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Rapport de séjour
Université de Hong Kong
Michaël Yan
Année 2015 - 2016
UNIVERSITÉ DE HONG KONG
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L’Université de Hong Kong
“La vie à Hong Kong transcende les frontières culturelles et
culinaires, au point où rien ne demeure véritablement étranger.”
Peter Jon Lindberg
Introduction
Je suis venu à l’Université de Hong Kong avec trois objectifs en tête.
Premièrement, je visais pour une préparation rigoureuse pour le travail à fournir
lors Master l’an prochain. Deuxièmement, je cherchais à agrandir l’envergure
de mes connaissances, à la fois dans les sciences sociales et dans les humanités,
l’histoire, et les sciences naturelles. Troisièmement, je cherchais une ouverture
vers une culture qui, bien qu’ayant vécu presque huit ans en Asie, m’était
néanmoins inconnue.
Attiré par son insistance sur la rigueur et la qualité de son enseignement par
laquelle elle a pu s’élever à travers les classements mondiaux, l’Université de
Hong Kong m’avait paru comme le choix idéal. Ce rapport de troisième année
à l’étranger a pour finalité d’évaluer si j’ai pu réaliser l’intégrité de ces objectifs,
à travers un travail de réflexion méthodique et personnel.
UNIVERSITÉ DE HONG KONG
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Une expérience unique au sein d’une
université de qualité
Mon arrivée à Hong Kong débute dans la banalité; elle débute par un retour
aux racines, à première vue, ayant vécu plus de la moitié de ma vie en Asie.
L’arrivée dans une ville asiatique n’inculquait rien de nouveau en moi; je restais
indifférent aux récits exotiques d’un pays ensoleillé où la vie coulait en douceur.
Au contraire, elle évoquait la chaleur insupportable du bitume et le boucan
insupportable des rues. C’est donc avec méfiance que j’arrivai dans l’une des
plus grandes métropoles d’Asie. Il fut difficile de cacher ma méfiance contre ce
massif urbain, contre l’arrivée dans mon appartement de quatre mètres carrés,
en plein centre-ville angoissant. Étant quelqu’un appréciant le calme, une vague
d’effroi me traversa soudainement l’esprit, et je me demandai alors si je n’aurai
pas mieux fait de résider dans une ville en campagne chinoise au lieu de Hong
Kong.
Quatre metres carrés
Cependant, je me rappelais alors de la raison pour laquelle j’eus choisi cette ville
à l’atmosphère ahurissante: pour l’excellence de son enseignement. Hong Kong
étant l’une des meilleures universités d’Asie, je m’apprêtais à pénétrer un
UNIVERSITÉ DE HONG KONG
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univers non pas différent de celui de Sciences Po, où la discipline, le travail et la
curiosité intellectuelle y sont propices et privilégiés. Après tout, l’objectif de ma
troisième année était en grande partie de saisir l’opportunité de m’épanouir
intellectuellement. Bien que les cours à Sciences Po furent aussi captivants
qu’impétueux, je considérais l’absence de disciplines autres que les sciences
sociales et les humanités comme un handicap.
Les cours au premier semestre
Les inscriptions pédagogiques hong kongaises se réalisent différemment de ceux
de Sciences Po. Alors que cette dernière privilégie les connections internet
rapides et ainsi offre les cours intéressants à ces radieux chanceux qui possèdent
une Freebox à eux tous seuls, les inscriptions de cours à l’Université de Hong
Kong se font par tirage au sort. Les étudiants doivent prendre au moins quinze
crédits par semestre, c’est-à-dire quatre cours. De plus, la moitié de ces cours
doivent faire partie de la faculté dans laquelle les étudiants sont inscrits.
Philosophy of Logic (PHIL 2520)
Je pris un cours de philosophie de la logique dans l’objectif de mieux
m’assimiler avec la philosophie analytique, le pilier de la philosophie anglosaxonne. De plus, ce cours m’aurait permit de me réconcilier avec les
mathématiques, discipline que je tenais à coeur et que je n’eus peu d’occasion
d’approfondir. Le cours fut centré sur les grandes problématiques de la
philosophie de la logique ainsi que ceux de la philosophie des mathématiques.
