Y a-t-il un candidat dans la salle capable de représenter la France

Publié le 28 janvier 2012 - Mis à jour le 28 janvier 2012
"Et nous alors ?"
Y a-t-il un candidat dans la salle capable de représenter la France
de ceux qui entreprennent ?
Les entrepreneurs, négligés par les candidats à la présidentielle ?
La campagne pour l'élection présidentielle est lancée, les candidats commencent à évoquer leurs futurs
programmes. Pourtant s'il est beaucoup question d'économie, peu de mesures sont proposées en faveur
des entrepreneurs, pourtant créateur de richesses.
Avec Leonidas Kalogeropoulos
Léonidas Kalogeropoulos dirige le Cabinet de lobbying Médiation & Arguments qui
défend la liberté d’entreprendre, l’innovation, le pluralisme et la concurrence dans les
domaines de l’audiovisuel, des télécoms, du sport, d’Internet, de l’énergie, de la
presse…
Il est le fondateur du site libertedentreprendre.com, qui milite pour l’inscription de liberté
d’entreprendre dans la Constitution française et est Vice-Président du mouvement
patronal Ethic.
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La campagne ne fait certes que commencer, mais les entrepreneurs s’y sentent déjà orphelins, tant les discours
qui se succèdent, pourtant tous centrés sur l’économie, ne font aucune place aux créateurs de ces richesses que
chacun veut redistribuer au gré de ses priorités.
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Ces discours de tous bords sur les emplois que va créer l’Etat, sur les industries que l’on va faire revenir en
France au forceps, sur la croissance que l’on ferait repartir en favorisant "les classes moyennes qui consomment",
ont quelque chose de surréaliste pour les millions d’entrepreneurs qui se battent tous les jours avec la réalité.
Ne serait-il pas temps que les candidats veuillent bien prêter attention aux difficultés auxquelles les entrepreneurs
se heurtent au quotidien, afin de trouver des parades aux obstacles qui les détournent de leur mission d’intérêt
général, celle de créer ces fameuses richesses qui vont permettre de combler nos déficits, de créer des emplois et
de redonner son dynamisme et son enthousiasme à notre pays.
Pour les entrepreneurs, le quotidien est ponctué de ces milliers de chicaneries caractéristiques d’une
culture qui tourne le dos au dynamisme, à l’audace et à la prise de risque. Ces valeurs entrepreneuriales
rencontrent partout des obstacles structurels dont l’inventaire est infini.
Ce sont pourtant des réalités concrètes : cela passe par l’obligation de fermer le dimanche pour des magasins,
malgré les salariés et les clients qui y trouvaient leur compte, parce qu’il se trouve toujours une organisation pour
introduire un recours sur des bases juridiques que les tribunaux s’empresseront d’appliquer, malgré les pertes
d’emplois qui s’en suivront. Qui proposera dans la campagne que lorsque l’on est capable de démontrer que des
emplois sont créés, la vertu économique devrait l’emporter sur l’application rigoriste du carcan de textes qui
engoncent l’activité économique de notre pays?
Qui a évoqué les rigidités concurrentielles d’un autre temps qui freinent l’innovation dans notre pays, face à des
administrations qui produisent des normes ou des règlements destinés protéger de grands groupes installés, au
mépris des milliers d’emplois que pourraient créer de jeunes pousses innovantes ?
Démission du pouvoir politique
Tous les scandales qui finissent par percer devant l’Autorité de la concurrence après des années de lutte
acharnée d’entrepreneurs héroïques, représentent autant de démissions du pouvoir politique, toujours alerté, mais
qui préfère laisser les juridictions trancher après des années de procédure, s’abritant à l’ombre de grands
groupes ou de corporations, plutôt que de parier sur les fleurons et les innovation de demain. On se prend à rêver
d’un grand programme de décloisonnement de l’économie, à l’image de celui adopté par l’Italie, débridant la
croissance par un pari national sur les vertus de la concurrence, encourageant la prise de risque des entrepreneurs
de demain, plutôt que la frileuse protection des rentes du passé.
Quand entendra-t-on un candidat évoquer ces lettres recommandées en cascades reçues de l’inspection du
travail, avec menaces d’amendes à l’appui, parce que tel seuil de salariés a été dépassé, que les locaux doivent
en conséquence être équipés de vestiaires sécurisés (sic !), ce qu’aucun salarié n’a jamais réclamé, imposant de
paralyser l’entreprise pour reconfigurer des locaux, pour satisfaire l’exigence obsessionnelle et juridiquement
fondée d’une administration qui a droit de vie et de mort sur l’entreprise, et qui échappe à toute autorité
hiérarchique ? Qui inscrira dans son programme qu’aucune administration ne pourra imposer l’application
d’une mesure sans donner à l’entreprise au moins un an pour se mettre en conformité avec un texte
lorsqu’aucune urgence d’ordre public n’est en jeu, afin d’éviter que l’entrepreneur ne soit à la merci de
potentats qui viennent le détourner de ses priorités, alors qu’il a des marchés à décrocher et des clients à
satisfaire pour faire progresser sa boite ?
Plutôt que d’égrainer la litanie des exemples, ces correctifs pourraient s’inscrire dans le contexte plus général
d’une mise à l’honneur des vertus de l’esprit d’entreprise et de la prise de risques économiques.
Les Français ont évolué dans leur perception des entrepreneurs, avec la réforme la plus déterminante du
quinquennat qui s’achève, et qui a été celle des auto-entrepreneurs. Avec ce potentiel qui s’est ouvert à eux, les
Français ont compris que l’entrepreneur n’était pas seulement un obscur patron, figure décriée qui passe pour
être un exploiteur, mais que ce pouvait être aussi eux-mêmes, s’ils se laissaient guider par leur esprit
d’entreprise, par la volonté de prendre des risques et des responsabilités et par la fierté de ne vouloir compter que
sur eux-mêmes.
Liberté d'entreprendre
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Si ces valeurs qui irriguent depuis peu la société française, portées par ce million d’auto-entrepreneurs qui sont
autant d’ambassadeurs d’un sens de l’initiative retrouvé, étaient rassemblées comme l’étendard politique d’un
candidat, on pourrait espérer que l’on propose d’inscrire la liberté d’entreprendre dans notre Constitution, d’où
elle est cruellement absente. Il pourrait alors figurer dans notre texte fondamental que toute l’organisation de la
société, au plan de son éducation, de ses institutions, de son économie, de son droit, de sa fiscalité, doit être
entièrement tournée vers l’objectif d’encourager l’éclosion, la multiplication et le développement des entreprises.
Alors, les entrepreneurs pourraient espérer que soit inauguré un nouvel environnement politique et juridique, dans
le cadre duquel les leviers existeraient pour surmonter les obstacles quotidiens rencontrés face aux
administrations, aux banquiers et aux textes ubuesques, permettant de se concentrer sur la production des
richesses appelées à combler les déficits et à faire reculer les chiffres du chômage.
C’est un souffle nouveau qui irriguerait notre pays et sa vie politique, parce qu’il lui serait offert
d’identifier le seul socle sur lequel il peut compter pour bâtir son avenir en ces temps de crise, celui des
entrepreneurs, qui seuls pourront le sortir de l’impasse, après des décennies durant lesquelles la France
n’aura compté que sur l’Etat. Et pourtant, malgré la crise des dettes souveraines, à entendre ces premières
semaines de campagne, la foi dans l’Etat ne semble pas refluer, du moins dans la bouche des candidats, mais il
n’est pas certain que les Français les croient encore.
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