27.03.2013 n° 1203 15€ + d’infos sur www.intermedia.fr ISSN : 0249-1575 Marketing / coMMunication / Médias en rhône-alpes m a g a z i n e dossier Directeurs marketing et dircoms : duo ou duel ? marketing et Communication spécial grand témoin « La longévité d’un directeur marketing est de trois à cinq ans » Gérard Salommez, président de SeB France journalistes « Sauve qui peut, tous dans la com’ ! » Les dircoms peuvent-ils disparaître ? édito Par Julie druguet Marketing / coMMunication / Médias en rhône-alpes Le Challenge 58, avenue Debourg 69007 Lyon tél. 04 72 84 45 55 Fax : 04 37 57 54 96 Mail : [email protected] Éditeur : interMédia sarl au capital de 37 579 e. Siren : 325 694 909. Directeur de la publication : Jacques simonet. Rédactrice en chef : Julie druguet. Rédaction : charlotte Vincent, Jérémy chauche, Michel texier, Yann petiteaux, Marine dubois. Service commercial : pascal leby, delphine haméon-taton et étienne Mayaux. agence photo : alpaca (lyon). maquette : proedito (paris). mise en page/infographie : Frédéric Morel-mfredpao! (Villeurbanne). impression : imprimerie Brailly (saint-genis-laval). Dépôt légal : à parution. abonnement : voir p. 33 www.intermedia.fr www.facebook.com/ intermedia.fr Dircoms ! Remettez-vous en cause C 'est la première fois que nous consacrons un numéro aux relations entre directeurs de la communication et directeurs marketing. Ces professionnels qui sont condamnés à travailler ensemble ont parfois des rapports conflictuels. Communicants et marketeurs assurent que, aujourd'hui, le duel se transforme le plus souvent en duo (lire p 22). Pour autant, il s’agit d’un mariage de raison. Mieux payés, plus cotés, les marketeurs jouissent toujours d’une certaine primauté. Car ce sont eux qui permettent à l’entreprise de tourner en générant des bénéfices. Secoués par la crise. à la frilosité, à la fébrilité, à l’attentisme. Après avoir enfin obtenu crédibilité et légitimité au sein de l’entreprise, voilà les communicants à nouveau appelés à prouver leur utilité. Les dircoms sont secoués par la crise qui rabote leurs budgets ; ils sont secoués par la direction qui leur demande de justifier leur place à grand renfort d’indicateurs de performance et de ROI (lire p 22); ils sont secoués par l’arrivée du digital, qui leur ôte une part de leurs prérogatives, entame leur statut de grand communicant en chef et, parfois, met en évidence des lacunes ; ils sont enfin secoués par l'émergence de jeunes professionnels qui viennent marcher sur leurs platebandes, comme les directeurs marketing digital (lire p 26). dans les services de communication, l’atmosphère est à la frilosité, à la fébrilité, à l’attentisme. Directeurs marketing et directeurs de la communication ont un point commun : avec la crise, ils doivent aujourd’hui défendre leur poste et leur place dans l’entreprise. Les premiers sont obligés de se renouveler sans cesse en changeant de produit, de poste, voire d’entreprise. « La longévité d’un directeur marketing est de trois à cinq ans », avertit le patron de SEB France (lire p 34). Les seconds sont encore plus déstabilisés. Au sein des services communication, l’atmosphère semble Sortir par le haut. Aujourd'hui, le métier de dircom fait moins rêver. D'ailleurs, il ne fait pas du tout rêver les jeunes, affirme Jean-François Croës, directeur de l’Efap (lire p 6). Quant à Bruno Paillet, il prédit la disparition de cette profession (lire p 12). Il apparaît que le métier de dircom est menacé. Les directeurs et responsables de la communication dans les entreprises vont devoir sérieusement se remettre en cause. v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 3 sPécial marketing et communication sommaire rePères en têtes 06. en mots Petites et grandes phrases de communicants et de marketeurs. 08. en têtes thomas otton (Babolat), les deux faces de la raquette. 10. entrePrises À Lyon, alice Blondel et éric Vernusse misent sur les conférences. 12. analyse Bruno Paillet « Les dircoms centralisés vont disparaître. » 13. la galaXie du... crédit agricole centre-est 14. en suite obut inaugure l’Apple Store de la pétanque. 16. triBune sébastien Pingault : « Dans les PME, on demande au dircom de vendre. » 17. il l’a dit, il l’a fait romain Boucaud-maitre : « Il fallait dépoussiérer la marque Voisin. » 18. en chiffres Plus de 100 000 communicants corporate. 20. enquête Journalistes « Sauve qui peut, tous dans la com’ ! » La crise de la presse convertit de plus en plus de journalistes à la communication. Thomas Otton, dircom de Babolat, a une année bien remplie. Il lance Babolat Play, la raquette du futur. P. 28 L’obsession du multicanal. Les marques, comme Mentos, doivent occuper tous les supports de communication pour faire venir le consommateur en magasin. dossier directions marketing et communication 22. Dircoms et directeurs marketing : duo ou duel ? Les restrictions budgétaires ne facilitent pas la tâche des dircoms. Ils doivent justifier le bien-fondé de leurs actions. Alors que les directeurs marketing sont confortés. 26 [ rePortage ] le digital bouscule les organigrammes. 28 [ focus ] l’obsession du marketing multicanal. 30 [ analyse ] interne : les dircoms jouent les démineurs. 32 [ Pour/contre ] puis-je confier la communication de l’entreprise à mes enfants ? Découvrez nos formations à la carte pour votre équipe Communication Nous vous proposons 21 formations dans quatre domaines : communication, presse d’entreprise, web, audiovisuel. 4 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 en chiffres Il y a plus de 100 000 communicats corporate en France. L’équivalent des villes de Chambéry et d’Annecy réunies. métiers du marketing et de la communication (eXtrait) Directeur de la communication. il promeut l’image de l’entreprise. il définit la stratégie de communication globale, pilote sa mise en œuvre et manage son équipe. Directeur marketing. grand témoin Le PDG de Seb France connaît bien les métiers du marketing : il lance 200 produits par an et gère une cinquantaine de marketeurs. horizons 34. grand témoin gérard salommez « La longévité d’un directeur marketing est de trois à cinq ans. » 38. + et - Banc d’essai Le dircom externalisé. 40. tops et flops Badoit revient pleine de joie. il définit la politique marketing de l’entreprise et contrôle sa réalisation par les services concernés. il manage les équipes marketing opérationnelles. Chef de produit. il est en charge du développement commercial d’un produit ou d’une marque. depuis la conception jusqu’aux objectifs de vente. Chargé de communication on-line. il détermine et organise la présence d’un annonceur et de son offre sur internet, en cohérence avec sa stratégie de communication globale. Chargé d’études marketing. il collecte, exploite et analyse l’ensemble des données qualitatives et quantitatives d’un marché et contribue à orienter les décisions stratégiques commerciales et marketing. Responsable web-marketing. il participe à l’élaboration de la stratégie commerciale et marketing de l’entreprise sur internet. il gère le site web (promo, encarts, emailings...), le référencement, analyse le trafic et l’activité commerciale. 42. métiers Assistante de communication. encore rare. Responsable marketing direct. le responsable nouveaux médias : une fonction 44. idées L’Adetem lance un label et un annuaire pour les prestataires marketing 46. déBloque-notes Des notes sur tout ce qui débloque. secrétaire spécialisée rattachée au service communication. il conçoit et met en oeuvre la politique de recrutement et de fidélisation de clients par l’entreprise, en cohérence avec la stratégie marketing globale. Attaché de presse. c’est le porte-parole de l’entreprise auprès des médias. il fournit aux journalistes les éléments leur permettant de relayer l’activité de l’entreprise. Des formations dans votre entreprise Des formations pour • les formations sont intraentreprises, • elles se déroulent dans vos locaux ou tout autre lieu à votre convenance, • acquérir de nouvelles connaissances, • optimiser vos connaissances et celles de vos collaborateurs, • Former plusieurs personnes à moindre coût, • renforcer la cohésion d’une équipe. Des formations sur mesure • des modules qui peuvent être adaptés à vos attentes, • une durée et des dates qui vous conviennent, • des stages animés par des formateurs expérimentés et des praticiens reconnus. Programme complet sur www.intermedia.fr Marketing / coMMunication / Médias en rhône-alpes Renseignements : Renseignements 637272 Delphine Haméon-Taton: :06 06 69 69 63 44 44 Programme complet sur www.intermedia.fr n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 5 mots petites et grandes phrases de communicants et de marketeurs sur l’évolution de leur métier. DialOgue « Nous ne sommes pas des exécutants, mais des conseillers qui facilitent les prises de décisions. » « Les directeurs de la communication et les directeurs marketing ont intérêt à se parler. Ce qui les rapproche, c’est l’objectif de vendre le mieux possible : que le produit trouve son client et son marché. » guiDe alice Blondel, coprésidente adetem lyon François-Xavier Combasson, responsable communication CPam lyon (InterMédia, 28/03/2012) RenOuvellemenT « Tant qu’il n’y aura pas de digital natives au niveau du top management des entreprises, les choses évolueront très lentement. » CulTuRe WeB dix ans chez Lafont, je n’ai pas l’impression d’avoir fait le tour du métier. Dans le marketing, il faut sans cesse s’adapter aux marchés, aux concurrents ou même aux législations. » marie Blanchard, directrice communication et marketing chez lafont (InterMédia, 12/09/2012) amélie Bourgeois-Dagues, directrice internet et marketing direct de Disneyland Paris (Référentiel des pratiques Marketing et Digitales, 2013) « Aujourd’hui les jeunes de 17-18 ans sont attirés par l’événementiel, le journalisme, la publicité. Aucun ne veut être dircom. » vOCaTiOn Jean-François Croës, directeur de l’efap lyon DiFFuSiOn « Plus aucune marque ne peut s’en remettre aux anciens principes de confidentialité : tout peut se vérifier, tout est potentiellement public. Surtout les informations négatives. » Olivier mathiot, Directeur de la communication de Priceminister (lenouveleconomiste.fr, 5/12/12) 6 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 « En presque « Les dircoms doivent fournir la preuve de leur utilité. Il faut montrer que la communication n’est pas seulement un centre de coûts. Nous évitons surtout les erreurs stratégiques. » JuSTiFiCaTiOn Coryne nicq, dircom en temps partagé « Chez Zilli, le produit reste l’élément fondamental. La communication est là pour le sublimer. » miSe en valeuR alexandra Schimel, dircom de zilli (lyon) n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 7 nOminaTiOn murielle zel gère les équipes marketing et communication de LDLC. cette ancienne de Wanimo et de club internet a été nommée responsable marketing de ldlc en mars 2012. À ce poste, elle gère vingt personnes, dont neuf graphistes rassemblés dans un studio de production. Murielle Zel fait partie des nouvelles têtes dont s’est entouré philippe sauze depuis son arrivée au poste de dg délégué de ldlc il y a un an et demi. parmi ses missions, figure l’animation d’une communauté Facebook étendue, avec 500 000 fans. coup de projecteur sur des directeurs communication et des directeurs marketing qui ont fait l’actualité. têtes ÉvÉnemenT marielle gobron fait l’homme de l’année résonner la Biennale du Design Thomas Otton, 35 ans, est le directeur de la communication internationale de Babolat depuis deux ans. COme-BaCK Philippe hassel de retour chez l’annonceur. À 46 ans, il a été nommé en début d’année directeur de la communication externe du groupe apicil. c’est pour lui un come-back chez l’annonceur. en effet, ce diplômé de sup de pub paris a été responsable de la communication externe chez april de 1996 à 2003. avant de cofonder l’agence kælia avec Jean-Marc atlan, son ancien collègue d’april. aRRivÉe olivier girard chez April. À 35 ans, il est le nouveau directeur marketing stratégique et innovation du groupe d’assurances. auparavant, il occupait le même poste à la Banque accord depuis 2005. il avait également été chef de projet chez lVMh aux états-unis. arrivée en 2011 en tant que dircom de la cité du design, cette ancienne de Mccann lyon vient d’orchestrer sa première Biennale internationale du design de saint-étienne. un événement qui réunit 85 000 visiteurs, professionnels et grand public. et nombre de grands médias : Télérama, Libération, Le Monde, Beaux Arts Magazine... pour réussir cette grand-messe du design, l’ancienne dircom de la poste rhône-alpes sud s’est entourée d’une équipe de 10 personnes (rp, webmaster, graphistes...). v innOvaTiOn Babolat : Lyon - Création : 1875 - Agences : DDB Nouveau Monde Lyon (stratégie), Native (web), E-Magineurs (vidéos), Ogilvy One (plateforme Babolat Play), Ketchum (RP) - CA 11/12 : 139 M€ - 338 salariés dans le monde. thomas otton, les deux faces de la raquette année charnière. le directeur de la communication internationale de Babolat lancera fin 2013 Babolat play, une raquette intelligente qui enregistre les performances des joueurs. un produit sur lequel thomas otton communique depuis deux ans déjà et qui est censé révolutionner le marché. « le lancement va être un succès, j’en suis sûr », affirme sans complexe le jeune dircom. son assurance, il la doit à son ancienneté chez Babolat ainsi qu’à sa culture webmarketing. Pur Produit BaBolat. thomas otton est un habitué des lancements de produits. chez Babolat depuis huit ans, il s’occupait auparavant des chaussures et des produits textiles en tant que chef de produit puis chef de groupe. il a travaillé sur le lancement de propulse, une chaussure de tennis qui est aujourd’hui le best-seller de Babolat. « nous avons réussi 8 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 à convaincre andy roddick, nº 3 mondial », souligne thomas otton. il a aussi participé au développement de la gamme de badminton. « nous étions totalement absents de ce marché avant 2009. aujourd’hui, nous titillons le leader ! », s’amuse-t-il. Vent de digital. son arrivée au poste de dircom a marqué un tournant vers le digital. cet ancien d’infogrames et Wanadoo dépense plus de la moitié de son budget vers le web. « Babolat était à la traîne sur internet il y a deux ans. aujourd’hui, la marque fait partie des plus dynamiques, notamment sur les réseaux sociaux. c’est là que sont nos joueurs », explique thomas otton. la marque