13- Le bois et les bâtiments culturels

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13- Le bois et
les bâtiments
culturels
13- Le bois et
les bâtiments
culturels
Notre couverture :
L’aile nord du château du
Val Saint-Lambert à Seraing
Photo : © Serge Brison
AU SOMMAIRE :
Bois et bâtiments culturels,
une complicité naturelle
Pages 2 et 3
Le Musée de la Forêt et
des Eaux au domaine
de Bérinzenne (Spa) :
Le bois contribue à fédérer
trois bâtiments existants
Pages 4 et 5
L’aile nord du château du
Val Saint-Lambert à Seraing :
Le bois fait battre un cœur
historique et moderne
Pages 6 à 9
La Maison du Parc Naturel
à Bon-Secours (Péruwelz) :
Le bois rapproche
nature, pédagogie
et espace de travail
Pages 10 à 13
La bibliothèque de l’École
Supérieure des Arts Saint-Luc
à Tournai :
Le bois donne naissance à
un “navire de la culture”
Pages 14 et 15
CRÉDITS :
Bois et bâtiments culturels,
une complicité naturelle
Parler de bâtiments culturels, c’est se référer à une
étonnante diversité d’ouvrages. Musées, bibliothèques,
centres d’interprétation, salles d’exposition, cinémas,
médiathèques, églises… sont autant de lieux qui ont en
commun de réunir les Hommes autour d’une même idée :
développer leur sens critique, leur goût, leur jugement.
Pour garder ces facultés en éveil, les concepteurs créent
des lieux où peuvent régner calme, chaleur et convivialité.
Dans un tel contexte, le bois est très souvent présent. Rien
d’étonnant à cela, ce matériau est une référence culturelle
forte dans nos sociétés, et un complice particulièrement
adapté à l’invention d’espaces de sérénité.
Le bois fait partie des matériaux de construction les plus anciens et les plus utilisés par
l’humanité. À travers tous les temps, et transcendant toutes les cultures, il accompagne
la vie de nos civilisations. En ces termes, plus qu’un patrimoine, le bois est devenu un
reflet culturel de notre société.
Alors, quand il s’agit d’ériger un bâtiment culturel, ouvrage qui par essence invite à la
réflexion, à l’interrogation, à la remise en cause, il est important que le public soit
accueilli par des matériaux identifiés et porteur de valeurs communes.
Le bois, comme la pierre, est de ceux-là. Matériaux naturels, ils apportent une chaleur
et un sentiment d’épanouissement sans commune mesure.
Vraisemblablement parce qu’il s’agit d’un matériau travaillé par la main de l’homme, il
conserve une proximité avec nous. Quel que soit le lieu, la présence de bois rend
l’endroit plus accueillant, sans comparaison aucune avec les murs blancs, froids d’ouvrages impersonnels.
Parce que le bois est un socle, une base identitaire que nous partageons, il a une légitimité naturelle à être utilisé dans les bâtiments culturels.
Mais le bois, présent dans un premier temps de manière brute, a su enrichir son vocabulaire pour accompagner l’évolution des techniques de construction. En témoigne la
diversité des produits bois, actuellement disponibles.
Avec les bâtiments culturels, le bois trouve un terrain d’expression à la dimension
de ses possibilités. En structure, via une charpente par exemple, il attire le regard et
évoque la maison traditionnelle, lieu synonyme de sécurité. En revêtement extérieur, le
bois joue avec son environnement, pour mieux s’y intégrer. Grâce à lui, d’imposants
volumes se fondent mieux dans le paysage.
Mais s’il est un domaine dans lequel le bois et les bâtiments culturels cultivent le plus
de proximité, c’est bien en intérieur. Revêtements de sol sous la forme de planchers,
revêtements muraux en lambris ou en panneaux, portes, escaliers… sont autant d’éléments en bois qui concourent à un sentiment de bien-être. Un sentiment corroboré par
des faits objectifs comme la qualité acoustique, thermique, hygrométrique induite par
l’utilisation du bois.
Les textes sont la propriété des architectes pour les différents projets
présentés, de Valbois RN et de La Fibre Comm. Toute reproduction,
même partielle, des textes et des documents de cette publication, est
soumise à l’approbation préalable de leur(s) propriétaire(s).
Réalisé en octobre 2009
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Bois et bâtiments culturels sont donc bien des partenaires inséparables. Hormis
quelques références avant-gardistes, le bois y fait consensus.
Avis, témoignage
LE POINT DE VUE DU SOCIOLOGUE
La parole à Claude Javeau
Professeur émérite de sociologie de l’Université Libre de Bruxelles
Conférencier, chroniqueur et écrivain
Claude Javeau n’en fait pas mystère, c’est un partisan du bois. De son expérience de
sociologue, observateur avisé de nos comportements, et de grand voyageur de par le
monde, son point de vue sur le bois et les bâtiments culturels nous paraissait intéressant à recueillir. Loin de toute
considération technique, convictions et sentiments s’entremêlent…
« J’aime le bois, je suis un convaincu et un converti.
Je trouve que la vie sociale est déjà assez rude, assez dure et
acérée sans que l’on ajoute des bâtiments eux-mêmes rudes,
durs et acérés. C’est pour cette raison que je n’aime pas
l’architecture des années septante, avec ses trois matériaux
emblématiques : le béton, l’acier et le verre.
Je suis pour une architecture avec le bois car ce matériau
évoque la chaleur, il engendre une convivialité plus facile.
C’est un facilitateur des rapports humains car il est moins dur
que les autres matériaux, il est plus accueillant et invite à la
tolérance. Cela me rappelle les églises orthodoxes roumaines
en bois qui sont quand même plus agréables à regarder et à
visiter que ces bâtiments qui arborent du plastique.
Les anciens ont déjà conçu nombre d’ouvrages remarquables
avec le bois. J’en veux pour exemple la grande salle de la
Sorbonne, à Paris. Cet amphithéâtre, avec ses piliers, ses
rangées de sièges et ses estrades en bois, dégage une
chaleur communicative qui incite à la discussion courtoise.
