13- Le bois et
les bâtiments
culturels
AU SOMMAIRE :
Bois et bâtiments culturels,
une complicité naturelle
Pages 2 et 3
Le Musée de la Forêt et
des Eaux au domaine
de Bérinzenne (Spa):
Le bois contribue à fédérer
trois bâtiments existants
Pages 4 et 5
L’aile nord du château du
Val Saint-Lambert à Seraing:
Le bois fait battre un cœur
historique et moderne
Pages 6 à 9
La Maison du Parc Naturel
à Bon-Secours (Péruwelz):
Le bois rapproche
nature, pédagogie
et espace de travail
Pages 10 à 13
La bibliothèque de l’École
Supérieure des Arts Saint-Luc
à Tournai:
Le bois donne naissance à
un “navire de la culture”
Pages 14 et 15
CRÉDITS :
Les textes sont la propriété des architectes pour les différents projets
présentés, de Valbois RN et de La Fibre Comm. Toute reproduction,
même partielle, des textes et des documents de cette publication, est
soumise à l’approbation préalable de leur(s) propriétaire(s).
Réalisé en octobre 2009
13- Le bois et
les bâtiments
culturels
Notre couverture:
Laile nord du château du
Val Saint-Lambert à Seraing
Photo: © Serge Brison
2
Bois et bâtiments culturels,
une complicité naturelle
Le bois fait partie des matériaux de construction les plus anciens et les plus utilisés par
l’humanité. À travers tous les temps, et transcendant toutes les cultures, il accompagne
la vie de nos civilisations. En ces termes, plus qu’un patrimoine, le bois est devenu un
reflet culturel de notre société.
Alors, quand il s’agit d’ériger un bâtiment culturel, ouvrage qui par essence invite à la
réflexion, à l’interrogation, à la remise en cause, il est important que le public soit
accueilli par des matériaux identifiés et porteur de valeurs communes.
Le bois, comme la pierre, est de ceux-là. Matériaux naturels, ils apportent une chaleur
et un sentiment d’épanouissement sans commune mesure.
Vraisemblablement parce qu’il s’agit d’un matériau travaillé par la main de l’homme, il
conserve une proximité avec nous. Quel que soit le lieu, la présence de bois rend
l’endroit plus accueillant, sans comparaison aucune avec les murs blancs, froids d’ou-
vrages impersonnels.
Parce que le bois est un socle, une base identitaire que nous partageons, il a une légi-
timité naturelle à être utilisé dans les bâtiments culturels.
Mais le bois, présent dans un premier temps de manière brute, a su enrichir son voca-
bulaire pour accompagner l’évolution des techniques de construction. En témoigne la
diversité des produits bois, actuellement disponibles.
Avec les bâtiments culturels, le bois trouve un terrain d’expression à la dimension
de ses possibilités. En structure, via une charpente par exemple, il attire le regard et
évoque la maison traditionnelle, lieu synonyme de sécurité. En revêtement extérieur, le
bois joue avec son environnement, pour mieux s’y intégrer. Grâce à lui, d’imposants
volumes se fondent mieux dans le paysage.
Mais s’il est un domaine dans lequel le bois et les bâtiments culturels cultivent le plus
de proximité, c’est bien en intérieur. Revêtements de sol sous la forme de planchers,
revêtements muraux en lambris ou en panneaux, portes, escaliers… sont autant d’élé-
ments en bois qui concourent à un sentiment de bien-être. Un sentiment corroboré par
des faits objectifs comme la qualité acoustique, thermique, hygrométrique induite par
l’utilisation du bois.
Bois et bâtiments culturels sont donc bien des partenaires inséparables. Hormis
quelques références avant-gardistes, le bois y fait consensus.
Parler de bâtiments culturels, c’est se référer à une
étonnante diversité d’ouvrages. Musées, bibliothèques,
centres d’interprétation, salles d’exposition, cinémas,
médiathèques, églises… sont autant de lieux qui ont en
commun de réunir les Hommes autour d’une même idée :
développer leur sens critique, leur goût, leur jugement.
Pour garder ces facultés en éveil, les concepteurs créent
des lieux où peuvent régner calme, chaleur et convivialité.
Dans un tel contexte, le bois est très souvent présent. Rien
d’étonnant à cela, ce matériau est une référence culturelle
forte dans nos sociétés, et un complice particulièrement
adapté à l’invention d’espaces de sérénité.
