Corrigé du DST #1
Première partie : Mobilisation des connaissances
1. En quoi l'approche en termes d'IDH complète-t-elle celle en termes de PIB ?
Le produit intérieur brut a été inventé par Simon Kuznets en 1934 afin de mesurer l'effet de la Grande Dépression sur
l'économie. Il mesure la production économique réalisée à l’intérieur d'un pays donné par les agents économiques résidant à
l’intérieur de ce territoire. Il peut se calculer de différentes manières, en mesurant la production, les revenus distribués ou les
composantes de la demande globale. L’augmentation soutenue du PIB sur longue période correspond à la croissance
économique.
Le PIB est donc un indicateur quantitatif, qui néglige de nombreux aspects (production domestique, externalités, économie
souterraine, ..) et ne permet pas de mesurer la qualité de vie et le développement, c’est-à-dire les transformations structurelles et
qualitatives qui accompagnent la croissance. Par exemple, la richesse peut être accaparée par une minorité, ou ne pas profiter à la
population si les services publics d’éducation et de santé ne sont pas performants. La richesse peut s’accompagner d’un niveau
de pollution insoutenable.
C’est pourquoi l'économiste indien Amartya Sen a créé en 1990 pour le PNUD (programme des Nations Unies pour le
développement) l’Indice de Développement Humain. Celui-ci fait la moyenne géométrique de quatre indicateurs, mesurant le
niveau de santé (espérance de vie à la naissance), d’éducation (durée moyenne de scolarisation et durée attendue de
scolarisation), et le niveau de vie (revenu national brut par habitant en parité de pouvoir d’achat).
La mesure du niveau de vie grâce au RNB permet de tenir compte des flux de revenus du pays avec l’extérieur, et la conversion
en PPA de mesurer le pouvoir d’achat réel de la population en biens et services. Le niveau de santé permet de mesurer
indirectement la satisfaction des besoins matériels essentiels tels que l'accès à une alimentation saine, à l'eau potable, à un
logement décent, à une bonne hygiène et aux soins médicaux
L'éducation a des effets directs sur le revenu et la productivité de chacun. Elle traduit la satisfaction des besoins immatériels tels
que la capacité à participer aux prises de décision sur le lieu de travail ou dans la société, d'avoir une plus grande liberté de choix
de vie. Enfin, les personnes les plus éduquées déclarent un plus grand bien-être subjectif, sont en meilleure santé et ont plus de
liens sociaux.
L’IDH a l’avantage d’introduire des éléments qualitatifs dans la mesure du développement et de montrer que la corrélation entre
niveau de vie et développement n'est pas parfaite. Un pays peut avoir un niveau de vie moyen élevé mais un IDH inférieur à
celui d'un pays moins riche en moyenne par habitant. L’IDH complète donc utilement le PIB. Il peut lui-même être complété par
d’autres indicateurs, comme l’Indice de développement humain ajusté aux inégalités (IDHI) qui a pour objectif de déflater l’IDH
en tenant compte des inégalités dans la répartition de chaque dimension au sein de la population, ou encore par l’Indice des
Inégalités de Genre.
2. Comment l’accumulation du capital contribue-t-elle à la croissance ?
Au sens strict, l’accumulation de capital correspond à l’accroissement du stock de capital fixe. Celui-ci augmente grâce aux flux
d’investissements mesurés par la FBCF, mais est diminué par l’usure du capital fixe (amortissement). C’est avec l’augmentation
de la quantité de travail et le progrès technique, une des sources majeures de la croissance économique (augmentation soutenue
sur longue période du PIB). En effet, il améliore l’offre et soutient la demande.
Il agit sur la demande de deux façons :
Tout d’abord, il augmente la demande de biens d’équipement adressée aux secteurs des machines-outils, de la construction, des
transports…ce qui va accroître la demande globale et obliger les entreprises de ces secteurs à augmenter leur production.
Ensuite, cette production nouvelle va se traduire par l’embauche de nouveaux travailleurs et par la distribution de revenus
supplémentaires. Les salariés vont accroître leur consommation de biens et de services ce qui multiplie la demande et accélère la
croissance économique (phénomène du multiplicateur de Keynes).