investit massivement sur le brand content avec de nombreux jeux et vidéos à destination des prescripteurs. thomas otton a aussi constitué une équipe très web qui comprend une responsable nouveaux médias et un community manager. v coryne nicq est dircom délégué c’est l’une des rares en rhône-alpes à pratiquer ce métier de dircom externalisé. sa méthode : proposer à ses clients un audit d’image et d’identité. puis leur suggérer une stratégie de communication. « Je fais également de la formation, du tutorat et de la veille », explique coryne nicq. une activité qu’elle exerce depuis 1995. « J’ai commencé en 1984 comme chef du service communication du diners club international. À l’époque, on trouvait des spécialistes seulement dans les grosses entreprises parisiennes », se souvientelle. Vice-présidente de communication & réflexion, cette ancienne dircom de cegid coordonne pour rhône-alpes le parlement des entrepreneurs d’avenir. v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 9 FORmaTiOn trePrises un master pour les pro de la com’. le master communication d’entreprise de grenoble 3 fête sa 4e promotion. il est le seul en rhônealpes à s’adresser uniquement aux professionnels de la communication. il permet aux non-diplômés de compléter leurs compétences avec une formation en 10 mois. uniOn Un réseau pour les dircoms du sud. le cercle des dircoms de la Méditerranée vient d’être lancé. Mené par Monique ducasse, directrice de la communication du conseil général du Vaucluse, il réunit tous les professionnels de la communication de paca et languedocroussillon. il est basé à Marseille, à la cité des médias et de la communication, aux côtés de l’ucc (union des conseils en com). PROmOTiOn les communicants publics ont leur émission de TV. le réseau cap’com s’allie avec la chaîne demain ! pour lancer territoires de com’. cette émission tV rend compte de l’action des dircoms publics. le premier volet est consacré à la Franche-comté avec le dircom philippe lancelle. territoires de com’ est disponible sur les bouquets adsl de Free et orange et sur le canal 31 de la tnt en ile-deFrance. Focus sur quelques réseaux de communicants et de marketeurs dans la région rhône-alpes. RenOuveau maRKeTing RelaTiOnnel communication & entreprise se remet sur les rails avec Georges Peillon le cercle du marketing direct rhône-alpes à l’heure du digital Le fondateur d’Altum a repris les rênes de Communication & Entreprise Rhône-Alpes en septembre dernier. Pour redynamiser l’association dormante, il initie des réunions mensuelles entre les 45 membres. Ainsi que des conférences thématiques. Dernière en date : un état des lieux de la communication d’entreprise avec Thierry Libaert. « Notre association est ouverte à tous les professionnels de la communication : agences, journalistes, annonceurs, étudiants... Car finalement, ces métiers collaborent ensemble au quotidien », s’amuse Georges Peillon (photo). v PiOnnieR le club des communicants de grenoble reste dans le coup malgré ses 45 ans. C’est le plus ancien club des communicants de la région. « Pour autant, nous restons dans l’air du temps puisque nos problématiques sont aujourd’hui tournées vers le digital », souligne Véronique Girod-Roux, la présidente. Pour animer sa soixantaine de membres, le Club organise des déjeuners thématiques baptisés Comm’ à table avec des témoignages de professionnels. Le prochain sera un atelier d’apprentissage à Twitter. Des visites d’entreprises, des soirées informelles, des séances de speed learning et un voyage annuel sont aussi proposés. v L’association qui regroupe une cinquantaine de directeurs marketing en Rhône-Alpes a su adapter ses thématiques à l’heure du digital. « Nous sommes historiquement spécialistes du marketing client et nous devons nous adapter à ces nouveaux consom’acteurs », explique Carole Phlippoteau (photo), qui gère le bureau rhônalpin du CMD. Un positionnement qui a séduit les grandes sociétés lyonnaises : La Poste, GL Events... Le Cercle du marketing direct organise 5 à 6 événements par an, principalement des conférences thématiques ainsi que des ateliers informels d’échanges de bonnes pratiques. Prochain thème : l’évolution des consommateurs avec Orange Business service. v réseauX À Lyon, alice Blondel et éric Vernusse misent sur les conférences la coprésidente de l’adetem rhône-alpes et le président du club de la communication de lyon ont adopté la même stratégie pour réunir leurs membres : organiser des conférences trimestrielles. thèmes Versus Pointures. le club de la communication a initié son cycle des « grands témoins » l’an dernier, avec sophie sadeler (colas) et guy chifflot (orapi). « entre 40 et 50 personnes assistent à chaque conférence », se réjouit éric Vernusse. en 2013, ces conférences seront animées par des pointures de la communication d’envergure internationale, afin d’attirer les membres. 10 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 le club de la communication a aussi lancé les com’déj, des déjeuners informels qui permettent aux 90 membres de se rencontrer et d’échanger une fois par mois. du côté de l’adetem, c’est le thème qui prime avec des sujets très pratiques pour aider les marketeurs au quotidien. « la prochaine conférence traitera du digital et de la façon dont il peut soutenir le business », souligne alice Blondel. v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 11 trePrises Bruno Paillet est le dirigeant fondateur, depuis 2000, du cabinet Conseils et Annonceurs (Paris), spécialisé en choix d’agence. Il a été dircom du GAN et du Crédit Mutuel et cofondé le Club des Annonceurs. les dircoms et les services de communication centralisés vont disparaître ” la thèse paradoxe : jamais les entreprises n’ont eu autant besoin de communiquer, mais elles n’auraient plus besoin de dircoms pour le faire ! parce que la communication se décentralise dans les différents services et réseaux. les dircoms deviendront plutôt des directeurs de marques ou des directeurs du changement. inTeRmÉDia. Comment évolue la fonction de dircom ? b.p. Elle est en pleine mutation et en voie de disparition sous la forme qu’on lui connaît depuis plus de 20 ans. On sort d’une période où la communication avait besoin d’exister, d’affirmer sa professionnalisation. On a donc créé des structures qui étaient devenues des points de passage obligés. Voici 15 ans, personne ne pouvait communiquer sans en référer au dircom et obtenir son feu vert. D’où des services pléthoriques, puisque tout s’y passait. L’arrivée du digital a tout bouleversé, en mettant la communication partout. Chaque personne est devenue un agent de communication. inTeRmÉDia. Quelles conséquences ? b.p. Les entreprises n’ont plus be- 12 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 soin d’une communication centralisée, car elle doit être maintenant installée en périphérie. En 1999, quand j’étais dircom du GAN, je dirigeais une soixantaine de collaborateurs. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une demi-douzaine. L’essentiel a été réparti dans différents services, comme les RH, la direction financière, les business units ou les directions de réseaux… partout où l’entreprise a besoin désormais de communiquer avec son environnement. Globalement, ce mouvement de décentralisation s’accompagne d’une externalisation en agences des moyens de production. C’est notamment le cas pour l’audiovisuel. Hier, la SNCF, EDF ou Veolia avaient chacun des services dédiés de 50 personnes. Ils n’en comptent plus désormais qu’une poignée, qui servent d’interfaces avec des prestataires externes. inTeRmÉDia. Mais que vont devenir les dircoms ? b.p. Une partie se transforme déjà en directeurs de marques. Responsables du patrimoine des marques – c’est le cœur de l’entreprise – ils deviennent les garants de la cohérence, des valeurs et des synergies. Avec un rôle de diffusion des chartes et outils de communication, et d’animation des équipes de communicants. L’autre partie des dircoms devient directeurs du changement ou des stratégies. Car face à la crise qui oblige les entreprises à se reconfigurer, la communication devient un outil d’accompagnement interne du changement. Bref, les dircoms vont disparaître, mais ce n’est pas très grave : leur expertise va s’insérer dans d’autres perspectives. Si tout le monde devient peu ou prou expert en communication, ils resteront, eux, les experts des marques, du changement et de la RSE. v ” la galaXie du… crédit agricole centre-est Florence Puech Thierry lutz Cécile Rabaud RaPhaël aPPeRT SimOne KORn le crédit agricole centre-est regroupe six départements : le rhône, l’ain, la saône-et-loire, le nord-isère, le nord-ardèche et le nord-drôme. pour s’adresser aux clients et aux 3 000 salariés de la banque régionale, le service communication est très étoffé avec 15 permanents et un studio graphique intégré. r attaché à la direction générale, incarnée par Raphaël Appert, le service communication du Crédit Agricole Centre Est est intégré au sein de la « direction ressources humaines et communication », pilotée par Simone Korn. Elle a confié le poste de responsable de la communication à Jean-Jacques Dumontet. Il est en charge d’une équipe d’une quinzaine de personnes. « Le fait Jean-Jacques Dumontet d’être nombreux nous permet d’internaliser au maximum. Nous faisons appel à des agences seulement pour les grands concepts créatifs », explique-t-il. Il peut s’appuyer sur Guy Forge pour gérer la communication client. Ce dernier pilote les opérations de marketing direct, l’aménagement des agences, la PLV, les achats médias... Soit un budget de 500 K€. Guy Forge supervise aussi un studio graphique intégré, qui compte trois personnes, dont un responsable de création, Thierry Lutz, et deux infographistes. Le volet communication interne et événementiel est supervisé par Florence Puech. Ce pôle comprend l’événementiel interne (réunions, séminaires...). guy Forge « Une activité très importante pour animer et informer nos 3 000 salariés », souligne Jean-Jacques Dumontet. Florence Puech est aussi en charge de l’événementiel externe, du sponsoring (Lou Rugby, JL Bourg Basket...), du mécénat et de la communication corporate. Elle est entourée d’une équipe de cinq personnes, dont une dédiée à la vidéo. « En période de crise, nous privilégions la communication corporate, autour de nos valeurs et notre utilité », détaille Jean-Jacques Dumontet. Enfin, Cécile Rabaud s’occupe des relations presse de la banque régionale. Cette dernière n’est pas rattachée à la DRH et communication mais dépend de la direction générale. v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 13 RÉORganiSaTiOn suite fabienne riéralahlou rejoint Veka France elle a intégré le poste de responsable marketing du leader français du cadre en pVc (74) en septembre 2012. sa mission : structurer le développement des produits et ajuster les offres Veka sur les marchés BtoB et Btoc. JiFimiaimiJiJiaiSiOiniD La troisième vie de Jean-marc atlan s’est associé avec Nicolas Farrer, ancien DG du Medef Lyon et PDG d’April Entreprise. viSiBiliTÉ sophie tabourin intègre la JCE de Saint-Étienne élue vice-présidente à la Jeune chambre économique de saint-étienne en février, elle prend en charge la communication de l’association. sophie tabourin souhaite donner davantage de visibilité à la Jce, en perte de vitesse. elle est également cofondatrice et chargée de relations clients chez tassag. c’est un réseau social basé sur la mise en relation entre professionnels qui intègre des outils de travail en ligne. ReFOnTe michèle Busnel veut revoir la communication de l’UJM la nouvelle dircom de l’université Jean-Monnet (saint-étienne) entend refondre la communication de l’établissement. le chantier commencera par la création d’un nouveau logo. Michèle Busnel a piloté la com interne du grand lyon. elle a également été directrice adjointe de la communication de Villeurbanne. Mois par mois, les structures qui ont bougé l’ ancien dircom d’April a réussi son nouveau pari : au bout d’un an d’existence, son agence, baptisée Ekno, affiche une marge brute enviable de l’ordre d’1 M€, avec 7 salariés. Pour créer cette agence de conseil en stratégie et communication d’influence, Jean-Marc Atlan (à g.) Vingtaine de clients. « Notre offre de consulting est arrivée à un moment où les entreprises commençaient à remettre à plat leurs stratégies, analyse Jean-Marc Atlan. Dans le contexte économique, elles ont un fort besoin d’accompagnement en communication de crise et de changement de leurs organisations. » Ekno compte une vingtaine de clients : Sanofi Pasteur, Keolis, April ou encore le BTP du Rhône. Après avoir été dircom d’April, Jean-Marc Atlan avait créé l’agence de communication corporate Kælia. Il l’avait revendue au groupe Insign. v JiFimiaimiJiJiaiSiOiniD nurdan martinet retourne en TV La directrice des relations extérieures, également épouse du PDG Pierre Martinet, avait misé en 2012 sur les smoothies de légumes. Mais ceux-ci n’ont pas rencontré le succès escompté. Nurdan Martinet, qui dispose d’un budget de près d’1 M€ pour 2013, renouera donc dès mai avec la TV. « Nous devons montrer que Pierre Martinet existe toujours, et que nous restons proches des consommateurs », indique-t-elle. Cette campagne mettra en scène les enfants du couple aux côtés de leur père. Une habitude chez les Martinet. Ainsi, Nurdan Martinet a donné son nom à une gamme de produits halal, baptisée Les recettes de Nurdan. v l’image oBut inaugure l’aPPle store de la Pétanque. Carré Pétanque est un complexe de loisirs de 500 m2, basé à proximité du siège d’Obut, à Saint-Bonnet-leChâteau (Loire). Il regroupe six terrains de jeu, des tribunes, un restaurant de 80 couverts, ainsi qu’une salle de séminaires modulable pouvant aller jusqu’à 80 personnes. Le concept, unique en France, a attiré 90 séminaires en neuf mois et des clients tels que le groupe Casino ou le Réseau entreprendre. La marque pourrait être dupliquée dans d’autres villes comme Lyon ou Clermont-Ferrand. Et ce, dès 2014. 