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Gaston Gross, Ramona Pauna, Freiderikos Valetopoulos
Sémantique de la cause
Editions Peeters, Leuven-Paris, 2009, 365p.
Collection Linguistique publiée par la Société de Linguistique de Paris
ISBN : 978-90-429-2354-6
Ce livre constitue une typologie sémantico-syntaxique systématique des
constructions causales qui opèrent sur des arguments phrastiques, à l’exclusion de celles
qui figurent dans le cadre d’une phrase simple (renverser, tuer). Les connecteurs que
nous étudions sont donc des prédicats du second ordre, quelle que soit leur catégorie
morphologique (verbe, nom, adjectif, préposition, locution). Notre classification repose
sur la nature de l’opérande : celle-ci permet de mettre en évidence des causes
événementielles (causer, provoquer, occasionner), des causes du faire (faire, ordonner,
motiver, mobile, motif) et des causes du dire (conjecturer, alléguer, prétendre, puisque,
car). Chacune de ces classes se subdivise à son tour en causes à effets et en causes
explicatives, qui représentent un point de vue différent sur la relation de cause.
Sur la base d’un corpus de grande ampleur, nous décrivons le spectre argumental
de tous les connecteurs. Ce travail méthodique révèle que chaque prédicat de cause
sélectionne un nombre d’opérandes qui lui est propre et qui représentent des classes
sémantiques spécifiques. Les relateurs de cause ne sont donc pas interchangeables. Ils
varient en outre en fonction de leur aspect interne. A côté de causes « globales »,
certaines associent à la notion stricte de cause des valeurs aspectuelles, révélant des
causes inchoatives (déclencher, activer, instaurer), progressives (perpétuer, maintenir)
ou terminatives (clore, endiguer, éradiquer).
Les connecteurs ne codent pas la relation de façon uniforme. A côté de ceux qui
expriment la cause de façon explicite et univoque, certains sont caractérisés par un
surcodage : ils ajoutent à la notion de cause des valeurs supplémentaires de nature
métaphorique (conduire à, venir de, être une source de, donner naissance à). D’autres
correspondent à un sous-codage : leur sens premier exprime une autre relation (si,
quand, lorsque, chaque fois que) et nécessite une inférence pour avoir une interprétation
causale. La causalité est souvent combinée à des faits d’énonciation, par exemple, en
cas de conjectures à propos d’un événement inexpliqué ou quand on expose ou justifie
un point de vue (puisque, car). Le cas d’inférence maximale est représenté par la
parataxe.
Ce que cette étude systématique met en lumière c’est l’extrême diversité que
représente la causalité exprimée par les langues naturelles.