LETTRE TRIMESTRIELLE 1ER TRIMESTRE 2015 EDITO par Philippe-Jean Péron, Président et Hugues Dubly, Directeur général TRIPLE RUPTURE Depuis un peu plus de six mois, nous assistons à une triple rupture, brutale et inattendue qui remet en cause nos équilibres traditionnels : la baisse de l’euro, la baisse des taux d’intérêt et la baisse du prix du baril de pétrole. La baisse de l’euro contre dollar a été déclenchée après la réunion des gouverneurs des banques centrales en août dernier à Jackson Hole dans les Montagnes Rocheuses. En un peu plus de six mois, la parité euro/dollar est tombée de 1,35 à 1,15 soit une baisse d’environ 15%. C’est considérable et il n’est pas sûr que les grands argentiers à l’origine de cette baisse aient anticipé qu’elle serait aussi forte, car ils visaient un cours de 1,27. Les taux d’intérêt ont suivi aussi le chemin de la baisse. Ainsi, le rendement de référence de l’emprunt d’Etat français (OAT) est tombé en un an de 2,60% à 0,70%, un niveau historiquement bas, avec une accélération de la baisse dans la deuxième partie de l’année. Enfin, les cours du pétrole eux aussi ont chuté de manière vertigineuse, puisque partis de 100 $ début août 2014, on les retrouve à moins de 50 $ en ce milieu du mois de janvier 2015. L a b a i s s e d e l ’ e u ro e t l a b a i s s e d e s taux sont la résultante de données macro-économiques comme la croissance for te américaine (+3,5% en 2014), la stagnation de l’économie européenne, la volonté de relance en Europe par la BCE, qui va injecter dans l’économie d’énormes sommes d’argent pour essayer de faire repartir l’activité (on parle de 1 200 milliards d ’ e u ro s ) p a r l a c o n s o m m a t i o n e t l e s investissements. La baisse du baril est plus liée à l’abondance de l’offre d’or noir, consécutif à l’exploitation du pétrole de schistes aux Etats-Unis et à la volonté de l’Arabie Saoudite de ne pas contrecarrer cette baisse pour mettre en difficulté les producteurs américains dont l’exploitation n’est pas rentable en dessous d’un prix du baril de 50-60 $. Ces éléments brutaux et contradictoires ont été « couronnés » le 14 janvier par la Banque nationale suisse (BNS) qui a stoppé ses interventions sur le franc suisse pour essayer de contenir sa parité au niveau de 1,20 et du coup, le franc suisse a gagné en 2 jours 17% contre l’euro (euro/franc suisse 1,02). Que retenir de ces ruptures ? Tout d’abord, que l’euro est devenu une monnaie sinon faible, du moins beaucoup moins forte en dépit de la solidité des économies allemandes et des pays du Nord. En moins d’un an, l’euro a perdu près de 20% contre le dollar et le franc suisse, et 17% contre l’or. Ensuite, que les pressions déflationnistes liées à l’économie stagnante et à la baisse d e s m a t i è r e s p r e m i è r e s ( p é t ro l e e t matières premières agricoles) sont fortes en Europe. Enfin, que les consommateurs européens vont retrouver du pouvoir d’achat grâce à la baisse du pétrole et des taux d’intérêt. réels (immobiliers). Certes, les pessimistes retiendront que la déflation est mauvaise pour les actions, mais le gain de pouvoir d’achat lié à la baisse du pétrole et des matières premières agricoles, et la relance qui devrait être initiée par les injections massives d’argent de la BCE, devraient venir à bout de cette menace. Les actions américaines enfin, soutenues par la bonne marche de l’économie aux Etats-Unis et par la hausse du dollar, devraient aussi être de bons placements pour les Européens. Les consommateurs européens vont retrouver du pouvoir d’achat grâce à la baisse du pétrole et des taux d’intérêt Dans ce contexte très spécial (croissance molle , euro faible