CHAPITRE 2 : LES ETATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS 1945

CHAPITRE 2 : LES ETATS-UNIS ET LE MONDE DEPUIS 1945
Introduction :
Dès 1945, les États-Unis semblent vouloir user de leur puissance qui s’est considérablement
accrue, pour réorganiser les relations internationales. En effet, au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale se produit un tournant majeur dans la politique américaine au XXe siècle :
les États-Unis assument leur puissance, désormais globale, et s’engagent pour la première fois
dans le monde en temps de paix. Dans le contexte de la guerre froide qui voit deux modèles
s’affronter, la force de leur économie leur permet de développer les autres facettes d’une
puissance sans précédent. Après l’effondrement du bloc communiste, les États-Unis tentent
d’instaurer un « nouvel ordre mondial » mais les enjeux sont différents. Durant ces
différentes périodes, ce pays a évolué dans le but d'acquérir une place notable dans le monde.
Ainsi, à travers l'exemple des Etats-Unis, comment peut-on analyser la construction de la
notion de puissance ?
Leçon 1 : Quel est le rôle des Etats-Unis dans la mise en place d'un nouvel ordre mondial ?
A) En 1945, les Etats-Unis, architectes d'un nouvel ordre mondial.
Questions :
1) Dans quels domaines les Etats-Unis comptent-ils agir pour bâtir un nouvel ordre mondial en
1945 ?
2) Sur quels fondements ?
3) Quelles difficultés doivent-ils surmonter ?
Les États-Unis interviennent d’abord dans le domaine économique : ils façonnent les institutions
internationales qui se donnent pour objectifs de garantir la stabilité monétaire et la liberté du
commerce. Par ailleurs, le dollar s’impose comme la monnaie de référence. En 1947, pour relancer
l’économie mondiale, les États-Unis viennent en aide massivement aux pays d’Europe occidentale
avec le plan Marshall. En échange, ces derniers ouvrent leur marché aux produits américains. Les
États-Unis interviennent également dans le domaine politique, poussant à la création de l’ONU,
chargée d’assurer la « sécurité du monde ».
2)Les États-Unis et le Royaume-Uni s’appuient sur la Charte de l’Atlantique (août 1941) et
rappellent leur attachement, lors de la conférence de Yalta, au principe des droits des peuples à
disposer d’eux-mêmes et à la démocratie (doc. 1). Les deux puissances militent pour la mise en
place d’une organisation chargée d’instaurer un système de sécurité collective. Dans le domaine
économique, les États-Unis défendent le libre-échange censé renforcer les liens entre les nations.
3. La première difficulté est l’état du monde au lendemain de la guerre. L’Europe est très
affaiblie et en ruines. Par ailleurs, les Soviétiques ne peuvent souscrire à la mise en place
d’un monde fondé sur des valeurs libérales. De fait, l’ordre voulu par les États- Unis en
1945 se heurte aux réalités de la guerre froide. En Europe, les Soviétiques imposent des
régimes communistes dans les pays occupés par l’armée rouge, violant par là-même les
principes énoncés lors de la conférence de Yalta
Ainsi :
– Une forme militaire : seuls les États-Unis possèdent l’arme nucléaire
– Une forme économique : la puissance financière des États-Unis leur permet de dicter les
nouvelles règles du jeu économique, notamment lors de la conférence de Bretton Woods en
1944.
– Une forme politique : les États-Unis sont incontournables dans la fondation du nouvel
ordre mondial de l’après- 1945. Le siège de l’ONU situé à New York symbolise le
déplacement du centre de gravité politique de la planète de l’Europe vers l’Amérique.
Dès 1944, lors de la conférence de Bretton Woods, les États-Unis posent les fondements du
développement économique du monde après 1945. La conférence crée le FMI, la BIRD, chargée
d’accorder des prêts aux pays en développement, et consacre le dollar comme seule monnaie
internationale. En 1947, les idées libérales triomphent avec la naissance du GATT chargé de
réglementer les échanges commerciaux. Ce système ne parvient toutefois pas à rassembler toutes les
nations
B) Les Etats-Unis et l'Europe au lendemain de la guerre
Au lendemain de la guerre, l'Europe occidentale, libérée des dictatures fascistes et nazies par
les troupes américaines est en ruine. Les Etats-Unis entendent l'aider à se reconstruire. Dans
un contexte de début de guerre froide, l'objectif est d'éviter l'expansion du communisme
soviétique. Ils se placent donc comme leader du monde libre. Le président Truman annonce en
mars 1947 le containment, en juin dans le but de reconstruire économiquement l'Europe,
l'Amérique propose le plan Marshall.
Synthèse , essentiel à retenir
Les Etats-Unis, à l'origine de la victoire alliée, ressortent renforcés du second conflit mondial.