14 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 JiFimiaimiJiJiaiSiOiniD yves charmont développe Bourg Le dircom de Bourg-en-Bresse planchait depuis dix-huit mois sur la création d’une marque de territoire. Baptisée Bourg+, celle-ci a été lancée en février. Avec un objectif : mieux exister sur la région Rhône-Alpes. Mais le chantier a été long. « Cette marque est commune à la Ville de Bourg, l’agglo, et le syndicat Cap3B. Nous avons mis presque un an à l’imaginer tous ensemble, précise Yves Charmont. De fil en naturelleaiguille, la réalisation s’est naturelle ment faite en interne. Et en février nous avons pu lancer une campagne auprès des actifs lyonnais ». Ancien dircom de Saint-Priest, Yves Charmont est à la tête d’une équipe de 17 personnes, dont trois journalistes, un photographe et un graphiste. v JiFimiaimiJiJiaiSiOiniD yann féminier fait parler du Medef Lyon-Rhône Le directeur du développement et de la communication a initié une nouvelle stratégie de communication. En avril, celle-ci s’est concrétisée avec l’organisation du Printemps des entrepreneurs au Double-Mixte. Un événement ambitieux qui a accueilli l’économiste Patrick Artus, le patron de Rossignol Bruno Cercley, la DG de SNCF Voyages Barbara Dalibard. Ou encore Marie-Laure Sauty de Chalon, PDG d’Aufeminin.com. « Nous souhaitions être plus présents sur le terrain, et faire savoir qui nous étions vraiment. Trop de gens voient le Medef comme une organisation parisienne rassemblant des patrons du CAC 40 », explique Yann Féminier. Pour mettre en œuvre cette stratégie, l’équipe communication s’est renforcée avec l’arrivée en 2012 de Séverine Renard, une ancienne journaliste économique. L’équipe comprend également une ancienne chef de pub, Aurélie de Fontgalland (relations extérieures), et un community manager. Une webradio a été lancée. v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 15 suite Sébastien Pingault est directeur commercial du groupe King Jouet (38). dans les Pme, on demande au dircom de vendre ” ” les faits le groupe king Jouet a supprimé la fonction dircom de son organigramme il y a deux ans. son titulaire, sébastien pingault, est devenu directeur commercial. il n’est pas loin de penser que la fonction dircom va disparaître dans les pMe. inTeRmÉDia. Pourquoi le groupe King Jouet n’a plus de directeur de la communication et du marketing ? s.p. Cette fonction n’existe plus en tant que telle depuis deux ans. Je suis devenu directeur commercial, et je pilote une équipe de quatre personnes : un responsable web, un responsable communication, un responsable CRM, et un responsable des affiliés. Ce sont en quelque sorte les quatre piliers de mon métier. Je travaille en lien direct avec le directeur des achats. King Jouet a fait évoluer son organisation, car la mission elle-même du directeur de la communication a évolué. Il y a 20 ans, son rôle était de mettre en images. Aujourd’hui, on lui demande de connaître les marchés, les produits, les services, et de les vendre à l’extérieur de l’entreprise. Sa fonction tend davantage vers la commercialisation que vers la com- 16 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 munication. Ce métier a muté, et s’est enrichi. inTeRmÉDia. On demande aux dircoms de devenir des gestionnaires ? s.p. Oui. Auparavant, on demandait aux directeurs de la communication d’assurer la « promotion » comme on dit en anglais, c’est-à-dire toute la politique de communication. C’est l’un des « 4P » qui composent un mix-marketing. Aujourd’hui les dircoms doivent également assurer les trois autres « P » : politique produit, politique de prix, et politique de distribution. inTeRmÉDia. C’est une conséquence de l’arrivée du digital ? s.p. Oui. Lorsque j’ai commencé, on tenait très peu compte du client. Puis on a compris qu’il fallait fidéliser. Avec l’arrivée du web, on a découvert la nécessité d’adopter une stratégie cross canal. Seuls ceux qui réussiront la synergie entre les canaux online et offline pourront réussir sur le long terme. Même s’il est très compliqué à appréhender, le digital a enrichi notre métier, car il pousse à ne plus raisonner seulement en termes de produit et de magasin. Il permet un lien direct et immédiat avec le consommateur. inTeRmÉDia. La fonction de dircom va-t- elle disparaître dans les PME ? s.p. Je ne vois pas l’intérêt de conserver cette fonction en tant que telle. Pour autant, la prise de parole et le contenu de cette parole doivent rester aux mains d’un spécialiste de la communication. Il y aura toujours un contenu de marque et d’enseigne à sauvegarder, et seul un professionnel de la communication peut s’acquitter de cette tâche. v JD il l’a dit il l’a fait Romain Boucaud-maitre , directeur commercial et marketing de Voisin il fallait dépoussiérer la marque de chocolats Voisin ” ” les faits créé en 1897, le chocolatier Voisin s’est développé progressivement jusqu’à compter 26 boutiques, principalement en rhône-alpes. depuis 2004, la 4e génération de Boucaud-Maitre est à la tête des chocolats Voisin. leur mission : monter en gamme et moderniser l’image de la marque. inTeRmÉDia. Quel était le problème de inTeRmÉDia. Quels outils avez-vous mis financièrement les Chocolats Voisin se portaient bien, l’entreprise avait une image vieillissante qu’il fallait dépoussiérer. Pour mettre en place une nouvelle stratégie, j’ai pu m’appuyer sur les nombreux atouts de Voisin. En effet, mon père, Alain BoucaudMaitre en avait fait une marque pérenne grâce à sa bonne gestion. Notre chocolat, fabriqué de façon artisanale, était d’une grande qualité et le réseau de boutiques avait été réorganisé, en concentrant Voisin sur des quartiers emblématiques de Lyon. lement refondue, avec l’agence lyonnaise Syntagme. Aujourd’hui, les annonces-presse et nos catalogues sont plus qualitatifs. Les packagings sont revus un par un et s’inspirent de l’univers du luxe et de la cosmétique. Nos boutiques sont peu à peu redécorées avec Ellis Architectes (Marseille). Les matériaux, plus nobles, participent à la nouvelle image haut de gamme de Voisin. Voisin à votre arrivée ? r.b-m. L a communication ! Car si inTeRmÉDia. Quels ont été vos choix stratégiques ? r.b-m. Il fallait repositionner la marque et monter en gamme. Il était hors de question d’augmenter les prix de nos produits, l’objectif était d’acquérir une image plus cohérente et rajeunir la cible. Nous avons visé principalement les femmes CSP +, autour de 40 ans. en place ? r.b-m. La communication a été tota- Le nouveau territoire de communication des chocolats Voisin a été imaginé par l’agence Syntagme. inTeRmÉDia. Pour quels résultats ? r.b-m. Entre 2009 et 2012, le chiffre d’affaires de Voisin est passé de 10 à 15 M€. Nous sommes parvenus à rajeunir notre clientèle tout en conservant nos clients historiques. Les prix n’ont pas bougé. Dans certaines boutiques rénovées, les ventes ont doublé. Cette année, une à deux ouvertures sont prévues. Enfin, nous allons prochainement dévoiler de nouveaux packagings pour nos tablettes de chocolat. v Cv Voisin Lyon - Création : 1897 - 26 boutiques - CA 2012 annoncé : 15 M€ 190 personnes n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 17 FemmeS 69 % de femmes composent les effectifs des communicants territoriaux selon la dernière enquête métiers de cap’com réalisée avec occurrence. un chiffre qui a explosé depuis 2002 où les femmes représentaient 48 % des effectifs. gaminS 38 ans, c’est l’âge moyen du communicant territorial selon la même enquête métiers de cap’com. la profession compte 39 % de moins de 35 ans. ORganigRamme 65 % des entreprises intègrent un service marketing digital sous la direction du marketing selon l’ouvrage Marketing & digitales 2013. seules 16 % des sociétés du panel ont créé une direction du marketing digitale indépendante du marketing traditionnel. meCenaT 40 000. c’est le nombre d’entreprises mécènes en France. cela représente 31 % des entreprises de plus de 20 salariés contre 27 % en 2010. en 2012, le mécénat d’entreprise a représenté 1,9 Md€ en France. le social, l’éducation et la santé restent les trois secteurs les plus ciblés (75 % du budget du mécénat). À noter que selon la dernière étude régionale (2007), seules 18 % des entreprises rhônalpines de plus de 20 salariés pratiquaient le mécénat. source : admical. WeB RÉmunÉRaTiOn 85 K€ 43 % Quelques repères pour mieux comprendre qui sont les directeurs de communication et les directeurs marketing chiffres C’est en moyenne le salaire brut annuel d’un directeur de la communication selon l’agence de recrutement spécialisée Elaee. La fiche métier précise qu’il n’est pas rare que les plus expérimentés des dircoms voient leur salaire avoisiner les 120 K€ bruts par an. Du côté des directeurs marketing, les salaires oscillent entre 80 K€ bruts par an pour un junior et 150 K€ pour un senior. v C’est la proportion de directeurs marketing qui consacrent moins de 20 % de leur budget au marketing digital. En revanche, 19 % des professionnels consacrent entre 40 et 60 % de leur budget au marketing digital. Source : baromètre du marketing digital publié en février 2013 par Adobe et Valtech. v CORPORaTiOn communicants corporate, qui êtes-vous ? s elon la dernière étude Communication & Entreprise*, il y a 107 959 professionnels dévolus à la communication corporate en France. À titre de comparaison, c’est l’équivalent de la population des villes de Chambéry et Annecy réunies. L’enquête souligne que plus des deux tiers d’entre eux (77 189) sont intégrés au sein des sociétés et des institutions. Les autres sont des free-lance, auto-entrepreneurs ou des pigistes. Sans surprise, c’est la communication externe qui mobilise la plupart des communicants corporate avec deux tiers des effectifs globaux. Ces communicants corporate travaillent en priorité sur le print (édition et publication). Leurs deux autres missions les plus importantes sont, dans l’ordre, l’événementiel et la communication digitale. 28% 30 770 indépendants, free lance… 32% 34 357 en entreprises 19% 21% 20 161 671 dans le en agences 22 secteur public Poids économique. Côté dé- penses, les investissements annuels en France dédiés à la communication corporate représentent un poids de 12 Md€, soit plus d’un tiers des investissements en communication des annonceurs.** C’est la communi- cation externe qui pèse le plus lourd avec 10 Md€ investis. Évidemment, les entreprises représentent la majeure partie des investissements (70 %), suivis par les administrations (20 %) et les collectivités locales (10 %). Que l’on soit en communication interne ou externe, le poste le plus gourmand reste l’événementiel. C’est 42 % des investissements en interne et 16,5 % des budgets de communication externe. Enfin, malgré la crise, la communication corporate aurait de beaux jours devant elle. 56 % des annonceurs*** estiment qu’elle constitue un domaine prioritaire en matière d’innovation dans la communication. v * Le poids économique de la communication corporate, Communication & Entreprise, juin 2011. ** Chiffres clés, Union des Annonceurs, 2011. *** L’innovation en communication sous l’influence de la crise économique, TNS SOFRES/UDA, 2009. le moral des communicants reste Bas le moral des communicants traduit l’immobilisme du secteur. c’est ce qui ressort du Baromètre 2013 de communication & entreprise réalisé par l’institut occurrence. tout comme l’an dernier, près de la moitié des communicants (46 %) pensent que leur situation professionnelle restera stable cette année. 24 % pensent qu’elle va se dégrader, contre 25 % l’année dernière. 59 % des annonceurs tablent sur une baisse de leur budget (+ 10 % par rapport à 2012 et + 15 % par rapport à 2011). en revanche, les agences anticipent une embellie car près d’une sur deux (46 %) attend une amélioration. c’est 10 % de plus que l’an dernier. v 18 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 Pensez-vous que le budget dont vous disposerez cette année, par rapport à la précédente, sera : 100 20 % 12 % 80 60 36 % 39 % 40 20 0 44 % 2010 49 % 2012 en hausse stable en baisse 10 % 31 % 59 % 2013 n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 19 quête JOURNALISTES « Sauve qui peut… tous dans la com’ ! » La crise de la presse convertit de plus en plus de journalistes à la communication. Ces transfuges sont-ils des traitres ? Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’ont aucun remords. H ier, ils étaient payés par un média pour mettre leur nez, en toute liberté, dans les affaires des autres et les révéler au public. Aujourd’hui, les voici payés par une entreprise ou une collectivité, pour filtrer l’info, et n’en dévoiler que des pans soigneusement sélectionnés à leurs ex-confrères. C’est assez dire si les métiers de journaliste et de communicant sont franchement antinomiques. N’empêche, de plus en plus de journalistes sautent le pas. Abandon et reniement d’un métier souvent choisi par passion, certes de plus en plus mal payé, mais toujours nimbé de la puissance de ce quatrième pouvoir qu’incarne la presse ? Ces transfuges se défendent bien sûr de toute trahison. D’ailleurs, à les entendre, ce serait plutôt la presse qui les aurait trahis ! Une presse en crise qui, depuis 10 ans, suscite par défaut ces nombreuses vocations communicantes. Témoin, la reconversion des ancien(ne)s du quotidien Lyon Figaro, disparu en 2004 : Marie-Anne Maire à la SNCF, Carine Bar chez LDLC.com, Nathalie Blanc au Centre (anticancéreux) Léon Bérard, Agnès Benoist au Grand Lyon, Caroline Auclair au groupe (immobilier) Cardinal, José Noya chez Areva, Pascal Auclair et Christian Dybich dans des agences éditoriales… Sévère en presse écrite, la purge n’a pas épargné les autres médias. Après l’arrêt du JT lyonnais de M6, sa rédac20 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 La liste des « transfuges » s’allonge d’autant que l’offre est plus abondante et mieux payée ! trice en chef, Sophie Descroix, s’est recasée comme dircom à l’Opac du Rhône. Et un énième plan social de TLM a conduit son homologue, Pascale Savey, à la direction du service communication de la Préfecture de Région. Faute d’alternative médiatique locale, et désireuses de rester à Lyon, toutes deux, à la quarantaine, ont donc choisi de rebondir dans une nouvelle carrière. Jobs mieux payés. La sclérose du microcosme lyonnais constitue un facteur aggravant. Le peu de titres et de turn-over plombent les perspectives de carrière des plus jeunes. Dernière défection : Dorothée Aznar, 32 ans, a quitté fin 2012, la rédaction en chef du Petit Bulletin, pour devenir attachée de presse chez Renault Trucks. « Je ne me voyais pas y rester encore 30 ans ! J’avais envie de changer de métier. C’est la première opportunité qui s’est présentée », confie-t-elle. Changer d’air, vivre une nouvelle expérience, c’est aussi ce qui avait poussé José Noya en 2005 à devenir la plume du maire de Lyon, avant de gagner plus tard l’industrie. Idem pour Séverine Renard, partie des Affiches Lyonnaises pour les relations extérieures du Medef