1.2 Valeurs propres du Laplacien en dimension 1.
Nous utilisons la terminologie ”‘Laplacien”’ car nous g´en´eraliserons plus tard le r´esultat ici ´enonc´e.
Mais il est bien ´evident qu’en dimension 1 le Laplacien est tout simplement la d´eriv´ee seconde. Pr´ecisons
ce que nous entendons par valeur propre d’un tel op´erateur diff´erentiel : ce sont les nombres complexes
λtels qu’il existe une fonction ude classe C2sur [0,1] v´erifiant u(0) = u(1) = 0, u00 =λu. Appelons E
l’espace des fonctions de classe C2sur [0,1] nulles en 0,1. On munit Edu produit hermitien
< u, v >=Z1
0
u(t)v(t)dt
et on observe que, en d´esignant par Tl’op´erateur u7→ u00 (qui n’est pas un endomorphime de E),
∀u, v ∈E, < T (u), v >=−R1
0u0(t)v0(t)dt. Cette identit´e a pour cons´equence imm´ediate que les valeurs
propres de Tsont r´eelles n´egatives. Mais, si λest valeur propre de T, les vecteurs propres associ´es
doivent ˆetre solutions de l’´equation diff´erentielle y00 =λy et donc doivent ˆetre de la forme u(t) =
acos √−λt +bsin √−λt. Comme udoit appartenir `a Eon doit avoir de plus a= 0, b sin √−λ= 0.
Si sin √−λ6= 0 il est clair que seule la fonction u= 0 convient. Dans le cas contraire, c’est-`a-dire si
λ=−n2π2pour un n∈N, n > 0, alors λest valeur propre et le sous-espace propre associ´e est la droite
vectorielle engendr´ee par un:t7→ sin nπt.
Observons que (un) est une base orthogonale de L2[0,1]. C’est en effet clairement un syst`eme
orthogonal et si vest orthogonal `a toutes les und´esignons par wla fonction impaire d´efinie sur [−1,1]
et qui vaut vsur [0,1]. Alors R1
−1w(t) sin(nπt)dt =R1
−1w(t) cos(nπt)dt = 0,ce qui prouve que wet
donc vsont nulles car les coefficients de Fourier de wsont tous nuls.
1.3 Synth`ese
Quel est le lien entre les deux parties pr´ec´edentes ? Il y est question dans les deux cas de valeurs
propres mais l’op´erateur Tn’est pas un endomorphisme. Les choses s’´eclairent si l’on consid`ere ”‘l’in-
verse”’ de Td´efini sur l’espace des fonctions continues sur [0,1] par S(f) = l’unique fontion ude E
telle que u00 =f. le lecteur v´erifiera sans peine que cette fonction est bien d´efinie : elle a mˆeme une
´ecriture explicite :
u(x) = S(f)(x) = W(f)(x)−W(f)(1)x
o`u
W(f)(x) = Zx
0
(Zy
0
f(t)dt)dy.
On peut clairement prolonger Sen un endomorphisme de F=L2[0,1] et l’´etude pr´ec´edente montre
que ses valeurs propres, n´egatives, forment une suite convergeant vers 0. C’est de plus un op´erateur
sym´etrique : en effet posons V(f)(x) = Rx
0f(t)dt (c’est l’op´erateur de Volterra sur lequel nous aurons
l’occasion de revenir). En tous cas W=V2et par int´egration par parties,
< S(u), v >=−< V (u), V (v)>−W(u)(1)W(v)(1)
et la sym´etrie en d´ecoule. De plus Fest somme directe hilbertienne des sous-espaces propres de S:
l’analogie est maintenant patente et nous verrons dans la suite de ce cours un th´eor`eme g´en´eral conte-
nant ces deux r´esultats comme cas particuliers. Le dernier chapitre nous permettra mˆeme de faire le
lien directement avec le Laplacien ; on le consid`erera en effet comme un op´erateur non born´e auquel on
pourra cependant appliqu´e le formalisme des op´erateurs autoadjoints que l’on aura d´evelopp´e.
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