Comment bénéficier de la baisse du pétrole Personnalisation

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| Janvier 2015 | Produits financiers
Comment bénécier de la baisse du pétrole
Depuis l’été dernier, le baril de pé-
trole américain «WTI» a perdu
50% de sa valeur et ce mouve-
ment s’est accentué au cours des
deux derniers mois avec la dé-
cision de l’OPEP de ne pas ré-
duire sa production et de laisser le marché s’ajus-
ter par le jeu de l’offre de et la demande. Cette
décision, menée par l’Arabie Saoudite, intervient
dans un contexte d’augmentation de la produc-
tion de pétrole de schiste aux États-Unis alors que
la demande mondiale s’affaiblit (notamment en
Europe, au Japon et en Chine). Elle démontre la
détermination de plusieurs membres de l’OPEP
à défendre leurs parts de marchés, maintenant de
ce fait une pression sur le prix du baril qui de-
vrait persister au cours des prochains mois.
Pour les marchés actions ce scénario pourrait
s’avérer positif, particulièrement pour les éco-
nomies nettes importatrices de pétrole que sont
les États-Unis ou l’Europe. Mais, s’il est vrai que
l’Europe devrait à ce titre bénéficier de la baisse
du pétrole, l’impact réel sur l’économie est toute-
fois quelque peu amoindri par la baisse de l’euro
par rapport au dollar sur la même période, de
l’ordre de 13%. A cela s’ajoutent les risques liés
aux récents déboires électoraux en Grèce et ceux
qui pèsent sur l’approvisionnement énergétique
de l’Allemagne, étroitement lié à l’instabilité des
relations avec la Russie. La prudence reste donc
de mise même si des opportunités existent.
En revanche, les États-Unis représentent une
alternative solide dont la croissance vigoureu-
se ne cesse de surprendre et va de pair avec la
reprise des investissements.
Quels secteurs deviennent attractifs à la suite de
ce repli des cours du pétrole? S’il est vrai que les
cours des compagnies pétrolières ont déjà subi
de fortes baisses depuis le début de l’été 2014,
la pression encore forte exercée sur le prix du
pétrole constitue une menace qui tend à dissua-
der les investisseurs. En revanche, le secteur des
biens de consommations «non essentiels» (par op-
position aux produits de base) devrait en profiter
grâce à des coûts de production plus faibles dus à
la réduction des prix de l’énergie mais également
du fait de l’augmentation du pouvoir d’achat des
ménages qui y est liée.
Quelle stratégie adopter pour capter les op-
portunités de ce contexte de marché? Depuis
plusieurs années, nous évoluons dans un envi-
ronnement de taux bas liés aux politiques pas-
sées ou en cours d’expansion monétaire, aigui-
sant par conséquent l’intérêt des investisseurs
pour les produits capables de dégager des ren-
dements élevés. L’augmentation récente de la
volatilité au-dessus de son niveau moyen des
deux dernières années permet, via les produits
structurés, d’offrir des solutions adaptées à la
recherche de rendement tout en pariant sur le
scénario de baisse des prix du pétrole.
En effet, vendre des options et donc de la vola-
tilité en dehors de la monnaie ou avec une pro-
tection conditionnelle du capital peut s’avérer
être une stratégie payante sur le court ou moyen
terme. Il s’agit de choisir avec soin les sous-
jacents qui feront l’objet de ces ventes d’options
et de privilégier les entreprises de consommation
susceptibles d’engranger davantage de revenus
du fait de l’évolution des cours de l’or noir.
Prenons par exemple une reverse convertible sur
Nike, PepsiCo & Starbucks en dollars et d’une
durée de 1 an, avec remboursement anticipé
conditionnel. En achetant ce produit, le client
vend implicitement de la volatilité par le biais
d’une vente d’option «Worst of» en dehors de la
monnaie. La prime perçue en échange de ce ris-
que sera payée trimestriellement sous la forme
d’un coupon garanti. Ce produit structuré per-
met de booster le rendement obtenu par rapport
à un simple dépôt fiduciaire. En effet, le coupon
payé par une telle structure serait de 6% par an-
née, soit bien au-delà des taux monétaires sur la
même période.
Si à la fin d’une des périodes trimestrielles, cha-
cun des sous-jacents est au-dessus de son niveau
initial, le produit est remboursé par anticipation,
le client récupère l’intégralité de son capital et
conserve les coupons déjà acquis. Toutefois, si à
la date finale d’observation un des sous-jacents se
trouve en-dessous du prix d’exercice fixé à 80%
des niveaux initiaux, le client reçoit les titres de
l’action la moins performante à un niveau plus
intéressant que le cours initial.
Les Autocallable Reverse Convertible sur les
entreprises de biens de consommation semblent
donc être adaptés pour bénéficier de la baisse des
cours du pétrole en percevant un coupon inté-
ressant dans l’univers actuel de taux bas. n
Les investisseurs hésitent
entre tabler dès maintenant
sur la baisse des prix du pétrole
ou attendre un point d’entrée
encore plus avantageux.
LA HAUSSE
DE LA VOLATILITÉ
PERMET D’OFFRIR
DES SOLUTIONS
ADAPTÉES À
LA RECHERCHE
DE RENDEMENT
VIA LES PRODUITS
STRUCTURÉS.
JOHAN THOMYRIS
Credit Suisse, Sales Produits Structurés
pour la Suisse Romande
Personnalisation des produits structurés
Ces dernières années ont vu la
multiplication en Suisse de
plateformes qui permettent de
composer de plus en plus sim-
plement des produits structurés.