Nous étudiions les débats entre le structuralisme et le platonisme, ainsi que les
différents systèmes de la logique formelle. En outre, nous analysions les
théorèmes d’incomplétude de Gödel et ses implications sur le projet de Hilbert
qui aspirait à établir l’arithmétique dans un système formel. Le cours m’a plu
dans la profondeur ainsi que la largeur des notions qu’elle couvrait. Le Dr.
Johnson s’exprimait avec une lucidité impressionnante malgré la complexité du
contenu.
Theories of Morality (PHIL 2310)
Je choisi “Theories of Morality” dans la même optique que Philosophy of
Logic, qui fut de renchérir mes compétences en philosophie analytique. Ce
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cours m’a permis d’appréhender les théories de la metaéthique. En effet, l’étude
des questions de second degré de l’éthique m’étaient d’autant plus cruciales. Je
voulais comprendre les origines de ces questions éthiques, et de savoir si le
relativisme moral était correct. Avec le Dr. Asay, nous survolions les théories
principales de la metaéthique, telles que le cognitivisme, le non-cognitivisme, le
relativisme moral, le réalisme moral, le quasi-réalisme, la théorie d’erreur, etc.
Le Dr. Asay, tout comme Dr. Johnson, était passionné par sa matière et toujours
prêt à venir en aide.
The Other Korea: North Korea (KORE 2028)
Le cours du Dr. Teo était axé sur l’étude de la société nord coréenne. Je fus déçu
par ce cours qui fut trop souvent superficiel sur les côtés. Si le professeur était
enthousiaste et énergétique dans ses dispositions, le cours souffrait de monotonie
accablante à cause des exposés uni-dimensionnels des étudiants, ainsi que les
questions inutiles et ennuyeuses de certaines pauvres âmes qui cherchaient à
gratter quelques points de participation. Malgré le contenu assez captivant par
certains aspects, le modèle d’exposés Powerpoint lamentables laissait beaucoup à
désirer.
Le Grand Hall Lee Shau Kee
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Arabic Language I.1 (ARAB 1001)
Parmi les cours que j’aie pu choisir, le cours d’Arabe me fut de loin le plus
fascinant. Mi-cours linguistique, mi-cours historique, mi-cours culturel,
néanmoins loin d’être du tourisme linguistique qui touche à tout mais ne
s’accroche à rien. Le professeur Abbas insistait sur la rigueur et la discipline, et
malgré la difficulté à laquelle je me confrontais, je fus agréablement surpris des
résultats. La civilisation islamique eu toujours un intérêt profond pour moi, et si
j’avais pu apprécier les cours sur l’Asie pendant mes deux ans au Havre, je
n’avais jamais eu l’occasion de m’ouvrir sur le Moyen-Orient. Comprendre la
langue est impératif pour comprendre la culture. Par ailleurs, je pris également
des cours de chinois en privé afin de garder un niveau acceptable.
Jazz: A History and Appreciation (MUSI 1024)
Dans l’optique des quatre cours requis, je choisis également un cinquième cours
dont la charge de travail ne m’aurait pas accablé. Le cours du Dr. Cheung était
animé, et je pus survoler l’histoire du jazz. Passant de John Coltrane à
Thelonious Monk, le cours fut également saupoudré de théorie musicale du
jazz. Le cours découlait d’accords tritoniques et de gammes mixolydiennes, sans
pour autant rester dans la superficialité.
Les cours au deuxième semestre
Au deuxième semestre, mes choix furent plus axés vers la philosophie analytique
et la théorie politique. Je pris donc Topics in Analytic Philosophy, Wittgenstein,
Marxist Philosophy, Democracy and its Critics, et Arabic I.2.
Topics in Analytic Philosophy (PHIL 2120)
Le cours Topics in Analytic Philosophy du Dr. Lau m’a permis de mieux
m’assimiler avec l’histoire de la philosophie anglo-saxonne du siècle dernier.
Nous étudiions en profondeur les grands mouvements de la philosophie
analytique, en passant par l’atomisme logique, le positivisme logique, la
philosophie du langage ordinaire, et la logique modale. Ces mouvements
historiques furent étudiés par le biais de la lecture de la littérature primaire –
c’est-à-dire Begriffsschrift de Frege, On Denoting de Russell, Empiricism, Semantics, and
Ontology de Carnap, Philosophical Investigations de Wittgenstein, etc. Cette
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approche fut avantageuse pour deux raisons. Premièrement, l’étude des articles
ne laissait place à peu d’ambiguïté. Deuxièmement, elle nous apprenaient à lire
et à analyser les textes philosophiques, qui sont souvent denses et impassibles.
