « comprenant à posologie optimale un inhibiteur du système
rénine-angiotensine, un inhibiteur calcique et un diurétique thiazidique », a rappelé le
cardiologue. La trithérapie doit être bien conduite, pendant « au moins quatre semaines ».
Une fois l’HTA résistante authentifiée, « il faut s'assurer qu'il n'y a aucun facteur de résistance
». Il s'agit notamment de vérifier le respect des mesures hygiéno-diététique, comme l'arrêt du
tabac, la baisse des apports en sel, de la consommation d'alcool, ou l'adoption d'un régime
alimentaire équilibré.
Le maintien de l'hypertension peut également être lié à la prise d'autres médicaments, tels que
des anti-inflammatoires ou des antidépresseurs. « Il faut prendre en compte le risque
d'interaction médicamenteuse », souligne le Pr Chamontin, qui cite aussi les traitements
utilisés en oncologie, comme les anti-VEGF.
Rechercher un hyperaldostéronisme ou un phéochromocytome
Le respect de l'observance est aussi à prendre en considération. « Il est toujours difficile
d'évaluer l'observance. Il existe cependant des questionnaires qui donnent de bons résultats »,
sans compter la possibilité de doser les médicaments, « une méthode qui reste toutefois
occasionnelle et assez spécialisée ».
« Ce n'est qu'après avoir clairement établie une situation de résistance qu'une investigation
plus poussée peut être lancée », pour rechercher une hypertension artérielle secondaire. Il
s'agit de vérifier la présence éventuelle d'un syndrome d'apnées du sommeil, d'un
hyperaldostéronisme primaire, « un facteur majeur de résistance » ou d'une sténose de l'artère
rénale.
L'hyperaldostéronisme est caractérisée par une production excessive par les glandes
surrénales d'aldostérone, une hormone qui agit sur la pression artérielle. Le dépistage s'appuie
sur un dosage de l'aldostérone, dont le taux sera comparé à celui de la rénine.
Autre pathologie à l'origine d'une hypertension artérielle persistante: le phéochromocytome.
Cette tumeur rare se développe à partir de la médulo-surrénale. « La méthode la plus sensible