Ailleurs, à Istanbul, en Turquie, les palais étaient construits en
bois. À l’intérieur, ce matériau est omniprésent. Au sol, sur les
murs, en toiture, il est marqueté, sculpté, peint de manière
extraordinaire. Il n’y a que le bois qui offre telle splendeur ! On
peut trouver cette réflexion est ringarde, mais il me semble
qu’il y a une âme du bois et qu’il donne de l’âme.
Il y a également cette parole du célèbre compositeur Ludwig
van Beethoven, naturaliste avant l’heure, qui disait : “J’aime
un arbre plus qu’un homme”. L’humanité vient de la savane,
nous sommes tous des échappés du bois. C’est sûrement
pour cette raison que tous, pourtant si différents, nous
aimons les arbres. C’est bien souvent le lieu idéal pour une
promenade familiale et l’endroit choisi par les enfants pour
construire une cabane. Il y a une forme de continuité entre
l’admirateur de l’arbre et l’amoureux du matériau.
Quand on a le goût du travail bien achevé, le sens du détail,
on se tourne immanquablement vers le bois. Avec, on peut
faire des choses modernes et très belles. »
ILLUSTRATIONS : ISTANBUL, LA ROUMANIE ET LA SORBONNE
L’église entièrement en bois de Dragomiresti (Roumanie)
Le Palais de Dolmabahçe à Istanbul (Turquie)
L’amphithéâtre “Louis Liard” de la Sorbonne, à Paris (France)
3
Territoires & Bois
■
Le bois et les bâtiments culturels
LE MUSÉE DE LA FORÊT ET DES EAUX AU DOMAINE DE BÉRINZENNE (SPA) :
Le bois contribue à fédérer
trois bâtiments existants
•
Sur le site de Bérinzenne, trois édifices, fortement
éprouvés par le temps, se côtoient. Ils montrent peu
de similitudes : d’époques distinctes, leurs niveaux
ne coïncident pas et le dessin de leur toiture diffère.
Pour pouvoir les connecter et doter le futur musée d’une identité unique, un espace de
liaison polyvalent est créé. Il associe, entre-autres matériaux de construction, le bois.
Dans un contexte difficile, lié à l’hétérogénéité du patrimoine
immobilier existant, le défi pour l’Atelier d’Architecture
Grondal & Associés est de relier chaque bâtiment tout en
offrant au public un nouvel espace d’accueil et d’exposition.
Le projet prend corps autour de deux éléments forts. D’abord,
un long mur sinueux en moellons, élément lourd qui met en
contact les volumes existants et assied le bâtiment. Cet endroit
abrite une rampe et des passerelles aériennes connectant les
anciens bâtiments, dorénavant rénovés. S’y accole le lieu d’accueil et d’exposition, une boîte légère en bois, verre et cuivre ;
de faible hauteur pour s’inscrire au mieux dans le paysage.
Le matériau bois est largement utilisé pour réaliser ce lien
fédérateur, mais toujours par petites touches discrètes.
La façade avant, largement vitrée, met en œuvre de l’afzelia.
Des renforts métalliques lui sont adjoints car l’architecte a
opté pour une structure d’une grande finesse. Au-dessus, une
ossature en bois, avec une bonne isolation, forme la toiture. Le
plancher des passerelles et en extérieur est en chêne. Enfin,
devant le bâtiment, un brise-soleil réalisé avec des chevrons en
afzelia, posés horizontalement et ajourés, semble flotter.
Privilégiant la mixité des matériaux, l’architecte fait naître, avec
le bois, un ouvrage léger, dynamique, lumineux et aérien. ❖
Vue sur la façade avant du projet avec son brise-soleil et ses châssis en afzelia, tandis qu’au sol le chêne accueille les premiers pas des visiteurs - Photo : © Marc Grondal
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La parole à Jean Lentz
Fonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelle Aménagement du territoire,
Logement, Patrimoine et Énergie
Direction de Liège 2 - Service public de Wallonie
À la tête de la Direction de Liège 2, Jean Lentz a autorité sur une grande partie de la province, à l’exception de la ville
de Liège et de sa périphérie urbaine, ainsi que de la Communauté Germanophone. Sans aucun a priori vis-à-vis du
bois, il précise le regard qu’il porte sur ce matériau dans la construction.
« Concernant spécifiquement le domaine de Bérinzenne,
ce lieu a fait l’objet de nombreuses interventions, sur plus
d’une décennie. La Maison de la Nature, le pavillon José
Lilien, la tour d’observation, le Centre Régional d’Initiation
à l’Environnement ou encore le Musée de la Forêt et des
Eaux auquel vous consacrez ces deux pages, sont autant
d’exemples privilégiant le bois et témoignant d’un soin
particulier d’intégration. En lisière de la fagne de
Malchamps, là où l’homme a planté de si nombreux résineux pour assécher le plateau, c’est une bonne chose que
de développer des constructions avec le bois.
Mais ce contexte boisé ne justifie pas à lui seul l’utilisation
de ce matériau. Il existe beaucoup d’autres situations où le
bois peut s’exprimer avec bonheur.
Comme pour n’importe quel autre matériau, ce qui prime
avant tout c’est la qualité d’insertion du projet dans son
environnement. Il doit comprendre les lignes de force du
paysage, ses courbes de niveau, s’adapter à l’identité du
lieu, à ses couleurs, à ses textures…
Indéniablement, le bois a pour lui une souplesse naturelle
qui lui permet de mieux se mêler aux autres matériaux.
Des essences locales comme le douglas ou le mélèze, en
usage extérieur, vont changer de couleur, allant vers un
gris doré qui s’harmonise très bien avec la pierre.
Nous préconisons d’ailleurs d’utiliser ce type d’essences.