Wittgenstein (PHIL 2060)
Grâce au cours sur Wittgenstein, je me suis familiarisé avec l’un des philosophes
analytiques les plus célébrés du siècle dernier. Ce cours par le Dr. Deutsch
concernait en grande partie son ouvrage Investigations Philosophiques, dans lequel il
reprochait les philosophes analytiques leurs ambitions futiles. Ils essayaient en
effet d’ancrer le langage dans un système formel de logique. Les investigations
de Wittgenstein furent une critique virulente de cette approche, qui est
complètement désorientées, selon lui. La matière était captivante. L’enseignant,
un peu moins. Le professeur avait comme idée de laisser les élèves analyser les
chapitres eux-mêmes pour ensuite les présenter. Or, l’étude de la philosophie
sans l’aide du professeur est plus que souvent un désastre total, et or mes lectures
personnelles des manuels et des guides de Wittgenstein ce cours fut totalement
inutile. J’avais l’impression que le Dr. Deutsch se pensait en vacances pendant
son cours et laissait la place entièrement aux étudiants impuissants comme ils
étaient ignorants (y compris moi).
Democracy and its Critics (POLI 3010)
Je m’inscrivis au cours du Dr. Parkin dans l’envergure de mieux m’assimiler avec
les théories démocratiques. En effet, après la fin du premier semestre, je fus
persuadé de m’inscrire au Master en Théorie Politique de Sciences Po. De plus,
le climat politique actuel en Europe ainsi qu’à Hong Kong avait suspendu la
démocratie entre haine et admiration. Je cherchais donc dans ce cours une
vision plus nuancée de la théorie démocratique, dans laquelle je pourrai former
ma propre opinion dénudée de passion. Nous approchions donc les mécanismes
sous-jacents de la démocratie, entre théories non-instrumentales, égalitarisme,
revue judiciaire, démocratie constitutionnelle, le Rechsstaat de Kelsen, et la
désobéissance civile. Nous étudiions les grands auteurs tels que Rawls,
Anderson, Arneson, Cohen, Williams et Habermas. Le Dr. Parkin était un
professeur excellent. Enthousiaste et encourageant, l’étendue du savoir qu’ils nus
inculquèrent étaient aussi vaste qu’il était profond.
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Marxist Philosophy (PHIL 2080)
Mes lectures de Marx pendant les vacances d’hiver m’introduisirent à un monde
que je ne connaissais point. Bien qu’ayant lu le Manifeste Communiste de Marx
et Engels, je n’avais réalisé la profondeur de sa pensée que depuis cette année. Je
m’inscris dans ce cours avec en tête les théories de l’histoire, le capital, ainsi que
le communisme et ses théories en tête. Cependant, le cours du Professeur Ci
furent axés vers sa théorie de l’aliénation, ainsi que les théories qui la suivirent,
telles que l’École de Francfort (Marcuse, Fromm), et les auteurs contemporains
(Lipovetsky, Godignon, Thiriet, Bauman). Ce cours a pu m’introduire à la
philosophie marxienne après Marx, notamment à travers les philosophes
comme Guattari et Althusser. De surcroît, les lectures consistaient également de
la littérature freudienne et celle de l’École de Francfort. Ainsi, ce cours a
renforcé ma connaissance sur le développement de la ‘critical theory’, qui eu
une influence remarquable sur le monde académique anglo-saxon du 21ème
siècle.
Une culture pédagogique différentes
La différence m’ayant le plus marqué vis-à-vis de Sciences Po fut les tutoriels. En
effet, à Sciences Po, les tutoriels dépassent les vingt personnes par classe.
Cependant, les tutoriels à Hong Kong University n’en dépassent pas sept. Ils
permettent de faciliter la discussion entre le professeur et l’élève et permettent
une créativité de se développer facilement. De plus, je fus impressionné par
l’envergure des cours. En effet, allant de mathématiques à la linguistique, de la
psychologie à la biologie, je fus absolument fasciné par les choix qu’avaient les
étudiants à l’université de Hong Kong. Ceci est cependant compréhensible:
Sciences Po est une école de sciences sociales et donc ne peut se permettre cette
envergure. Cependant, une autre chose m’ayant marqué est l’autonomie
accordé à l’élève. En effet, à Sciences Po la majorité des cours sont obligatoires.