Le pays est, avec l'URSS, le grand vainqueur du nazisme.
Il se place en architecte d'un nouveau monde : d'un point de vue politique, les Etats-Unis sont les
artisans de la création de l'ONU créée en juin 1945/
L'objectif est ici multilatéraliste (coopération de plusieurs Etats pour respecter le droit international.
Le siège est d'ailleurs à New York (auparavant pour la SDN à Londres)
Dans le domaine économique, ils sont à l'initiative du FMI ; de la BIRD.
La conférence de Bretton Woods rend le dollars monnaie internationale.
Les Etats-Unis s'affirment comme leaders du monde libre. En Europe, ils mettent en place le
containment (endiguement : politique établie en vue de faire barrage à l'essor du communisme)
Le plan Marshall (programme d'aide à la reconstruction des pays européens avec octroi de crédits et
de fournistures de matériels) est crée dans cette optique.
Pour renforcer le bloc qui se construit dans un contexte de guerre froide, l'OTAN est crée en 1950.
Ce même contexte de rivalité émergente avec l'URSS pousse les Etats-Unis à intervenir en Asie / En
1950, ils s'engagent dans la guerre de Corée pour éviter que la Corée du Sud tombe aux mains des
communistes présents en Corée du Nord.
Leçon 2 : Comment s'exerce le leadership américain dans un contexte de guerre froide ?
A) L'innovation scientifique : un rôle majeur dans la guerre froide.
1) Quelle utilisation les Américains font-ils de
l'espace ?
2) En quoi joue-t-elle un rôle majeur dans la
guerre froide ?
Les États-Unis font plusieurs utilisations de
l’espace : une utilisation militaire ; un terrain de
lutte contre l’ennemi soviétique (doc. 2).
On est dans un contexte de guerre froide et de
compétition spatiale entre les États-Unis et
l’URSS. En 1961, les Soviétiques ont dans ce
domaine un avantage : ils sont les premiers à
envoyer un satellite artificiel autour de la Terre,
en 1957, et à envoyer un homme dans l’espace,
en 1961. Les États-Unis entendent ici relever le
défi de la course à l’espace. Kennedy explique
les objectifs de sa politique spatiale. Il entend
réaliser le but d’envoyer un homme sur la Lune
et de le ramener sain et sauf. Le document
permet d’apprécier la puissance mondiale des
États-Unis qui, grâce au développement intensif
de la recherche scientifique disposera d’une
avance considérable, dès la fin des années 1960,
sur l’URSS. Ces investissements massifs, menés
à la fois par l’État, les entreprises et les grandes
universités traduisent la puissance économique
des États-Unis. Ils déboucheront sur la
réalisation des objectifs de Kennedy (premier
homme sur la Lune en 1969) mais aussi sur la
mise au point d’armes de plus en plus
sophistiquées.
La puissance spatiale américaine se développe surtout à la suite des succès de l’Union soviétique :
En 1957, l’URSS parvient à envoyer dans l’espace le premier satellite artificiel, puis le premier
homme en 1961. Pour répondre au défi des Soviétiques, les États-Unis font de l’espace leur priorité
stratégique à partir des années 1960. Le défi lancé par le président Kennedy d’envoyer un homme
sur la Lune est relevé en 1969. Le développement du space power permet, par la suite, aux ÉtatsUnis d’accroître leur domination sur le monde. Dotés de la première flotte de satellites au monde,
ils disposent notamment d’un système d’écoutes inégalé : le système Échelon qui leur permet
d’intercepter les communications privées et publiques. L’espace est également mis au service du
soft power américain : les films sur la conquête spatiale, extrêmement populaires, entretiennent la
fascination pour le modèle américain.
B) Les Etats-Unis face au tiers-monde
1) Les États-Unis interviennent soit directement en menant des actions militaires de plus ou
moins longue durée, comme en République dominicaine en 1965, ou en organisant des
blocus comme à Cuba, soit indirectement en soutenant financièrement des mouvements
anticommunistes comme les Moudjahidin en Afghanistan ou le Vietnam du Sud à partir de
1973, date du retrait des troupes américaines.
➢ Ancienne colonie britannique, les États-Unis défendent historiquement des principes
anticolonialistes. Ils considèrent que la colonisation est une atteinte aux droits des
peuples à disposer d’eux-mêmes et ne peut être qu’une situation temporaire. Ils sont
rendus par leur propre histoire d’autant plus sensibles à ces principes libéraux.
Cependant, les circonstances de la guerre froide et la peur de la progression des Partis
communistes soutenus par l’URSS, elle-même anticolonialiste, au sein des pays
alliés, les contraignent à amender leurs principes et à s’impliquer fortement et
souvent militairement dans la vie politique des pays du tiers-monde.