Lyon-Rhône. Bref, la liste des « transfuges » s’allonge d’autant au fil des ans que l’offre est plus abondante et mieux payée ! Pas trop au début, même si, à 30 K€ bruts annuels, le salaire d’un simple chargé de com’ a cependant de quoi faire rêver les rédacteurs des hebdos et périodiques régionaux, plus proches des smicards. Et bien sûr la troupe de pigistes qui tirent le diable par la queue. Les écarts se creusent dès le poste de responsable de communication, payé en moyenne 50 K€ en région, selon le cabinet de recrutement spécialisé Elaee. « Et c’est encore deux fois moins qu’un poste de dircom manageant une dizaine de personnes », assure sa dirigeante, Claire Romanet. « C’est mieux payé, mais on y travaille beaucoup plus que dans la presse », avertit Jeanine Paloulian, présidente du Club de la presse de Lyon et ancienne dircom de la Région. Qui se souvient de journées de 15 heures, 6 jours sur 7 et écornant parfois le repos dominical. Tous les communicants n’en sont pas là, mais leurs horaires sont assez élastiques. « C’est parce qu’on surfe aussi beaucoup sur l’actualité, comme les rédactions », expliquent en chœur Agnès Benoist et Pascale Savey. Compétences communes. Les néo-communicants ne manquent pas de rappeler les compétences communes aux deux métiers. « Il faut savoir synthétiser, vulgariser, comprendre l’air du temps », détaille Sophie Descroix. « Et les qualités d’écriture des journalistes sont très prisées en communication », abonde Carine Bar (LDLC). En prime, qui mieux qu’un ex-journaliste peut connaître le fonctionnement et les besoins des journalistes ? « On fait aussi de la pédagogie auprès de nos Carole Dufour avec Jean-Michel Jarre lors du colossal « Concert pour le Pape » en 1986 à Lyon. patrons », explique Vanessa Genin, passée du Journal des Entreprises aux RP de Spartoo. S’ils sont complémentaires, les deux métiers sont évidemment très différents. « Le journaliste a toujours un côté électron libre. Le communicant, lui, intègre une équipe et accompagne la stratégie de son entreprise. Il ne peut pas tout dire et son rôle est de donner à voir des éclairages », rappelle MarieAnne Maire, dircom régionale de la SNCF. « La traîtrise serait de balancer des infos aux journalistes en oubliant pour qui on bosse », estime José Noya. Ces contraintes sont d’autant mieux connues des transfuges, qu’ils ont souvent suivi les mêmes formations (Sciences Po, InfoCom…). Et la crise de la presse favorise les passerelles. « Les journaux disparaissant les uns après les autres, pas mal de journalistes collaborent avec des agences », souligne Séverine Renard (Medef). Parfois, la greffe ne prend pas. Erreur de casting pour Timothée Maymon, jeune journaliste sportif d’Activ Radio (Saint-Étienne) dont l’ASSE avait fait son attaché de presse en 2011 : « J’ai cru que les dirigeants voulaient booster une communication trop ronronnante. En fait, ils ne voulaient rien changer et m’ont viré au bout de 4 mois ! » D’observateur à acteur. Même dans l’échec, les transfuges jurent tous avoir vécu, in fine, des expériences enrichissantes. Et tous rapportent que la principale différence entre les deux métiers, « c’est qu’en passant de l’autre côté du miroir, d’observateur, le journaliste devient acteur », assure Thomas Nardone (ex-Lyon Mag’ et InterMédia) qui vient de créer une agence éditoriale. « Je participe à la mise en œuvre de projets qui vont changer ma ville », se réjouit Agnès Benoist. « Le communicant est au cœur de l’action. Il est au courant de tout, au contraire du journaliste à qui il manque toujours des pièces du puzzle », ajoute Olivier Blanc, le dircom de l’OL. Globalement, ils ne regrettent pas d’avoir changé de métier. Ce qui n’empêche pas quelques bouffées de nostalgie des années de presse libre. « Une pseudo liberté, bridée par le poids des annonceurs et une autocensure plus ou moins larvée », tempère Bénédicte Limon qui a longuement testé la PQR (Progrès, Paris-Normandie, L’Est-Éclair, La Voix du Nord…) avant de devenir communicante à la ville d’Annemasse. Caroline Auclair, elle, se désole que ses anciens confrères « manquent de moyens pour faire leur métier. » « Le vrai problème, c’est qu’ils ne travaillent pas assez, et sont devenus des fonctionnaires de l’information », fustige Jeanine Paloulian. Une évolution dont ne se plaignent pas vraiment les dircoms et leurs troupes, ravis de voir leurs communiqués recopiés parfois in extenso. Et jamais fâchés, quand un journaliste va jusqu’à signer leur prose dans ses colonnes ! v miChel TeXieR en 1980, carole dufour est la première à oser elle fut la première journaliste lyonnaise à quitter la presse pour la communication. rédactrice en chef d’un magazine lyonnais influent, elle va créer en 1980 le poste de dircom à la Ville de lyon. Jusque-là, elle travaillait pour Résonances, un bimensuel d’informations locales. en 1979, après accord arraché à son éditeur, elle fait des piges pour le journal de la communauté urbaine. « J’étais jeune mariée, mal payée et mon patron ne pouvait pas m’augmenter ! » Mais un an plus tard, quand on lui a proposé de s’occuper aussi du magazine de la Ville de lyon, il fallait faire un choix. « J’ai accepté, mais en obtenant la création du poste de dircom. » carole dufour fera le job pendant 8 ans, dotant la ville d’un vrai service, passé de 3 à 20 salariés. une période passionnante et de grande liberté : « le maire, Francisque collomb, qui n’était pas un grand communicant, me faisait entière confiance ». Beaucoup de travail et des souvenirs marquants comme la venue du pape Jean-paul ii ou le procès de Barbie, avec 700 journalistes du monde entier et un centre de presse ouvert 24h/24h. elle part fin 1988 pour monter sa propre agence de rp, idées en tête. une agence de 7 personnes qui tient toujours le haut du pavé, et travaille plus avec le privé qu’avec les collectivités, contrairement à ce qu’imaginait au départ sa fondatrice. n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 21 dossier direCtions marketing et CommuniCation 26 28 30 32 [ rePortage ] le marketing digital bouscule les organigrammes [ focus ] leur obsession : le multicanal [ analyse ] interne les dircoms jouent les démineurs [ Pour/contre ] Mes enfants puis-je leur confier la communication de l’entreprise ? Dircoms et directeurs marketing Duo ou duel ? Les restrictions budgétaires ne facilitent pas la tâche des dircoms. Ils doivent justifier le bien-fondé de toutes leurs actions et parfois même défendre l’utilité de leur service. Les directeurs marketing sont au contraire confortés. l es relations des directeurs de la communication et des directeurs du marketing ne sont plus conflictuelles comme par le passé. Ils ont appris à travailler ensemble et d’ailleurs les deux fonctions sont parfois assurées par une même personne. Pourtant, il y a encore quelques années, les deux services collaboraient peu. « Il y avait une certaine primauté du marketing sur la communication », se souvient un dircom. En clair, les services marketing, souvent composés d’hommes, travaillaient avec le commercial. Du concret, du tangible. Alors que la communication, longtemps réputée un métier de femmes, n’était jamais très loin des RH. Le produit c’était pour le marketing, l’institutionnel pour la communication. « Pour être bon en marketing, il faut être analytique et technique, bref avoir une bonne part de cerveau droit pour décortiquer des schémas de prix, définir des gammes, triturer des bases de données, manier l’analyse de la data... Un dircom fonctionne plus à l’intuition », estime Alice Blondel, co-présidente du Club Adetem Rhône-Alpes. 22 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 chaises musicales Philippe Hassel, dircom d’apicil « le rôle du dircom est aujourd’hui de remettre la marque au centre de la stratégie » Il faut dire que ces deux fonctions ne sont pas issues du même sérail. Le dircom sort souvent d’une formation généraliste (Sciences Po, université...) ou d’une école (Celsa, Sup de Com...). Certains suivent un parcours classique (agence-annonceur), mais d’autres arrivent à ce poste au gré de cursus variés (anciens journalistes par exemple — voir p. 20). « Dans les secteurs de la banque et de la pharma, il y a souvent un jeu de chaises musicales entre les DRH, les DAF et les dircoms. Ces nominations sont très politiques », indique Claire Romanet, fondatrice du cabinet de recrutement Elaee. Au contraire, les dirmarks sont souvent diplômés de prestigieuses écoles de commerce ou de masters en marketing ou gestion. Ils débutent comme chef de produit ou chef de projet avant d’être promus. Leur parcours semble plus linéaire. Et leurs rémunérations sont souvent supérieures à celles de la communication, un dirmark senior pouvant dépasser les 150 K€ annuels. Deux exe mples de chantiers co mmuns Chez Aviva le duo est bien intégré Mathieu Fuzier (marketing) est diplômé d’une école de commerce (ESC Lille). Nathalie Garel (communication) est issue de l’université (IUT InfoCom à Paris 5). Le premier a fait toute sa carrière chez l’annonceur, et notamment Aviva, la seconde a accumulé 20 ans d’expérience en agences (Les Prod, Barré & associés, Euro RSCG Lyon, Nouveau Monde DDB...). Pour autant, ils forment un duo efficace. fébrile, frileux, attentiste Les restrictions budgétaires ont relativement peu touché les services marketing. Selon le dernier audit du CMO Council (organisation de dirigeants marketing), les budgets marketing augmentent pour 50 % des sondés (et baissent pour 22 %). À tel point que l’étude parle de 2013 comme de l’« année du marketeur ». Au contraire, les communicants se sentent fragilisés. 59 % anticipent une baisse de leur budget, contre 49 % l’année dernière. 25 % se montrent « tout à fait confiants » quant à l’avenir de leur secteur, contre 31 % en 2012 (Baromètre 2013 de Communication & Entreprise). « La communication a toujours été plus en danger au sein des entreprises que le marketing. Et puis tous les 8-10 ans, il y a un effet de cycle : en ce moment en communication on est fébrile, frileux, attentiste », souligne Claire Romanet. Signe des temps : il y a peu de créations de postes dans la communication. Ce sont essentiellement des remplacements, quelquefois plusieurs mois après un départ. D’ailleurs, un certain nombre de grosses PME de la région dotées d’un dirmark se passent de directeur Ouvrir un magasin le fabricant de meubles.etlelemarketing sélectionne ménager, négocie les volu sfournisseur d’électrode commandes, les conditions... la communicme ation travaille les messages, les formats, le dép (pub, web, théâtralisation des loiement in et offstore magasins...). Communiquer sur un produit. le marketing assure la sélection des mo dèles, la communication élabore les messages associ rp (tBWa corporate lyon). és, et briefe l’agence de de la communication. Elles emploient un responsable communication, un responsable des relations presse... Ou externalisent la fonction. D’autres, notamment dans le BtoC, s’appuient sur des professionnels à double casquette, marketing et communication. «Je ne pense pas l’un sans l’autre, assure Pauline Boyer-Martin (casinos Joa). Cumuler les deux postes me permet d’aller plus loin dans la stratégie et de décliner les plans marketing avec plus de facilité, en y intégrant également les médias, le web, les RP... » indicateurs de performance Dans un contexte tendu, les communicants se sentent obligés de convaincre à nouveau de leur utilité. « Le risque pour eux est de passer pour de simples coachs d’agences vis-à-vis de leur direction. D’autant que les agences sont aujourd’hui assez staffées », souligne un patron d’agence. Afin d’aider ses 1 500 adhérents à asseoir leur légitimité, l’association Communication & Entreprise a édité une plaquette exposant les mérites de la communication corporate. « Le corporate, comme les RP ou les médias “êtrepour bon en marketing, il faut être analytique et technique. un dircom fonctionne plus à l’intuition ” ... n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 23 dossier Presse direCtions marketing et CommuniCation gratuite les dirmarks sont mieux payés 68 580 € 105 450 € Source : Guide des salaires de Reed Business Information C’est la rémunération globale moyenne d’un dircom en 2012 (+ 6,8 % par rapport à 2011) ... C’est la rémunération globale moyenne d’un directeur marketing en 2012 (- 8,7 %) sociaux, sont des alternatives intéressantes à la publicité », estime Laurence Beldowski, la directrice générale. Encore faut-il savoir valoriser ces alternatives. « Nous devons apprendre à valoriser notre action avec des indicateurs de performance, comme nos collègues du marketing. Par exemple, des RP bien menées permettent d’économiser en achats d’espaces », note Georges Peillon (Communication & Entreprise). Les communicants coopèrent de plus en plus avec leurs homologues du marketing, pour former un binôme tourné vers le consommateur. Au marketing la stratégie produits, à la communication le façonnage de la marque pour « habiller » cette stratégie. Avec un mot d’ordre pour le dircom : produire du contenu. Ainsi chez les cuisines Aviva un certain nombre de réalisations sont communes au marketing (Mathieu Fuzier) et à la communication (Nathalie Garel). « Par exemple, nous réfléchissons ensemble à l’évolution du concept d’un magasin : Mathieu imagine l’offre commerciale et le parcours du consommateur, et moi je construis les messages autour de ce parcours à l’attention des clients et des vendeurs. Le premier construit l’offre, le deuxième la rend “communicante” en la déclinant (affiches, dépliants, communiqués de presse...) », estime Nathalie Garel. leur formation l’Université a rattrapé son retard les écoles en marketing et communication ont longtemps été incontournables. elles doivent maintenant compter avec des formations universitaires qui n’ont plus rien à leur envier. en matière de formation à la communication et au marketing, les écoles aspirent une bonne partie des jeunes. dans la région, on peut citer sciences po lyon, eMlYon, grenoble école de Management, sup de com... Mais aussi l’iseg, l’idrac... leur point fort : des moyens importants, et un réseau d’anciens étendu. Mais les cursus universitaires apparaissent aujourd’hui comme une voie tout aussi valable. les masters infocom de lyon 3 et grenoble 3 sont aujourd’hui plébiscités par les recruteurs. À noter que l’université de savoie ouvrira elle aussi une licence infocom pour la rentrée 2013. recherche. principal atout de ces formations universitaires : leur