Le syndrome vélocardiofacial - STA HealthCare Communications

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pédiatrie
Le syndrome
vélocardiofacial :
plus fréquent qu’on le pense
Sabrine Manoli, BScN et Dr Ted Tewfik, MD, FRCSC
e syndrome vélocardiofacial (SVCF), aussi
connu sous le nom de syndrome de Shprintzen,
est un syndrome génétique au nom intimidant, beaucoup plus fréquent qu’on le pense. Cependant, ses
manifestations parfois subtiles, peuvent passer
inaperçues aux yeux d’un médecin peu expérimenté.
L’absence d’un diagnostic adéquat peu avoir de
graves conséquences pour le patient, qui nécessite
souvent des évaluations et des traitements spécialisés.
Le SVCF est en fait le syndrome génétique
contigu le plus fréquent. Il fait parti d’un spectre
de syndromes causés par une microdélétion sur le
22e chromosome (22q11.2). Bien que cette délétion n’affecte qu’une trentaine de gènes, son
expression phénotypique peut être des plus étendue et variée. En effet, il existe plus de 180 manifestations cliniques propres au syndrome vélocardiofacial et aucune de ces anomalies n’est
présente chez chaque patient.
Quoiqu’il en soit, le cœur, la figure, le palais
et le système vasculaire sont presque toujours
affectés. De plus, les troubles du comportement
et les problèmes psychiatriques sont assez
fréquents. Ainsi, ces pathologies sont souvent
regroupées sous le nom de syndrome de délétion
22q11.2, aussi connu sous le nom de CATCH 22,
ou syndrome Cayler ou le syndrome Sedlackova.
L
e SVCF est en fait le
syndrome génétique
contigu le plus fréquent.
L
Sabrine Manoli est étudiante
au département d’oto-rhinolaryngologie, Faculté de
médecine de l’Université McGill.
Le Dr Tewfik est professeur
titulaire et directeur de la formation
médicale continue au
département d’oto-rhinolaryngologie de l’Université McGill.
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Figure 1 : Syndrome vélocardiofacial
Incidence
L’incidence du SVCF est estimée entre
1/2 000 à 1/6 000. Il est à noter qu’étant
donné l’expression très variable de la délétion 22q11.2, la véritable incidence du syndrome est probablement plus élevée.
Environ 8 % des patients possédant une
fente palatine sont aussi diagnostiqués avec
le SVCF et l’incidence des fentes palatines
dans la population générale est de 1/300.
Transmission
La transmission de la délétion 22q11.2 se
fait par mode autosomal dominant. Le
risque pour un patient porteur de le transmettre à un de ses enfants est donc de 50 %.
Néanmoins, uniquement 7 % à 17 % des
patients porteurs de la délétion l’ont hérité
d’un parent. Dans la grande majorité des
cas, il s’agit d’une délétion de novo.
Figure 2 : Syndrome vélocardiofacial
Figure 3 : Syndrome vélocardiofacial
Tableau 1
Manifestations les plus fréquentes du SVCF
• Apparence faciale caractéristique, mais subtile
• Infection congénitale associée à la surdité de
perception
• Anomalies cardiaques (74 %)
• Anomalies palatines (69 %)
• Troubles d’alimentation
• Immunodéficience (77 %)
• Anomalies vasculaires (carotides internes
médialement déplacées, tortueuses ou
accessoires)
• Hypocalcémie (30 %)
• Anomalies rénales et génito-urinaires (31 %)
• Anomalies oculaires
• Atteinte du système nerveux central (hypotonie,
convulsions)
• Retard de croissances (41 %)
• Perte d’audition et otites chroniques
• Trouble d’apprentissage (70 à 90 %)
• Maladies psychiatriques (ad 20 %) (schizophrénie,
dépression, trouble bipolaire)
• Retard du développement mental et psychosocial
Description clinique
• Maladies auto-immunes (Juvenile rheumatoid arthritis
(JRA), hyper et hypothyroïdie)
• Anomalies musculosquelettiques
Les manifestations du syndrome vélocardiofacial peuvent être très diverses.
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• Autres (anus imperforé, hernie, lobation pulmonaire
anormale, amygdales hypertrophiques, adénoïdes
hypoplasiques, etc.)
le syndrome vélocardiofacial
Néanmoins, certaines ont été rapportées dans
la littérature comme étant plus fréquentes.