D’essence business-to-business,
elles s’adressent avant tout aux professionnels
de l’investissement, en raison notamment du
montant encore relativement élevé que doit re-
présenter une émission pour être rentable. Ce-
pendant, ce montant ne cesse de baisser et il est
possible d’imaginer qu’un jour les particuliers
pourront composer eux-mêmes leurs propres
produits structurés, un peu comme ils achètent
des meubles en kit qu’ils assemblent. La compa-
raison s’arrête là. Dans le cas du meuble, c’est le
fabricant qui choisit les pièces et le client qui les
assemble. Avec un structuré, le client choisirait
les composantes et la plateforme assurerait le
«montage» et l’émission.
Retour à aujourd’hui. Près d’une dizaine de ces
plateformes de trading de produits sont actuel-
lement accessibles aux professionnels de l’in-
vestissement en Suisse, certaines étant même
multi-émetteurs. Hautement automatisées, elles
s’adressent à un public averti et sont utilisées
pour des émissions relativement standardisées
mais avec une certaine capacité de personna-
lisation – pour un nominal minimal de quelques
dizaines de milliers de francs. En revanche, el-
les n’offrent pas un service individualisé et ne
répondent pas aux besoins de certains acteurs
de niche ou de leurs clients. Pour ces derniers,
l’important ne réside pas dans l’efficacité d’une
machine industrielle, mais dans l’apport d’une
valeur ajoutée, par exemple via une analyse, une
compréhension du besoin et l’optimisation de la
construction du structuré.
Les plateformes de trading de produits consti-
tuent l’une des réponses de l’industrie des struc-
turés à la crise financière et au besoin de réduire
les coûts. Elles ont pris leur essor après la faillite
de Lehman Brothers et la chute des volumes qui
a suivi. Rien qu’en Suisse, la part des structurés
dans les portefeuilles est passée de 6% à 3% (soit
150 milliards de francs d’actifs en moins).
Le modèle commercial traditionnel de l’épo-
que passait par des émissions à grande échelle
de produits standard, accompagnées de brochu-
res de vente et de campagnes de publicité dans
la presse, ou par des demandes ciblées pour le
compte d’une clientèle sophistiquée. Le volume
assurait des marges suffisantes, mais la faiblesse
de ce modèle tenait au côté très «manuel» de la
détermination du prix d’une émission. Les de-
mandes arrivaient aux vendeurs par e-mail ou
par téléphone, elles étaient ensuite transmises à
un trader, celui-ci formulait un prix et le vendeur
le relayait au client pour décision. La durée d’un
cycle variait selon la complexité de la demande et
le risque était grand qu’un paramètre mal trans-
mis conduise à une erreur de pricing. Dans un
contexte d’après-crise, la chute des volumes (en
nombre et en taille moyenne des opérations) et
une inflation des demandes de prix rendait ce tra-
vail «manuel» d’autant plus difficile que les équi-
pes avaient souvent été fortement réduites…
Pour lutter contre l’érosion des marges et élargir
la base des clients, il fallait faire des économies
d’échelle et s’inspirer du succès du commerce en
ligne, en appliquant la même recette: renverser la
relation et donner du pouvoir au client pour qu’il
puisse davantage comparer avant d’investir. Pour
les grands émetteurs, loin de rompre la relation
personnelle, la mise à disposition d’une plate-
forme de trading s’avérait une opportunité pour
renforcer la loyauté des clients et en atteindre
de nouveaux à travers internet.
Cependant, mettre en place une telle plateforme
n’est pas aisé; une baisse suffisante des coûts de
production nécessite un processus aussi efficient
et automatisé que possible. Il ne s’agit pas sim-
plement d’automatiser la fixation du prix d’une
émission, mais de connecter tous les systèmes à
l’intérieur d’une banque, les différents trading
books, l’émission de composantes du produit et
leur inscription au bilan de l’émetteur ainsi que
l’ensemble de la chaîne de règlement.
Après une première phase d’émergence, le mon-
de des plateformes est entdans une nouvelle
ère, celle qui voit apparaître des plateformes
permettant de choisir parmi plusieurs émet-
teurs, permettant de diversifier le risque de cré-
dit et de rechercher le meilleur prix. L’une des
principales plateformes en Suisse, Deritrade de
la banque Vontobel, est d’ailleurs devenue
multi-émetteurs.
Les fonctionnalités vont continuer de s’enrichir.
Et si, à ce stade, de nombreux émetteurs restent
à l’écart de ces plateformes, il est vraisembla-
ble que, à terme, l’évolution des fonctionnalités
aidant, une majorité des émetteurs rejoindront
une plateforme ou une autre. Cela peut encore
prendre quelques années, mais le train est lan-
cé. Cependant, au vu de l’évolution législative
visant à protéger les investisseurs, il n’est pas
certain que toutes les banques voient d’un bon
œil tout un chacun construire son propre pro-
duit en pianotant sur son ordinateur. En tout
cas, le libre accès direct à une plateforme par un
investisseur individuel nécessitera un encadre-
ment et une formation. Une chose reste toutefois
certaine: un produit structuré ne peut apporter
une vraie plus-value dans un portefeuille qu’à la
condition d’avoir été parfaitement compris par
son détenteur. n
L’essor des plateformes de
trading ouvre de nouvelles
perspectives aux investisseurs
en produits structus.
LES PARTICULIERS
POURRONT UN
JOUR COMPOSER
EUX-MÊMES
LEUR PROPRES
PRODUITS
STRUCTURÉS.
UN PEU COMME
ILS ACHÈTENT
AUJOURDHUI DES
MEUBLES EN KIT.
GILLES CORBEL
Responsable du Développement
et du Trading des produits structurés, BCV
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