lien avec la recherche. grenoble 3 abrite le gresec (groupe de recherche sur les enjeux de la communication). autre exemple : l’iae de lyon accueille Magellan Marketing, un centre de recherches sur le marketing. parmi les formations universitaires, les iae tirent particulièrement leur épingle du jeu. en effet, ces structures ont adopté le fonctionnement des écoles de management : sélection à l’entrée, professionnalisation du cursus, enseignements dispensés par des professionnels, animation du réseau d’anciens... des liens sont tissés avec la sphère économique. ainsi, l’iae de lyon a organisé en novembre 2012 sa Journée du marketing en partenariat avec l’adetem rhône-alpes et la poste solutions Business. insertion Professionnelle. enfin, les iae cherchent à se mettre au diapason du marché du travail. l’iae grenoble propose ainsi un master communication marketing uniquement en alternance. les diplômés peuvent occuper des postes alliant marketing et communication, ce qu’on demande beaucoup en BtoB. l’iae lyon quant à lui propose un master 2 marketing et communication des services. c’est l’une des rares formations de gestion spécifique des services. « globalement, nous sommes sur des taux d’insertion professionnelle de 85 à 90 % à six mois », souligne Jérôme rive, le directeur de l’iae de lyon. v l’iae de grenoble gardien du corporate Même collaboration étroite chez Focal. Le dircom Sébastien Dumas rapporte directement au DG Gérard Chrétien, qui pilote également le marketing. « À mon arrivée en 1995, Focal était une maison de produits, créée par un homme de produits. Nous fabriquions de belles enceintes, puis d’autres, et d’autres encore. La communication, comme le design, était un gros mot. Or nous étions arrivés à un moment où la liste des caractéristiques du produit ne suffisait plus, il fallait raconter une histoire autour », se souvient Sébastien Dumas. Le communicant s’est donc employé à façonner une marque, en déployant un arsenal d’actions : RP, médias sociaux, recherche d’un ambassadeur de marque... Objectif atteint : l’entreprise de hi-fi traditionnelle est devenue une marque, qu’on associe au plaisir d’écouter un son de qualité. « Les premiers dircoms ne s’adressaient qu’à un seul public : la presse. Avec l’essor des fonctions marketing, ils se sont mis à gérer la pub. Ils évoluent maintenant en garants de la marque. Ils sont les gardiens de l’image de l’entreprise et de sa réputation », souligne Guillaume Aper, président de l’AFCI (Association française de communication interne). « Le rôle du dircom est aujourd’hui de remettre la marque au centre de la stratégie, renchérit Philippe Hassel. Ce n’est pas facile, car construire une image de marque prend du temps. Au contraire, les dirmarks s’inscrivent dans un temps plus court, ils suivent les se24 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 cousses du marché, sont tentés de “faire des coups” ». Certains dircoms commencent à gérer l’influence et les affaires publiques, autrement dit les relations avec les élus et les grands comptes. dernier mot Ce binôme dircom-dirmark se retrouve surtout dans le BtoC et les PME situées sur des marchés très concurrentiels, où le volume de ventes est une obsession. « Le marketing dit l’avantage du produit, surtout par rapport aux concurrents, ce qui éclaire la communication », estime Alice Blondel. Encore faut-il que cette dernière ne passe pas à côté. Et Alice Blondel de donner l’exemple de cet aspirateur vanté par le service communication pour sa capacité à ne pas abîmer les murs. Ses capacités d’aspiration avaient été complètement passées sous silence. Résultat : un flop commercial, alors qu’il s’agissait d’une « merveille de conception ». v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 25 dossier direCtions marketing et CommuniCation L’arrivée dans les entreprises de directeurs de marketing digital fragilise les professionnels en place. Ils se retrouvent en effet privés d’une partie de leur périmètre comme les réseaux sociaux ou l’e-commerce. Ils n’ont plus l’exclusivité dans ces domaines. Le marketing digital bouscule les organigrammes D irecteur marketing digital : une nouvelle fonction est en train d’apparaître dans les organigrammes d’entreprises comme Air France, Boulanger, Carrefour, EMI Music France... Dans la région, ils ne sont encore qu’une poignée, chez Seb, Salomon ou encore Lafuma. Mais leur arrivée bouscule les fonctions communication et marketing traditionnelles. Celles-ci se trouvent privées d’une partie de leur périmètre, comme le community management pour la communication, ou l’e-commerce pour le marketing. Ou du moins, elles n’ont plus l’exclusivité dans ces domaines. Certains dircoms perdent leur statut de « grand communicant en chef ». Plus besoin d’obtenir leur imprimatur pour s’exprimer. Ainsi, lors de la crise liée au Foodle de Seb (InterMédia nº 1197), on a beaucoup vu Rodolphe Roux sur Twitter : le directeur marketing digital du groupe s’y employait à apaiser les esprits. Dans son périmètre, il compte une partie e-business bien sûr, mais aussi une partie investissement médias, une partie production de contenus, et une partie eréputation. Ainsi, l’un de ses objectifs est de générer cinq millions de fans sur Facebook dans les cinq prochaines années. Geeks technophiles. « Contrairement au directeur marketing classique qui est limité par des contraintes de temps, de timing et d’organisation, le dirmark digital ne s’arrête jamais. On ne se retranche plus derrière des excuses du style "mon mix-produit était pourtant parfait" », se targue Rodolphe Roux. Qui sont ces directeurs marketing digitaux ? Des hybrides le plus souvent, recrutés en externe. Avec un profil différent du dirmark traditionnel. « Ce sont des geeks technophiles qui travaillent dans un mode collaboratif. Ils se sont émancipés des enjeux de concurrence interne vécus par les dirmark », estime Thomas Papadopoulos, directeur de la SSII Infosys. « Le digital n’est pas le sujet d’une personne, mais de toute une entreprise. Les consommateurs attendent que les marques tissent avec eux un autre rapport, fait de dialogue et d’interactions. Pour cela, c’est l’ensemble de l’organisation de l’entreprise et du travail des collaborateurs qui doivent évoluer », affirme Rodolphe Roux. Retour sur investissement. Pour s’ouvrir au digital, toutes les entreprises n’ont pas adopté la même organisation. Certaines font du digital une division à 26 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 Thomas Papadopoulos, directeur de la SSII Infosys, vient de publier un Référentiel des pratiques marketing et digitales 2013, en partenariat avec le club d’affaires EBG. part entière du service marketing. D’autres ont choisi de se doter d’un directeur digital venant en support du directeur marketing. Quel que soit le modèle choisi, ces nouveaux venus drainent une partie des budgets. Ainsi, Lafuma a d’ores et déjà basculé une partie de ses investissements médias traditionnels sur internet. Il faut dire que le marketing digital a la cote : 83 % des dirigeants d’entreprise estiment qu’il offre un meilleur retour sur investissement que le marketing traditionnel(1). Ils voient le digital comme un canal permettant une meilleure mesure de ce ROI et un résultat instantané. Corollaire : le digital est aujourd’hui un secteur où on enregistre des créations de postes. Les rémunérations sont également à la hausse depuis quelques années (+ 6,5 % en moyenne en 2012). La palme revient au directeur digital, dont la rémunération augmente de 12 %, afin de se rapprocher de celles des autres membres du Comité de direction. digital “seraLeledirecteur PDG de demain ” inTeRmÉDia. Comment le digital bouleverse-t-il la fonction marketing, selon votre étude ? t.p. lorsqu’un dirmark classique lance une campagne 4x3 dans le métro, l’impact sur les ventes est compliqué à évaluer. le digital marketing permet au contraire de mieux quantifier les actions marketing, de les optimiser, d’être encore davantage dans l’opérationnel. le digital peut représenter pour les directeurs marketing une promotion, un bâton de maréchal. c’est pourquoi ils ont intérêt à basculer dans le digital. et pas seulement en s’entourant de compétences digitales. ceux qui ne joueront pas le jeu vont perdre pied. inTeRmÉDia. Le directeur marketing digital marche-t-il sur les platebandes de la communication ? t.p. oui, comme il empiète aussi sur Stella Caraman/Shutterstock le commercial. prenons l’exemple des réseaux sociaux. Jusqu’ici, ils étaient gérés par la communication dans un objectif d’e-réputation. demain, ils seront utilisés pour faire du business : fidéliser, vendre en cross-selling, recruter de nouveaux clients... et ce n’est pas forcément la communication qui pilotera cette évolution. le digital est un projet transverse, qui amène toutes les fonctions régaliennes de l’entreprise à évoluer. il est possible que le dircom ait à l’avenir du mal à exister, sauf pour ce qui concerne le corporate et la communication interne. la profession va devoir se réinventer. inTeRmeDia. Comment le directeur digital va-t-il évoluer dans l’entreprise ? t.p. dans dix ans, il est très probable qu’il sera le pdg de l’entreprise. car il aura acquis une vision globale de son entreprise et une connaissance de tous les services. Coup de vieux. Pour les directeurs marketingcommunication classiques, il n’est pas toujours aisé de suivre le mouvement. « Le dircom est moins à l’aise avec le digital, note Claire Romanet. ll sait qu’il doit s’en saisir, mais il ne sait pas trop comment. Il doit recruter des gens compétents dans ce domaine, mais sans se faire bouffer. Le digital a fait vieillir les dircoms ». Les dirmarks doivent eux aussi se saisir du digital. Mais ils y voient des moyens nouveaux pour vendre plus et mieux. Ce qui les conduit à se rapprocher des directions informatiques, alors qu’ils étaient jusqu’à présent très proches des directions commerciales et financières. Pour aider leurs cadres à mieux appréhender l’enjeu du digital, plusieurs entreprises ont prévu de lancer des formations internes. Les établissements de formation eux aussi ont bien compris l’enjeu. L’IAE de Lyon a ainsi lancé en septembre dernier une formation en web marketing destinée aux professionnels. Côté formation initiale, les étudiants de Sup de Pub tâteront du digital dès la première année à partir de septembre 2013. « Même si ce sont des digital natives, les jeunes exploitent très peu internet, ils vont toujours sur les mêmes sites. Ils ont peur de devoir acquérir beaucoup de compétences techniques pour utiliser le digital », regrette Sylvie Chenivesse. La directrice de Sup de Pub s’est fixé un objectif : apprendre à ses étudiants à ne plus réfléchir sans le digital. v (1) le dirmark “digital n’est pas limité par des contraintes de temps et d’organisation. il ne s’arrête jamais ” Baromètre du digital marketing digital 2013, réalisé par Adobe et Valtech. n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 27 dossier Presse direCtions marketing et CommuniCation gratuite Oui au digital. Non au tout digital. C’est la position de nombreux dircoms et directeurs marketing aujourd’hui. Il faut dire que nombre d’entre eux ne sont toujours pas à l’aise avec les nouveaux outils. mentos, du domicile au point de vente l’agence Fantastic a conçu pour la marque de confiseries une opération mixant des outils offline et online. objectif : exister face au géant hollywood. une même obsession le multicanal S arnaud Dufour directeur de l’agence Fantastic 1. une présence digitale importante un jeu-concours a été lancé sur la page Facebook de Mentos. il permettait de gagner une Bus party, c’est-à-dire une soirée avec des amis à bord d’un bus sillonnant paris. une opération en partenariat avec le jeu vidéo Just dance d’ubisoft, l’un des plus vendus au monde. 50 000 bus ont ainsi été créés. la page Facebook a enregistré 172 000 « like ». 2. le relais en magasins 1 900 plV en forme de bus ont été déployées dans toute la France. 3. les suites en digital des vidéos des Bus party ont été diffusées sur Youtube et dailymotion. 28 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 « le storytelling est décliné sur tous les canaux, il sert de liant. les marques ont pris conscience de leur potentiel narratif » elon la dernière étude France Pub-IREP, les annonceurs continuent à flécher leurs investissements en priorité vers le marketing direct (29,2 % des dépenses), suivi par la promotion (16,8 %) et la télévision (12,8 %). Le digital ne représente que 5,7 % des dépenses. Mais c’est le poste qui connaît la plus grosse augmentation, avec + 5,3 % entre 2011 et 2012. Les stratégies élaborées sont donc multicanal. La difficulté pour les dircoms et les directeurs marketing est d’articuler les outils, pour tricoter un message cohérent. En effet, le consommateur navigue aujourd’hui constamment entre l’IRL (in real life) et l’URL. Lorsqu’il entend parler d’un produit, il se précipite sur internet pour visiter le site de la marque. Inversement lorsqu’il lit des avis positifs sur des forums, il se rend en magasin. Les problèmes surviennent si un magasin propose un positionnement et une offre tarifaire différents de ceux affichés sur internet par exemple. «Les annonceurs nous demandent une cohérence des outils online et offline, pour jalonner le parcours du consommateur, depuis son domicile jusqu’à l’acte d’achat en magasin (“home to store”) », explique Arnaud Dufour, directeur de l’Agence Fantastic (Lyon). Potentiel narratif. Avec la multiplication des canaux, l’enjeu est de faire vivre aux consommateurs une expérience de marque. Concrètement, les outils digitaux (réseaux sociaux, blogs, applications...) sont utilisés pour mobiliser. Notamment via des jeux-concours, des vidéos... Avec un but : créer du trafic, et conduire le consommateur vers les magasins, où celui-ci poursuit son expérience de la marque. Pour cela, les annonceurs déploient des stands événementiels. L’agence Strada Marketing a ainsi conçu pour Purina One des stands où intervenaient des experts canins, prêts à donner des conseils quant à l’achat de croquettes. Pour le groupe Bel (Kiri, Babybel et La Vache qui rit), l’agence lyonnaise a conçu un stand événementiel représentant une cour d’école. « Le storytelling est décliné sur tous les canaux, il sert de liant. Les marques ont pris conscience de leur potentiel narratif », indique Arnaud Dufour. Pour renforcer encore l’interactivité avec le consommateur, les innovations multicanal se