LE TENNIS CHEZ L'ENFANT P.C. : UTOPIE OU REALITE ?
La paralysie cérébrale (P.C.) se définit comme étant un trouble permanent du
développement, de la coordination du mouvement et de la posture, responsables de limitations
d'activité. De nombreux troubles sont associés: sensoriels, perceptifs, cognitifs, de communication,
de comportement, épileptiques, musculo-squelettiques secondaires...
La pathologie est donc vue en terme multifactoriel, de globalité, de schémas de mouvement...
Que faut-il maîtriser pour « jouer » au tennis? D'abord son corps; ensuite le prolongement de
son corps, c'est-à-dire la raquette; puis la balle, qui est en mouvement; sans oublier l'espace,
entendons-là les limites du terrain. La vision, l'audition, avoir des notions de vitesse, différencier la
gauche de la droite sont autant d'éléments, et la liste n'est certainement pas exhaustive, à devoir
contrôler.
Dès lors, est-ce donc réaliste de proposer à l'enfant ce sport aussi exigeant, fusse-t-il adapté,
à des enfants présentant tant de sources de difficultés?
Rien ne permet d'affirmer quoi que ce soit. Aucun article ne prouve l'intérêt à la pratique du tennis
chez l'enfant P.C., pas plus qu'il y en ait un qui prouve des effets délétères. Toutefois, des idées
préconçues peuvent circuler. D'abord penser que l'enfant n'arrivera jamais à frapper la balle.
Ensuite, croire qu'il y aurait renforcement de la spasticité, augmentation de l'asymétrie, un effet
psychologique de découragement...
Alors avec des yeux de kinésithérapeute (neuropédiatrique) et non avec des yeux de
« prof de tennis » - même si le tennis est devenu plus scientifique en terme d'analyse de
mouvement - nous avons tenté l'expérience au Royal Tennis Club Hirondelle.
www.rtchirondelle.be
Des stages d'une semaine et des cours individuels s'organisent depuis un an avec succès... sans
retour négatif, ni de la part des enfants, ni de la part des parents, ni de la part des professionnels de
la santé.
Il est toutefois indispensable de bien considérer ce sport en qualité, non pas de « mouvement
tennistique », mais bien en qualité motrice, c'est-à-dire en terme de réactions de redressement, de
réactions d'équilibre, de dissociation de ceinture, d'activité d'ouverture tant au niveau du sens
moteur qu'au niveau du sens psychologique, d'activité en extension (>< flexion) de la chaîne
postérieure, de dissociation gauche/droite. Introduire les notions de rythme est indispensable pour la
plupart des enfants P.C.; cela permet de faciliter la coordination de mouvements déficiente liée à la
pathologie en elle-même et aux difficultés de maîtrise de l'espace en ce compris les notions de
vitesse et de déplacement de la balle.
Il ne faudra surtout pas considérer les « leçons de tennis » comme un apprentissage du geste sportif
en tant que tel, mais bien comme une pratique ludique mêlée à une certaine forme de compétition.
La notion de compétition est donc axée autour du contrôle de la frappe de balle, du simple fait de
pouvoir toucher la dite balle avec le cadre de la raquette; axée aussi vers le toucher sur le tamis
(cordes), pour en arriver à taper simplement cette balle, de la placer par après au dessus du filet,
voire dans les limites du court, voire enfin en y introduisant le déplacement du corps que ce soit en
marchant, en courant... ou en chaise ou tout autre matériel orthopédique.