À l’Université de Hong Kong, l’élève prend sa responsabilité et choisi les cours
lui-même. J’aurai préféré l’instauration de ce système à Sciences Po.
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La culture étudiante hong kongaise, malgré un corps d’esprit fort et
harmonieux, se caractérise mieux par la discipline au travail. En effet, les taux
d’admission dans cette université sont coupe-gorges, et la compétition retentit
dans l’ensemble du campus. La bibliothèque reste toujours bondée, et difficile
d’y trouver une place après sept heures du matin lors des périodes de révision.
Les étudiants sont entrés à l’Université de Hong Kong grâce à un travail
presque monstrueux et interminable. Leurs bonnes habitudes n’ont guère
changées depuis, et les étudiants se battent pour les classements. Tout le monde
veut devenir médecin; pas tout le monde y pourra. La bibliothèque reste
silencieuse, mais le boucan intérieur est claire: les étudiants ne sont pas là pour
s’amuser.
Esprit de hall, esprit de famille
Il est minuit trente. Un cri presque animal retenti dans les couloirs de Suen Chi
Sun Hall, brisant le silence nocturne; plusieurs hurlement primaux le suivent.
Cela fait parti d’une tradition typiquement hong kongaise: le cri
d’encouragement lors des révisions des examens. Ainsi fuis-je introduit à l’esprit
de camaraderie des hong kongais.
Je fus impliqué dans les activités sportives et artistiques de ma résidence
étudiante. Dès lors fut mon deuxième choc culturel: celui de l’esprit du hall. Le
“hall spirit” des étudiants Hong Kongais résonne puissamment dans les moeurs
de la ville. Les résidences étudiantes sont perçus comme une deuxième famille.
L’esprit de groupe y est très répandu, et les étudiants y attachent beaucoup de
valeur; un grand changement face à l’esprit individuel de la France. Au
deuxième semestre, j’eu la chance de pouvoir intégrer Suen Chi Sun Hall, l’une
des résidences les plus populaires. Ainsi, j’ai pu goûter à l’esprit de hall des
étudiants.
Le “hall spirit” des hong kongais n’est pas un vulgaire symbolisme; c’est un
mode de vie. Les étudiants sont incités à apprendre les chants du hall par coeur,
et à participer aux activités sportives et artistiques qui se manifestent. Les
activités dominent le hall: club de débat, club de danse, club de musique
classique, club de karaté, club de football, club de basketball, etc. Les étudiants
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hong kongais jurent par leur hall et construisent leur identité sur le sol Suen Chi
Sunnais. Cependant, cette cohésion se marque par la célébration de l’individu,
de l’effort physique et artistique. Les gardiens du portail connaissent tous les
étudiants. Les concierges sont des amis. Les étudiants restent solidaires et
cuisinent souvent pour les autres. Cette atmosphère féerique m’était jusqu’alors
totalement inconnue, et je considère mes expérience dans le hall comme l’un des
moments les plus mémorables de mon séjour.
L’esprit du Suen Chi Sun Hall
Mon séjour à Hong Kong fut également marqué par l’engagement politique des
étudiants hong kongais. En effet, je remarquais parmi mes amis hong kongais
une forte conviction pour les idéaux démocrates et de liberté. Cependant, ce
sentiment fut souvent poussé jusqu’au bout de la logique. En effet, ce sentiment
démocratique se traduit souvent par un dédain envers les étudiants de Chine
continentale, un sentiment qui m’a semblé souvent dangereux et virant vers la
pensée unique et l’écrasement des opinions anti-démocratiques. Étant un
adhérent de la démocratie, je fus néanmoins choqué par le manque
d’acceptance des critiques de la démocratie. Pendant mon cours de Democracy
and its Critics, j’eus témoigné à de nombreux débats qui tournaient au noir
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après certains propos critiques des idéaux que perpétuent les hong kongais. Le
débat est facilement étouffé, malgré mes tentatives d’expliquer certains
problèmes que la démocratie engendre.