et taux d’intérêt bas), il est probable que les actions devraient bien se comporter, notamment les exportatrices, celles représentant des biens Sommaire > La déflation : l’exemple japonais p 3 > La renaissance de l’industrie européenne p 6 > L’automobile américaine telle le phénix, renait de ses cendres p 8 > Canadian National Railway : un baromètre de l’économie réelle p 10 > De la vertu des taux bas ... p 12 > Le bon père de famille s’en est allé ... p 14 Directeur de la publication : Hugues Dubly Imprimerie : AMPLUS, 3 rue de Romainville - 93260 Les Lilas Pour toutes informations, veuillez contacter votre interlocuteur chez Transatlantique Gestion 26, avenue Franklin D. Roosevelt - 75008 Paris Téléphone : 01 56 88 76 74 www.transatlantiquegestion.fr © 2014 Transatlantique Gestion 2 JAPON par Sarah Jakubowicz [email protected] LA DÉFLATION : L’EXEMPLE JAPONAIS Au regard des derniers chiffres publiés, les prix ont baissé de 0,2% en janvier sur le vieux continent. Prenons le cas du Japon pour traduire et comprendre ces évènements au niveau économique. Le pays du soleil levant est le seul cas de déflation dans l’histoire économique récente. En effet, depuis une vingtaine d’années le Japon s’est enfermé dans une équation impossible avec une croissance faible voire négative, des taux directeurs au plus bas et une dette publique extrêmement élevée qui continue de croître. 1- Les entreprises et les consommateurs anticipent que les prix seront inférieurs demain à ce qu’ils sont aujourd’hui ; 2- Ce qui les incite à repousser leur projet dans le temps car leur réalisation sera moins couteuse dans le futur. les prix, le volume de l’activité et l’emploi baissent conjointement. La déflation est un processus qui mène quasi inexorablement au blocage de l’économie et dont il est extrêmement compliqué et long de s’extirper. Le Japon est probablement le cas le plus connu qui lutte contre la déflation depuis près de 20 ans sans réussir à s’en extraire. Définition La consommation diminue et l’épargne augmente car les ménages préfèrent attendre avant de dépenser ; La déflation correspond au processus de baisse cumulative du niveau général des prix (le prix de demain est inférieur au prix d’aujourd’hui). 3- Ce qui se traduit par une baisse des commandes faites aux entreprises et une activité qui vacille car le crédit ne se développe plus ; Le risque de déflation : a priori, il y a peu de raison de s’effrayer de voir les prix baisser, cela est même régulièrement perçu comme une bonne nouvelle. 4- Les entreprises doivent alors diminuer leurs investissements et leurs effectifs pour tenter de conserver leur profitabilité ; L’évolution de l’inflation depuis le début des années 1990 indique un ralentissement de la hausse des prix (désinflation) jusqu’en 1995 avant d’entrer dans une phase déflationniste à partir de 1998-1999. 5- Le tout aboutissant à une diminution des salaires et une accélération des anticipations à la baisse des prix de la part des agents économiques privés ; Depuis cette période, le Japon n’a connu que de très brèves et très modestes périodes d’inflation à la faveur d’évènements souvent exceptionnels. 