Nous avons la chance de disposer de forêts gérées de
façon durable, qui fournissent des bois adaptés au monde
de la construction, dont la transformation et le transport
sont peu énergivores, et dont l’utilisation favorise le développement économique local !
Aujourd’hui, je constate que le bois est souvent employé à
bon escient. Dans des extensions, il crée une belle dichotomie avec le volume existant; tandis que dans le neuf,
souvent dans l’habitat, il participe à des compositions aux
lignes très contemporaines.
Nous n’avons aucun a priori pour aucun matériau, nous
jugeons à chaque fois au cas par cas. Le bois est donc le
bienvenu dans tous les projets de construction. »
À l’intérieur, les passerelles et leur plancher en chêne guident le visiteur et permettent des perspectives tous azimuts - Photo : © Marc Grondal
Années de construction : 2005-2006
Durée des travaux : 17 mois
Surface (SHON) : 436 m2 à l’intérieur, environ 50 m2 en extérieur
Coût de la construction (HTVA) : 570 000 €
Maître d’ouvrage :
Région Wallonne - Direction Générale des Ressources Naturelles
et de l’Environnement
Maître d’œuvre :
Atelier d’Architecture Grondal & Associés
Architectes : Noële Poisman, Marc Grondal, Éric Grondal
Tél. : +32 (0)4 361 60 40
E-mail : [email protected]
Bureau d’études :
Bureau d’Études Lemaire
Tél. : +32 (0)4 366 60 40
E-mail : [email protected]
Entreprise de construction :
Corman Halleux Georges & Fils sprl
Tél. : +32 (0)87 33 64 56
E-mail : [email protected]
caractéristiques de l’ouvrage
Avis, témoignage
QU ’ EN PENSENT LES SERVICES DE L’ URBANISME RÉGIONAL ?
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Territoires & Bois
■
Le bois et les bâtiments culturels
L’ AILE NORD DU CHÂTEAU DU VAL SAINT- LAMBERT À SERAING
Le bois fait battre un cœur
historique et moderne
:
•
Le château du Val Saint-Lambert a été construit
au XVIIIe siècle par des moines cisterciens pour
remplacer leur ancienne abbaye datant du XIIe.
Un imposant palais abbatial a été érigé en
1765, doté de trois ailes dont l’aile nord, face à
la Meuse, abritait en son centre l’entrée principale
de l’église. Celle-ci a été démolie en 1802, laissant
une dent creuse, occupée progressivement par les
hangars de la cristallerie.
Par la suite, une façade pastiche, imitant le style
de l’ancien bâtiment du XVIIIe siècle, fut érigée sur le lieu de l’entrée actuelle. Enfin, au XIXe
et XXe siècle, de nombreuses transformations ont totalement dénaturé le bâtiment originel.
Depuis 1980, avec la disparition de la cristallerie qui exerçait
son activité dans ses murs, le château est laissé à l’abandon.
Pillé et largement dégradé par des écoulements d’eau, la ville
de Seraing sauve ce patrimoine collectif en le rachetant.
Consciente du caractère unique de cet équipement, la ville
décide de le transformer en un lieu touristique retraçant la vie
de la cristallerie et en un centre d’interprétation sur le cristal.
En 1996, le concours d’architecture est remporté par un tandem 100 % liégeois réunissant le bureau d’architectes Dethier
& Associés et l’ingénieur Jean Dehareng.
Deux premières phases de travaux, achevées en 1999 et 2001,
vont permettre la restauration de la toiture et des façades des
ailes sud et ouest, classées par le Patrimoine. S’en suit une
réaffectation de ces deux ailes qui vont désormais pouvoir
accueillir les premières activités touristiques.
La troisième phase du programme, dont les travaux débutent
en 2004, vise à restaurer l’aile nord du château avec une nouvelle affectation touristique, puisqu’il est prévu d’y loger des
espaces d’exposition temporaires et des salles de séminaire.
Mais le projet pose une question plus fondamentale puisqu’il
s’agit d’introduire du contemporain dans de l’ancien.
Mais qu’est ce qui est vraiment ancien ? Sûrement pas la façade
avant, mur pastiche auquel les Sérésiens se sont pourtant habitués ! Les architectes décident donc de renforcer son caractère
formaliste décoratif à l’aide de vitrages de couleur, lui ôtant
son fronton et la convertissant en une façade décor.
C’est dans cette intention que les vitrages, sans châssis, ont été
collés à fleur du parement et que certains d’entre eux sont
teintés aux couleurs traditionnelles de la cristallerie (vert,
rouge bleu, jaune), ou traité façon miroir, suivant un schéma
élaboré avec l’aide du plasticien Jean Glibert.
Côté sud, le volume en bois se dévoile, protégé par une longue et fine toiture horizontale - Photo : © Serge Brison
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Les salles de séminaire sont modulables, ici la variante en configuration 50 places.
Elles offrent une large place au bois sur les murs, au plafond, en séparation et dans les volets extérieurs - Photo : © Serge Brison
Derrière ce mur coloré, ce qui fut l’axe principal au moment
de la présence de l’abbatiale est magnifié. Un volume résolument moderne s’établit en retrait, formé au rez-de-chaussée
d’un espace d’accueil, de deux niveaux dévolus à des salles de
séminaire (l’une des 100 places, l’autre de même capacité mais
fractionnable en 2 x 50 places), puis un salon totalement vitré
émergeant au-dessus du niveau historique, et enfin une fine
toiture horizontale aux larges débordements avant et arrière.
Ce nouveau volume est en quelque sorte un cube, posé en
retrait par rapport à la façade nord, et qui se prolonge au sud
vers l’extérieur, protégé par la longue coiffe.
Pour le rez-de-chaussée et les deux niveaux réservés aux salles
de séminaire, les architectes créent un cube en béton, entièrement recouvert de bois. Le visiteur qui pénètre à l’intérieur
du bâtiment, empruntant notamment les passerelles qui
relient façades anciennes et ce nouvel espace, découvre alors
une seconde façade.
