La deuxième difficulté tient à la durée de la consultation de la prescription d’activité physique.
Prenons l’exemple d’un médecin ayant en consultation un patient diabétique de type 2, en surpoids,
et à risque cardiovasculaire élevé. Il doit informer son patient sur l’intérêt pour sa santé d’une
activité physique régulière, rechercher des contre-indications, puis faire une prescription adaptée,
individualisée et ciblée. C’est une consultation qui est longue, difficile à envisager en dix minutes.
Il faut compter la première fois au moins 40 minutes, ce qui ne modifie pas le prix de la consultation
ni le nombre de patients qui attendent en salle d’attente, par exemple en cas d’épidémie de grippe.
Comment faire ?
En fait, cela pourrait aller assez vite avec quelques outils et l’habitude.
La plupart des sociétés savantes ont fait des recommandations sur l’activité physique par
rapport aux différentes maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires, diabète, obésité…). De
plus, la présence de complications liées à la pathologie n’est pas une contre-indication à l’activité
physique à condition que les pathologies soient stabilisées par un traitement adapté. Le médecin
suit les recommandations des spécialistes en fonction de chaque pathologie, et au final il y a
relativement peu d’adaptations à faire.
Le premier élément est de déterminer le niveau d’activité du patient : rechercher une activité
physique dans le cadre de sa profession : s’il est derrière un bureau, il n’a pas d’activité physique
professionnelle, par contre s’il est maçon ou boulanger, il faut compter cette activité physique.
Comment se déplace-t-il pour aller travailler : s’il va au travail en vélo ou en marchant, c’est de
l’activité physique mais ce n’est pas le cas s’il utilise la voiture. A la maison, quelle activité
physique : ménage, bricolage, jardinage ?
Il faut aussi questionner sur la sédentarité c’est-à-dire le temps passé assis entre le lever et le
coucher. Dans ce temps passé assis, il faut compter le temps passé assis dans les transports, au
travail, et lors des loisirs. C’est un facteur de risque de mortalité indépendant du niveau d’activité
physique.
Ces questions prennent peu de temps (deux à trois minutes), et sont importantes pour orienter la
prescription adaptée d’activité physique.
Il faut aussi poser un diagnostic éducatif, évaluer les freins et les facteurs de motivation.
Les freins sont souvent de fausses croyances, par exemple : « je suis déjà fatigué », « j’ai mal
partout » …or, l’activité physique diminue la fatigue (par exemple, en cancérologie, l’activité
physique est le seul traitement validé de la fatigue post traitement par chimiothérapie et/ou
radiothérapie); l’activité physique régulière diminue aussi les douleurs.
Il faut rechercher et exposer les facteurs favorisants. Ainsi, pour un diabétique, expliquer qu’une
une séance d’activité physique est un bon moyen de faire baisser la glycémie post-prandiale est
un élément puissant de motivation. Les facteurs externes peuvent aussi aider à la mobilité :
existence d’un parc à proximité du domicile, de pistes cyclables ? Comment est l’entourage : est-il
plutôt favorisant ? Le conjoint ou les enfants aiment-ils marcher, faire du vélo ? Le patient a-t-il un
chien (qu’il faut promener au moins deux fois par jour)?
Il apparait important que le médecin parle de l’activité physique. Un médecin qui n’en parle
pas ou qui en parle négativement, c’est un facteur défavorisant l’activité physique.
Le stade motivationnel du patient est à prendre en compte. Si celui-ci déclare que ce n’est
pas le moment, il faut parfois savoir aussi attendre.
Ensuite, pour augmenter le niveau d’activité physique, les cibles d’action sont multiples :
-Modifier le mode de vie : si l’on est très souvent assis, il est recommandé de se lever une minute
toutes les heures (pour aller chercher une feuille à la photocopieuse, ranger un dossier…). En
Australie ou au Canada, certaines entreprises disposent de bureaux dont la hauteur est modulable :
les gens peuvent travailler en position debout ou assise, en variant leur position au cours de la
journée. De la même façon, lors des loisirs éviter les stations assises prolongées devant les écrans.
-Augmenter l’activité physique de la vie quotidienne : c’est marcher un peu plus pour aller au travail,
prendre les escaliers en commençant par un étage, puis deux etc... Il faut utiliser son
environnement immédiat et habitue pour se bouger plus.
-Enfin, en ce qui concerne la pratique d’une activité physique plus structurée (endurance et
renforcement musculaire) telle que précisée dans les recommandations, (30 minutes cinq fois par
semaine), c’est là qu’il peut y avoir des difficultés en pratique. Car le médecin n’a pas forcément