6 - Po u r f i n a l e m e n t f o r m e r l a s p i r a l e autoentretenue : le jeu des anticipations fait que les agents économiques attendent de nouvelles baisses de prix avant de se remettre à dépenser, même lorsqu’ils le peuvent ; ainsi, … une équation impossible : les causes Pour tant, il s’agit bien du phénomène économique le plus dévastateur qui soit. En substance, le mécanisme sous-jacent est le suivant : La spirale déflationniste Source :Vadémécum 2014 Le cas du Japon … Avec une dette équivalente à 245% du PIB 2014 et un taux directeur égal à 0,10% depuis 2008, il est difficile de diminuer les impôts Inflation au Japon en glissement annuel (%) Source : Bloomberg 4 ou de baisser les taux en vue de relancer la consommation et les investissements. De plus, le Japon est le pays qui vieillit le plus vite au monde : les départs à la retraite sont massifs et le taux de natalité est très faible (1,4 enfants par femme). L’Etat emprunte presque la moitié du montant de son budget pour financer la dette et le vieillissement de la population. A son arrivée au poste de premier ministre, Shinzö Abe a mis en place des mesures visant à relancer l’économie japonaise. Depuis décembre 2012, pour contrer cette spirale, la Banque du Japon (BoJ) décide de développer des mesures dites « non-conventionnelles » : les Abenomics. En pratique cela renvoie à augmenter significativement la «base monétaire», notamment via le système de «l’assouplissement quantitatif» (QE - Quantitative Easing, en anglais) qui consiste à injecter de très grandes quantités de liquidités dans le système financier. Parallèlement à ces mesures monétaires, des mesures budgétaires et fiscales sont développées. Ces mesures ont permis au Japon de voir son économie redémarrer. Malgré tous ces efforts le Japon finit l’année 2014 sur une note contrastée. Avec une inflation quasi-nulle, la consommation des ménages qui diminue et la production industrielle qui recule nous pouvons voir que les Abenomics patinent et ainsi mettent en doute l’efficacité de cette politique. Même si la BoJ a annoncé à la mi-janvier une révision à la baisse de ses prévisions d’inflation, cette dernière reste positive sur ses anticipations de croissance avec produit intérieur brut (PIB) en hausse de 2,1% pour l’exercice fiscal 2015-2016. Les conséquences sur les actifs immobiliers et boursiers Les marchés financiers appréhendent de manière négative la déflation. En effet depuis le début des années 90 avec l’éclatement de la bulle boursière puis celle de l’immobilier, la bourse japonaise s’est effondrée de près de 77%. Le nombre de faillites d’entreprises au Japon atteint le deuxième niveau de plus élevé de l’après-guerre avec 19 441 dépôts de bilan en 2011 et l’une des principales causes est la déflation. La crise a frappé de plein fouet des secteurs clés de l’économie entrainant le pays en récession. Le secteur de l’immobilier et le secteur bancaire ont été les premiers à être touchés et les géants japonais de l’électronique ou de l’automobile n’ont pas non plus été épargnés. Dans ce contexte l’expérience japonaise est forte d’enseignements eu égard à la situation actuelle des prix en zone euro. INDUSTRIE par Tania Gonçalves [email protected] LA RENAISSANCE DE L’INDUSTRIE EUROPÉENNE Les nouvelles associées à l’industrie française ont souvent été synonymes de désillusions, telles les déboires d’Areva, le rachat d’Arcelor par Mittal ou encore les difficultés financières d’Alcatel. Après une période de vaches maigres, nos industriels pourraient voir, dans les récents évènements, revenir le temps des « vaches grasses ». Nous assistons presque incrédules à deux événements majeurs : tout d’abord la poursuite de la baisse des taux, qui sont à leurs plus bas historiques. Pour la première fois l’Etat français emprunte à 10 ans à 0,63%. A cela s’ajoute l’effondrement de plus de 50% du prix du baril de pétrole, qui a vu son cours passer de 116 $ à 47 $. Un temps béni donc pour les industriels endettés d’une part, mais également ceux dont le pétrole représente une part importante du coût d’exploitation. Prenons l’exemple du nouvel ensemble LAFARGE/HOLCIM. Ces deux leaders des matériaux