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Table ronde
LES RECIPIENTS EN PIERRE OLLAIRE DANS L’ANTIQUITE
19-20 septembre 2008
Musée de la pierre ollaire à Champsec (commune de Bagnes - Valais - CH)
TABLE RONDE
LES RECIPIENTS EN PIERRE OLLAIRE DANS L’ANTIQUITE
19-20 septembre 2008 – Champsec (Bagnes – Valais - CH)
ORGANISATEURS
Bertrand DESLARZES
Musée de la pierre ollaire à Champsec- Commune de Bagnes
Vincent SERNEELS
Université de Fribourg- Département des Géosciences
Maëlle LHEMON
Université de Fribourg- Département des Géosciences
Nous souhaitons remercier les institutions suivantes pour leur soutien financier :
- Commune de Bagnes, Musée de la pierre ollaire à Champsec
- Société Suisse d’Histoire des Mines
- Université de Fribourg – Département des géosciences
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TABLE RONDE
LES RECIPIENTS EN PIERRE OLLAIRE DANS L’ANTIQUITE
19-20 septembre 2008 – Champsec (Bagnes – Valais - CH)
PROGRAMME
Vendredi 19 septembre 2008
13h30-14h00 : accueil des participants – Introduction
14h00-15h30 : communications
1. BILLOIN David. Les récipients en pierre ollaire en France
2. CORTELAZZO Mauro. La pierre ollaire en Val d’Aoste
3. SANNAZARO Marco. Pierre ollaire en Lombardie : un bilan critique
15h30-16h00 : pause
16h00-17h00 : communications
4. PACCOLAT Olivier. La pierre ollaire en Valais : état des questions en 2008
5. LHEMON Maëlle. Les récipients en pierre ollaire en Suisse occidentale : état de la question
17h00 : apéritif, posters
6. ANGELINO Maria Isabella, MOSETTI Luisa. Recipienti in pietra ollare da Chiese del cantone
Ticino
7. BUTTI Fulvia. Analisi del contenuto di un vaso in pietra ollare della necropoli di Arcegno
(Canton Ticino)
8. CHANUT Claude. La pierre ollaire en Queyras (Hautes Alpes, France)
9. LHEMON Maëlle. Productions de pierre ollaire en Maurienne (Savoie-F)
10. SCAPOZZA Cristian, GENOUD Mathieu. Carrières de pierre ollaire en tant que géomorphosites :
exemples du Val Blenio (TI) et du Val de Bagnes (VS)
11. STOREMYR Per. Organisation of soapstone vessel production as reflected in Egyptian and
Norwegian quarry landscapes
19h00 : repas (raclette valaisanne)
Samedi 20 septembre 2008
9h00-11h00 : atelier – discussion
11h00-11h30 : pause
11h30-17h00 : excursion (pique-nique)
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TABLE RONDE
LES RECIPIENTS EN PIERRE OLLAIRE DANS L’ANTIQUITE
Communication 1. Les récipients en pierre ollaire en France
David BILLOIN
La vaisselle en pierre ollaire (du latin olla : « marmite ») est restée relativement méconnue et a suscité peu
d’intérêt jusqu’à ces dernières années. Elle désigne un groupe de roches métamorphiques caractéristiques du
massif alpin, utilisées dans la fabrication de récipients qui bénéficient d’une tradition artisanale couvrant deux
millénaires dans les régions de production. Si ce matériau particulier est mentionné en France depuis la fin du
XIXe siècle, il faut cependant attendre les premiers recensements récents, effectués l’un sur la moitié sud-est
de la France (Lhemon 2002), l’autre sur la façade nord-est (Billoin 2001). Ces travaux permettent de sortir de
l’anecdotique des découvertes et d’aborder les problématiques liées à la chronologie et l’utilisation de ces
récipients, la fabrication et leur diffusion. Un premier état de ces questions sur le territoire français est publié
(Billoin 2004), alors que parallèlement sont découvertes les toutes premières carrières en Maurienne (Lhemon,
2003).
Formes et décors, traces d’outils
Les contraintes technologiques liées à l’utilisation du tour limitent l’éventail morphologique à des formes
simples, cylindriques à tronconiques, à fond plat ou légèrement bombé. On distingue des formes hautes et
basses qui se distribuent en pots, gobelets, assiettes, coupes et couvercles selon des critères dimensionnels
arbitraires. Le décor de ces récipients est également limité par la fabrication au tour et par le choix de la
matière première. Des stries de tournages sont régulièrement visibles, plus ou moins marquées, tant à
l’intérieur qu’à l’extérieur des formes. Elles correspondent à la trace d’outils utilisés dans le façonnage de
l’objet au tour, sans intention de constituer un décor, ou, au contraire, lorsqu’elles sont plus nombreuses,
offrent au récipient une esthétique particulière, généralement associée aux sillons de tournage. Ces incisions,
plus ou moins profondes, sont volontaires et se combinent aux stries de tournage et parfois aux cordons pour
constituer un décor. Ces derniers forment un bourrelet régulier et continu en relief, obtenu par un creusement
des parois extérieures du récipient. D’une forme à l’autre, ces éléments présentent de nombreuses variantes
par leur nombre et leur disposition, recouvrant l’intégralité du récipient ou n’apparaissant que très
ponctuellement. La qualité de la roche joue naturellement un rôle, selon sa dureté et son grain plus ou moins
grossier, de même que la fonction dévolue au récipient. Ainsi, les pots à cuire, destinés aux préparations
culinaires, sont peu décorés et tournés dans une roche grossière, alors que les gobelets sont plus souvent
fabriqués dans une roche grise, fine se prêtant bien aux décors.