sont multipliées : vidéo in print, QR codes, réalité augmentée... L’objectif est toujours le même : multiplier les points de contact avec le consommateur. Les dircoms et directeurs marketing considèrent celui-ci différemment. Il ne s’agit plus de lui délivrer un message, comme il y a dix ans, mais d’en faire un ambassadeur de la marque. v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 29 dossier Presse direCtions marketing et CommuniCation gratuite Plans sociaux, chômage partiel... Les dircoms interviennent de plus en plus en soutien des RH. Ils doivent jouer les démineurs face aux organisations syndicales. Et choyer des salariés déboussolés. interne Les dircoms jouent les démineurs «n ous menons une course contre la montre. Nous devons être plus rapides que les partenaires sociaux !» C’est l’aveu off du dircom d’une grande entreprise dont le siège est à Lyon. Celle-ci a une actualité sociale chargée. De quoi donner du travail au dircom. À l’issue de chaque comité d’entreprise, il transmet aux managers des éléments clés de langage, afin que ceux-ci les diffusent auprès de leurs troupes... Si possible avant que les syndicats ne répandent dans les couloirs leur propre vision des choses. « C’est une espèce de compétition à la ressource », sourit ce dircom. Dans un contexte économique tendu, les dircoms endossent de plus en plus ce rôle de démineur, censé préserver la paix sociale. Plus pudiquement, on dit qu’ils « accompagnent le changement», ou font de la « communication managériale ». En clair, ils mettent en place des outils de communication qui vont pouvoir être utilisés par les cadres pour rassurer les collaborateurs quant à un plan de licenciements, leur expliquer un repositionnement... Alain Bernal, dircom de Sanofi Pasteur “ Je trouve naturel de travailler avec les RH ” inTeRmÉDia. L’accompagnement du changement est-il l’une des nouvelles missions des dircom ? a.b. Oui. Nous travaillons sur la ma- nière dont nous pouvons accompagner les RH. L’un des éléments clés est la réactivité. L’idée est d’alimenter le réseau des managers de proximité par des newsletters, des synthèses... Il s’agit de contextualiser les décisions prises par la direction. Les managers de proximité sont ceux qui impulsent le changement. Si un manager explique la stratégie de l’entreprise à l’un de ses collaborateurs, il lui apporte de la valeur ajoutée, et lui donne ainsi l’envie de travailler pour lui. 30 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 inTeRmÉDia. La collaboration entre dircom et DRH est-elle aisée ? a.b. La composante engagement est commune à la communication et aux RH. Je trouve naturel de travailler avec les RH. D’autant que j’ai moi-même œuvré dans ce secteur avant de rejoindre la communication. Pour autant, ce n’est pas toujours simple. Les RH ont quand même vocation à gérer une certaine confidentialité. Chacun de leurs mots compte. Et ils n’ont pas toujours le réflexe ni l’habitude de communiquer. À nous, les communicants, de traduire leur pensée en éléments simples. « La communication liée à l’accompagnement du changement a explosé. Elle concerne maintenant les collectivités et le secteur public », souligne Guillaume Aper, président de l’AFCI (Association française de communication interne). Les entreprises espèrent que ces actions de communication interne permettront aussi de favoriser la performance des salariés. Tout en limitant le turn-over. Parole en entreprise L’aide des dircoms n’est pas pour déplaire aux RH. « Les DRH peuvent avoir du mal à exprimer simplement la stratégie de l’entreprise. Ils estiment que la communication sera davantage capable de mettre en perspective les décisions stratégiques, et de faire rêver le salarié », remarque François de Boutray, dirigeant de l’agence de communication RH Aktor Interactive (Lyon). Pour cela, un mot d’ordre : sortir d’une communication interne verticalisée, et favoriser la circulation de la parole. «Les salariés n’ont pas seulement besoin d’être informés. Ils ont besoin de contenus spécifiques et de moments d’échange avec leur management. La thématique de la parole en entreprise émerge, même si elle fait assez peur», assure Guillaume Aper. Pour cela, quels sont les outils qui ont la cote ? Journaux internes, vidéo, intranet événementiel dédié... restent des valeurs sûres. Mais on entend de plus en plus parler des réseaux sociaux d’entreprise en ligne. Ceux-ci mettent en relation n’importe quel employé de l’entreprise avec ses collègues, quelle que soit leur localisation ou leur fonction. Héritiers 2.0 des fameuses boîtes à idées, ils sont censés faire émerger des innovations, ou partager de bonnes pratiques. Ils peuvent être déployés à l’échelle d’un service ou d’une région. Big Brother Mais le phénomène est encore timide. Selon l’AFCI, une entreprise sur quatre a mis en place un réseau social et près de la moitié projette de le faire. « Ces projets très ambitieux se heurtent souvent au principe de réalité. En effet, ils impliquent de nombreux acteurs, et ce n’est pas une priorité budgétaire », diagnostique François de Boutray. Le principal frein au déploiement de cet outil reste la crainte de Big Brother. Selon une étude Cegos, les salariés craignent une exploitation de leurs données personnelles. Ils redoutent aussi d’être jugés ou évalués en fonction de leur participation. Rien de nouveau donc depuis la boîte à idées : ces outils sollicitent, créent de l’espoir, mais sont rarement suivis d’effets. v BRAILLY n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 31 dossier Presse direCtions marketing et CommuniCation gratuite [ Pour/contre ] Voisin, Desjoyaux, Jouets Ecoiffier, Zilli... Nombreuses sont les PME régionales où l’on trouve le fils ou la fille du patron à la communication ou au marketing. Pas sûr que cela soit raisonnable. Puis-je confier la communication de l’entreprise à mes enfants ? Oui « L’idée de créer Millesia est née un soir autour d’une coupe de champagne en compagnie de ma fille unique Véronique Perret. C’était il y a 20 ans et, déjà à l’époque, il était évident de lui confier la communication de l’entreprise. C’est un poste très important et elle a toute ma confiance. De plus, elle est diplômée en communication et avait travaillé en agence, chez Vision Actuelle, où elle gérait le budget Lejaby. Elle a également fait un master en communication et mode. Véronique est donc à l’origine de toute l’identité de Millesia. Elle est la garante de la sobriété de la marque. Son créneau c’est le beau, le beau et le beau. Interdiction de faire du vulgaire. Aujourd’hui, elle est associée à 50 % dans la maison-mère, Cinq Sens. À 69 ans, je me retire progressivement. Et Véronique prend petit à Daniel Perret petit la relève. En plus de la coma fondé munication, elle gère maintenant la marque de le développement des produits. lingerie lyonnaise Pour autant, c’est dur de travailler Millesia en 1994 en famille. Chaque jour, elle me fait mon “cahier de devoirs”, en me rappelant qui je dois appeler, etc. Personne n’avait osé faire ça avant elle ! Et bien sûr, nous sommes parfois en conflit. Notamment sur le lancement d’une ligne sexy pour laquelle je milite depuis plusieurs années. Mais Véronique a mis son veto (rires) ! Résultat : je crée une nouvelle gamme, sous un autre nom : Bijoux indiscrets, qui proposera de la lingerie fine avec des cristaux Swarovski. Nous parvenons toujours à garder d’excellentes relations en dehors du contexte professionnel. Nous vivons d’ailleurs à 100 m l’un de l’autre ! » v 32 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 nOn « Je n’ai jamais envisagé de travailler avec mes enfants. Pourtant, mes trois grands ont fait des études en lien avec la communication et auraient pu assumer ce genre de poste. Diriger avec sa famille ce n’est pas dans ma tradition. Je suis proche de mes enfants, mais travailler avec eux serait leur imposer un poids psychologique trop important. Ils gèrent déjà le fait d’avoir un père entrepreneur médiatique. Je ne veux pas en rajouter en leur donnant une fonction aussi publique que responsable de la communication au sein de ma société Robopolis. Je ne dénigre pas ceux qui ont fait le choix de travailler en famille. C’est une culture familiale que je n’ai pas. D’ailleurs, si mes enfants ont participé à la vie de mon entreprise à travers des stages, aucun d’eux n’a un jour émis l’idée de Bruno Bonnell travailler avec moi. Chacun a son est chairman propre univers : mon fils s’est lancé, de Robopolis comme moi, dans l’entrepreunariat. et fondateur Il est à l’origine d’un projet d’hôteld’Infogrames lerie solidaire au Sénégal. Et mes deux filles vivent à l’étranger, l’une à Montréal et l’autre à Berlin. Ils ont tous les trois hérité de ma vision internationale, mais sont bien loin des nouvelles technologies Du coup, pour le poste de responsable de la communication de Robopolis, je m’entoure de professionnels. Je collabore actuellement avec Cécile Sornay, qui gère notamment les relations presse. Mais je dois avouer que je suis moi-même très communicant et que j’assume donc une partie de la fonction. » v Appels d'offres publics o Je m’abonne et je bénéficie de tous les services PRemium 285 € ttC 279,14 € Ht pendant 1 an 3 Je reçois l’ensemble des publications à venir : Hebdos + Magazines thématiques + Guide 3 J’ai un accès privilégié au portail intermedia.fr Des news exclusives chaque jour sur le portail ou par mail + Un accès permanent aux études et dossiers sélectionnés par les journalistes + Un accès gratuit à toutes les archives de la rédaction depuis 2005 (recherche dans 20 000 articles en texte intégral) + L’Hebdo en numérique dès le lundi matin + Les appels d’offres en France tous les vendredis 3 Je suis invité aux événements professionnels Les Mornings (rencontres mensuelles) + Les Evenings (rendez-vous avec un grand professionnel) + Le Forum de la communication (une journée de rencontres) 3 Je reçois en cadeau de bienvenue les 4 derniers Magazines thématiques ainsi que le Guide 2013 Répondez à tous les appels publics de la communication en France (4 000 par an) Prenez connaissance du résultat des mêmes appels d'offres de Rhône-alpes intermedia.fr NouveAu : le classement des sociétés de communication qui remportent le plus d'appels d'offres publics. Les appels d'offres sont classés en 9 catégories - Communication - Édition, régie - Impression - Routage - Internet, multimédia - Audiovisuel - Marketing, études - Événements, stands, aménagement - Autres + L’HEbDO + LES MAGAZINES + LE GUIDE + L’ESPACE PERSONNEL Entreprise* LES ÉVÉNEMENTS PROFESSIONNELS ................................................................................ Prénom* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fonction* .................................................................................. Adresse* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mail* ........................................................................................ Siren * ............................................. Date et signature * Champ obligatoire Aucune commande ne sera prise en compte sans règlement joint (bon de commande pour les entreprises publiques et les collectivités). À retourner avec votre règlement à : intermédia - Le Challenge - 58, avenue Debourg 69007 n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 33 Le PDG de SEB France est responsable du lancement de 200 produits chaque année. Avec son directeur marketing, il manage une équipe d’une cinquantaine de marketeurs. gérard salommez (seB france) “ La longévité d’un directeur marketing est de trois à cinq ans ” inTeRmÉDia. Que représente SEB France dans le groupe ? g.s. C’est sa plus grosse filiale commerciale : en 2012, avec des ventes de près de 700 M€, elle a réalisé 17 % du chiffre d’affaires du groupe. Couvrant également la Belgique et les DOMTOM, elle emploie 400 personnes pour commercialiser l’ensemble de nos produits, à travers ses sept marques présentes sur nos trois marchés. Soit quatre marques internationales (Moulinex, Krups, Tefal et Rowenta), deux locales, mais historiquement très fortes (SEB et Calor), ainsi que la marque haut de gamme Lagostina, symbole d’un art de vivre à l’italienne. SEB France assure les lancements des nouveaux produits et la gestion des existants. C’est son service marketing qui met en musique les offres des marques et qui est responsable des marges. inTeRmÉDia. Vous disposez de combien de marketeurs ? g.s. Le service compte une cinquantaine de personnes, réparties en trois groupes correspondant à nos trois familles de produits : les articles culinaires (poêles, casseroles, autocuiseurs…), les produits culinaires électriques (friteuses, robots, cafetières, barbecues, fours, bouilloires…) et les soins de la personne et de la maison (sèche-cheveux, épilateurs, fers à repasser, centrales à vapeur, aspirateurs…). Leurs productions sont gérées par des « business units» (les usines), qui sont spécialisées par familles de produits et fabriquent pour nos différentes marques. Ainsi l’usine de Pont-Évêque (Isère) produit-elle des centrales vapeur et des fers à repasser pour Calor, Téfal et Rowenta, et celle de Vernon (Eure) des aspirateurs pour Rowenta et Moulinex. 