Utiliser le bois dans un contexte si particulier pourrait surprendre, pourtant la démarche a toute sa logique. En posant
un cube, simplement complété de quelques percements, les
architectes se font ébénistes. Avec le bois, ils témoignent également de leur engagement en faveur du développement
durable. Une démarche d’autant plus cohérente qu’à l’arrière
du bâtiment, là où s’ouvrent les salles de séminaire, on peut
découvrir les grandes et belles forêts de la ville de Seraing.
Mais les créateurs mettent surtout en évidence le côté chaleureux du bois, aux prises avec un environnement austère et
massif. Le lieu appelait la présence d’un cœur moderne, mais
surtout vivant, où l’on ressente une émotion. Seul le bois est
apte à faire jaillir de tels sentiments.
En extérieur, le bois mis en œuvre est du padouk, non traité.
Ce bois africain se comporte très bien en revêtement grâce à
sa grande durabilité naturelle et son exceptionnelle stabilité.
Tant que l’on reste dans l’enceinte du château, le bardage est
constitué de lattes posées ajourées pour améliorer l’acoustique du lieu, tandis qu’à l’extérieur le bardage se prolonge
avec des lames de bois jointives.
À l’intérieur, ce bois reste de couleur rouge brun tandis que
soumis au soleil et à la pluie, il tend vers un gris cendré.
Pour l’intérieur des salles de séminaire, un autre bois est utilisé pour ne pas faire d’amalgame. Il s’agit d’un bois très clair:
le bouleau. Il est présent sur les murs et le plafond, sous la
forme de panneaux ajourés et de panneaux perforés pour des
motifs acoustiques, et au niveau des cloisons amovibles qui
permettent de séparer la salle au second niveau.
Dernière particularité du projet, la façade arrière des salles de
séminaire est vitrée sur toute leur largeur. D’épais volets extérieurs, commandés électriquement, pivotent pour jouer avec
la lumière. Ces pare-soleil, à structure métallique, sont habillés
sur leurs six faces avec des lames de padouk. Une fois fermés,
ils se fondent avec le bardage extérieur et réaffirment le caractère austère (monacal) de l’intervention. ❖
En façade avant, le mur pastiche devient décor - Photo : © Serge Brison
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Avis, témoignage
Territoires & Bois
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Le bois et les bâtiments culturels
QU ’ EN PENSENT LES SERVICES DE L’ URBANISME RÉGIONAL ?
La parole à André Delecour
Fonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelle
Aménagement du territoire, Logement, Patrimoine et Énergie
Direction de Liège 1 - Service public de Wallonie
André Delecour opère sur un secteur géographique très particulier, car essentiellement urbain. Dans ce contexte, on
pourrait penser que la présence du matériau bois n’est qu’anecdotique, pourtant il n’en est rien. D’ailleurs l’homme
a nourri une intense réflexion sur ce matériau et sa mise en œuvre dans nos villes.
« Le cas du château du Val Saint-Lambert est à mes yeux un
exemple très emblématique de la bonne utilisation du bois
dans la réaffectation de bâtiments anciens. Dans un tel
ouvrage, destiné à l’accueil du public, il est important de
créer un signal qui interpelle. La grande toiture va dans ce
sens ! Elle a beaucoup fait parler d’elle car l’intervention
n’est pas mimétique, pourtant le dialogue fonctionne bien
grâce à son caractère léger et aérien.
Cette volonté de ne pas rentrer en conflit avec l’existant, et
de s’en distinguer, est également palpable au niveau des
matériaux. Le bois est très présent car il permet d’enrichir
la composition d’ensemble. Il faut être de son époque
et l’affirmer avec force et franchise. Le bois facilite ce
dialogue avec l’existant, sans l’imiter. C’est un ingrédient
qui amène un plus, en douceur, sans violence ni cassure.
Il y a eu unanimité des services du Patrimoine, de
l’Urbanisme, de la ville de Seraing… devant le projet qui
nous était soumis. Le bâtiment est devenu une vitrine du
renouveau de la commune.
Cela reste pour moi une aventure très stimulante et des
plus positives.
Fonctionnaire délégué en charge de la commune de Liège
et de sa périphérie, les projets bois qui me sont soumis
sont presque toujours en milieu urbain.
Je pense que ce matériau est un allier pour faire passer
les choses. Sa force réside dans sa capacité à combler les
interstices de manière positive. Cette complicité qu’entretient le bois avec les autres composants apporte quelque
chose de bénéfique, surtout dans la ville.
Je note un autre intérêt à l’utilisation du bois : il permet
d’entretenir un équilibre entre le caractère contemporain
de l’intervention et le vécu historique du bâtiment. Le
bois, c’est comme une bonne épice qui relève les aliments
et rend le plat beaucoup plus intéressant!
Ici, nous avons beaucoup de projets d’extension sur des
bâtiments très traditionnels, le bois permet de garder la
lisibilité du volume ancien, sans le dénaturer ni l’annihiler.
Il participe à rehausser le niveau de qualité global. »
Depuis le rez-de-chaussée, le padouk habille trois niveaux consécutifs, consolidant le caractère moderne et chaleureux de l’intervention - Photo : © Serge Brison
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Bénédicte Delsemme est la Directrice adjointe d’Immoval s.a., la société de gestion immobilière du
site du Val Saint-Lambert. Elle a participé activement à la finalisation de la restauration de l’aile nord
du château, en assurant aujourd’hui la gestion. Elle nous confie son sentiment sur cette réalisation et
sur ces deux salles de séminaires en bois, les salles “Roma” et “Berlin”.
