Il est évident que les hôpitaux doivent également exercer leur responsabilité en
matière de politique antibiotique. Heureusement, tous les hôpitaux belges
disposent d’ores et déjà d’un Groupe de Gestion de l’Antibiothérapie (GGA). Les
tâches des GGA sont énoncées dans l’AR du 12 février 2008. Nous référons à la circulaire
du 25/04/2008 de Mr Christiaan Decoster, Directeur-général de l’Organisation des
Etablissements de Soins, qui fournit plus d’explications sur ces tâches et qui est donc
toujours d’actualité. Les principales mesures nécessaires à prendre dans les hôpitaux en
matière de politique antibiotique sont décrites dans ce texte et leur mise en application
constitue un volet important dans la lutte (la prévention) contre les infections à CPE .
En particulier, un usage correct des antibiotiques (indications pour le traitement et
pour la prophylaxie, choix de l’antibiotique avec une préférence pour les antibiotiques à
spectre étroit, doses et durée adéquates du traitement) est particulièrement
important afin de contenir le problème des CPE. Les mesures spécifiques visant
à réduire la consommation de carbapénèmes (comme la prescription restrictive,
l’enregistrement en temps réel de la consommation, l’audit dans les services où la
prescription d’antibiotiques est élevée) ne constituent qu’un aspect de la politique
antibiotique dans le cadre des CPE.
Nous assistons aujourd’hui à l’émergence des CPE, mais à une diffusion de caractère
encore limité dans les hôpitaux belges. L’expérience passée (épidémies de MRSA et de
BLSE dans les hôpitaux dans les années 80 et 90) nous a appris que le contrôle de la
transmission de bactéries multi résistantes était beaucoup plus compliqué lorsque des
mesures de prévention étaient appliquées tardivement et que les réservoirs constitués
étaient déjà importants. Il est donc important de réagir et d’appliquer des moyens de
contrôle efficaces dès les premiers stades.
Une bonne gestion de l’utilisation des antibiotiques et son application précoce dès (voire
même avant) l’apparition des premiers cas de CPE constitue une mesure importante. Dès
l’apparence des premiers cas une bonne gestion de l’ équipe de gestion des épidémies
est indispensable. A cette fin, une bonne collaboration entre les GGA, l’hygiène
hospitalière, le service d’infectiologie, le laboratoire de microbiologie, la
pharmacie, la direction et l’ensemble des services concernés est essentielle. La
tâche des GGA consistera à ce moment de suivre avec une attention particulière la
consommation d’antibiotiques et à accompagner les cliniciens concernés.
Les GGA ont un rôle important à exercer dans la préparation des médecins aux CPE dans
l’hôpital (tant au niveau de la prévention que du traitement des infections à CPE). Ceci
est également l’occasion de renforcer la communication sur le bon usage des
antibiotiques en général, et d’expliquer les directives spécifiques visant à
limiter l’usage de carbapénèmes. Il est attendu des GGA qu’ils communiquent
ouvertement avec leurs propres médecins, mais également avec les médecins d’autres
hôpitaux, tant au niveau du secteur ambulatoire qu’au niveau des maisons de repos et de
soins.
Références:
Marchaim D et al. Recent Exposure to Antimicrobials and Carbapenem-Resistant Enterobacteriaceae: The Role
of Antimicrobial Stewardship. Infect Control Hosp Epidemiol. 2012;33:817-30.