34 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 inTeRmÉDia. Vos marketeurs interviennent-ils sur la création des produits ? g.s. Notre service marketing est chargé de les vendre. Il ne s’occupe donc que du marketing opérationnel. La création de produits relève du marketing stratégique qui dépend de la direction générale du groupe. Mais nous restons évidemment proches des business units. On nous consulte sur les choix des produits, leurs univers, et naturellement les prix… Nous sommes plus des apporteurs d’informations que des créateurs d’innovations. Des informations que recueille notamment notre service consommateur avec sa huitaine de collaborateurs, dont deux webmasters qui gèrent les sites internet des différentes marques. inTeRmÉDia. Avez-vous un service études intégré ? g.s. Pas dans notre filiale. Ce service est rat- taché à la direction des marques, au niveau groupe. Nous lui commandons des études qu’il fait réaliser par des instituts spécialisés. Notre directeur marketing France, lui, doit avoir une vision large, avec une bonne connaissance historique et des capacités d’anticipation sur un futur proche. On ne lui demande pas une vision à cinq ans, mais à un ou deux ans. Pour compléter ce volet prospectif, notre directeur marketing doit absolument être un bon analyste du marché global. inTeRmÉDia. Quelles sont pour vous les qualités d’un bon directeur marketing ? g.s. C ’est d’abord quelqu’un qui doit être un bon manager, parce qu’il dirige une équipe nombreuse de chefs de groupes, de chefs de produits et d’assistants. Et qu’il doit leur permettre de s’épanouir et de réussir. Il doit être aussi diplomate, parce que chez nous le marketing est à la croisée des chemins des business units et des marchés. Il doit discuter avec le marketing stratégique, les commerciaux et les clients distributeurs. Il doit enfin savoir travailler avec la direction logistique (pour les prévisions de ventes) et être branché gestion, parce qu’il est le garant de la marge ! In fine, c’est un peu un homme-orchestre. inTeRmÉDia. Quelle est la longévité d’un directeur marketing ? g.s. De trois à cinq ans, parce que c’est un poste certes passionnant, mais exposé et usant. Partant, il faut éviter la sclérose. Depuis 2005, lorsque j’ai pris la direction de SEB France, c’est le troisième, ce qui est une moyenne raisonnable. Chez nous, ce sont des postes intéressants qui débouchent sur de belles opportunités de carrière. Des deux premiers avec lesquels j’ai travaillé, l’un est devenu directeur marketing de l’Europe du Sud, l’autre est directeur général de la filiale canadienne. il y a 200 marketeurs dans le groupe. “c’est parmi eux que nous recrutons de préférence nos directeurs marketing ” ... ©ESO grand t moin Passionné d’éleCtroménager un self made man. c’est l’un des piliers du groupe seB. responsable depuis 9 ans de la filiale de commercialisation en France (siège à lyon), il occupe un poste stratégique puisque l’hexagone reste le premier marché européen du leader mondial du petit équipement domestique. gérard salommez en connaît tous les rouages (du marché et du groupe seB), car cela fait maintenant… 38 ans qu’il vend du petit électroménager pour le compte de ses multiples marques. au sortir du bac, ce nordiste rêvait de devenir prof d’histoire. Mais s’ennuyant en fac, il devient (par hasard), attaché commercial chez calor en 1975. il s’y formera sur le tas et se prendra de passion pour le métier. au fil des ans, il gravit tous les échelons, révélant un solide talent de manager, jusqu’à devenir directeur commercial de tefal, puis directeur du marché France du groupe seB en 2001. de quoi hériter de la direction générale de la filiale en 2005, puis de sa présidence cinq ans plus tard. un homme de terrain. À 58 ans, il est toujours fasciné par l’électroménager, « un secteur où l’on ne s’ennuie pas parce qu’il bouge tout le temps ». À l’image de seB qui lance 200 produits nouveaux par an. un groupe auquel il est resté fidèle. parce qu’il a pu y changer très souvent de job, et par fierté de travailler pour le leader mondial. « Quand seB parle en France, la distribution l’écoute et la concurrence aussi ! » sa fonction lui vaut, depuis 2011, d’avoir décroché la présidence du groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager. de quoi l’occuper un peu plus à paris où il rencontre ses grands clients distributeurs. et reste un homme de terrain, qui visite en permanence des magasins, pour voir ce que font concurrents et autres secteurs en matière de plV, de packs, d’animations… v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 35 grandtémoi ... gérard salommez (seB france) ©ESO inTeRmÉDia. Quel est le profil idéal ? g.s. Aujourd’hui, il a 40 ans, niveau bac + 5, est diplômé d’une école de commerce, avec une dizaine d’années d’expérience marketing. Et s’il possède en plus une expérience commerciale, c’est mieux. En effet, le marketing n’est pas un univers à part dans une filiale commerciale. C’est la partie d’un tout qui est chargé de vendre. C’est important de savoir comment fonctionnent les commerciaux et les clients. Et d’avoir dans l’oeil par exemple les dimensions des étagères d’une gondole, histoire que les PLV puissent y rentrer ! inTeRmÉDia. Où les recrutez-vous ? g . s . Principalement dans le groupe, parce qu’entre les ser vices marketing stratégiques et opérationnels, nous avons environ 200 marketeurs. C’est un poste d’autant plus important que la France est généralement le marché test en matière de lancements de produits. Parce que nous sommes la première filiale et la seule à avoir la capacité de lancer en même temps beaucoup de produits. Du coup, elle bénéficie d’une grande crédibilité auprès de la distribution. inTeRmÉDia. Combien sortez-vous de nouveaux produits par an ? g.s. Environ 200, dont bon nombre ne sont 36 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 toutefois que des améliorations de produits ou des élargissements de gamme. Le business model du groupe, c’est la création de valeur par l’innovation et la communication. En termes de vraies innovations, on en compte trois ou quatre par an, mais toutes ne connaissent pas un aussi grand succès commercial que la friteuse Actifry de Seb (vendue sous la marque Tefal à l’étranger), le générateur Express Compact anti-calc de Calor ou l’aspirateur Silence Force Extrême de Rowenta. Ce dernier nous a apporté un avantage indéniable sur un marché où la concurrence ne s’intéressait qu’à augmenter la puissance des appareils, alors que nombre d’utilisatrices se plaignaient surtout de leur côté trop bruyant. inTeRmÉDia. Que faites-vous en communica- tion ? g.s. C ’est le service communication du groupe qui pilote la création des campagnes, avec les business units qui élaborent les cahiers des charges. Après, la réalisation est confiée à une agence, en l’occurrence Publicis qui gère toutes nos marques depuis une dizaine d’années. Films et encarts nous arrivent donc tout prêts, mais c’est nous ensuite qui décidons du plan médias, que nous gérons avec l’agence KR Media. Le marketing digital est intégré chez nous. Nous mettons en ligne les contenus fournis par le service communication du groupe et nous assurons l’animation sur les réseaux sociaux. Côté marketing opérationnel, nous travaillons beaucoup avec des agences locales, par exemple BleuVert, Album ou l’Agence Fantastic en Rhône-Alpes. Quant aux relations presse des marques, elles sont partagées entre deux Parisiennes : 5ème Pouvoir et RPCA. inTeRmÉDia. Vos meilleurs lancements ? g.s. Actifry et le petit robot Fresh Express de Mou- linex, dans des registres différents. Pour la première, impossible de mettre simplement sur une gondole une friteuse révolutionnaire, fonctionnant presque sans huile, mais coûtant quatre fois plus cher que ses concurrentes classiques. En 2008, pendant près de 8 mois on a fait des RP, généré des monographies médicales, multiplié les publireportages… pour provoquer un large buzz autour d’un nouveau concept de cuisine santé-plaisir. Après quoi, nous avons attaqué les campagnes TV. Avec succès. Depuis, nous avons répété partout la même recette. Bilan : plus de 4 millions d’unités vendues à ce jour. À l’inverse, le robot, mis en rayon avec une petite PLV en plein été 2010, a commencé à se vendre comme des petits pains. Du coup, nous sommes passés à la télé dès la rentrée et le produit s’est vendu à 400 000 exemplaires dans l’année, quand on n’en espérait guère plus de 70 000 ! inTeRmÉDia. Et un grand ratage ? g.s. Le flop du super détacheur à ultrasons de Rowenta en 2005. Pourtant, le produit n’était pas très cher (70 €) et très performant. Mais il était un peu compliqué d’utilisation et ne correspondait pas aux habitudes des consommateurs qui achètent un produit par type de tache. Du coup, le nôtre était peut-être trop généraliste ! inTeRmÉDia. Pourquoi continuez-vous à produire en France ? g . s . Nous sommes les derniers des Mohicans ! Mais cette stratégie industrielle permet au groupe de garder la maîtrise de technologies clés. Nous avons encore 9 usines en France (qui emploient quelque 5 000 salariés) dont deux en Rhône-Alpes, à Pont-Évêque en Isère, et Rumilly en Haute-Savoie (qui produit notamment les poêles Tefal). Nous en avons aussi trois en Bourgogne (Selongey, Is-sur-Tille et Tournus), ainsi qu’une douzaine d’autres en Europe, outre-Atlantique et en Asie. Le made in France est plutôt réservé aux appareils haut de gamme comme la friteuse Actifry et l’aspirateur silencieux, respectivement fabriqués en Bourgogne et en Normandie. inTeRmÉDia. Ce marketing patriotique est-il payant ? g.s. Cela fait déjà près de 10 ans que nous le directeur marketing doit avoir des capacités “d’anticipation. on ne lui demande pas une vision à cinq ans, mais au moins à un ou deux ans. ” collons des petits drapeaux tricolores sur les packs de nos produits. Avec un certain succès. Cela nous a permis d’améliorer nos ventes jusqu’à 5 % sur certains d’entre eux. Début 2012, nous avions même lancé une opération permettant de gagner des… marinières ! Et nous préparons pour ce printemps de nouvelles promotions pour nos produits tricolores. Mais l’effet patriotique reste à relativiser. inTeRmÉDia. L’effet est limité ? g.s. Oui parce que le consommateur regarde aussi son budget ! Il est prêt à acheter français, à condition que cela ne coûte pas beaucoup plus cher. L’écart raisonnable est de 5 à 10 %. Sauf dans le cas d’une innovation majeure, type Actifry, qui peut justifier un écart supérieur. D’où l’enjeu pour le groupe de développer sans cesse des produits novateurs, renforcés par une stratégie design très différenciante. Comme le petit robot compact Fresh Express de Moulinex à 59 € (produit à Lourdes) qui intègre ses accessoires de coupe sur son socle, apportant gain de place et praticité. inTeRmÉDia. Que faites-vous en marketing expérientiel pour vos consommateurs ? g.s. Jusqu’ici, nous faisions surtout des opérations de street-marketing pour faire déguster des brochettes lors du lancement d’un barbecue, ou des crêpes pour une promotion Chandeleur. Aujourd’hui, l’intégration du digital nous offre de nouveaux outils. Nous avons déjà créé une première structure « communautaire » avec le Club Krups dont les membres bénéficient à l’année d’offres exclusives. Notre transformation digitale se met en place, avec l’arrivée de pure-players, comme un community manager qui gérera dès ce printemps notre e-réputation. Nous développons aussi Foodle, une plateforme web de partage de recettes qui sera aussi un écosystème de communication. Pour l’heure, il est en rodage sous la houlette de la direction du digital corporate. Et après son lancement, l’application France sera gérée directement par notre service marketing. v PROPOS ReCueilliS PaR miChel TeXieR n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 37 Banc d’essai : le dircom externalisé +et– les dircoms externalisés ne sont pas nombreux en rhône-alpes. ces professionnels proposent aux annonceurs de gérer leur stratégie et leurs outils de communication tout en restant indépendants. est-ce un choix judicieux ? « le dircom externalisé a de l’expérience et un réseau » +++ «e Bertrand Fayet, secrétaire général de l’Union Professionnelle Artisanale RhôneAlpes (UPA) n septembre 2012, nous avons fait le choix de confier notre communication à SRS Conseil. Nous ne pouvions plus assurer ce poste en interne et l’externaliser permettait de continuer à communiquer à moindre coût. De plus, un directeur de la communication indépendant, comme Sophie de Rocca-Serra, nous apporte une expérience et un réseau que nous ne pourrions pas nous offrir. Même à mi-temps. Elle gère donc toute la stratégie de communication de l’UPA RhôneAlpes et la décline sur différents outils. Le logo a été refondu et des opérations de relations presse ont été mises en place. SRS Conseil gère ––– L’UPA a refait son logo fin 2012 avec l’aide de SRS Conseil. aussi notre revue trimestrielle et la communication interne. Nous avons récemment travaillé sur les élections du RSI (Régime social des indépendants). Sophie de Rocca-Serra a très vite adopté la culture et les problématiques de l’organisation professionnelle. Même indépendante, elle est très présente et dispose d’un bureau dans nos locaux et d’une carte de visite de l’UPA. Le travail d’un dircom externe est d’autant plus important que la communication de notre organisation est complexe, avec un budget très serré (30 K€). En effet, nous regroupons trois fédérations professionnelles dans des métiers très variés liés à l’artisanat (coiffeurs, bouchers, maçons...). Les membres ne se reconnaissent pas entre eux. Et nous souffrons d’un grand déficit de notoriété. » v « Pas adapté sur le long terme » «i Jacques Pasquier, responsable de la communication de la Société de chauffage de Grenoble. l nous est arrivé de faire appel à un directeur de la communication externalisé pour une mission ponctuelle. Nous avions besoin d’un regard extérieur, d’un expert afin de nous perfectionner sur de nouveaux outils. Coryne Nicq nous a aidés à nous former, notamment sur les relations presse que je ne maîtrisais pas. Elle nous a également conseillés sur la communication de crise. Cependant, un directeur de la communication externalisé n’est pas adapté pour piloter une stratégie sur le long terme. Surtout quand vous avez plusieurs cibles à gérer. Ce poste doit être assuré en interne, car il nécessite une parfaite connaissance de la culture d’entreprise et une présence au quotidien. Les échanges avec la direction sont permanents et la réactivité indispensable. 