Hong Kong, une ville entre chaleur et
froideur
Un choc de politesse
Lors de mon arrivée à Hong Kong, je m’attendais à peu de choc culturel. En
effet, ayant vécu quatre ans à Singapour et trois ans à Taïwan, je pensais bien
connaître les cultures asiatiques. Or, la seule chose auquel je restais familier était
la chaleur écrasante. En effet, je trouvais les hong kongais bien plus impolis
qu’en Europe ou qu’à Singapour et Taïwan. Cependant, je les trouvais
également plus honnêtes. Rares étaient ceux qui ne disaient pas ce qu’il
pensaient. De plus, les hong kongais étaient souvent froids envers les inconnus.
Une fois que je les connaissais plus, ils étaient bien plus chaleureux. Hong Kong
est une ville en mouvement constant. Les gens n’ont pas le temps de s’arrêter et
de penser aux autres. Les restaurants sont occupées, dynamiques et les servant
n’ont pas le temps de sourire à n’importe qui. Bien que je fus choqué au début,
je compris peu à peu cette mentalité.
Bien que je fus choqué par ce manque de politesse, je fus d’autant plus surpris
par la sécurité à Hong Kong. En effet, en bibliothèque, les étudiants laissaient
leurs ordinateurs et leurs affaires sans surveillance pendant plusieurs heures
tandis qu’ils partaient manger ou allaient en cours. Les vols à l’Université de
Hong Kong sont très rares, et ce sentiment de sécurité résonne dans l’entièreté
de la ville. Je fus agréablement surpris par ce sentiment de sécurité et de
confiance collectif. Les rues étaient sans danger la nuit, et les hong kongais
étaient toujours insistants pour raccompagner mes amies et amis après des
soirées. Ce sentiment d’amitié était un contraste profond avec l’impolitesse des
hong kongais, ce qui fut une intrigue qui me semblait persistante. J’en conclus
que les hong kongais n’étaient pas impolis, mais tout simplement brefs et directs
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dans leur manière de s’exprimer. Cela s’oppose au français chaleureux et
souriant. Les hong kongais en général dégageaient un sentiment de sécurité.
La différence socioculturelle fut marquée de surcroît par la culture disciplinée de
l’Université de Hong Kong. En effet, tandis qu’à Sciences Po, les élèves
participent souvent à des activités extracurriculaires, les étudiants de l’Université
de Hong Kong y participent moins. En effet, ils sont plus concentrés sur le
travail et les études que les étudiants de Sciences Po en général. De plus, les
hong kongais restent souvent en groupes de cantonnais et approchent rarement
les étudiants internationaux de leur propre gré. Cela m’avait choqué, après avoir
vécu deux ans dans un campus international où la diversité et l’approche sont la
norme. Ce manque d’ouverture perçu vis-à-vis des étudiants hong kongais
pourrait s’expliquer par leur niveau d’anglais souvent assez faible. Cependant, je
fus déçu de leur attitude envers les étudiants internationaux, y compris moimême. En effet, je fus souvent exclu des conversations, et les étudiants parlaient
cantonnais entre eux.
Entre ciment et belle étoile
L’aspect géographique de Hong Kong reste étonnant. Divisé en trois –Hong
Kong Island, Kowloon, et New Territories – chaque région dégage sa propre
atmosphère. Hong Kong Island célèbre sa modernité, et porte la révolution
technologique jusqu’à sa conclusion logique. Entre jungle et urbanisme, le
bitume brille d’autant plus que la végétation verdoyante qui embrasse le coeur
de la ville. Les quartiers sont animés et sont peuplés de riches expatriés et
hommes d’affaires prospères.
De l’autre côté s’étend Kowloon, qui garde une atmosphère sombre et
menaçante. Le côté insalubre de Hong Kong, les bâtiments délabrés par la
chaleur frappante découpent le paysage. La chaleur est d’autant plus frappante
que les gens sont froids. Peu d’animation la nuit mis à part quelques bars
douteux, l’ambiance est restreinte. Cependant, plus loin se trouve les Nouveaux
Territoires, verdoyants dans la pénombre, qui brille comme la lune dans l’étang
sous le crépuscule de Kowloon. L’atmosphère est calme, les plages sont blanches
et les gens sont souriants.
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Les nouveaux territoires
Le transport en commun fut aussi l’une de mes grandes découvertes lors de ce
séjour. En effet, je fus surpris par l’efficacité et la propreté du métro, ou “MTR”
comme il se dénomme à Hong Kong. De plus, les ‘ding-ding’, les trams de Hong
Kong, furent également un plaisir à découvrir. Ces trams qui datent de l’époque
coloniale coutent 2 dollars hong kongais, ou moins de 20 centimes d’euros, et
permettent de visiter tout Hong Kong Island.