Peu impliquée dans les choix architecturaux et dans la sélection des
Très vite, la question du recours à une essence de bois exotique
matériaux de construction, chose normale quand on sait que la ville
émerge. « Je déplore un peu d’avoir à faire appel à des essences
de Seraing était le commanditaire, Bénédicte Delsemme ne cache pas
exotiques » confie Bénédicte Delsemme « mais il faut bien constater
sa satisfaction d’administrer ces lieux. « Il y a des matériaux nobles
que le padouk que nous avons mis en œuvre à l’extérieur vieillit
dans la construction et le bois en fait partie. C’est un matériau essen-
extrêmement bien. Aucune essence locale n’avait la teinte initiale
tiel car il est agréable à vivre, à regarder et à toucher ». Le ton est
recherchée, et avec le temps on peut penser qu’un bois indigène
donné ! Et la Directrice adjointe de préciser que « dans l’architecture
aurait grisé et serait devenu terne, ce qui n’était pas la volonté des
moderne que le bureau Dethier & Associés a développée ici, le choix
architectes. Avec le padouk, le temps modifie certes sa couleur, mais
du bois est d’abord esthétiquement agréable ; mais à l’usage, surtout
il garde de belles teintes douces. Esthétiquement, ce choix se justi-
dans des salles de séminaire, il est très bienvenu car il apporte une
fie ! ». Il se justifie d’autant plus que le bois sélectionné est certifié,
sonorité très particulière et agréable ».
attestant qu’il est issu d’une forêt gérée de façon durable.
En terme de qualité de vie, Bénédicte Delsemme évoque l’aspect
Ce ressenti très positif vis-à-vis du bois, les visiteurs le partagent
“cosy” du bois, car « tout en étant très épurées et vides, ces salles
avec la Directrice adjointe. « Les gens qui découvrent ce lieu sont
habillées entièrement en bois rendent toute décoration superflue. Il y
impressionnés. Cette idée de réaliser un cube intérieur en bois, cette
a une ambiance que le bois apporte que ce soit au travers du bois
taille imposante, ce sont des éléments plébiscités. Souvent, ils nous
clair en intérieur, qu’au niveau du bois exotique extérieur ».
demandent quelle est l’essence de bois employée. Et quand ils fran-
C’est une utilisatrice satisfaite, « heureuse de constater que les archi-
chissent le pas de l’une des deux salles de séminaire, ils apprécient
tectes avaient utilisé le bois dans cette rénovation, au contact avec
la présence de ce bois clair, le bouleau, et le bien-être qu’il amène ».
d’autres matériaux nobles que sont le verre, la pierre et l’acier ».
Une nouvelle fois, le bois semble faire l’unanimité en sa faveur !
Les pare-soleil en bois pivotent pour dompter la lumière. Fermés, ils disparaissent en se confondant avec le bardage existant - Photo: © Pierre Lheureux
Années de construction : de 2004 à 2007
Durée des travaux : 36 mois
Surface (SHON) : 3 395 m2
Coût de la construction (HTVA) : 3 987 000 €
Maître d’ouvrage :
Ville de Seraing
Maître d’œuvre :
Association momentanée
Dethier & Associés SA
Tél. : +32 (0)4 254 48 50
E-mail : [email protected]
& Jean Dehareng sprlu
Tél. : +33 (0)4 252 19 38
E-mail : [email protected]
Artiste plasticien :
Jean Glibert
Tél. : +32 (0)2 513 23 58
Entreprises de construction :
Entreprise Bajart s.a. (menuiserie intérieure)
Tél. : +32 (0)81 45 05 05
E-mail : [email protected]
Menuiserie Van Gysegem (menuiserie extérieure)
Tél. : +32 (0)4 223 52 77
E-mail : [email protected]
caractéristiques de l’ouvrage
Autre regard
« Le bois apporte une ambiance différente… »
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Territoires & Bois
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Le bois et les bâtiments culturels
LA MAISON DU PARC NATUREL À BON - SECOURS
( PÉRUWELZ ) :
•
Le bois rapproche nature,
pédagogie et espace de travail
La Maison du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut est un
équipement à vocations multiples, à la fois musée de la forêt
destiné aux touristes de tous âges, espace pédagogique pour
enfants et adultes grâce à ses ateliers nature, et enfin lieu
de travail où se côtoient scientifiques et personnel
administratif. Implanté dans un site sensible, le bois
contribue à fédérer, avec délicatesse, ces différentes missions.
Le site de la Plaine des Sapins est un lieu très présent dans la
mémoire collective des habitants de Bon-Secours. Durant la
seconde guerre mondiale, beaucoup n’ont eu d’autre choix
que de venir y abattre des arbres pour pouvoir se chauffer.
Installer un équipement de plus de 1 000 m2 dans un lieu aussi
fort n’est pas chose aisée : une observation fine du terrain, une
analyse minutieuse du programme et une composition adaptée au site sont autant d’étapes essentielles.
En arpentant le site à pied, de long en large, l’architecte
Stéphane Meyrant décèle un magnifique chêne pédonculé à la
silhouette majestueuse. Donner un écrin à cet arbre magnifique pour le hisser au rang de symbole devient très vite la
ligne directrice qui va guider l’implantation du futur ouvrage.
Un relevé en trois dimensions du chêne, l’analyse de la croissance probable de ses branches et de son circuit racinaire
donnent naissance aux premières esquisses. Le bâtiment se
positionnera autour de l’arbre, à la périphérie de sa couronne.
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Le bureau Arcadus architecte sprl imagine une composition
sous la forme de différentes boîtes. Pour mettre en relation
directe les ateliers d’éveil destinés aux enfants et les services
administratifs du Parc Naturel avec la nature environnante,
ceux-ci prennent place dans un niveau légèrement enterré, au
sein d’un volume en verre. Au-dessus, trois grandes boîtes en
bois, allusion à la forêt, permettent de répondre aux besoins
de la scénographie. Cet espace muséal est traité comme un
véritable parcours à travers des volumes fermés.
Une rotonde vitrée fait office d’accueil principal. Elle déborde
sur l’ancienne voirie, élément d’appel depuis la rue.
Cette disposition particulière offre de nombreux avantages.
