
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES RÉGIONALES : MOYEN-ORIENT ET ASIE CENTRALE
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devrait dépendre de la présence d’amortisseurs nanciers et d’un espace budgétaire, et les mesures prises pour
rééquilibrer les nances publiques devraient être conçues de manière à nuire le moins possible à la croissance
économique. Les mesures d’ajustement envisagées actuellement dans la plupart des pays exportateurs de pétrole de la
région MOANAP sont insufsantes pour répondre aux grands enjeux budgétaires.
La baisse des cours du pétrole conduira les gouvernements à ralentir les dépenses publiques, ce qui rend d’autant plus
nécessaire d’adopter des mesures pour soutenir la diversication du secteur privé. À l’horizon 2020, environ 10 millions
de personnes devraient arriver sur le marché du travail dans les pays exportateurs de pétrole de la région MOANAP,
mais, disposant de ressources nancières limitées, les gouvernements n’auront guère les moyens de créer des emplois
dans le secteur public. Pour encourager la création d’emplois dans le secteur privé, il est indispensable d’améliorer
encore le climat des affaires, en incitant davantage les ressortissants à travailler dans le secteur privé et en améliorant la
qualité de l’éducation an que les compétences des travailleurs correspondent mieux aux besoins du secteur privé.
Pays importateurs de pétrole : la reprise se confirme, mais
d’autres réformes sont nécessaires pour créer des emplois
La reprise économique des pays importateurs de pétrole de la région MOANAP s’accélère. Après être restée au
niveau modéré de 3 % pendant cinq ans, la croissance économique devrait atteindre 4 % en 2015 et 2016. La baisse
des cours du pétrole, l’amélioration de la croissance dans la zone euro, les progrès de la stabilisation politique et
les réformes économiques sont autant de facteurs qui commencent à avoir des effets positifs sur la conance,
l’investissement et les exportations. Cependant, le rebond de l’activité économique est freiné par les retombées des
conits dévastateurs en Iraq, en Libye et en Syrie, qui se traduisent par l’intensication de l’insécurité et des tensions
sociales — cela est vrai en particulier pour le Liban. Les goulets d’étranglement de l’appareil productif et la vigueur
des monnaies locales continuent de peser sur la compétitivité et la croissance de la productivité. Le chômage reste au
niveau élevé de 11½ % et de larges segments de la population ne bénécient pas de la croissance économique.
Plusieurs risques d’origine intérieure et extérieure assombrissent les perspectives. L’amélioration insufsante de
l’emploi et des niveaux de vie risque d’aggraver les frictions sociopolitiques, et des revers compliquant les transitions
politiques et la mise en œuvre des réformes pourraient compromettre la reprise naissante. L’aggravation des conits
régionaux amplierait les retombées négatives. L’intensication des récentes turbulences sur les marchés nanciers ou
un ralentissement plus prononcé de l’activité en Chine pourraient se traduire par une baisse des ressources disponibles
pour nancer les infrastructures. Si le ralentissement de l’activité en Chine déborde sur d’autres pays émergents, la
zone euro et, par le biais d’une nouvelle baisse des cours du pétrole, le CCG, les exportations, le tourisme, les envois de
fonds et les soutiens nanciers pourraient s’en ressentir. Si la normalisation de la politique monétaire aux États-Unis
déclenche un accès de volatilité sur les marchés nanciers, les conditions de nancement pourraient se resserrer plus
que prévu. Du côté positif, une nouvelle baisse des cours du pétrole favoriserait la croissance économique.
Dans ce contexte difcile, il est impératif de renforcer la dynamique de réforme. L’assainissement progressif des
nances publiques devrait être poursuivi de manière à ce que la structure de la dette soit viable et à renforcer les
amortisseurs nanciers. La marge de manœuvre créée par la baisse des cours du pétrole peut aider à accroître
les dépenses de nature à stimuler la croissance, telles que l’investissement public, qui reste inférieur aux niveaux
généralement observés dans les autres pays émergents et en développement. La réduction du décit peut avoir un
effet négatif moindre sur la croissance économique si elle est ciblée sur certains types de recettes — suppression
des exonérations scales, plus grande progressivité de l’impôt sur le revenu et meilleure perception de l’impôt —
et si elle s’appuie durablement sur la réorientation des dépenses prioritaires en faveur d’une aide sociale ciblée, de
l’investissement, de l’éducation et des soins de santé, plutôt que des subventions énergétiques généralisées. Une plus
grande souplesse du taux de change contribuerait à rehausser la compétitivité. Des réformes structurelles — portant
en particulier sur les entreprises, le commerce, le marché du travail et le marché nancier — sont nécessaires pour
encourager l’expansion du secteur privé et la création d’emplois.