Cependant, le métro reste l’une des grandes joies de l’urbanisme hong kongais.
S’étirant des Nouveaux Territoires à l’Aéroport en passant par Kowloon et
Hong Kong Island, il recouvre une envergure impressionnante. La propreté et
l’efficacité du système reste de surcroît marquant. La carte octopus permet
d’accéder au métro de façon rapide et sans problèmes, contrairement au passe
Navigo piteux, inutile, et encombrant de Paris. La carte octopus est un cadeau
de Dieu: non seulement elle permet l’accès aux métros, mais elle peut également
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être utilisée pour payer les restaurants et les magasins. Elle coûte 50 hong kong
dollars (6 euros) et peut servir jusqu’à la perte. Difficile de retourner au métro
parisien après avoir goûté au paradis…
Un métro propre et efficace
Des expériences inoubliables
Mon séjour à l’Université de Hong Kong m’apporta une ouverture académique
qui ne m’était pas permis à Sciences Po. En effet, l’ouverture à la philosophie
analytique m’a apporté non seulement des connaissances en la matière, mais
également des fondations en analyse, lecture, et synthèse de la pensée. Je
reconnais que ces qualités s’était aussi développés durant mes deux années au
campus du Havre. Cependant, je trouve que la philosophie analytique, par son
insistance sur le contexte et la pensée minutieuse, me fut bien plus avantageux
dans ma recherche de fondations méthodologiques pour le développement de la
pensée critique. Cependant, je considère ma troisième année comme une
continuation du développement de ma pensée critique.
Je ne dénigre pas l’enseignement que m’a fournit Sciences Po. En effet, les deux
ans au campus du Havre m’ont apporté un développement personnel,
professionnel et académique que nul par ailleurs j’aurais pu cultiver. De même,
UNIVERSITÉ DE HONG KONG
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mon séjour à Hong Kong m’a apporté un développement unique en son genre.
Unique, en raison des capacités analytique et de synthèse que j’aie pu
développer, et unique grâce à l’ouverture d’esprit que j’ai pu développer. Mes
débats politiques avec les étudiants Hong kongais ainsi qu’avec les étudiants
internationaux m’ont ouvert l’esprit et ont permis la reformulation d’une grande
partie des mes convictions politiques d’auparavant.
Ce développement académique est complice avec mon ouverture culturelle.
Étant né en France, et ayant vécu à Londres, Singapour, Taipei et au Havre,
l’ouverture d’esprit m’étais pris pour acquis. Cependant, mon séjour à Hong
Kong m’avait fait comprendre l’étendue de ma fermeture d’esprit. En effet, lors
des débats avec les Hong kongais, nos différences de valeurs m’avait poussé à
penser que c’était des gens qui ne comprenaient pas de ce qu’ils parlaient.
Cependant, au fur et à mesure, je fus poussé à admettre que je fus fermé d’esprit
sur beaucoup des sujets desquels je parlais. Par exemple, je parlais avec un
étudiant hong kongais sur la destruction des valeurs par la mondialisation et
l’americanisation. Je compris vite que j’acceptais le libéralisme américain avec
peu de pensée critique.
Tourisme linguistique, approfondissement linguistique
De plus, l’ouverture s’est traduit également par un développement linguistique.
Je fis des progrès en mandarin par des cours privés, mais mon progrès le plus
important fut par l’apprentissage de l’arabe. En effet, j’avais raté les inscriptions
pour le mandarin au premier semestre. C’est pourquoi je choisi l’arabe.
J’entrepris ce choix pour deux raisons. Premièrement, je suis passionné de la
culture du monde arabe, et plus particulièrement par les travaux des philosophes
islamiques de l’age d’or de l’Islam. Je suis fasciné par les interprétations
aristotéliciennes de Avicenna, les travaux de Ibn Rushd et ceux de Al-Ghazali. Je
suis également très intéressé par les études coraniques. En effet, la rhétorique
anti-musulmane aujourd’hui se traduit souvent par une ignorance des traités du
Coran.