➢ Ces pays décolonisés du Tiers-monde (pays pauvres qui ne sont ni membres du bloc
occidental et ni membres du bloc soviétique) sont des enjeux majeurs de la lutte
contre le communisme. L'hémisphère occidental doit se bâtir à travers la lutte contre
les infiltrations communistes, notamment en Amérique du Sud. Ce sont les propos
défendus notamment par John Dulles pour justifier l'intervention des Etats-Unis au
Guatemala. Cela suscite de nombreuses tensions que le président Kennedy cherche à
amoindrir lorsqu'il propose aux « Républiques sœurs d'Amérique latine » une
« Alliance pour le progrès » tentant dans son discours de récupérer la confiance de
ces Etats.
Toutefois ces différents modes d'ingérence ont été dénoncées, notamment par Hugo
Chavez comme des manifestations impérialistes.
➢ D'autre part certaines interventions fragilisent le leadership américain, comme le
conflit vietnamien (64-75) ; les Etats-Unis voient également leurs réserves en or
diminuer ce qui pousse Nixon à suspendre la convertibilité en dollars. La politique du
président Carter laisse apparaître un léger recul de l'influence américaine.
➢ Cependant dans les années 80, l'interventionnisme reprend, notamment face à l'URSS
en Afghanistan lorsque la résistance afghane est aidée par les Etats-Unis. La course
aux armements « guerre des étoiles » est manifeste avec la création d'IDS (Initiative
de défense stratégique)
Tournant avec l'effondrement du rideau de fer et la dissolution de l'URSS le 25 décembre
1991 : Les USA sont désormais la seule superpuissance.
Leçon 3 : Quelle place a la puissance américaine depuis 1991 ?
A) L'influence des Etats-Unis à travers différentes interventions militaires
Doc. 2 : Que montre la photo de l'implication des USA dans le conflit ?
La photographie montre tout d’abord l’engagement américain dans le conflit yougoslave. Cet
engagement date de février 1994 et se fait dans le cadre de l’OTAN. Il permet d’aboutir à la
conclusion des accords de Dayton en 1995. La photographie montre également les précautions
prises par les États-Unis qui ne veulent pas apparaître comme une puissance occupante. On peut y
voir un soldat chargé de distribuer un journal contenant des informations sur les raisons de la
présence américaine.
A partir des années 90, c'est la victoire du libéralisme et la fondation d'un nouvel ordre mondial
(discours de Bush père) : les USA s'engagent dans un conflit contre l'Irak en août 90 lorsque ce pays
envahit le Koweit.
Les États-Unis jouent un rôle de premier plan et ne cessent de réaffirmer leur vocation
interventionniste pour promouvoir l’économie de marché et les droits de l’homme. La politique de
Clinton se place dans cette démarche (c'est l'enlargement).
Leur puissance est telle que l’on emploie désormais le néologisme d’«hyperpuissance», inventé par
l’ancien ministre des Affaires étrangères français, Hubert Védrine, pour la qualifier. Cependant, cet
interventionnisme est dénoncé comme une forme d’unilatéralisme et leur puissance est contestée
par de nouveaux acteurs qui en rejettent les fondements, comme l’islamisme, ou deviennent de
véritables concurrents, comme la Chine.
B) Les enjeux de la guerre contre le terrorisme
Suite aux attentats de l'organisation terroriste Al Qaïda, la guerre contre le terrorisme menée par les
États-Unis depuis 2001 a pris plusieurs formes : intervention en Afghanistan durant l'automne 2001
avec l’accord de l’ONU qui renverse le régime Taliban proche de l'organisation, avec des attaques
ciblées notamment avec des drones, avions pilotés à distance. Les attaques contre des groupes
terroristes sont présentes aussi dans d'autres pays (Pakistan, Somalie, Yémen, Soudan, etc.).
Les dérives de la guerre contre le terrorisme sont cependant critiquées : notamment l'intervention en
Irak en 2003 sans accord de l'ONU, la torture aussi utilisée par l'armée américaine en Irak et dans
la prison de Guantanamo avec des prisonniers détenus de manière peu conformes à la loi. La
doctrine Bush, unilatéraliste, est remis en cause par Obama qui prévoit de revoir l’AUMF, c’est- àdire d’encadrer davantage la lutte contre le terrorisme, pour préserver l’image de l’Amérique.
C) Un nouveau rapport au monde après 2007
Les Etats-Unis sont affaiblis par la crise économique de 2007. Cela laisse apparaître leur fragilité
financière et leur dépendance envers les capitaux étrangers. On assiste également à un recul de leurs
positions à l'étranger, son impérialisme est dénoncé. Cependant ce pays maintient une position
privilégiée, leur suprématie militaire leur assure toujours un rôle de premier plan même si il doit
prendre désormais en compte l'émergence de d'autres puissances comme la Chine.