38 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 La Compagnie de chauffage de Grenoble a refondu son site internet en 2012. De plus, dans mon secteur, l’énergie, il faut maîtriser un vocabulaire très technique pour remplir cette fonction. D’autant plus que nos principaux outils de communication laissent une grande place au rédactionnel puisque nous éditons des plaquettes, des rapports d’activités ainsi que du contenu sur notre nouveau site internet. J’écris aussi les discours et les éditos de notre président. » v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 39 toPs et floPs de la communication +++ Badoit revient pleine de joie « Les bulles de joies », tel est le nom de la nouvelle campagne de l’eau pétillante de Saint-Galmier (42). Avec un spot TV et un visuel d’affichage signé BETC, Badoit présente son nouveau positionnement centré sur ses 235 ans d’histoire. Elle rappelle ainsi qu’elle est la plus ancienne des eaux gazeuses en mettant en scène ce qu’aurait pu être la première dégustation de Badoit, dans un château du XVIIIe. L’objectif de la marque est ainsi de séduire un nouveau public, plus jeune (entre 30 et 40 ans) moins familier de la marque, de son histoire et de ses liens avec la gastronomie. Le changement avait été amorcé en 2012, avec un nouveau packa packaging (signé BETC Design) mettant en avant la source de Badoit : Saint-Galmier, et sa date de création : 1778. Un partenariat avec le chef Thierry Marx a aussi été mis en place. v +et– et Quelques campagnes qui se sont fait remarquer dans l’année. journaliste loufoque. La marque de slips et l’agence lyonnaise Havas 360 ont encore frappé fort pour cibler les jeunes. Habitués des campagnes humoristiques, le duo a choisi un nouvel ambassadeur : Carl Butt. Ce reporter international loufoque est le héros d’une campagne baptisée « Les Génies du slip ». Il parcourt le monde à la rencontre de personnages originaux qui réalisent des performances remarquables avec leurs slips. Le dispositif de la campagne repose sur six films viraux et des mini-jeux en ligne. v onlylyon Buzz ne avec ses souris fait pas le buzz. Pour son grand retour en communication, après deux ans d’absence, Entremont a choisi des icônes sympathiques : les souris. Une saga, mettant en scène une famille de rongeurs, est visible depuis août 2012. Le premier spot était consacré au râpé, produit phare d’Entremont et les suivants à la raclette. « 75 % des personnes qui ont vu le spot l’ont aimé d’après le post-test d’Ipsos », se réjouit Delphine Sandrin, responsable études et médias d’Entremont. v ––– le harlem shake déjà has been ? 40 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 athéna et son ––– +++ entremont séduit Ce phénomène viral qui met en scène des personnages masqués sur une danse techno +++ déjantée a tenté de se développer sur le web. Espérant le bon coup de com’, façon Lipdub, plusieurs acteurs rhônalpins se sont essayés à l’exercice : Radio Espace dès le mois de février avec une vidéo qui a tout juste dépassé les 1 000 vues sur YouTube. L’ASSE s’est fait davantage remarquer avec plus de deux millions de vues. Et l’Olympique Lyonnais serait en train de préparer le sien. Mais le concept a déjà dégénéré à l’étranger : des mineurs australiens ont perdu leur emploi suite à la diffusion de leur Harlem Shake. L’administration fédérale américaine de l’aviation vient d’ouvrir une enquête suite à un tournage en plein vol. Et ceux tournés en Égypte et en Tunisie ont donné lieu à des incidents... De quoi faire retomber le soufflé médiatique ! v « Il nous a manqué une vidéo au parti-pris décalé qui aurait pu faire le buzz », avoue Lionel Flasseur, directeur d’OnlyLyon. Car en lançant le concours OnlyLyon Buzz en mai 2012, la marque internationale espérait récolter des vidéos drôles afin de profiter de la viralité du web et envahir les réseaux sociaux. Une stratégie de co-marketing à moindre coût. Mais la vingtaine de participants a privilégié un ton plus institutionnel. « Nous avons enregistré 50 000 vues sur YouTube, et 7 000 votes sur Facebook. Les vidéos étaient de qualité », se satisfait quand même Lionel Flasseur. L’opération devrait être reconduite en 2013, en partenariat avec des écoles. v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 41 FORmaTiOn l’iae lyon forme les professionnels au web marketing métiers CaRRièRe 2.07.2013 « La communication d’entreprise : tendances et nouvelles pratiques » Formation pilotée par communication et entreprise à paris, avec thierry libaert, docteur en sciences de la communication. le responsable nouveaux médias une fonction encore rare l 4-5.07.2013 « Dircom : management et leadership » Formation proposée par comundi à paris avec guy odichelidze, spécialiste du marketing BtoB et du management. 16.10.2013 « Dircom.0 » rencontre professionnelle consacrée à la communication personnelle des dircoms via twitter. organisée par l’association pour la communication des institutions publiques (paris). Grégory Palayer il a été RNM à l’OL puis à EMLyON. Aujourd’hui il est à la tête d’une entreprise de conseil en e-commerce (UpMyBiz) et de La Cuisine du Web. 42 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 e responsable nouveaux médias coordonne les actions de communication mises en place sur internet et sur les supports mobiles. Il intervient dès l’élaboration de la stratégie digitale puis sur son déploiement. Le tout sous la houlette du dircom ou du directeur marketing digital. Grégory Palayer, ancien responsable des nouveaux médias à l’Olympique Lyonnais, identifie deux missions principales : « Le premier volet est de la gestion de projet (création ou refonte de sites web, développement de stratégies communautaires...). L’action du responsable nouveaux médias va de la conception du cahier des charges jusqu’à la mise en œuvre du projet. Il s’agit aussi de lancer des appels d’offres et de travailler en collaboration avec les agences. La seconde partie concerne la génération de trafic ». © David Venier, Université Jean Moulin Lyon 3 Depuis janvier, l’institut propose une formation continue sur l’intégration d’internet dans une stratégie marketing. Cette formation courte comporte trois modules d’une journée, pouvant être suivis indépendamment. Le premier aborde l’efficacité de la présence sur le net, le deuxième est davantage axé sur l’optimisation de la commercialisation en ligne et le dernier traite des enjeux liés aux médias sociaux. Compter 500 € pour un jour, 900 € pour deux, 1 300 € pour trois. La formation a lieu sur le site de la Manufacture des Tabacs. Renseignements : http://iae.univ-lyon3.fr/ v livRe les marketeurs face au digital SEM, social media, big data ou adexchanges... À l’ère du numérique, les parcours d’achat traditionnels ainsi que la manière de communiquer avec les marques ont été bouleversés... ce qui révolutionne le métier de directeur marketing. L’association d’entreprises EBG (Electronic Business Group) revient sur les dernières tendances du marketing digital dans sa collection Petit Livre Rouge. Le but : proposer aux professionnels du marketing d’acquérir ou de renouveler leurs compétences. L’ouvrage passe au crible 80 cas de grandes marques qui ont mis en place un projet de marketing digital, tel que le SmartDrop développé par Evian qui permet à ses utilisateurs de commander des bouteilles d’eau à distance. Le tout réparti au sein de 9 chapitres qui abordent des thèmes allant du trading media au social CRM, en passant par la publicité sur Facebook. v Externalisation. On trouve aujourd’hui des responsables nouveaux médias en entreprise. Bien qu’il soient majoritairement sur Paris, il y en a tout de même quelques-uns à Lyon comme chez Babolat, à EMLYON ou à l’OL où le poste est aujourd’hui occupé par Florian Poirier. «Pour le moment, cette fonction est souvent externalisée. Les entreprises sont prudentes avant d’embaucher quelqu’un dans un nouveau métier. Cependant, un responsable nouveaux médias en interne contribue à installer une culture web au sein du management », détaille Grégory Palayer. Profil. D’après le cabinet de recrutement Elaee, les responsables nouveaux médias ont une formation en communication et/ou digital (Bac+5) avec trois ans d’expérience. En région lyonnaise, les débutants peuvent prétendre à une rémunération de 30-35 K€ par an contre 50 K€ pour les seniors. v mD internet et marketing 2013. Elenbi Editeurs, collection Petit Livre Rouge, 544 pages, 58€. n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 43 idées ÉDiTiOn com’ent, un magazine de réflexion Entrepresse devient Com’Ent. Le magazine édité par l’association Communication & Entreprise a changé de nom et de formule. Édité trois fois par an, Com’Ent adopte désormais un format « mook », de 60 pages. Com’Ent s’est aussi doté d’une nouvelle ligne éditoriale basée sur le postulat que la communication est aujourd’hui une culture à part entière. « Ce nouveau credo reflète l’orientation prise par Communication & Entreprise : prendre de la hauteur par rapport au quotidien des communicants, pour leur permettre de garder un coup d’avance », déclare Jean-Luc Letouzé, président de Communication & Entreprise. Le premier numéro de Com’Ent, diffusé à 7 000 ex, a traité de la visibilité. Le deuxième porte sur les villes et l’urbanisme. v a liRe innOvaTiOn 16-18.04.2013 SEMO salon consacré aux études et analyses marketing, organisé par tarsus à paris. 12-13.06.2013 Time2Marketing salon dédié au marketing 3.0 et au web du futur à paris. 300 intervenants et exposants sont attendus. 12-13.09.2013 Objets et communication salon des fabricants d’objets de communication et de cadeaux publicitaires, organisé par le syprocaf à paris. l’adetem lance un label et un annuaire pour les prestataires marketing a ider les PME à identifier les bons prestataires marketing, c’est l’objectif du label et de l’annuaire professionnel « Profession Marketing PME ». L’Adetem, l’association nationale des professionnels du marketing, est à l’origine du développement de ces deux nouveaux outils. Elle a reçu le soutien de la DGCIS (Direction Générale de la Compétitivité de l’Industrie et des Services, rattachée au Ministère du Développement Productif). Le dispositif « Profession Marketing PME » comprend aussi une plate-forme numérique où les PME peuvent déposer des appels d’offres, participer à des forums de discussion, ou poser des questions concernant le marketing à des spécialistes de l’association. Certifier les bonnes pratiques. Les agences figurant dans l’annuaire et qui sont titulaires du label se sont engagées à travers une charte de déontologie, après acceptation de leur dossier par l’Adetem. Peuvent y prétendre toutes les structures professionnelles du domaine de la communication, du design, des études, du e-marketing, de la publicité et des relations presse. v mD un vade-mecum pour les professionnels chez l’annonceur Ce guide s’adresse aussi bien aux professionnels du marketing qu’à ceux de la communication, deux métiers dont les frontières pourraient s’estomper en France (avec le digital). Les auteurs, Florence Garnier et Sandrine Dress, deux dirigeantes de cabinets spécialistes des relations annonceurs-agences, livrent des recettes éprouvées pour réussir l’élaboration et la mise en œuvre d’actions de communication. Un ouvrage très didactique qui fourmille de cas concrets et de conseils pratiques, et qui embrasse toutes les facettes de ce métier d’annonceur : du pilotage de projet à la production de supports, via les études, le choix d’une agence de communication…. v le métier d’annonceur : du marketing stra- tégique au consommateur - Éditions Vuibert – 2012 - Collection LireAgir - 240 pages – 26 € enquêTe dircom, le mal aimé des salariés ? L’Adetem est présidée par Michel Raicovitch (à g.) et François Laurent. L’association des professionnels du marketing est à l’origine du label et de l’annuaire «Profession Marketing PME». 44 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 54 % des salariés ne font pas confiance à la parole du directeur de la communication. C’est ce qui ressort d’une enquête Meanings-Harris Interactive parue fin 2012. Celle-ci a été réalisée grâce à un échantillon de 1 000 salariés issus d’entreprises privées et publiques. De plus, seulement 7 % des interrogés souhaitent voir leur dircom prendre la parole au nom de l’entreprise. v n° 1203 I 27 mars 2013 I InterMédia Magazine I 45 déBloque -notes Jacques Simonet, rédacteur en chef d’InterMédia Courage fuyons ! Les journalistes qui ont déserté les rédactions pour entrer en Communication — plus sous les ordres que dans les Ordres — n'ont aucun remords. Si leurs anciens confrères les considèrent comme des traîtres passés à l'ennemi — un peu par jalousie ? — pour leur part, ils considèrent que c'est plutôt la presse qui les a trahis (voir page 20). Ils n'ont pas de regrets non plus. Et se disent même très satisfaits d'avoir abandonné un univers désespérant et, pour s'en convaincre un peu plus — un peu de mauvaise conscience ? — n'hésitent pas à vertement tancer leur ancienne famille. Qui veut noyer son prochain l'accuse de travailler dans les médias. Et quand on dit « travailler »... peut-être est-ce exagéré. À les entendre, on travaillerait beaucoup plus dans les directions de communication que dans les médias. Ces journalistes sont décidément peu fréquentables. Courage rentrons ! Donc aucun remord, si j'en crois l'enquête de Michel Texier, sauf pour un original qui est retourné dans l'enfer médiatique — de son plein gré en plus. Un masochiste sans doute. Ou peut-être un professionnel un peu plus clairvoyant qui a anticipé un possible retour massif au bercail. Car à la lecture de ce numéro spécial sur les directeurs marketing et les directeurs communication vous constaterez que les dircoms sont de plus en plus exposés. Ils sont remis en cause, sommés de justifier leur utilité et Bruno Paillet prédit même leur disparition (p. 12). Sébastien Pingault explique pour sa part qu'il n'a survécu qu'en devenant directeur commercial (p. 16). Condamné à faire du business ! L'horreur absolue. par Jibé 46 I InterMédia Magazine I n° 1203 I 27 mars 2013 À se demander si le métier de dircom n'est pas encore plus menacé que le métier de journaliste. Sur la mer des désillusions professionnelles, les transfuges de la presse seraient-ils tombés de Charybde en Scylla (*) ? Courage endurons ! Heureusement, l'échéance fatale semble encore lointaine. L'éradication de la race des dircoms ne serait pas imminente. Il y a encore des chefs d'entreprise qui continuent à embaucher à cette fonction. Ne serait-ce que ceux qui confient la communication de la société à leur progéniture. Vous me direz que ce n'est peut-être pas bon signe si c'est la seule façon de caser une descendance dont on ne sait trop que faire. J'imagine que certains se sont dit « Ma fi-fille adorée a beaucoup d'amis sur Facebook, elle est mieux placée que quiconque pour assurer notre communication ». Je charrie certainement : il y a de bons professionnels chez les héritières et les héritiers. D'ailleurs, ne les accablons pas : ce n'est pas tous les jours facile de travailler avec papa-maman. Certes, c'est aussi une façon de mettre un pied dans l'entreprise familiale en attendant de prendre la succession. Hélas à nouveau : il n'est pas certain que ce soit, aujourd'hui la voie royale. La menace viendrait d'une nouvelle espèce de communicant qui s'infiltre insidieusement dans les organigrammes depuis quelques années : le directeur marketing digital. Selon Thomas Papadopoulos (page 27), ces sales bêtes couvertes de puces sont les futurs patrons de nos PME régionales. (*) les moins de 30 ans chercheront sur Google — on a tort de sous-estimer leur haut niveau d'inculture.+