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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.13-n°1-janvier-février-mars 2013
Il est recommandé de brancher le sang, les dérivés
sanguins et la nutrition parentérale sur le site proximal
(au plus proche du patient) afin de faciliter le rinçage
du dispositif de perfusion.
Il est également conseillé de préférer les systèmes
actifs d’injection (pompes), plutôt que la perfusion par
gravité, afin de diminuer le risque de reflux sanguin.
Enfin, il est évident qu’un rinçage de qualité lors du
retrait de l’aiguille de Huber/ Gripper®de la chambre
est essentiel. Les récentes recommandations préconi-
sent que le PAC soit rincé avec 10 mL de solution saline
en 3 poussées successives en faisant pivoter l’aiguille
sur 360°. L’ablation de l’aiguille se fait toujours en pres-
sion positive pour éviter le reflux sanguin [5], biseau de
l’aiguille vers la lumière du cathéter.
Avec certaines aiguilles de dernière génération, la
pression positive se fait automatiquement au retrait de
l'aiguille du septum.
Pendant longtemps, l’héparine a été utilisée dans le
rinçage des PAC. Les arguments avancés contre son uti-
lisation sont nombreux : durée de vie limitée, hypocal-
cémie, risque de thrombopénie induite par l’héparine
(TIH), incompatibilité avec le produit perfusé. Après
avoir comparé plusieurs études [6], en 2000, l’HAS signale
que le rinçage avec du sérum physiologique est aussi
efficace et moins contraignant que le sérum hépariné.
Toutes ces manipulations ne sont pas sans risques et
nous pouvons rapidement contaminer une partie du sys-
tème qui doit être et rester stérile.
L’infection
En dehors des ablations réalisées en fin de traitement,
l’infection est la 1re cause d’ablation d’une chambre
implantable. C’est une complication fréquente avec une
prévalence comprise entre 5 % et 10 % en onco-héma-
tologie. Ce risque est souvent lié au non-respect des
règles d’hygiènes et d’asepsie. Il est bien évidemment,
proportionnel aux nombres de manipulations.
La contamination par les germes peut se faire de dif-
férentes façons :
– extra-luminale : les germes contaminent la chambre
à partir de l’incision (infections liées à la pose de la
chambre) ou le long de l’aiguille de Huber au moment
de sa pose ou en cours de perfusion, les germes pro-
viennent alors de la flore cutanée du patient ou de la
flore exogène apportée lors des soins ;
– endo-luminale : lors de l’utilisation à partir des
aiguilles ou de la manipulation des diverses connexions
de la ligne voire plus rarement par contamination des
solutés perfusés (la nutrition parentérale augmente le
taux d’infection à Candida) ;
– hématogène : contamination de la portion intra-
vasculaire du cathéter, à partir d’un foyer infectieux à
distance lors d’un épisode bactériémique, en particulier
en cas de neutropénie.
Nous remarquons que cette complication incombe
principalement aux soignants qui, pour différentes rai-
sons, baissent leur garde et ne respectent pas les règles
de bonnes pratiques en matière d’asepsie.
On distingue 2 types d’infections liées au PAC : l’in-
fection purement locale et les infections systémiques
(fièvre sans signes locaux, bactériémie, septicémie).
En ce qui concerne l’infection locale, le diagnostic
se fait sur la clinique. Les symptômes retrouvés, le plus
souvent, sont les douleurs au niveau du PAC et la consta-
tation de signes locaux d’inflammation (rougeur, indu-
ration, sérosité).
Pour ce qui est des infections systémiques, le signe
principal est l’hyperthermie avec ou sans frissons. L’exa-
men qui va nous permettre de confirmer l’infection est
la réalisation au même moment d’hémocultures cou-
plées sur le PAC et en périphérie. L’hémoculture péri-
phérique doit être faite en premier pour éviter un faux
positif dû au rinçage de la chambre après l’hémoculture
centrale. On peut affirmer que la chambre est infectée :
– si le rapport de la concentration en micro-orga-
nismes (UFC/ml) de l’hémoculture prélevée sur cathé-
ter avec la concentration en micro-organismes de l’hé-
moculture périphérique est ≥ 5 ;
– ou lorsqu’avec la méthode quantitative de Brun-
Buisson le résultat est ≥ 1 000 UFC*/mL ou avec la
méthode semi-quantitative de Maki est > 15 UFC [7] ;
– ou si l’hémoculture sur la chambre pousse plus vite
qu’en périphérie avec une différence de plus de
2 heures ; cette méthode est plus facile à réaliser et tend
à remplacer les deux précédentes.
Les germes le plus souvent retrouvés sont le sta-
phylocoque à coagulase négative (29 %), le staphylo-
coque doré (19 %), le pseudomonas aéruginosa (12 %),
les entérobactéries (23 %) et les levures (7 %) [8].
En fonction du germe retrouvé, le traitement pres-
crit sera différent.
Pour les staphylocoques à coagulase négative et les
entérobactéries, le traitement conservateur par antibio-
thérapie locale (verrou antibiotique [9]) et systémique (si
Pratique et technique