Foi et Raison
Éditorial
Si Benoît XVI, à la suite de Jean-Paul II et de son encyclique si importante Fides et
Ratio de 1998, à laquelle le futur pape avait beaucoup contribué, insiste autant dans son
pontificat sur la question des rapports entre la foi et la raison, c’est qu’il considère que
notre monde aujourd’hui a un besoin vital de s’interroger sur ce sujet et qu’il ne le fait
pas assez. La question n’est certes pas nouvelle mais elle est profondément actuelle — et
la vigueur des débats autour du pape en est la preuve objective. Benoît XVI nous invite
à « scruter les signes des temps » et à reconnaître qu’à l’origine de la plupart des crises
spirituelles contemporaines se trouve un usage défectueux de la raison humaine. L’Église
n’est pas sauve de ce constat. Elle a autant besoin que le monde d’approfondir aujourd’hui
ce sujet. Le pape incite en effet les croyants à toujours plus et à toujours mieux se servir
des lumières naturelles de la raison afin que la foi puisse s’affermir, se développer et les
incroyants à ne pas idolâtrer la raison, à ne pas en rester à des préjugés et des distinctions
de sphères abusives. À l’horizon de la question « foi et raison », se trouve posée celle de la
nature humaine, de son identité profonde et celle d’une réactualisation de tous nos choix de
vie.
L’appel lancé par Benoît XVI est tout le contraire d’un alarmisme stérile. La conscience
aiguë d’une menace spirituelle portant sur la raison, la philosophie, les sciences et sur tout
ce qu’elles impliquent est portée par la certitude d’une vocation intacte de la raison humaine
et de la foi capables d’atteindre ensemble la Vérité.
Ce Sénevé répond donc à la double invitation du pape à cultiver notre foi et notre raison
en nous interrogeant justement sur la non-contradiction des deux. Nous avons voulu aussi
à travers ce numéro témoigner à l’intérieur même de l’École de la grande intelligence de
la foi, dans toutes ses dimensions, et de l’unité de vie que nous voulons toujours plus forte
entre nos études et notre foi.
« La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain
de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de
l’homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de Le connaître lui-même
afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-
même. »1
Bruno Le Floch et David Perrin
1Encyclique Fides et ratio, Jean-Paul II, 1998.
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