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Classe d’arabe au premier semestre
L’étude du Coran, surtout dans sa language originale, me permettrait d’avoir du
recul par rapport aux mythes de cet ouvrage, et ainsi combattre l’islamophobie à
travers des dialogues avec des gens qui veulent écouter, mais aussi pour
combattre mes propres préjugés vis-à-vis de la confession musulmane. Beaucoup
s’étaient étonnés de mon apprentissage de la langue, moi y compris. Cependant,
j’ai pu rencontrer beaucoup d’étudiants qui étaient hong kongais, mais d’ethnie
différente que cantonnais. Par exemple, j’ai pu rencontrer des étudiants
d’origine pakistanaise et kazakhstanaise, ainsi qu’une personne d’origine kurde
et suédoise. Ces rencontres m’ont permis d’avoir une ouverture sur les minorités
à Hong Kong, ainsi que leur traitement. J’appris que les minorités à Hong Kong
étaient souvent traités comme des étrangers et se sentaient souvent aliénés dans
leur propre environnement, malgré le fait qu’ils parlèrent le cantonais
couramment. Mon apprentissage de l’Arabe a aussi approfondi mes
connaissances de la civilisation arabe. En effet, le langage n’est pas seulement un
moyen de communication, mais forme également la pensée de l’individu. À
travers l’étude du langage, j’ai pu, à travers les origines et les racines
UNIVERSITÉ DE HONG KONG
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étymologiques des mots, avoir une ouverture sur la pensée de cet univers qui
m’était jusqu’alors totalement inconnu.
Vers le Master de Sciences Po
En outre, le développement le plus important que m’eut apporté mon
séjour à l’Université de Hong Kong fut comment rédiger un essai académique.
En effet, bien que mes deux ans au Havre m’avaient permit de développer un
esprit synthétique et de recherche, ce ne fut qu’à partir de ma troisième année
que je pus comprendre la méthodologie derrière un essai. J’ignore si ce fut du à
ma maturation intellectuelle, et si l’Université de Hong Kong y fut vraiment
important dans ce développement. Néanmoins, ce fut pendant ma troisième
année que je compris comment rédiger un essai.
À travers la lecture d’ouvrages divers et variés, pour y ensuite y arriver à un sujet
précis; suivi ensuite de l’étude d’un article académique singulier pour ensuite
scruter les citations ainsi que ses sources; s’assimiler à un mouvement théorique
et s’insérer dans un débat continu parmi les grands académiciens
contemporains. Cette approche m’a permit d’approcher les sujets académiques
avec plus d’humilité et de recul. Se reposer sur l’épaule des géants permet à la
fois de diversifier la pensée, mais également de comprendre à quel point les
académiciens sont consacrés à la vérité et à la rigueur.
Cette expérience – qu’elle fut catalysée par Hong Kong ou non – eu un
impact profond sur ma pensée. Autrefois lecteur avide de périodiques tels que
The Economist, Time Magazine, The Atlantic, Le Monde, Le Figaro, etc. je me
senti soudainement désillusionné par mes convictions d’autrefois. En effet, j’eu
compris que si je voulais absolument approfondir mes connaissances dans les
sujets qui me passionnaient, le seul recours était d’avoir une fondation solide et
impénétrable, qui ne pourrait se réaliser que par une carrière académique.
C’est ainsi que mon séjour à l’Université de Hong Kong m’a convaincu de
choisir le Master en Théorie Politique, afin d’intégrer l’École Doctorale de
Sciences Po et me consacrer à une carrière académique. Ce n’est qu’en ayant
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une base solide, une vue de l’ensemble de la politique, la philosophie politique et
la théorie que je pourrais y apporter un jugement digne d’un expert et dépourvu
de biais politique. Ce souci pour le ‘vrai’, le dénudé de la passion, m’est
également survenu à l’esprit suite aux discussions politiques que j’ai pu avoir
avec les hong kongais. La différence dans la pensée entre mes valeurs
occidentales et leurs valeurs m’eut fait comprendre l’indoctrination inconsciente
de ma pensée vis-à-vis de la pensée libérale. Je cherche donc à me libérer de
cette pensée dictée purement par les journaux, l’opinion publique, et les articles
superficiels, dont la sortie ne se fera que par la carrière académique.
Ce choix fut également entrepris car j’avais beaucoup apprécié les cours de
philosophie et sur la démocratie que j’ai pu prendre à l’Université de Hong
Kong, mais également à Sciences Po Le Havre, où les cours tels quel Institutions
Politiques et Introduction to Political Science furent parmi mes cours préférés.
