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290 Elizaveta Khatchaturyan
compte du fait que la sémantique du verbe (dire / skazat’), ainsi que la
sémantique de la forme morphologique jouent un rôle important dans la
sémantique du MD. Nous mettons en avant l’hypothèse que les verbes du
dire, en particulier les verbes dire et skazat’, mettent en scène les trois cons-
tituants de la communication verbale5: les mots (p), les interlocuteurs (S0 et
S1), dont chacun a sa propre représentation du monde, de ce quelque chose
qu’il cherche à transmettre à son interlocuteur. Nous allons définir ce troi-
sième constituant comme le ‘à dire’ (Z)6. Avant de passer à l’analyse des
MD, nous parlerons des propriétés essentielles des verbes dire / skazat’, de
façon à mieux cerner leur apport dans la sémantique des MD formés à partir
de ces verbes. Nous chercherons à montrer que la différence cruciale entre
disons – skažem et pour ainsi dire – tak skazat’ est située dans la sémantique
des verbes dire et skazat’.
1.2. Caractérisation des verbes dire / skazat’
Les verbes dire et skazat’ qui se trouvent à la base des MD analysés sont
souvent considérés comme des verbes équivalents. Les dictionnaires bilin-
gues les traduisent l’un par l’autre. Dans les définitions proposées par les
dictionnaires mono-langues on trouve plusieurs propriétés communes. Ce-
pendant, les emplois des verbes dire / skazat’ ne correspondent pas toujours7.
1.2.1. Sémantique du verbe dire
Dans notre description, nous nous limitons aux emplois du verbe dire
qui décrivent la situation de la communication. Dire, dans ces emplois, est
5 Bien entendu, la communication ne se ramène pas à ces trois composantes et le linguiste
s’occupe de l’activité de langage et non de la communication au sens large du terme. Il
suffit de rappeler ce qu’en dit A.Culioli: «En tout cas on ne peut pas dire que l’activité de
langage, telle que le linguiste peut l’appréhender, se ramène à l’activité de communica-
tion, point. Parce que ce n’est pas suffisamment précis. /…/ Etre linguiste, ce n’est pas
rendre compte de tout. Et à mon avis, le linguiste n’est pas armé pour rendre compte de
«la communication». Sauf bien sur s’il est aussi anthropologue, s’il est aussi spécialiste
des problèmes culturels d’une certaine aire, ou bien de certains types de comportements,
ou encore s’il est aussi sociologue, par exemple.» (2002: 193).
6 Il est intéressant de noter que, d’après la définition donnée par Le Petit Robert, le verbe
«communiquer», entre autres, signifie «influencer l’opinion d’un public par une transmis-
sion efficace d’idées, d’impressions, d’images symboliques». On voit que dans cette
définition, il n’y a que les participants de la communication et le moyen par lequel on
effectue la communication, ce qui est transmis correspond à une représentation et non à la
réalité en tant que telle.
7 D’après les écoles sémantiques de Prague et de Moscou, ces deux verbes correspondent
aux primitifs sémantiques «des atomes du sens universels» (Wierzbicka) qui font partie
d’une mini-langue universelle présente dans toutes les langues naturelles. Le verbe skazat’
est décrit par Wierzbicka de la façon suivante: skazat’ signifie «émettre des sons qui
rendent possibles l’expression d’un jugement véridique à propos de quelque chose»
(Apresjan, 1995, v.2: 416) Toutefois, comme le note Apresjan, «même les mots relative-
ment simples du point de vue sémantique, comme xotet’ et want, znat’ et know, govorit’
et say, etc. ne correspondent pas complètement» (id.: 481). Notre description de dire et
skazat’ est une confirmation de la singularité de chaque verbe.