L’investissement agit également sur l’offre de produits de plusieurs façons :
L’augmentation du stock de capital fixe, c’est-à-dire les capacités de production, va permettre aux entreprises de produire plus si
la demande est au rendez-vous, et d’augmenter les biens et services à disposition des consommateurs. L’investissement de
capacité correspond à des équipements supplémentaires (machines, bâtiments, outils..) qui nécessiteront par ailleurs l’embauche
de travailleurs supplémentaires.
Ensuite, un investissement se traduit souvent par l’achat de machines plus performantes parce qu’elles incorporent le progrès
technique. L’investissement de productivité, qui substitue le capital au travail, permet d’augmenter les quantités produites et/ou
de diminuer les coûts unitaires, que l’entreprise peut répercuter sur les prix, ce qui va rendre les entreprises plus compétitives sur
le marché intérieur et sur les marchés extérieurs. La demande devrait augmenter et les entreprises devraient produire plus.
Enfin, un investissement de remplacement rajeunit le stock de capital fixe, ce qui accroît son efficacité car les nouveaux
équipements ont également incorporé le progrès technique, et ont un taux de panne plus faible. Ainsi, le remplacement d’un vieil
ordinateur par un ordinateur de nouvelle génération améliore l’efficacité du système productif car ce dernier a plus puissance et
de fonctionnalités.
L’incorporation du progrès technique permet d’améliorer l’efficacité globale de la combinaison productive (PGF).
L’accumulation de capital, prise au sens large, peut aussi concerner d’autres capitaux, et favoriser une croissance endogène, qui
suscite en continu du progrès technique. L’interaction du capital humain (Lucas), du capital technologique (Romer), ou du
capital public (Barro), dégagent des externalités positives et permettent des gains de productivité qui alimentent la croissance.
3. Présentez le lien entre productivité globale des facteurs et progrès technique.
En analysant l’apport des facteurs travail et capital à la croissance, Robert Solow (1956) remarque qu’il existe un résidu
inexpliqué, qu’il attribue à un troisième facteur de production, le progrès technique. Celui-ci correspond à la somme des
innovations, de produits (innovations majeures ou incrémentales) ou de procédés : nouvelle organisation du travail (fordisme,
toyotisme,…), nouvelle organisation de la production (juste à temps, flux tendus, qualité totale,…), nouvelle organisation des
relations interentreprises (sous-traitance,…); ou encore innovation dans l’organisation de la distribution (franchises), selon la
typologie de J. Schumpeter.
Solow complète donc l’analyse de la croissance en ajoutant le progrès technique à la classique fonction de production (Cobb-
Douglas), qui associe travail et capital dans une combinaison qui peut être complémentaire ou substituable, en fonction de la
contrainte technologique et du prix relatif des facteurs.
Selon lui, le progrès technique permet d’améliorer la combinaison productive, en repoussant la contrainte technologique, ce qui
permet de substituer du capital au travail, et de lutter contre la loi des rendements décroissants de David Ricardo (Principes de
l’économie politique et de l’impôt, 1817), selon laquelle l’ajout de quantités de facteur supplémentaire se traduit par un
rendement marginal moindre. De ce fait, les économies ne devraient pas se diriger vers l’ « état stationnaire » prophétisé par
Ricardo, mais obtenir une croissance améliorée par le progrès technique, considécomme exogène au modèle, imprévisible et
inexpliqué.
On parle pour ce résidu inexpliqué, de productivité globale des facteurs, qui peut se définir comme le rapport entre une
production et les ressources mises en œuvre pour l’obtenir. Elle permet de mesurer l'efficacité de la combinaison productive. La
croissance de la productivité globale des facteurs est la partie de la croissance de la production qui n'est expliquée ni par la
croissance de l'emploi, ni par la croissance du stock de capital productif, mais par le progrès technique qui améliore l’efficacité
de la combinaison productive.
La mesure de la PGF permet de faire une distinction fondamentale entre deux régimes de croissance. On qualifie celle-ci
d’extensive, lorsqu’elle provient principalement de l’augmentation de la quantité utilisée de facteurs (travail et capital), ou
d’intensive, quand son origine réside surtout dans la productivité globale des facteurs.
