Ces discours de tous bords sur les emplois que va créer l’Etat, sur les industries que l’on va faire revenir en
France au forceps, sur la croissance que l’on ferait repartir en favorisant "les classes moyennes qui consomment",
ont quelque chose de surréaliste pour les millions d’entrepreneurs qui se battent tous les jours avec la réalité.
Ne serait-il pas temps que les candidats veuillent bien prêter attention aux difficultés auxquelles les entrepreneurs
se heurtent au quotidien, afin de trouver des parades aux obstacles qui les détournent de leur mission d’intérêt
général, celle de créer ces fameuses richesses qui vont permettre de combler nos déficits, de créer des emplois et
de redonner son dynamisme et son enthousiasme à notre pays.
Pour les entrepreneurs, le quotidien est ponctué de ces milliers de chicaneries caractéristiques d’une
culture qui tourne le dos au dynamisme, à l’audace et à la prise de risque. Ces valeurs entrepreneuriales
rencontrent partout des obstacles structurels dont l’inventaire est infini.
Ce sont pourtant des réalités concrètes : cela passe par l’obligation de fermer le dimanche pour des magasins,
malgré les salariés et les clients qui y trouvaient leur compte, parce qu’il se trouve toujours une organisation pour
introduire un recours sur des bases juridiques que les tribunaux s’empresseront d’appliquer, malgré les pertes
d’emplois qui s’en suivront. Qui proposera dans la campagne que lorsque l’on est capable de démontrer que des
emplois sont créés, la vertu économique devrait l’emporter sur l’application rigoriste du carcan de textes qui
engoncent l’activité économique de notre pays?
Qui a évoqué les rigidités concurrentielles d’un autre temps qui freinent l’innovation dans notre pays, face à des
administrations qui produisent des normes ou des règlements destinés protéger de grands groupes installés, au
mépris des milliers d’emplois que pourraient créer de jeunes pousses innovantes ?
Démission du pouvoir politique
Tous les scandales qui finissent par percer devant l’Autorité de la concurrence après des années de lutte
acharnée d’entrepreneurs héroïques, représentent autant de démissions du pouvoir politique, toujours alerté, mais
qui préfère laisser les juridictions trancher après des années de procédure, s’abritant à l’ombre de grands
groupes ou de corporations, plutôt que de parier sur les fleurons et les innovation de demain. On se prend à rêver
d’un grand programme de décloisonnement de l’économie, à l’image de celui adopté par l’Italie, débridant la
croissance par un pari national sur les vertus de la concurrence, encourageant la prise de risque des entrepreneurs
de demain, plutôt que la frileuse protection des rentes du passé.
Quand entendra-t-on un candidat évoquer ces lettres recommandées en cascades reçues de l’inspection du
travail, avec menaces d’amendes à l’appui, parce que tel seuil de salariés a été dépassé, que les locaux doivent
en conséquence être équipés de vestiaires sécurisés (sic !), ce qu’aucun salarié n’a jamais réclamé, imposant de
paralyser l’entreprise pour reconfigurer des locaux, pour satisfaire l’exigence obsessionnelle et juridiquement
fondée d’une administration qui a droit de vie et de mort sur l’entreprise, et qui échappe à toute autorité
hiérarchique ? Qui inscrira dans son programme qu’aucune administration ne pourra imposer l’application
d’une mesure sans donner à l’entreprise au moins un an pour se mettre en conformité avec un texte
lorsqu’aucune urgence d’ordre public n’est en jeu, afin d’éviter que l’entrepreneur ne soit à la merci de
potentats qui viennent le détourner de ses priorités, alors qu’il a des marchés à décrocher et des clients à
satisfaire pour faire progresser sa boite ?
Plutôt que d’égrainer la litanie des exemples, ces correctifs pourraient s’inscrire dans le contexte plus général
d’une mise à l’honneur des vertus de l’esprit d’entreprise et de la prise de risques économiques.
Les Français ont évolué dans leur perception des entrepreneurs, avec la réforme la plus déterminante du
quinquennat qui s’achève, et qui a été celle des auto-entrepreneurs. Avec ce potentiel qui s’est ouvert à eux, les
Français ont compris que l’entrepreneur n’était pas seulement un obscur patron, figure décriée qui passe pour
être un exploiteur, mais que ce pouvait être aussi eux-mêmes, s’ils se laissaient guider par leur esprit
d’entreprise, par la volonté de prendre des risques et des responsabilités et par la fierté de ne vouloir compter que
sur eux-mêmes.
Liberté d'entreprendre
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