Elle vient valoriser le chêne en l’embrassant, et elle indique
clairement son caractère central dans cette composition d’ensemble. D’autre part, le bâtiment présente des volumétries
changeantes associées à des orientations distinctes. Ceci le
rend discret et très attractif car il éveille la curiosité du visiteur
qui souhaite immédiatement en savoir plus.
En bas, le grand volume vitré permet au regard de traverser librement le bâtiment, alors qu’à l’étage se développent trois volumes en bois fermés - Photo : © Serge Brison
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Bien que le bâtiment soit réalisé avec des moyens financiers
mesurés, il est un digne représentant de la mise en œuvre des
principes du développement durable dans la construction.
Le bois, matériau naturel et renouvelable qui ne nécessite pas
de transformation avide en énergie, est largement représenté
dans la structure de l’étage et le revêtement extérieur. Ce bois
est bien sûr issu de forêts certifiées, garantissant la gestion
durable de la forêt et la pérennité des surfaces sylvicoles.
Pour le volume inférieur, totalement vitré, le bois intervient
dans la réalisation des châssis, sous forme d’afzelia.
Pour satisfaire la réglementation en matière d’accueil du
public, les trois volumes supérieurs sont réalisés en bois et en
béton. Le béton est mis à contribution pour les dalles, conférant une bonne inertie à la construction, tandis que les murs
sont en ossature bois et la charpente en bois lamellé-collé.
Pour ce travail, le bois n’a pas été privilégié sur un critère
esthétique, en effet les trois boîtes sont totalement fermées
empêchant de voir les parois. L’architecte a été séduit par la
légèreté du matériau, ses qualités d’isolant acoustique et thermique, et par son comportement exemplaire face au feu.
En bardage extérieur, l’essence mise en œuvre est le cèdre,
posé sans aucun traitement. Il s’agit d’un bois extrêmement
durable, très solide et qui se laisse facilement travailler.
La Maison du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut constitue un
excellent exemple de la rencontre réussie entre une implantation, un geste architectural et l’utilisation du matériau bois. ❖
Ci-dessus, la rotonde vitrée permet d’accueillir le public qui ne manquera pas
d’admirer le chêne pédonculé tout proche - Photo : © Serge Brison
Ci-contre, l’intérieur de la rotonde avec son plancher et ses aménagements
intérieurs également en bois - Photo : © La Fibre Comm.
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Autre regard
Avis, témoignage
Territoires & Bois
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Le bois et les bâtiments culturels
QU ’ EN PENSENT LES SERVICES DE L’ URBANISME RÉGIONAL ?
La parole à Patrick Roussille
Fonctionnaire délégué - Directeur de la Direction générale opérationnelle
Aménagement du territoire, Logement, Patrimoine et Énergie
Direction du Hainaut 1 - Service public de Wallonie
Basé à Mons, Patrick Roussille a en charge une zone géographique très spécifique s’agissant de la Wallonie picarde.
Sur ce territoire, l’usage du bois en extérieur a toujours été anecdotique, mais aujourd’hui les demandes dans ce sens
se font plus nombreuses. Alors, comment concilier architecture “historique” et nouvelles attentes de la population?
« Le projet de la Maison du Parc Naturel des Plaines de
l’Escaut revêt un caractère tout à fait particulier car il a une
connotation très marquée en direction de la protection de
l’environnement. De plus, il s’agit d’un bâtiment communautaire. Ce sont deux raisons pour lesquelles l’utilisation
du bois me semble plus adaptée qu’ailleurs.
Sur mon territoire, nous constatons une demande croissante en faveur du matériau bois, pour autant ce matériau
me paraît mieux trouver sa place dans deux typologies
constructives : les bâtiments communautaires et les bâtiments en zone habitat.
En effet, dans nos villages ruraux, vous noterez que le bois
est absent, or notre vocation est de préserver leur aspect
typique. C’est souvent dans ces zones plus arborées, au
caractère campagnard affirmé, que l’on nous soumet de
grands projets avec le bois. Le problème, c’est que les gens
choisissent ce matériau pour se distinguer du paysage établi. Ceci n’est pas acceptable car on fait fi de la nécessité de
s’intégrer dans un urbanisme existant.
Mais n’allez pas croire que nous nous opposons au développement de projets en bois ! Nous nous montrons
accueillants et compréhensifs. Mais nous ne souhaitons
pas voir le bois s’exposer n’importe comment.
Par exemple, il est des projets qui marchent très bien avec
ce matériau, ce sont les bâtiments agricoles. Le bois leur
permet de s’intégrer dans l’environnement de manière à la
fois plus douce et plus forte. Nous poussons dans ce sens.
Trop souvent les projets oublient la question de l’entretien
du bois. Nous habitons une région très humide. On prône
l’utilisation d’essences wallonnes en bardage, mais elles
réclament un entretien constant. Alors on nous présente
du cèdre, qui vieillit assez bien, mais malheureusement ce
n’est pas une essence wallonne.
Ici, nous utilisons des matériaux dits “traditionnels” car ils
résistent bien aux intempéries. Le bois comme le métal
éprouve des difficultés à traverser le temps.
Même si notre position face au bois est mitigée, nous
essayons de ne pas le pénaliser et lui laissons sa chance. »
« Un geste architectural à la mesure du projet… »
IDETA, l’Agence Intercommunale de Développement de Wallonie picarde, a joué un rôle d’ensemblier
sur ce dossier. Mais cette Intercommunale s’est illustrée bien avant le début du programme en prônant
une démarche novatrice de développement basée notamment sur le tourisme, comme nous l’explique
son Directeur général, Pierre Vandewattyne.