(tableau 1)
Évaluation
Le diagnostic génétique
La délétion 22q11.2 étant souvent trop minuscule
pour être aperçue avec un caryotype habituel, il
est nécessaire de faire un FISH (Fluorescence in
situ hybridization). Dans 15 % des cas, malgré un
phénotype évocateur et un diagnostic clinique
presque certain, le FISH sera négatif. Il est
primordial de tester aussi les parents des enfants
porteurs de la délétion pour établir le risque de
transmission aux autres membres de la famille.
De plus, des examens prénataux, si une patiente
atteinte désire entamer une grossesse, sont
disponibles.
Plusieurs autres examens sont nécessaires
pour éliminer et évaluer les anomalies que les
patients porteurs du SVCF peuvent présenter.
(tableau 2)
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Tableau 2
Investigations et traitements du SVCF
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Problème
Évaluation
Traitement
Diagnostic génétique
(délétion 22q11.2)
• FISH
• Caryotype à haute résolution
• Tester parents et fratrie
Suivi génétique
Anomalies cardiaques
•
•
•
•
• Traitement chirurgical
• Consultation en cardiologie
•
•
•
•
•
•
• Examen oral et buccal attentif
(surtout si luette bifide ou absente)
• Nasopharyngoscopie
• Vidéofluoroscopie
• Orthophonie (souvent
inefficace)
• Reconstruction ou prothèse
vélaire rarement utile
• Chirurgie du pharynx à
considérer pour l’hypernasalité
• Orthodontie
• Amygdalectomie (mais
attention si anomalies
carotidiennes)
• Adénoïdectomie peut
augmenter l’insuffisance
vélaire et l’hypernasalité
• Consultation en ORL
• Troubles d’alimentation
• Obstruction des voies
respiratoires
• Évaluation endoscopique
• Gorgée baritée
• Nasopharyngoscopie
Utiliser une tétine molle avec
une large ouverture
horizontale
• Troubles de l’audition
• Otites chroiques
• Examen otologiques fréquent
• Audiométrie
• Traitement agressif d’otites
• Considérer tubes
transtympaniques
• Prothèse auditive
Anomalies vasculaires
• Résonance magnétique
• Angiographique
Attention aux procédures
ORL si carotides anormales
Développement et
comportement
• Évaluation développementale,
neuropsychologique et académique
• Évaluation psychiatrique
Consultation, suivi
psychiatrique et autres
professionnels spécialisés
Hypocalcémie
• Calcium sérique
• Suppléments calciques
• Consultation en
endocrinologie
Immunodéficience
• Globules blancs + lymphocytes
• Marqueurs immunologiques
• Attention aux vaccins
vivants durant l’enfance
• Consultation immunologie
Hyper ou hypothyroïdie
TSH, T4, T3
• Traitement approprié
• Consultation en
endocrinologie
Anomalies rénales
Échographie rénale
Consultation en néphrologie
Anomalies oculaires
Évaluation ophtamologique
Consultation en ophtalmologie
Fente palatine
Problèmes de langage
Hypernasalité
Insuffisance vélaire
Rétrognatie
Amygdales
hypertrophiées
Radiographie thoracique
ECG
Échographie cardiaque
Radiographie pulmonaire
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le syndrome vélocardiofacial
Le traitement et le suivi
Idéalement, étant donné la panoplie des anomalies que les patients atteints du syndrome vélocardiofacial peuvent présenter, ceux-ci devraient
être suivis par une équipe médicale multidisciplinaire, composée d’un médecin de famille, d’un
généticien, d’un oto-rhino-laryngologiste, d’un
cardiologue, d’un psychiatre et d’un immunologiste. Les patients devraient également être
suivis en orthophonie, en neuropsychologie et en
ergo-thérapie. Les interventions qu’ils devront
recevoir varieront, bien entendu, selon les manifestations propres à chaque individu. (tableau 2) Clin
Références
1. Ardinger R. Velocardiofacial Syndrome, Oct 2004,
www.emedecine.com
2. Cassidy S, Allanson J. Management of Genetic
Syndromes, 2nd Ed, Wiley-Liss, 2005, pp 615-631.
3. Dyce O, McDonald-McGinn D, et al. Otolaryngologic
manifestations of the 22q11.2 deletion syndrome. Arch
Otolaryngol Head Neck Surg. 2002, 128:1408-1412.
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Deletion syndrome, 2003 www.genereviews.org
5. Shprintzen R, Genetics. Syndromes and communication
Disorders, Singular Publishing group, 1997.
6. Tewfik TL, Der Kaloustian VM, Teebi AS. In: Tewfik TL, Der
Kaloustian VM (eds) Congenital Anomalies of the Ear,
Nose and Throat, Oxford University Press, 1997, pp 463464; 523-524.
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