de construction, le français L A FA R G E e t l e s u i s s e H O L C I M , o n t annoncé en avril dernier « une fusion entre égaux » pour créer le leader mondial du secteur avec un chiffre d’affaires de 27 milliards d’euros. Neuf mois après l’annonce de la fusion, Bruno Lafont (président de LAFARGE) et Wolfgang Reitzle (président d’HOLCIM) reviennent avec un discours très optimiste sur le déroulement de l’opération, soutenu par cet environnement très favorable. Ils font état de trois éléments clés : 1/ Le retour de la croissance dans la construction « La locomotive américaine repart », tel est le signal envoyé par les Etats-Unis depuis maintenant plus de 6 mois avec une croissance attendue pour l’année de plus de 3%. Le Groupe LAFARGE/HOLCIM réalise plus de 20% de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis. Une hausse des volumes attendue dans l’industrie du ciment Source : estimations JP Morgan L’indice japonais des années 80 à nos jours Source : Bloomberg 6% 7% 4% 4% 2% 3% 5% 3% 3% 4% 0% -3% Europe de l'Ouest Europe de l'Est Amérique du Moyen Orient / Asie Pacifique nord Afrique 2014 (e) 5 2015 (e) LATAM 2/ La baisse du prix du baril de pétrole, une aubaine pour la profitabilité du Groupe Si la principale matière première reste le granulat, les dépenses liées au pétrole représentent 6% du chiffre d’affaires (plus de 7,5% des coûts de production). Du fait de la baisse du pétrole, la marge d’exploitation de 2014e pourrait passer de 15,4% à 18% du chiffre d’affaires, soit une croissance de 17% du résultat d’exploitation. Structure de coût en % du chiffre d’affaires (2014e) (ex. LAFARGE) Source : estimations JP Morgan 32% 25% 15,4% 15% 7% Autres AVANT baisse pétrole APRES baisse pétrole Résultat exploitation 3/ Rationalisation de l’endettement To u t c o m m e d e n o m b re u s e s s o c i é t é s industrielles, le Groupe LAFARGE est fortement endetté avec une dette financière nette qui représente 16x les Free Cash Flows 1 du Groupe (7,6x pour HOLCIM). Enfin, rappelons que la hausse récente de plus de 15% du franc suisse n’aura pas d’impact tant sur la parité d’échange que sur le chiffre d’affaires puisque ni LAFARGE, ni HOLCIM n’exercent d’activité en Suisse. Par cette fusion, le nouvel ensemble va supporter une dette de 15 milliards d’euros, mais il va pouvoir bénéficier : • d’une notation de crédit plus solide pour le nouvel ensemble, • des renégociations de lignes de crédit, profitant ainsi de la baisse des taux (taux d’intérêt moyen de 6,4% en 2013 pour LAFARGE). En revanche, avec un siège social en Suisse, le Groupe LAFARGE/HOLCIM pourrait pâtir des variations de change lors de la consolidation des résultats en franc suisse. Pour cette année, le Groupe LAFARGE/ HOLCIM devrait réaliser une économie de frais financiers de 200 millions d’euros. par Alexis Bossard [email protected] L’AUTOMOBILE AMÉRICAINE TELLE LE PHÉNIX, RENAIT DE SES CENDRES A la crise des subprimes aux Etats-Unis est associé généralement le nom de Lehman Brothers, la banque qui fit faillite en 2008. Mais on se souvient moins des images d’usines en ruines, des rues désertes et des maisons abandonnées dans les anciennes régions industrielles américaines. d’intérêt particulièrement bas ont poussé les ménages américains à renouveler leurs véhicules. Ainsi la ville de Detroit dont le destin est lié à celui de l’industrie automobile en est la parfaite illustration. Malgré un ralentissement logique du rythme de la croissance des ventes au début de l’année 2014, la chute des prix du pétrole au cours de l’été dernier a redonné un coup de fouet au marché automobile américain. AutoNation, le 1er revendeur automobile aux Etats-Unis a vu ses ventes progresser de 14,5% par an entre 2009 et 2013. 