Avis, témoignage
LE POINT DE VUE DU SOCIOLOGUE
La parole à Claude Javeau
Professeur émérite de sociologie de l’Université Libre de Bruxelles
Conférencier, chroniqueur et écrivain
« J’aime le bois, je suis un convaincu et un converti.
Je trouve que la vie sociale est déjà assez rude, assez dure et
acérée sans que l’on ajoute des bâtiments eux-mêmes rudes,
durs et acérés. C’est pour cette raison que je n’aime pas
l’architecture des années septante, avec ses trois matériaux
emblématiques: le béton, l’acier et le verre.
Je suis pour une architecture avec le bois car ce matériau
évoque la chaleur, il engendre une convivialité plus facile.
C’est un facilitateur des rapports humains car il est moins dur
que les autres matériaux, il est plus accueillant et invite à la
tolérance. Cela me rappelle les églises orthodoxes roumaines
en bois qui sont quand même plus agréables à regarder et à
visiter que ces bâtiments qui arborent du plastique.
Les anciens ont déjà conçu nombre d’ouvrages remarquables
avec le bois. J’en veux pour exemple la grande salle de la
Sorbonne, à Paris. Cet amphithéâtre, avec ses piliers, ses
rangées de sièges et ses estrades en bois, dégage une
chaleur communicative qui incite à la discussion courtoise.
Ailleurs, à Istanbul, en Turquie, les palais étaient construits en
bois. À l’intérieur, ce matériau est omniprésent. Au sol, sur les
murs, en toiture, il est marqueté, sculpté, peint de ma nière
extraordinaire. Il n’y a que le bois qui offre telle splendeur! On
peut trouver cette réflexion est ringarde, mais il me semble
qu’il y a une âme du bois et qu’il donne de l’âme.
Il y a également cette parole du célèbre compositeur Ludwig
van Beethoven, naturaliste avant l’heure, qui disait: “J’aime
un arbre plus qu’un homme”. L’humanité vient de la savane,
nous sommes tous des échappés du bois. C’est sûrement
pour cette raison que tous, pourtant si différents, nous
aimons les arbres. C’est bien souvent le lieu idéal pour une
promenade familiale et l’endroit choisi par les enfants pour
construire une cabane. Il y a une forme de continuité entre
l’admirateur de l’arbre et l’amoureux du matériau.
Quand on a le goût du travail bien achevé, le sens du détail,
on se tourne immanquablement vers le bois. Avec, on peut
faire des choses modernes et très belles. »
Claude Javeau n’en fait pas mystère, c’est un partisan du bois. De son expérience de
sociologue, observateur avisé de nos comportements, et de grand voyageur de par le
monde, son point de vue sur le bois et les bâtiments culturels nous paraissait intéressant à recueillir. Loin de toute
considération technique, convictions et sentiments s’entremêlent…
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ILLUSTRATIONS : ISTANBUL, LA ROUMANIE ET LA SORBONNE
Le Palais de Dolmabahçe à Istanbul (Turquie) L’amphithéâtre “Louis Liard” de la Sorbonne, à Paris (France)
L’église entièrement en bois de Dragomiresti (Roumanie)
Territoires &Bois Le bois et les bâtiments culturels
4
Vue sur la façade avant du projet avec son brise-soleil et ses châssis en afzelia, tandis qu’au sol le chêne accueille les premiers pas des visiteurs - Photo: © Marc Grondal
Dans un contexte difficile, lié à l’hétérogénéité du patrimoine
immobilier existant, le défi pour l’Atelier d’Architecture
Grondal & Associés est de relier chaque bâtiment tout en
offrant au public un nouvel espace d’accueil et d’exposition.
Le projet prend corps autour de deux éléments forts. D’abord,
un long mur sinueux en moellons, élément lourd qui met en
contact les volumes existants et assied le bâtiment. Cet endroit
abrite une rampe et des passerelles aériennes connectant les
anciens bâtiments, dorénavant rénovés. S’y accole le lieu d’ac-
cueil et d’exposition, une boîte légère en bois, verre et cuivre;
de faible hauteur pour s’inscrire au mieux dans le paysage.
Le matériau bois est largement utilisé pour réaliser ce lien
fédérateur, mais toujours par petites touches discrètes.
La façade avant, largement vitrée, met en œuvre de l’afzelia.
Des renforts métalliques lui sont adjoints car l’architecte a
opté pour une structure d’une grande finesse. Au-dessus, une
ossature en bois, avec une bonne isolation, forme la toiture. Le
plancher des passerelles et en extérieur est en chêne. Enfin,
devant le bâtiment, un brise-soleil réalisé avec des chevrons en
afzelia, posés horizontalement et ajourés, semble flotter.