J’eu toujours privilégié les aspects théoriques qu’aux applications pratiques, et
mon séjour à l’Université de Hong Kong ne fut qu’une confirmation de cette
croyance.
Conclusion
Je rappelle les trois objectifs que je m’étais donné au début de mon séjour
hong kongais: tout d’abord, une préparation rigoureuse pour le travail que je
devrai fournir pour Master l’an prochain. Puis, l’élargissement et
l’approfondissement de mes connaissances. Finalement, une ouverture face à
une culture nouvelle et jusqu’alors inconnue. Je considère le premier objectif
acquis dans toute sa complétude. Jamais ne me suis-je senti plus préparé pour
l’entrée en Master. L’appui sur la rigueur intellectuelle de l’Université de Hong
Kong, ainsi que les encouragements des professeurs auxquels j’ai pu faire la
connaissance m’ont poussé à la réalisation de mon parcours académique, et je
compte continuer vers cette voie. Sous cet angle, je ne regrette pas du tout mon
choix pour l’Université de Hong Kong: les cours furent passionnants, les
professeurs passionnés, et les étudiants engagés. Le deuxième objectif fut moins
réalisé. Bien que j’eu beaucoup apprécié les cours dont j’ai choisi, je n’ai pas pu
choisir tous les cours que j’avais en tête, souvent par manque de places et la
priorité donnée aux étudiants hong kongais. Par exemple, je ne pus prendre
UNIVERSITÉ DE HONG KONG
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Introduction to Psychology ni Introduction to Linguistics, deux matières dont
j’aurai voulu mieux connaître. Finalement, je considère le troisième objectif
satisfait. Bien que je fus méfiant au début de la culture hong kongaise,
l’ouverture que j’ai pu avoir grâce aux étudiants et mon interaction avec les
locaux a pu changer considérablement mes convictions sur un grand nombre de
domaines différents.
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Annexes
Informations pratiques sur la ville
Climat
Le climat est humide et chaud de septembre à octobre, puis commence à
s’adoucir vers novembre. La temps janvier-avril est très frais et le soleil y est
presque inexistant. Tachez d’apporter plusieurs manches longues, ainsi qu’un
manteau qui tien bien chaud.
Transport
Les coûts de transports varient entre 4 HK$ et 15 HK$ par jour. Il est
également possible de s’inscrire pour une carte Octopus spéciale pour étudiants,
qui réduit les tarifs pour les transports en commun.
Plan du métro hong kongais
UNIVERSITÉ DE HONG KONG
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Démarches administratives effectuées avant le départ
La démarche administrative pour le visa fut très simple et je fus agréablement
surpris par l’efficacité avec laquelle les fonctionnaires hong kongais traitèrent
mon dossier. Mon visa fut prêt en moins de quatre semaine. Cependant, la
recherche du logement fut plus difficile. En effet, j’eu voulu m’inscrire dans l’une
des résidences étudiantes de l’Université de Hong Kong. Cependant, les
résidences furent prioritaires aux étudiants locaux. Ainsi je n’eus pas de
logement étudiant au premier semestre.
Le deuxième semestre, j’ai pu avoir une place dans une résidence étudiante, à
ma grande joie. La procédure fut très simple: il fallait tout simplement envoyer
un courriel à la responsable administrative pour les logements étudiants
(CEDARS). Il fallait y mettre trois choix. Mes choix furent University Hall, Suen
Chi Sun Hall, et Lap Chee Hall. Je fus accepté à Suen Chi Sun Hall, et
j’emménagea avec mon colocataire, qui était un étudiant local d’origine
allemande et cantonaise.
Lors de mon arrivée à Hong Kong, il fallait s’inscrire pour une HKID, ou (Hong
Kong ID card). Le processus était très simple. Il fallait se rendre au Bureau
d’Immigration avec son passeport, remplir un formulaire, puis attendre deux
semaines avant de l’avoir. Cette carte d’identité devait s’obtenir si l’on reste à
Hong Kong pendant plus de six mois. Je fus satisfait par l’efficacité des autorités
et de l’administration hong kongaise pour l’inscription de cette carte.
Voyages effectués pendant le séjour
En octobre, je suis allé au Japon. Puis, je suis allé en Corée en décembre. Au
deuxième semestre, je suis allé en Indonésie, et puis à Taïwan. Mon séjour à
Hong Kong m’a permit de voyager dans de divers endroits en Asie.
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