La réalisation d’un équipement collectif est toujours un moment fort
C’est ainsi qu’au-delà des Maisons pour les Parc Naturels, sont appa-
dans la vie d’un territoire, et la Maison du Parc Naturel est un des
rus d’autres pôles d’attraction comme la Maison des Randonneurs à
éléments au sein d’une stratégie plus globale. Comme l’illustre Pierre
Mont de l’Enclus, la Maison du Sucre à Frasnes-lez-Buissenal, la
Vandewattyne, « la volonté d’IDETA, qui produisait essentiellement
Maison des Plantes médicinales à Flobecq…
de l’espace économique, a été de s’ouvrir à une notion beaucoup plus
Pour les Plaines de l’Escaut, Pierre Vandewattyne se souvient de la
large de développement. Vers 1994, c’était une première pour notre
difficulté à gérer un tel dossier car « nous souhaitions créer un lieu
territoire que de réfléchir à une autre valorisation de son tissu, fait de
fort. Cette Maison devait accueillir l’équipe du Parc, le public, et nous
petites villes et d’un espace rural de qualité ».
y rajoutions une dimension touristique. Nous avons mis les choses
Très rapidement l’axe touristique émerge. « IDETA a soutenu le déve-
en commun et nous avons dû gérer 9 procédures différentes ! ».
loppement des Parc Naturels, aussi bien les Plaines de l’Escaut que
Portant une appréciation sur l’ouvrage de Bon-Secours, le Directeur
le Pays des Collines ». Et quand se pose la question de l’affirmation
général d’IDETA estime avec satisfaction que « le geste architectural a
de l’identité de ces parcs et des bâtiments affectés à leurs activités,
été à la mesure du projet. Avec l’idée d’enrouler le bâtiment autour du
« nous avons proposé la création d’équipements publics collectifs,
chêne présent, le choix du bois s’est imposé naturellement à tous les
destinés au fonctionnement de ces structures et mis en réseau entre
partenaires ». Un projet qui, aux yeux de Pierre Vandewattyne « trouve
eux pour une meilleure animation sur tout le secteur ».
son aboutissement avec le Promenoir des Cimes, enfin réalisé ! ».
Directeur administratif du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut, Reinold Leplat est un “locataire” de
la Maison du Parc depuis son origine. À côté de son appréciation sur ce bâtiment et l’utilisation du
matériau bois dans sa construction, il témoigne également d’une voie innovante empruntée par le Parc
pour valoriser ses paysages et son patrimoine forestier.
Pour l’utilisateur qu’il est, « le site de Bon-Secours est l’équipement
Souvent les gens s’étonnent que le bois ne soit pas traité, ils croient
phare du Parc Naturel. Ce lieu unique qui héberge la vingtaine de col-
que c’est obligatoire ». Alors le personnel du Parc se fait pédagogue
laborateurs du Parc, accueille le grand public et propose un espace
car « c’est une forme de responsabilité. Si on emploie la bonne
pour les classes ». Dissocier ces fonctions aurait été une erreur car
essence de bois, il n’y a aucun produit supplémentaire à utiliser, rien
pour le Directeur administratif « les gens extérieurs peuvent, ici,
qui ne puisse être toxique. En plus, on évite tout entretien annuel ! ».
retrouver toutes les informations qu’ils attendent sur notre territoire.
Ce sentiment de responsabilité, le Parc l’illustre parfaitement au tra-
De leur côté, les habitants disposent d’un point relais. Et finalement,
vers l’achat récent d’une chaudière à bois pour son bâtiment, mais
la partie scénographique donne les clés de compréhension de la
pas n’importe quel bois ! « Le saule têtard est un arbre emblématique
forêt, invitant les personnes à découvrir la vraie forêt ».
de notre paysage. Il s’agit d’un véritable écosystème à lui seul car il
Aujourd’hui, le périmètre des Plaines de l’Escaut est symbolisé par
héberge plein d’animaux » précise Reinold Leplat.
son bâtiment. « Le choix architectural et l’option en faveur du bois
Mais le problème de ce bois est sa perte d’attractivité économique.
dans ce bâtiment donnent sa personnalité au Parc » relève Reinold
« Avant, on taillait les saules têtards tous les 5 à 7 ans et le bois ser-
Leplat. Il y voit « un bâtiment qui s’intègre de manière optimale au
vait pour le chauffage. Sans demande, les arbres ont cessé d’être
site : discret par rapport à son environnement, qui n’écrase pas
coupés. Mais en poussant, les branches vont écarteler le saule têtard
malgré sa taille, et qui sait se dévoiler progressivement ».
et provoquer sa mort précoce ! ». Grâce à son action, la Maison du
Interrogé plus directement sur le bois, l’homme note que « le cèdre,
Parc redonne un intérêt à cette taille, « on maintient les paysages, on
posé naturel, prend une patine très particulière et très plaisante à
incite à la replantation, on substitue une énergie renouvelable à des
l’extérieur ; alors qu’en intérieur, il est resté légèrement orangé.
énergies fossiles, et on crée des emplois locaux ». Bravo !
Jouxtant la Maison du Parc, le Promenoir des Cimes permet de rejoindre la canopée. L’acier a été choisi pour se faire discret, léger et élégant - Photo : © Serge Brison
Années de construction : 1998-2000
Durée des travaux : 18 mois
Surface (SHON) : 1 031 m2
Coût de la construction (HTVA) : environ 580 000 €
Maître d’ouvrage :
Administration communale de Péruwelz
Maître d’œuvre :
ARCADUS architecte sprl
Gérant : Stéphane Meyrant
Collaborateurs : Anne Begon, Styvie Bourgeois,
Nunzia Brazioli, Benjamin Bulot, Mickaël Mercier,
Sébastien Moulin, Benoît Rosenoer
caractéristiques de l’ouvrage
Autre regard
« Le bois, c’est une forme de responsabilité… »
Tél. : +32 (0)69 77 67 81
E-mail : [email protected]
Entreprises de construction :
ABC Études et Construction (entreprise générale)
Tél. : +32 (0)69 59 04 00
E-mail : [email protected]
L. Dumay - Canard et Fils S.A. (lot bois)
Tél. : +32 (0)71 64 42 50
E-mail : [email protected]
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Territoires & Bois
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Le bois et les bâtiments culturels
LA BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE DES ARTS SAINT-LUC À TOURNAI :
Le bois donne naissance à
un “navire de la culture”
•
L’École Supérieure des Arts Saint-Luc de Tournai dispense un
enseignement dans le domaine des arts plastiques. L’ancienne
bibliothèque étant devenue trop exiguë, un nouveau bâtiment a
été construit pour cet usage et pour augmenter le nombre de
nouvelles salles à disposition. Avec le bois, le vocabulaire de
cette réalisation se veut résolument marin. Larguez les amarres !
