époque datent aussi les Concertos Brandebourgeois, les Partitas, les Suites anglaises et Françaises
ainsi que de nombreux concertos. Avec les six Sonates pour violon et clavecin Bach ne cantonne plus
le clavier au rôle de basse continue, comme c’était le cas avec les sonates pour flûte ou pour viole de
gambe (avec clavecin obligé) mais en fait un véritable partenaire dialoguant d’égal à égal avec le
violon. Pour souligner cette importance, ces six sonates portaient à l’origine le titre de « Sonates
pour clavecin et violon ».
Ces sonates, à l’exception de la sixième composée de cinq mouvements adoptent la structure de la
« Sonata da chiesa » en quatre mouvements (lent – vif – lent – vif) comme celles écrites par
Arcangelo Corelli et fort prisées à l’époque de Bach.
Des six sonates, la troisième en mi majeur est d’ailleurs la plus proche de l’esprit de Corelli avec son
caractère italianisant. Elle débute par un Adagio qui semble être a priori d’une grande liberté malgré
une structure en trois parties assez rigoureuse où le clavier se cantonne au rôle d’accompagnateur,
où le violon déploie une longue mélodie très ornementée. Ici, Bach allie de façon idéale rigueur et
inspiration. Dans le second mouvement (allegro) le clavier semble reprendre le dessus sur le violon
puisque c’est lui qui expose cette fois le thème. Bach élabore ici un savant contrepoint à trois voix
dont les deux supérieures sont interchangeables. Avec le troisième mouvement (Adagio ma non
tanto) Bach adopte la tonalité d’ut dièse mineur qui renforce son climat élégiaque. Ici les deux
instruments s’échangent les rôles « d’accompagnateur » et de « soliste » sur la même mélodie, un
peu comme le fera Beethoven quelques décennies plus tard. Tout comme dans le second
mouvement, l’Allegro final se base sur une fugue à trois voix. Il est composé de trois sections où les
deux instruments déploient énergie et virtuosité. Le thème exposé est reproduit à l’identique avant
de faire l’objet d’un développement où un nouveau thème en triolets de croches à la fois vif et
souple est introduit pour apporter au mouvement un climat plus serein.
La vie de Prokofiev est étroitement liée aux vicissitudes de l’histoire de la Russie dans la première
moitié du 20ème siècle. Né en 1891 en Ukraine, il se révèle très tôt comme un pianiste exceptionnel. Il
suit au Conservatoire de Saint-Pétersbourg les cours de Rimski-Korsakov, Liadov et Tcherepnine. Il
juge ses professeurs trop académiques et à l’exception de Ravel, peu de compositeurs trouvent grâce
à ses yeux, qu’ils soient du passé ou contemporains. Ses premières compositions lui valent une
admiration unanime, compte tenu de son style révolutionnaire et symboliste, qui tourne le dos au
romantisme finissant. Son langage musical novateur est très apprécié en ce début de 20ème siècle qui
fourmille de jeunes compositeurs au style avant-gardiste comme Stravinsky, Bartók ou Szymanowski.
Par sa puissance, sa rudesse harmonique, sa rythmique aussi variée qu’implacable et son caractère
motorique on dirait que Prokofiev pressent déjà ce que deviendra la musique sous l’ère soviétique.
Ses œuvres sont très techniques, d’une grande richesse mélodique et harmonique, où le burlesque et
l’humour le disputent au désespoir exacerbé de l’âme russe. En 1917 Prokofiev est un compositeur
de tout premier plan, devenu célèbre grâce notamment à son opéra « Le Joueur » et à sa
Symphonie Classique. Malheureusement la révolution bolchévique vient bouleverser radicalement sa
vie.
En 1918, comme bon nombre de russes, il fuit la Russie et commence une vie d’émigré, errant entre
la France, l’Allemagne et les Etats Unis. Séduit par les promesses d’un « esprit nouveau », il retourne
en URSS à partir de 1932 avant de s’y fixer définitivement en 1936. Il entretient des rapports plutôt
difficiles avec le régime car sa première femme Lina est déportée en Sibérie et on pratique sur lui un