2
à travers un matériau historique constitué en particulier par un travail sur les
archives, nous essayerons, en nous inspirant du "réalisme néoclassique", de saisir
la façon dont les "les pressions du système international sont filtrées à travers les
variables internes pour produire la politique étrangère.
"
Résumé
En prise avec des pressions contradictoires entre son environnement intérieur et
extérieur au moment de son retour au pouvoir en 1958, le général de Gaulle
dispose d'une marge de manœuvre réduite. Dans la mesure où seul l'appui d'une
des deux grandes puissances pourrait avoir un véritable impact sur son
environnement international, il cherche à jouer sur la corde du partenariat
transatlantique
. Le mémorandum envoyé à D. Eisenhower le 17 septembre 1958
permet à la France d'exercer une politique de coercition entendue comme la
volonté d’ « influencer le comportement d’une cible en modifiant le calcul de ses
intérêts. »
Mais en dépit des mesures prises contre l'OTAN, les Etats-Unis
refusent de modifier leur politique.
Le 16 septembre 1959, le général de Gaulle prononce un discours décisif en
faveur de l'autodétermination de l'Algérie. Le choix d'un ajustement à
l'environnement international résulte de l'affaiblissement de la position de la
France dans ses trois cercles d'appartenance. Si le changement de cap conditionne
le devenir de l'ensemble de la politique française du « grand large », il constitue
simplement la proclamation du changement. Au final le rôle du décideur est
déterminant dans le continuum du changement à travers quatre phases principales:
Perception-proclamation-mobilisation des ressources-achèvement ou échec. Pour
mener à son terme le changement le décideur doit saisir des alternatives
. En ce
sens, la relance du projet européen à l'automne 1959 permet de faciliter la
politique de « dégagement » en Algérie.
Un mois après les accords d'Evian, l'échec du plan Fouchet met un terme à la
politique du levier européen. La volonté de la France de se présenter comme
« leader régional » bute sur l'impossibilité de figurer comme le « protecteur
régional ».
Le grand large revient alors au premier plan à la fois sous une forme
Randall L. Schweller, Unanswered threats. Political constraints on the balance of power,
Princeton, Princeton University Press, 2006, p.6.
Irwin Wall, Les Etats-Unis et la guerre d'Algérie, Paris, Soleb, 2006. Matthew Connelly, L’arme
secrète du FLN, Paris, Payot et Rivages, 2014.
Jean-Frédéric Morin, La politique étrangère: théories, méthodes et références, Paris, A. Colin,
2013, pp. 37;90.
Kjell Goldmann, Change and Stability in Foreign Policy: The problems and possibilities of
détente, New York, Harvester Wheatsheaf, 1988, p.51
Kalevi J. Holsti, « National Role Conception in the Study of Foreign Policy », International
Studies Quarterly Vol. 14, No. 3 (Sept., 1970), pp. 261-262.