Privilégiant la mixité des matériaux, l’architecte fait naître, avec
le bois, un ouvrage léger, dynamique, lumineux et aérien.
LE MUSÉE DE LA FORÊT ET DES EAUX AU DOMAINE DE BÉRINZENNE (SPA):
Le bois contribue à fédérer
trois bâtiments existants
Sur le site de Bérinzenne, trois édifices, fortement
éprouvés par le temps, se côtoient. Ils montrent peu
de similitudes: d’époques distinctes, leurs niveaux
ne coïncident pas et le dessin de leur toiture diffère.
Pour pouvoir les connecter et doter le futur musée d’une identité unique, un espace de
liaison polyvalent est créé. Il associe, entre-autres matériaux de construction, le bois.
caractéristiques de l’ouvrage
Années de construction: 2005-2006
Durée des travaux: 17 mois
Surface (SHON): 436 m2à l’intérieur, environ 50 m2en extérieur
Coût de la construction (HTVA): 570 000
Maître d’ouvrage:
Région Wallonne - Direction Générale des Ressources Naturelles
et de l’Environnement
Maître d’œuvre:
Atelier d’Architecture Grondal & Associés
Architectes: Noële Poisman, Marc Grondal, Éric Grondal
Tél.: +32 (0)4 361 60 40
Bureau d’études:
Bureau d’Études Lemaire
Tél.: +32 (0)4 366 60 40
Entreprise de construction:
Corman Halleux Georges & Fils sprl
Tél.: +32 (0)87 33 64 56
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À l’intérieur, les passerelles et leur plancher en chêne guident le visiteur et permettent des perspectives tous azimuts - Photo: © Marc Grondal
Avis, témoignage
La parole à Jean Lentz
Fonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelle Aménagement du territoire,
Logement, Patrimoine et Énergie
Direction de Liège 2 - Service public de Wallonie
À la tête de la Direction de Liège 2, Jean Lentz a autorité sur une grande partie de la province, à l’exception de la ville
de Liège et de sa périphérie urbaine, ainsi que de la Communauté Germanophone. Sans aucun a priori vis-à-vis du
bois, il précise le regard qu’il porte sur ce matériau dans la construction.
« Concernant spécifiquement le domaine de Bérinzenne,
ce lieu a fait l’objet de nombreuses interventions, sur plus
d’une décennie. La Maison de la Nature, le pavillon José
Lilien, la tour d’observation, le Centre Régional d’Initiation
à l’Environnement ou encore le Musée de la Forêt et des
Eaux auquel vous consacrez ces deux pages, sont autant
d’exemples privilégiant le bois et témoignant d’un soin
particulier d’intégration. En lisière de la fagne de
Malchamps, là où l’homme a planté de si nombreux rési-
neux pour assécher le plateau, c’est une bonne chose que
de développer des constructions avec le bois.
Mais ce contexte boisé ne justifie pas à lui seul l’utilisation
de ce matériau. Il existe beaucoup d’autres situations où le
bois peut s’exprimer avec bonheur.
Comme pour n’importe quel autre matériau, ce qui prime
avant tout c’est la qualité d’insertion du projet dans son
environnement. Il doit comprendre les lignes de force du
paysage, ses courbes de niveau, s’adapter à l’identité du
lieu, à ses couleurs, à ses textures…
Indéniablement, le bois a pour lui une souplesse naturelle
qui lui permet de mieux se mêler aux autres matériaux.
Des essences locales comme le douglas ou le mélèze, en
usage extérieur, vont changer de couleur, allant vers un
gris doré qui s’harmonise très bien avec la pierre.
Nous préconisons d’ailleurs d’utiliser ce type d’essences.
Nous avons la chance de disposer de forêts gérées de
façon durable, qui fournissent des bois adaptés au monde
de la construction, dont la transformation et le transport
sont peu énergivores, et dont l’utilisation favorise le déve-
loppement économique local!
Aujourd’hui, je constate que le bois est souvent employé à
bon escient. Dans des extensions, il crée une belle dicho-
tomie avec le volume existant; tandis que dans le neuf,
souvent dans l’habitat, il participe à des compositions aux
lignes très contemporaines.
Nous n’avons aucun a priori pour aucun matériau, nous
jugeons à chaque fois au cas par cas. Le bois est donc le
bienvenu dans tous les projets de construction. »
QUEN PENSENT LES SERVICES DE LURBANISME RÉGIONAL ?
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