4. Quel est l’apport des théories de la croissance endogène à la compréhension de la croissance ?
Robert Solow considérait que le résidu, c’est-à-dire les gains de productivité globale des facteurs, ne pouvait être expliqué par
son modèle. Il était exogène au modèle. Il attribuait donc ces gains de productivité au progrès technique qui « tombait du ciel »
c’est-à-dire qu’il résultait de découvertes qui sont aléatoires.
Les théories récentes de la croissance endogène cherchent à construire des modèles qui expliquent l’apparition du progrès
technique. Ces modèles ont été développés à partir des années 1980, notamment par Paul Romer (1986), Robert Barro (1991), ou
Robert Lucas (1988). Ils se fondent sur l'hypothèse que la croissance génère par elle-même le progrès technique. Le progrès
technique est donc « endogène » à la croissance de la production.
La croissance économique trouve donc sa source dans l’accumulation et l’interaction de différentes formes de capitaux
(technologique, physique, humain, public) utilisés par les différents agents économiques. La croissance dépend donc de
l’accumulation de capital au sens large.
En effet ces différents investissements vont permettre d’obtenir des gains de productivité, mais aussi produire des « externalités
positives » c’est-à-dire des avantages procurés aux autres agents économiques sans qu’ils en aient à payer le coût. Par exemple le
capital public (Barro) qui correspond à l’ensemble des infrastructures publiques offertes par l’Etat et les collectivités locales
(Ecole, universités, routes, canaux, aéroports,…), permet d’améliorer les réseaux de communication ou de transport, de former
des étudiants (universités), ce qui permet aux entreprises d’améliorer leur productivité. Un capital humain élevé (Lucas), c’est-à-
dire l’ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par l'accumulation de connaissances ou d’expériences, permet
à la population d’innover, de s’approprier et de diffuser plus rapidement les nouvelles technologies, ou de se reconvertir plus
rapidement. Les investissements dans le capital physique et technologique (Romer) vont permettre d’innover et d’incorporer ces
innovations dans les méthodes de production, ce qui permet de faire des gains de productivité mais requiert une élévation du
capital humain. Les capitaux sont donc en interaction.
La croissance est donc un phénomène cumulatif et continu. Elle fournit des ressources financières et immatérielles qui vont
soutenir les investissements dans les différents capitaux. Aussi les économies ne devraient donc pas tendre vers un état
stationnaire. Elles ne sont pas soumises aux aléas d’un progrès technique qui « tomberait du ciel ».
Deuxième partie : Étude d’un document
Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence l’évolution du PIB en France depuis 1950.
Ce document est un graphique intitulé « Evolution du PIB en France », par rapport à l’année précédente et en pourcentage. Il est
tiré des Tableaux de l’économie française publiés par l’INSEE en 2012.
En présentant la croissance en valeur et en volume, il cherche à mettre en évidence les effets de l’inflation sur la croissance de la
production entre 1950 et 2010.
Constat général : La France a connu une croissance continue de sa production sur la période, entrecoupée seulement de trois
années de récession (1974, 1993, 2008). Cependant cette croissance diminue, en valeur comme en volume, au fil du temps. La
croissance en volume est divisée par trois environ sur la période. Elle passe ainsi de 6% environ en moyenne sur la période 1950-
1974, à 2% environ sur la période 1993-2008. Le PIB n’a donc cessé d’augmenter, mais de manière de plus en plus faible.
Constats secondaires : La croissance en valeur a diminué beaucoup plus fortement que la croissance en volume (14% environ en
moyenne sur la période 1950-1980, contre 4% en moyenne sur la période 1993-2008), signe d’une diminution de l’inflation
visible dès le milieu des années 1980. L’inflation a donc été forte pendant les 30 glorieuses, et a été maitrisée à partir des années
1980 pour s’établir à 2% par an environ sur la période récente.
On peut enfin noter que les récessions récentes (1993, 2008) se traduisent par une diminution des prix et de la production, et non
par une flambée des prix comme en 1973.
Conclusion : Si l’effet-prix a joué beaucoup des années 1950 jusqu’à la fin des années 1980 (croissance en valeur importante), il
est faible depuis, signe d’une croissance effective inférieure à la croissance potentielle.
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