18,0% 6% Matières Masse Electricité Pétrole premières salariale AUTOMOBILE A l ’ e xe m p l e d e c e q u i s e p a s s e s u r LAFARGE / HOLCIM, c’est l’ensemble de l’industrie européenne qui pourrait bénéficier de cette conjoncture exceptionnelle de baisse des taux et d’énergie bon marché. « Motor city » montrait ce visage d’une 1ère puissance mondiale aux abois, General Motors et Chrysler venaient de faire faillite, la ville avec plus de 18 milliards de dettes n’était même plus en mesure d’assurer l’éclairage public de ses citoyens et se retrouvait en cessation de paiement. Et pourtant… Six années se sont écoulées et la ville semble aujourd’hui renaître de ses cendres. Le prix à la pompe du gallon d’essence est passé de 3,40$ il y a un an, à moins de 2,40$ aujourd’hui, soit une économie de près de 30% pour l’automobiliste. Finis les restructurations et les licenciements massifs, la reprise économique et les taux AutoNation, le 1er revendeur automobile aux Etats-Unis a vu ses ventes progresser de 14,5% par an entre 2009 et 2013. Prix de l’essence à la pompe en US $ / gallon (3,8 litres) Source : SG Datastream -30% Par cette renaissance, nous espérons le retour d’une croissance saine en Europe. 1 Free Cash Flows :Trésorerie nette des investissements réalisés par l’entreprise 7 8 Résultat, les ventes de 4x4, pick-up et SUV sont reparties en hausse (+10% en 2014) et représentent désormais 52% du marché (versus 44% en 2008). Grâce à ce coup de pouce inattendu pour les Big Three (General Motors, Ford et Chrysler), le marché renoue avec ses traditionnelles grosses cylindrées et termine l’année sur ses niveaux d’avant crise à 16,5 millions de voiture écoulées (+6% par rapport à 2013). Pour Michael Jackson, le patron d’AutoNation, cette « poursuite de la reprise du marché américain était encore impensable il y a 1 an ». Résultat, les ventes de 4x4, pick-up et SUV sont reparties en hausse (+10% en 2014) et représentent désormais 52% du marché (versus 44% en 2008) Son groupe vient de voir ses ventes augmenter de 9% au 4ème trimestre 2014 et ses bénéfices progresser à plus de 10% pour le 16ème trimestre consécutif. « Grâce à la baisse du prix de l’essence, les pickup et les SUV sont redevenus beaucoup plus attractifs et c’est tout un marché qui repart ! » Le pick-up Dodge Ram 1500 (Fiat-Chrysler), dont les ventes ont progressé de 28% en 2014, est désormais le troisième véhicule le plus vendu aux États-Unis derrière le leader Ford F150, un autre gros pick-up. Beaucoup plus attractifs, ces derniers sont également beaucoup plus visibles comme au salon automobile qui se tient actuellement à Detroit. Confor tés par tous ces excellents chiffres, le sourire est de mise pour l’ensemble des exposants. A l’image de Detroit, c’est toute l’Amérique qui renait ! Vente d’automobiles depuis 2006 aux Etats-Unis (en millions d’unités) Source : IHS Automotive TRANSPORT par Nicolas Levrier [email protected] CANADIAN NATIONAL RAILWAY : UN BAROMÈTRE DE L’ÉCONOMIE RÉELLE A l’heure où Amazon réfléchit à livrer ses colis par drone, le fret par voies ferrées en Amérique du Nord, ne s’est jamais aussi bien porté ! Les très bons chiffres de croissance du PIB aux Etats-Unis (+5% au troisième trimestre) se retrouvent aussi dans les résultats des sociétés de chemins de fer. Ironie de l’histoire c’est l’un des plus vieux secteurs, lié à l’essor du capitalisme au XIXe siècle, qui en profite. Les chiffres de croissance publiés par ces sociétés pourraient faire pâlir certaines entreprises de la nouvelle économie. continent nord-américain d’Est en Ouest et du