Face à un manque chronique de place, l’école a souhaité réaliser une nouvelle bibliothèque avec plusieurs salles de lecture
et des salles de classe pour que ses élèves puissent travailler à
la création de maquettes d’intérieurs ou de publicité.
La première difficulté de ce dossier a été de trouver un endroit
adéquat pour loger cette construction. À l’intérieur des lieux,
entre les bâtiments, les architectes ont repéré une zone en
prolongement d’un petit bâtiment fin et allongé. Le site paraît
le plus adapté mais il faut permettre aux camions des pompiers d’accéder et de pouvoir contourner l’édifice. Ainsi naît
l’idée de la forme ronde, en bout de bâtiment.
Pour abaisser au maximum le coût du programme, les architectes travaillent avec peu de matériaux: une structure en
métal, un peu de béton, des panneaux métalliques autoportants en toiture, des briques et du bois en parement.
La partie cylindrique de la bibliothèque, semi-enterrée, abrite
deux salles de lecture en duplex. L’autre partie du bâtiment fait
place à la bibliothèque au rez-de-chaussée, à deux salles de
classe au premier et à une autre salle au grenier.
En haut de la partie circulaire, on jouit d’une vue sur le fleuve
l’Escaut. L’idée consiste alors à créer, ici, la proue du “navire de
la culture”, les hublots renforçant cette évocation.
À l’époque du projet, la technique de l’ossature bois n’étant
pas encore assez diffusée, la structure est réalisée de manière
traditionnelle, en briques de terre cuite.
Par-dessus, un bardage en cèdre, préalablement cintré en
atelier, a été posé. Le commanditaire ne souhaitant voir ce bois
se patiner, un produit de finition - une huile - a été appliqué.
Enfin, une grande attention a été portée aux hublots en bois à
la fois ronds et courbés, fabriqués à l’unité. ❖
Vue générale sur le projet et sa proue - Photo : © La Fibre Comm.
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Dans le cas du bâtiment de Tournai, le bardage en cèdre décrit
plus d’un demi-cercle. Pour un travail de ce type, il aurait été
plus logique et plus facile d’opter pour un bardage au moyen
de lames posées verticalement, mais c’est sans compter sur
l’esprit de défi de l’architecte !
Il existe nombre de techniques différentes pour cintrer du bois,
plus ou moins adaptées selon l’essence, parmi celles-ci :
■
la découpe dans du bois massif. C’est une approche simple et
■
le bois lamellé-collé, qui consiste à coller plusieurs morceaux
très utilisée, mais à réserver à des cintres de faible amplitude.
de bois serrés dans un moule, et à les laisser sécher.
■
le cintrage à chaud. Le réchauffement du bois (dans un bain
d’eau chaude, par projection de vapeur d’eau, grâce à un courant électrique) permet le ramollissement de la cellulose. Le
bois est ensuite séché, contraint dans un moule.
■
les entailles. On coupe des entailles droites que l’on encolle
Le projet met en œuvre peu de matériaux différents - Photo : © B. de Deurwaerder
directement ou via un placage intérieur, en laissant sécher sous
la contrainte du cintre désiré. L’option d’encoller les entailles a
été retenue pour le projet de Tournai.
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la déstructuration des fibres du bois. Le bois, débité à dimension est ramolli par chauffage, puis compressé dans le sens de
la longueur, ce qui entraîne sa déformation transversale.
Après cette étape, sur le chantier, il est important de disposer le
lattis de manière beaucoup plus rapprochée qu’à l’accoutumée.
Ceci d’autant plus que le rayon de courbure est prononcé.
Le travail de pose doit être exécuté de manière minutieuse car il
faut absolument que les clous de début et de fin de chaque lame
de bardage rencontrent une lambourde. À défaut, une planche
pourrait perdre une partie de sa courbure et flotter dans le vide.
Un travail très méticuleux a été accompli pour de la pose du bardage : jamais
deux joints ne sont l’un au-dessus de l’autre - Photo : © B. de Deurwaerder
Le lattis, fixé avec des chevilles, est très resserré - Photo : © B. de Deurwaerder
Années de construction : 2001-2002
Durée des travaux : 9 mois
Surface (SHON): environ 550 m2
Coût de la construction (HTVA) : environ 500 000 €
Maître d’ouvrage :
Institut Saint-Luc Tournai
Maître d’œuvre :
Cabinet d’architecture du Bois Jacquet sprl
Architecte : Bernard de Deurwaerder
Tél. : +32 (0)475 53 26 30
E-mail : [email protected]
Entreprises de construction :
Artea (entreprise générale)
Tél. : +32 (0)56 32 66 88
E-mail : [email protected]
Castus Build (lot bois)
Tél. : +32 (0)56 40 22 80
E-mail : [email protected]
caractéristiques de l’ouvrage
Aspects techniques
En savoir plus sur la réalisation et la pose d’un bardage cintré
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Éditeur responsable : Nadine Godet ■ Rue de la Converserie, 44 ■ 6870 Saint-Hubert
Prochaine parution
Le bois dans les plaines de jeux et les zones de loisirs
Le Domaine Provincial de Chevetogne (Ciney) et les abords de la plaine de jeux des cabanes perchées - Photo : © Vincent Matthys
Pour retrouver d’autres bâtiments publics et privés
d’intérêt collectif où le bois s’illustre :
www.territoiresetbois.org
Document réalisé par Valbois RN.
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