TABLE RONDE
LES RECIPIENTS EN PIERRE OLLAIRE DANS L’ANTIQUITE
Communication 1. Les récipients en pierre ollaire en France
David BILLOIN
La vaisselle en pierre ollaire (du latin olla : « marmite ») est restée relativement méconnue et a suscité peu
d’intérêt jusqu’à ces dernières années. Elle désigne un groupe de roches métamorphiques caractéristiques du
massif alpin, utilisées dans la fabrication de récipients qui bénéficient d’une tradition artisanale couvrant deux
millénaires dans les régions de production. Si ce matériau particulier est mentionné en France depuis la fin du
XIXe siècle, il faut cependant attendre les premiers recensements récents, effectués l’un sur la moitié sud-est
de la France (Lhemon 2002), l’autre sur la façade nord-est (Billoin 2001). Ces travaux permettent de sortir de
l’anecdotique des découvertes et d’aborder les problématiques liées à la chronologie et l’utilisation de ces
récipients, la fabrication et leur diffusion. Un premier état de ces questions sur le territoire français est publié
(Billoin 2004), alors que parallèlement sont découvertes les toutes premières carrières en Maurienne (Lhemon,
2003).
Formes et décors, traces d’outils
Les contraintes technologiques liées à l’utilisation du tour limitent l’éventail morphologique à des formes
simples, cylindriques à tronconiques, à fond plat ou légèrement bombé. On distingue des formes hautes et
basses qui se distribuent en pots, gobelets, assiettes, coupes et couvercles selon des critères dimensionnels
arbitraires. Le décor de ces récipients est également limité par la fabrication au tour et par le choix de la
matière première. Des stries de tournages sont régulièrement visibles, plus ou moins marquées, tant à
l’intérieur qu’à l’extérieur des formes. Elles correspondent à la trace d’outils utilisés dans le façonnage de
l’objet au tour, sans intention de constituer un décor, ou, au contraire, lorsqu’elles sont plus nombreuses,
offrent au récipient une esthétique particulière, généralement associée aux sillons de tournage. Ces incisions,
plus ou moins profondes, sont volontaires et se combinent aux stries de tournage et parfois aux cordons pour
constituer un décor. Ces derniers forment un bourrelet régulier et continu en relief, obtenu par un creusement
des parois extérieures du récipient. D’une forme à l’autre, ces éléments présentent de nombreuses variantes
par leur nombre et leur disposition, recouvrant l’intégralité du récipient ou n’apparaissant que très
ponctuellement. La qualité de la roche joue naturellement un rôle, selon sa dureté et son grain plus ou moins
grossier, de même que la fonction dévolue au récipient. Ainsi, les pots à cuire, destinés aux préparations
culinaires, sont peu décorés et tournés dans une roche grossière, alors que les gobelets sont plus souvent
fabriqués dans une roche grise, fine se prêtant bien aux décors.
Des graffitis sont parfois relevés et correspondent à des indications numériques, vraisemblablement en rapport
avec la contenance du récipient, alors que d’autres, peu explicites, renvoient peut-être à des marques
d’artisans.
En dehors des stries de tournages, les traces de fabrications sont le plus souvent effacées lors de l’étape
suivante de finition et de polissage du récipient. Les seuls impacts d’outils concernent le fond du récipient,
puisqu’il s’agit de la seule partie incomplètement tournée. L’utilisation de pics ou de petites pointerolles, de
burins ou de ciseaux sont relevés, ainsi que des marques de pointeau.
Chronologie
Le recensement des sites livrant des récipients en pierre ollaire atteste une utilisation de la fin du IVe au VIIIe
siècle, sans doute plus précocement dans le sud. Toutefois, cette fourchette chronologique demanderait à être
précisée, les sites marquants les extrémités de cette période sont généralement moins connus et mal datées.
Des réparations apportées sur certains exemplaires révèlent que la durée de vie des récipients est prolongée au
maximum.
Du point de vue typologique, on n’observe pas de différences dans cette catégorie de vaisselle, son uniformité
et les contraintes techniques liées à l’utilisation du tour semblent limiter considérablement ce genre
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