Nord au Sud a vu ses volumes de marchandises transportées progresser de 10,9% sur les 9 premiers mois de l’année 2014 après une croissance de 4,3% en 2013. Ces bons chiffres traduisent le dynamisme de l’ensemble de l’industrie américaine Par exemple , la société Canadian National Railway, dont le réseau relie le Ces bons chiffres traduisent le dynamisme de l’ensemble de l’industrie américaine. L e s ré c o l t e s re c o rd d e céréales, la croissance de la production automobile, le renouveau de l’industrie chimique, le boom des p é t ro l e s d e s c h i s t e s , l a progression du e-commerce sont autant de facteurs qui au final profitent à la société Canadian National Railway (CNR) et aux « railways ». Action de Chicago Burlington and Quincy Railroad – XIXe siècle * *Big Three : General Motors, Ford et Chrysler Crédits photos : www.chronorama.net 9 10 Progression des TMC* sur les 9 premiers mois de 2014 MARCHÉ OBLIGATAIRE Source : Canadian National Railway par Thierry Kotrec [email protected] DE LA VERTU DES TAUX BAS … Depuis la crise des subprimes de 2007-2008, le taux d’emprunt d’Etat en EUR à 10 ans (bund allemand) a connu une baisse de plus de 4% (4,62% fin juin 2008 contre 0,54% fin décembre 2014). *TMC : tonnes-milles commerciales = nombre de tonne déplacé sur 1 mile (1,6Km) Certains grands investisseurs de long terme ont très tôt vu l’opportunité ! Warren Buffet a ainsi racheté Burlington Northern Santa Fe en 2009. Son ami Bill Gates a suivi le pas en prenant une participation de 12% dans CNR. Enfin Bill Ackmann, l’investisseur activiste de Pershing Square a réveillé la société Canadian Pacific en rachetant 10% du capital de la société en 2011. Aujourd’hui, victimes de leur succès, les réseaux ferroviaires sont en partie saturés ! Les délais de livraison augmentent. Les clients les plus offrant sont donc servis en premier, ce qui pose des problèmes notamment pour les agriculteurs américains qui n’arrivent pas à acheminer à temps leur production. 11 Plusieurs sénateurs américains, Jay Rockefeller en tête, conscients du problème pourraient décider de réguler à nouveau le secteur à moins que la récente chute du cours du pétrole ne vienne désengorger les réseaux… Quoi qu’il en soit l’exemple de Canadian National Railway nous montre que l’ancienne économie américaine n’est pas prête de disparaître. Le développement de nouvelles technologies (e-commerce, fracturation hydraulique, nouvelles voitures électriques, nouvelles semences agricoles, etc .) peut même profiter à de très anciennes sociétés. Dans le même temps, le taux d’emprunt pour une entreprise, après s’est renchéri à l’aune de la perte de confiance globale, a fondu de manière encore plus spectaculaire pour les sociétés les mieux notées avec l’assainissement des bilans et l’éloignement du risque systémique mondial. Nous n’en sommes plus à un paradoxe près : une société comme Volkswagen qui pouvait prétendre à emprunter sur les marchés financiers à 4,875% en octobre 2007 (avant crise), devait payer 7% fin janvier 2009 avec une notation A- (agence de notation Fitch)... Ce surcoût pouvait se chiffrer à plus de 100 millions d’euros pour 1 milliard emprunté sur 5 ans et était pour l’essentiel lié à la défiance des marchés financiers. Or, aujourd’hui le même emprunt serait émis à 0,35% par Volkswagen qui a vu sa notation relevée à A en mai 2014 ! Une gestion financière intelligente doit conduire à un renouvellement systématique des anciennes dettes. Par ailleurs, compte-tenu de l’important appétit des investisseurs, il peut être judicieux pour un directeur financier d’allonger la durée de sa dette car le coût pour des durées longues (10 ou 