Janvier 2015

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LETTRE TRIMESTRIELLE
1ER TRIMESTRE 2015
EDITO
par Philippe-Jean Péron, Président et Hugues Dubly, Directeur général
TRIPLE RUPTURE
Depuis un peu plus de six mois, nous
assistons à une triple rupture, brutale et
inattendue qui remet en cause nos équilibres
traditionnels : la baisse de l’euro, la baisse des
taux d’intérêt et la baisse du prix du baril de
pétrole.
La baisse de l’euro contre dollar a été
déclenchée après la réunion des gouverneurs
des banques centrales en août dernier à
Jackson Hole dans les Montagnes Rocheuses.
En un peu plus de six mois, la parité euro/dollar
est tombée de 1,35 à 1,15 soit une baisse
d’environ 15%.
C’est considérable et il n’est pas sûr que les
grands argentiers à l’origine de cette baisse
aient anticipé qu’elle serait aussi forte, car ils
visaient un cours de 1,27.
Les taux d’intérêt ont suivi aussi le chemin
de la baisse. Ainsi, le rendement de référence
de l’emprunt d’Etat français (OAT) est
tombé en un an de 2,60% à 0,70%, un niveau
historiquement bas, avec une accélération
de la baisse dans la deuxième partie de
l’année.
Enfin, les cours du pétrole eux aussi ont chuté
de manière vertigineuse, puisque partis de
100 $ début août 2014, on les retrouve à
moins de 50 $ en ce milieu du mois de
janvier 2015.
L a b a i s s e d e l ’ e u ro e t l a b a i s s e d e s
taux sont la résultante de données
macro-économiques comme la croissance
for te américaine (+3,5% en 2014), la
stagnation de l’économie européenne, la
volonté de relance en Europe par la BCE,
qui va injecter dans l’économie d’énormes
sommes d’argent pour essayer de faire
repartir l’activité (on parle de 1 200 milliards
d ’ e u ro s ) p a r l a c o n s o m m a t i o n e t l e s
investissements.
La baisse du baril est plus liée à l’abondance
de l’offre d’or noir, consécutif à l’exploitation
du pétrole de schistes aux Etats-Unis et à
la volonté de l’Arabie Saoudite de ne pas
contrecarrer cette baisse pour mettre en
difficulté les producteurs américains dont
l’exploitation n’est pas rentable en dessous
d’un prix du baril de 50-60 $.
Ces éléments brutaux et contradictoires
ont été « couronnés » le 14 janvier par la
Banque nationale suisse (BNS) qui a stoppé
ses interventions sur le franc suisse pour
essayer de contenir sa parité au niveau de
1,20 et du coup, le franc suisse a gagné en
2 jours 17% contre l’euro (euro/franc suisse
1,02).
Que retenir de ces ruptures ?
Tout d’abord, que l’euro est devenu une
monnaie sinon faible, du moins beaucoup moins
forte en dépit de la solidité des économies
allemandes et des pays du Nord.
En moins d’un an, l’euro a perdu près de
20% contre le dollar et le franc suisse, et
17% contre l’or.
Ensuite, que les pressions déflationnistes
liées à l’économie stagnante et à la baisse
d e s m a t i è r e s p r e m i è r e s ( p é t ro l e e t
matières premières agricoles) sont fortes
en Europe.
Enfin, que les
consommateurs
européens vont
retrouver du pouvoir
d’achat grâce à la baisse
du pétrole et des taux
d’intérêt.
réels (immobiliers). Certes, les pessimistes
retiendront que la déflation est mauvaise pour
les actions, mais le gain de pouvoir d’achat lié à
la baisse du pétrole et des matières premières
agricoles, et la relance qui devrait être initiée
par les injections massives d’argent de la BCE,
devraient venir à bout de cette menace.
Les actions américaines enfin, soutenues par la
bonne marche de l’économie aux Etats-Unis et
par la hausse du dollar, devraient aussi être de
bons placements pour les Européens.
Les consommateurs
européens vont
retrouver du pouvoir
d’achat grâce à la
baisse du pétrole et
des taux d’intérêt
Dans ce contexte très
spécial (croissance
molle , euro faible et
taux d’intérêt bas), il est
probable que les actions
devraient bien se comporter, notamment les
exportatrices, celles représentant des biens
Sommaire
> La déflation : l’exemple japonais p 3
> La renaissance de l’industrie européenne p 6
> L’automobile américaine telle le phénix,
renait de ses cendres p 8
> Canadian National Railway : un baromètre
de l’économie réelle p 10
> De la vertu des taux bas ... p 12
> Le bon père de famille s’en est allé ... p 14
Directeur de la publication : Hugues Dubly
Imprimerie : AMPLUS, 3 rue de Romainville - 93260 Les Lilas
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2
JAPON
par Sarah Jakubowicz
[email protected]
LA DÉFLATION : L’EXEMPLE JAPONAIS
Au regard des derniers chiffres publiés, les
prix ont baissé de 0,2% en janvier sur le vieux
continent.
