Pour comprendre la logique du SIP, il n’est pas inutile de s’intéresser à sa paternité. Il est
défini par l’IETF (Internet Engineering Task Force, l’instance internationale en charge des
protocoles de l’Internet) et sa philosophie est bien celle de l’Internet. D’ailleurs, le SIP
présente de fortes similarités avec le Http (dont il partage par exemple les codes d’erreur).
Les messages sont au format texte, il s’appuie sur les protocoles de l’Internet comme http ou
SSL pour l’authentification, SSL, PGP, S/MIME pour le cryptage ou DNS SRV pour le
partage de charge.
Le SIP peut être assez déroutant lorsque l’on vient du monde de la téléphonie, car il se veut
ouvert, simple et versatile et dépasse largement le cadre de la téléphonie. Son but est
d’établir une session entre deux équipements (cette session pouvant transporter de la voix,
de la vidéo, de la messagerie instantanée, de la réalité virtuelle…). Le SIP s’est ensuite
enrichi pour pouvoir traiter les problèmes spécifiques de la téléphonie en ayant parfois
recours à des artifices.
2/ Quelles ont été les évolutions depuis le protocole H.323 et MGCP ?
Plus ancien que le SIP le protocole de signalisation H323 est développé par l'ITU
(International Telecommunication Union). Le H323 est issu des protocoles traditionnels
(ISUP, ISDN) qui au cours des décennies n’ont cessé de se développer et de s’améliorer.
Conçu pour être robuste et inter opérable il est parfaitement adapté à la téléphonie et à sa
transition sur l’IP cependant, à la différence du SIP, il intègre moins d’informations et ne
permet pas d’exploiter totalement la richesse de l’IP au travers de la convergence
applicative.
Le MGCP part d’une vision centralisée en mode client/serveur avec des équipements
terminaux relativement simples et passifs, pilotés par des serveurs centraux. C’est par
exemple le choix de certains FAI pour leurs « Box » de VoIP. Choix compréhensible
s’agissant de réseaux propriétaires et de services standardisés mais qui ne reflète pas
l’ouverture inhérente au protocole internet.
3/ Comment le marché de la voix sur IP a-t-il évolué depuis quelques années ?
Après le déploiement massif de l’internet à la fin des années 90, le marché de la VoIP est
devenu beaucoup plus accessible. La multiplication des acteurs et des solutions a permis
d’entraîner des économies d’échelle substantielles et les offres sont aujourd’hui très
abordables. Le rapprochement des deux mondes que sont l’informatique et les télécoms a
permis d’envisager et de créer une multitude de fonctionnalités. L’IP convergence génère un
potentiel d’applicatifs infinis puisque la voix et la data passent désormais par des tuyaux
identiques.
La démocratisation des offres de VoIP pour les particuliers a permis également d’évangéliser
et d’éduquer le marché. En effet, la conception très aboutie des offres s’est inscrite dans une
démarche de qualité, souvent supérieure à celle de la téléphonie classique, ce qui a
évidemment contribué à rassurer les utilisateurs.
On constate finalement que le marché a évolué de façon classique. La pénétration s’est
d’abord faite via les grands comptes professionnels, ensuite au travers du grand public et
enfin des opérateurs qui se tournent désormais vers le marché des PME et des TPE.
4/ Contrairement à beaucoup d’opérateurs télécoms, Keyyo est un des premiers
acteurs du marché à choisir le protocole SIP en 2005. Pouvez-vous expliquer les
raisons de ce choix ?
La VoIP correspond à une véritable transformation des télécommunications. On ne parle
plus de ligne téléphonique mais de compte lié à un identifiant (comme une adresse mail)
auquel on ajoute des services comme la téléphonie, la visioconférence, la messagerie…).