20 ans) reste ridiculement bas. Une gestion financière intelligente doit conduire à un renouvellement systématique des anciennes dettes. Dans le cas de Vo l k s w a g e n , i l e s t de 1,62% pour une obligation à échéance 2030, soit environ 4 fois moins cher qu’en 2009 pour une durée 3 fois plus longue ! En l’espèce, les échéances d’obligations en 2015 pour l’ensemble du Groupe Volkswagen seront de 18,5 milliards d’euros pour un total Réseau de Canadian National Railway Taux de l’emprunt d’Etat allemand à 10 ans Source : Canadian National Railway Source : Bloomberg 12 d’encours de 62 milliards d’euros, laissant augurer de belles économies de charges financières. Ainsi pour ce début d’année, 3 milliards d’euros arrivent à échéance, les obligations qui ont été émises en remplacement représentent une « économie » de 52 millions d’euros sur le compte de résultat. Si l’on considère que même 70% de l’encours de dette (62 milliards d’euros) répond à cette proportionnalité, ce n’est pas moins de 190 millions d’euros de charges financières. Au-delà des renouvellements d’échéance, les émetteurs profitent largement de l’appétit des investisseurs et des taux bas : le marché à l’émission des obligations d’entreprises a représenté 300 milliards d’euros en 2014, et est estimé à 280 milliards pour 2015. Cet « argent à bon compte » permet de restructurer la dette voire d’envisager des opérations de croissance avec un niveau de point mort largement abaissé et des effets relutifs plus rapides, dans ce cas la baisse des taux joue comme un effet de levier. Ainsi, un « concessionnaire » tel que Vinci présente un profil de taux moyen plus élevé de la dette (4,66% contre 3,10% pour Volkswagen). Vinci devrait également bénéficier à la fois de la baisse des taux et de la baisse de la prime de risque, d’autant que Standard & Poor’s lui a attribué une notation A-, supérieure à celle d’avant son entrée dans la crise (BBB+ en mars 2007). La manne de la baisse des taux est d’autant plus sensible que les sociétés sont fortement endettées ou évoluent dans un secteur à forte utilisation d’actifs. De fait, les entreprises de ser vices aux collectivités, les concessionnaires ou les industries lourdes devraient être les grands gagnants de cette situation exceptionnelle d’environnement de taux bas, augurant de possibles bonnes surprises sur les résultats de certains d’entre eux dans les années à venir. Et quand les taux remonteront, l’impact pour les entreprises sera neutre sur la dette déjà contractée à taux fixe, récompensant les directeurs financiers avisés. Ainsi, les entreprises prudentes et prévoyantes qui auront engrangé des capacités d’investissement et celles qui auront investi dans leur outil de travail au moment des taux bas, bénéficieront d’un avantage concurrentiel. Répartition de la dette Volkswagen par maturité (données en K€) Source : Bloomberg EXPRESSION JURIDIQUE par Arnauld Ducoulombier [email protected] LE BON PÈRE DE FAMILLE S’EN EST ALLÉ …. Né en 1804, décédé le 4 août 2014, Avis Mortuaire publié le lendemain au Journal Officiel. Cet homme imaginaire mais néanmoins normal faisait référence depuis plus de deux cents ans. Il était prudent, diligent, attentif, respectueux de la morale, soucieux des biens et intérêts qui lui étaient confiés. Il fleurait bon le parfum de l’encaustique et de l’encre violette qui flottait dans les offices notariaux. Seulement voilà, certains édiles ont voulu sa peau au travers de la loi tendant à consacrer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Le patriarcat aura vécu. Exit donc le bonus pater familias issu du droit romain et à qui nous devions une parcelle d’humanité