Des graffitis sont parfois relevés et correspondent à des indications numériques, vraisemblablement en rapport
avec la contenance du récipient, alors que d’autres, peu explicites, renvoient peut-être à des marques
d’artisans.
En dehors des stries de tournages, les traces de fabrications sont le plus souvent effacées lors de l’étape
suivante de finition et de polissage du récipient. Les seuls impacts d’outils concernent le fond du récipient,
puisqu’il s’agit de la seule partie incomplètement tournée. L’utilisation de pics ou de petites pointerolles, de
burins ou de ciseaux sont relevés, ainsi que des marques de pointeau.
Chronologie
Le recensement des sites livrant des récipients en pierre ollaire atteste une utilisation de la fin du IVe au VIIIe
siècle, sans doute plus précocement dans le sud. Toutefois, cette fourchette chronologique demanderait à être
précisée, les sites marquants les extrémités de cette période sont généralement moins connus et mal datées.
Des réparations apportées sur certains exemplaires révèlent que la durée de vie des récipients est prolongée au
maximum.
Du point de vue typologique, on n’observe pas de différences dans cette catégorie de vaisselle, son uniformité
et les contraintes techniques liées à l’utilisation du tour semblent limiter considérablement ce genre
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d’approche. Cette forme de standardisation des productions (donc des ateliers) sur la durée étonne toutefois à
cette période.
La fonction des récipients
Les propriétés physiques de la pierre ollaire, peu poreuse et réfractaire permettant l’accumulation de la chaleur
et un refroidissement lent, sont autant de caractéristiques qui l’ont naturellement privilégié pour la fabrication
de récipient culinaire. Les nombreuses traces de suie, d’encroûtements de matières carbonisés et les impacts
thermiques témoignent de leur passage au feu en cuisine. L’analyse chimique de ces dépôts carbonisés a
confirmé un usage culinaire.
Le soin apporté au travail de finition de certains gobelets et l’aspect similaire à celui de la vaisselle métallique
laissent penser qu’il pouvait trouver une place à table pour le service.
En dehors du cadre domestique, la présence de récipients au sein d’une forge, dont un exemplaire porte des
déchets de fer collés sur sa paroi extérieure, pose la question de leur utilisation dans un cadre artisanal. Un pot
tronconique dont le fond présente cinq perforations et des traces de chauffe renvoient également à une
utilisation bien spécifique, à l’exemple de la fabrication de poix.
Diffusion et voies commerciales
La pierre ollaire est diffusée dans des régions très éloignées de son lieu de production en empruntant les
itinéraires routiers hérités de l’Antiquité et vraisemblablement le réseau fluvial. Elle fait partie d’une
production tournée vers le marché, que l’on peut appréhender grâce à de grandes quantités de découvertes. Ce
matériau exogène facilite son identification et les analyses pétrographiques permettent de remonter aux
grandes zones de productions. Ainsi, en partant du bout de la chaîne, c’est-à-dire des récipients et de leur
répartition spatiale, il est possible d’esquisser ces voies commerciales et de proposer des modèles interprétatifs
de diffusion. Les premiers résultats identifient des productions du Val d’Aoste et la région de Chiavenna pour
plusieurs sites, précisant ainsi des relations commerciales.
L’esquisse de ce commerce révèle que ces récipients se distribuent sur toute la façade orientale de la France, à
l’exception de l’Alsace et des Vosges, le Rhin constituant apparemment une limite (politique ?) dans cette
diffusion. Ils sont bien présents en Ile-de-France, région qui marque la limite occidentale de cette diffusion, au
couloir Saône-Rhône qui trace l’itinéraire vers les grands cols alpins et la Méditerranée. Leur répartition se
cantonne au pourtour de la côte, notamment le long de la voie domitienne, jusqu’aux Pyrénées, sans pénétrer,
semble-t-il, à l’intérieur des terres, à tel point que la question d’un transport maritime se pose.
Conclusion et perspectives
Hormis en Maurienne où des carrières sont découvertes récemment et font l’objet d’études en cours pour
notamment apporter des arguments chronologiques, l’étude des récipients en pierre ollaire en France porte sur
du matériel d’exportation. L’examen pétrographique des roches utilisées doit être généralisé afin de permettre
l’identification des zones de productions et, ainsi, de mieux percevoir le cheminement de ces récipients. Ces
données préciseraient des courants commerciaux et pourraient tenter de faire émerger des secteurs de
productions plus actifs à une période ou à l’autre, et les relations économiques qu’ils entretiennent entre eux.
Le travail de recensement doit naturellement être poursuivi et l’effort porté sur la chronologie d’utilisation des
récipients. Enfin, l’étude de grandes séries de récipients provenant des régions productives permettrait de
poser les bases d’une vraie typologie de référence qui fait défaut aujourd’hui et handicape cette approche,
basée sur un corpus trop fragmentaire et ne concernant que du matériel d’exportation. En fait, pour avancer, il
faut désormais que la question de la pierre ollaire soit abordée à l’échelle de l’arc Alpin, des régions de
production aux sites de consommation (zones d’exportations).
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