4OCTOBRE 쐍NOVEMBRE 쐍DÉCEMBRE 2008
En Orient, les arts traditionnels mettent en
évidence une notion fondamentale de vide
où le rêve et l’imaginaire ont tout l’espace
pour créer : « De l’argile nous faisons un pot. Mais,
à l’intérieur du vase, c’est le silence qui contient ce
que nous voulons » (Tao Te King). La voie zen consis te
d’abord à trouver en soi-même l’esprit vaste
qui contient tout. L’Essentiel se réalise dans le
silence. Immense, infini, ce silence ! En Occident,
où le succès zen ne se dément pas, l’être humain
est aussi à la recherche de la tranquillité, de
l’équilibre et du recueillement.
À des degrés divers, toutes les religions s’inté-
ressent au silence, mais il y a différence d’inten-
tionnalité. Dans sa recherche du silence, le
bouddhisme « souligne surtout la quête de la vacui -
té » (David Le Breton). Pour les chrétiens, « le silence
n’est rien s’il ne traduit pas une approche de Dieu»
(David Le Breton). Un mystique chrétien du VIIesiècle
s’exprimait aussi en ce sens : « Si la parole est
l’organe du monde présent, le silence est le mystère
du monde à venir ». Il est la voie royale pour
approcher et accueillir Dieu.
Direct et pragmatique, le zen, dont les prin-
cipes remontent à plus de mille ans, est surtout
relié au bouddhisme japonais, mais il est devenu
un mouvement spirituel qui s’est répandu
dans le monde entier : « Ensemble, allez !
Allez, au-delà du par-delà ! Allez sur la
rive du satori ! » (Maka Hannya). Même si le
vécu bouddhique et l’expérience chré-
tienne sont différents, il existe des pas-
serelles qui permettent d’initier et de
développer le dialogue. Dans un esprit
de dialogue interreligieux et d’espérance
chrétienne, ce numéro de la revue Univers
invite à accueillir l’Église du Japon et à
être attentif aux possibilités de collabo -
ration entre chrétiens et bouddhistes. Parce qu’ils
apprécient le climat de recueillement et de
sérénité de notre Messe, plusieurs Japonais non-
chrétiens n’hésitent pas à venir y assister. C’est
ce que faisaient les parents de Misako qui raconte
comment le Dieu de la Messe l’a acheminée vers
le baptême.
Le vibrant témoignage d’Henriette Cantin et la
belle histoire de charité racontée par sœur Odile
Lessard lèvent le voile sur une petite Église,
sel de la terre nipponne. De plus, sans tomber
dans le relativisme, les valeurs du bouddhisme zen,
présentées par René Champagne, s.j., suscitent le
respect et l’ouverture. Pour les baptisés, il s’agit
d’accueillir tout ce qui est vrai et saint chez les
bouddhistes et de partager avec eux le message
d’Amour de Jésus. Complètement dédié à la
Parole de Dieu, c’est ce que le père Zénon Yelle
a fait pendant ses 50 années au Japon. Ce héraut
de la Parole de Dieu n’hésite pas à affirmer
qu’au Japon, l’avenir est au christianisme. Selon
lui, « la voie du bonheur est Jésus, Parole de Dieu
faite chair». Jésus, incarnation de l’Harmonie uni-
verselle, invite chrétiens et bouddhistes à « agir
ensemble» afin d’inventer un réseau global de
paix dans le monde.
Sur notre Terre agitée, prenons
le temps de faire silence et d’ac-
cueillir Noël. Pareil au large ciel et
à l’océan sans limites, rappelons-
nous que sur la Terre du lotus pur,
l’Esprit vaste qui contient tout,
c’est Dieu.
Un merveilleux
Noël à tous !
Et Dieu se fit Noël
Colette Soucy, rédactrice en chef
ÉDITORIAL
BIVELLITS