316 QUATRIÈME PARTIE • Construire des marques fortes
b)
Le rôle de la marque pour les entreprises
Pour les entreprises, la marque présente de nombreux avantages6. D’abord, elle
facilite le suivi du produit et les opérations logistiques. Ensuite, elle offre une
protection légale pour éviter la copie du produit et de certaines de ses caractéris-
tiques techniques ou perceptuelles7. Ainsi, les noms des marques sont déposés
par zones géographiques et catégories de produits, empêchant d’autres entrepri-
ses du même secteur de réutiliser des noms existants. Les logos et les emballages
sont également protégés. Les processus de fabrication peuvent faire l’objet de
brevets. Ces différents éléments relèvent du droit de la propriété intellectuelle et
permettent à l’entreprise d’investir dans sa marque et d’en faire un actif sans
craindre la copie par les concurrents.
En outre, les marques constituent un signal de qualité à l’attention des
consommateurs8. La fidélité à la marque varie considérablement selon les sec-
teurs, mais dans la plupart des catégories de produits, elle garantit un certain
niveau de demande et constitue une barrière à l’entrée pour les nouvelles entre-
prises susceptibles de commercialiser des produits de la même catégorie.
CÔTE D’OR. Née en Belgique en 1883, la marque appartient depuis 1987 au groupe Kraft
Foods, numéro deux mondial de l’agroalimentaire qui détient également les marques
Milka, Toblerone et Suchard. Mais l’identité de Côte d’Or est spécifique. Elle évoque un
chocolat au goût intense, une grande qualité fondée sur un savoir-faire plus que centenaire
et un cacao soigneusement sélectionné. Même si la gamme est large et couvre l’ensemble
de la catégorie, depuis les tablettes familiales jusqu’aux carrés de chocolat, du chocolat au
lait aux chocolats noirs et parfumés, l’identité s’inscrit d’abord dans l’univers de la dégus-
tation avec des plaquettes fines et des mignonnettes aux parfums originaux comme noir
orange, noir framboise ou truffé intense10.
La fidélité à la marque permet également de proposer des prix supérieurs aux
concurrents, parfois de l’ordre de 20 à 25 %9. Même si ces derniers peuvent copier
les processus de fabrication et imiter le design des produits, il leur est difficile de
récupérer à leur compte les perceptions des clients et leur expérience antérieure,
accumulée au cours des années, avec les produits de la marque. En ce sens, les
stratégies de marque contribuent à la constitution d’un avantage concurrentiel,
qui se renforce avec le temps.
Aujourd’hui, la notion de marque recouvre des activités extrêmement hétéro-
gènes, depuis les biens tangibles (shampooings Mixa, voitures Renault, yoghourts
Danone), les services (Air France, Société Générale), les magasins (Carrefour, Réso-
nance), jusqu’aux lieux (le Gers, l’Australie) ou encore les organisations (l’Unicef
ou Médecins sans Frontières). Même les magazines sont aujourd’hui des marques
(voir encadré 9.1). Pour analyser leur portée auprès du marché, on peut se poser
une série de questions à rassembler dans un tableau de bord des marques (voir
encadré 9.2).
1.2. La marque, outil essentiel de différenciation
Parce qu’elle permet l’identification du produit, la marque constitue un outil fon-
damental de différenciation. La stratégie de marque vise à conférer une identité
particulière aux produits qu’elle porte. Toute entreprise doit donc élaborer une
promesse de marque, qui correspond à ce qu’elle doit être et à ce qu’elle doit per-
mettre à ses clients. La réussite de la stratégie repose ensuite sur la capacité de
l’entreprise à faire percevoir cette promesse aux clients, puis à la tenir. Au final, la
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