dans nos différents codes civils, rural et de la pêche, de l’éducation, de la consommation, de l’urbanisme et de la construction. Il convient maintenant d’utiliser le terme « raisonnable ». Sans doute déjà attristé par la disparition en février 2012 de sa compagne « mademoiselle » qui elle aussi a été priée de faire sa valise en disparaissant des formulaires administratifs, il n’avait plus la force de se battre. Le débat à l’Assemblée n’aura duré que cinq minutes. A vouloir absolument tourner la page d’une époque patriarcale, il s’en faudrait de peu que notre grammaire soit révisée pour abolir la règle qui stipule que le masculin l’emporte sur le féminin ! Le droit quant à lui n’y verra aucun changement. Bon père de famille ou raisonnable, c’est blanc bonnet ou bonnet blanc. Il faudra toujours user de la chose paisiblement avec soin et diligence. Le mètre étalon change d’appellation mais la faute sera toujours jugée à la mesure de l’aune comportementale des personnes. Réforme emblématique d’une époque , dépoussiérage de textes anciens, totalitarisme linguistique, sexisme, besoin d’individualisme, évolution sociétale… soit, chacun appréciera ce changement dans l’ombre de sa conscience. Le bon père de famille est mort, vive l’être raisonnable ! Transatlantique Gestion a signé le 2 octobre 2014 une convention de mécénat avec l’Institut Pasteur visant à aider les chercheurs dans leurs recherches sur les facteurs génétiques à l’origine de l’autisme et, espérons, à découvrir des traitements pour soigner cette maladie qui touche 5% de la population. 13 14 2014 2013 2012 2011 2010 Brongniart Monétaire 0,27 0,26 0,83 1,12 0,61 EONIA capitalisé 0,10 0,09 0,23 0,89 0,44 Brongniart Varifonds 4,87 1,89 4,70 1,43 2,90 Euro MTS 3-5 ans 6,00 2,28 8,64 0,83 1,05 Cipec Obligations 1,26 0,54 5,97 0,48 - EuroMTS 1-3 ans 1,88 1,72 4,48 0,64 - Brongniart Patrimoine 7,39 10,34 7,00 -13,55 6,48 50% Euro MTS + 3-5 ans + 35% Eurostoxx 50 + 15% Dow Jones Industrial Average 8,18 12,24 -2,68 -1,79 8,97 Brongniart Rendement 5,46 14,01 7,05 -11,79 5,96 Euro Stoxx 50 (dividendes réinvestis) 1,85 17,95 13,79 -17,05 -5,81 Cipec Diversifié International Dynamique 11,42 18,60 9,76 -13,16 8,01 70% MSCI World en € + 30% EONIA Capitalisé 13,68 13,14 7,88 -3,04 12,35 Brongniart Monde 12,71 19,41 6,84 -12,55 9,37 MSCI World en € (dividendes réinvestis) 15,77 17,49 10,75 -8,27 6,29 Euromutuel Brongniart Valeurs Européennes 4,59 20,93 11,97 -13,46 9,20 70% Eurostoxx 50 + 30% CAC 40 0,68 17,96 14,22 -17,02 -5,07 Brongniart Avenir 5,34 18,72 17,70 -21,80 2,72 75% Eurostoxx Mid + 25% Stoxx Europe Mid 200 5,99 28,15 15,94 -11,34 8,63 Brongniart PME Diversifié* -6,88 - - - - 80% MSCI EUROPE MICRO CAP Index + 20% de l’EONIA capitalisé* -3,36 - - - - Source Transtlantique Gestion au 31 décembre 2014. * Depuis le 27/02/2014. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps. Investir dans un OPCVM comporte des risques, notamment de ne pas récupérer les sommes investies. Retrouvez toutes les informations sur nos fonds sur www.transatlantiquegestion.com 26, avenue Franklin Delano Roosevelt - 75372 Paris Cedex 08 - T +33 1 56 88 76 00 F + 33 1 56 88 76 99 - www.transatlantiquegestion.com - Société de Gestion de Portefeuilles agréée par l’AMF N° GP90069 en application de l’article L.532-9 du Code monétaire et financier - SA au capital de 13 000 000 euros - 314 222 076 RCS Paris - APE 6630Z - N° TVA intracommunautaire FR 64 314 222 076 - Teneur de compte conservateur : Banque Transatlantique Source : Transatlantique Gestion à défaut d’autres indications. Document d’information non contractuel. 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