Ecoulement turbulent dans un cylindre : fluctuations à basse fréquence et haut nombre de Reynolds. Michaël Berhanu, Nicolas Mordant et Stéphan Fauve Laboratoire de physique statistique ENS 24 rue Lhomond 75005 PARIS Pour préparer des expériences de magnétohydrodynamique turbulente, on étudie l'hydrodynamique d'un nouvel écoulement, dans la lignée de ceux dits de Von-Karman toujours dans un volume fermé cylindrique, mais non axisymétrique. On considère un flot turbulent dans un cylindre engendré par 4 hélices tournant à la même vitesse. Dimensions :R ~ 10 cm H ~ 24 cm Les hélices produisent des tourbillons en compétition. La visualisation montre des vortex instables traversant la cuve d'une durée de vie de l'ordre de la seconde. Une caractérisation hydrodynamique de l'écoulement a été effectuée par anémométrie laser doppler et par vélocimétrie doppler ultrasonore. Pour une fréquence de rotation de 20 Hz, le nombre de Reynolds calculé sur le rayon de l'hélice vaut 150000. L'écoulement moyen est dû au pompage des hélices. Il apparaît sur des temps de moyennage de l'ordre de 20 s. L'écoulement instantané est toujours très différent de l'écoulement moyen. Le taux de fluctuations vaut typiquement 2. Les spectres de puissance du signal de vitesse montrent beaucoup de fluctuations à basse fréquence et vérifient une loi de puissance en -5/3 en fonction de la fréquence, jusqu'au dixième de la fréquence de rotation des hélices et de manière identique pour les trois composantes. Ces mesures confirment l'effet de balayage, c'est à dire l'advection des hétérogénéïtés du champ de vitesse turbulent, ce qui permet à partir d'une hypothèse de Taylor généralisée d'établir une correspondance statistique entre les fluctuations temporelles et spatiales via la vitesse quadratique moyenne. Conformément à la phénomènologie Kolmogorov 1941 de la turbulence homogène isotrope, on observe donc une loi d'échelle en -5/3, vérifiée aussi en dessous de la fréquence de rotation des hélices. L'échelle intégrale de l'écoulement est de l'ordre de 10 cm. La présence de tourbillons instables induit un forçage effectif à plus basse fréquence et à plus grande échelle que ce qui est attendu pour une hélice. On a reproduit la dynamique de la turbulence homogène isotrope sur la taille de la cuve par l'interaction non-linéaire de tourbillons de manière analogue à l'interaction des filaments de vorticité. La cuve étant remplie d'un métal liquide, le gallium, on désire étudier les propriétés d'induction magnétohydrodynamique de l'écoulement étudié en présence d'un champ magnétique extérieur imposé. Une bobine produit un champ de 80 Gauss selon la direction Y. On n'observe pas d'induction du champ magnétique moyen mais on remarque une croissance de l'écart-type du champ proportionnelle à la vitesse de rotation des hélices. Les spectres temporels du champ magnétique présentent une loi de puissance en -11/3 en fonction de la fréquence pour les trois composantes du champ magnétique B typiquement à partir du dixième de la fréquence de rotation. En effet par une hypothèse de correspondance entre les échelles spatiales et temporelles, on attend cette loi de puissance dans le régime diffusif. Le spectre représenté a été obtenu pour une fréquence de rotation de 30 Hz, soit un nombre de Reynolds magnétique de l'ordre de 1.