Prenons le cas du Japon pour traduire
et comprendre ces évènements au niveau
économique.
Le pays du soleil levant est le seul cas
de déflation dans l’histoire économique
récente. En effet, depuis une vingtaine
d’années le Japon s’est enfermé dans une
équation impossible avec une croissance faible
voire négative, des taux directeurs au plus bas
et une dette publique extrêmement élevée qui
continue de croître.
1- Les entreprises et les consommateurs
anticipent que les prix seront inférieurs demain
à ce qu’ils sont aujourd’hui ;
2- Ce qui les incite à repousser leur projet
dans le temps car leur réalisation sera moins
couteuse dans le futur.
les prix, le volume de l’activité et l’emploi
baissent conjointement.
La déflation est un processus qui mène quasi
inexorablement au blocage de l’économie et
dont il est extrêmement compliqué et long de
s’extirper.
Le Japon est probablement le cas le
plus connu qui lutte contre la déflation
depuis près de 20 ans sans réussir à s’en
extraire.
Définition
La consommation diminue et l’épargne
augmente car les ménages préfèrent attendre
avant de dépenser ;
La déflation correspond au processus de
baisse cumulative du niveau général des
prix (le prix de demain est inférieur au prix
d’aujourd’hui).
3- Ce qui se traduit par une baisse des
commandes faites aux entreprises et une
activité qui vacille car le crédit ne se développe
plus ;
Le risque de déflation : a priori, il y a peu de
raison de s’effrayer de voir les prix baisser, cela
est même régulièrement perçu comme une
bonne nouvelle.
4- Les entreprises doivent alors diminuer leurs
investissements et leurs effectifs pour tenter
de conserver leur profitabilité ;
L’évolution de l’inflation depuis le début des
années 1990 indique un ralentissement de la
hausse des prix (désinflation) jusqu’en 1995
avant d’entrer dans une phase déflationniste à
partir de 1998-1999.
5- Le tout aboutissant à une diminution des
salaires et une accélération des anticipations
à la baisse des prix de la part des agents
économiques privés ;
Depuis cette période, le Japon n’a
connu que de très brèves et très
modestes périodes d’inflation à la faveur
d’évènements souvent exceptionnels.
6 - Po u r f i n a l e m e n t f o r m e r l a s p i r a l e
autoentretenue : le jeu des anticipations fait
que les agents économiques attendent de
nouvelles baisses de prix avant de se remettre
à dépenser, même lorsqu’ils le peuvent ; ainsi,
… une équation impossible : les causes
Pour tant, il s’agit bien du phénomène
économique le plus dévastateur qui soit.
En substance, le mécanisme sous-jacent est le
suivant :
La spirale déflationniste
Source :Vadémécum 2014
Le cas du Japon …
Avec une dette équivalente à 245% du PIB
2014 et un taux directeur égal à 0,10% depuis
2008, il est difficile de diminuer les impôts
Inflation au Japon en glissement annuel (%)
Source : Bloomberg
4
ou de baisser les taux en vue de relancer la
consommation et les investissements.
De plus, le Japon est le pays qui vieillit le
plus vite au monde : les départs à la retraite
sont massifs et le taux de natalité est très
faible (1,4 enfants par femme). L’Etat emprunte
presque la moitié du montant de son budget
pour financer la dette et le vieillissement de la
population.
A son arrivée au poste de premier
ministre, Shinzö Abe a mis en place des
mesures visant à relancer l’économie
japonaise. Depuis décembre 2012, pour
contrer cette spirale, la Banque du Japon
(BoJ) décide de développer des mesures dites
« non-conventionnelles » : les Abenomics.
En pratique cela renvoie à augmenter
significativement la «base monétaire»,
notamment via le système de
«l’assouplissement quantitatif»
(QE - Quantitative Easing, en anglais) qui
consiste à injecter de très grandes quantités
de liquidités dans le système financier.
Parallèlement à ces mesures monétaires,
des mesures budgétaires et fiscales sont
développées. Ces mesures ont permis
au Japon de voir son économie
redémarrer.
Malgré tous ces efforts le Japon finit l’année
2014 sur une note contrastée. Avec une
inflation quasi-nulle, la consommation des
ménages qui diminue et la production
industrielle qui recule nous pouvons voir que
les Abenomics patinent et ainsi mettent en
doute l’efficacité de cette politique. Même si
la BoJ a annoncé à la mi-janvier une révision
à la baisse de ses prévisions d’inflation, cette
dernière reste positive sur ses anticipations
de croissance avec produit intérieur brut
(PIB) en hausse de 2,1% pour l’exercice fiscal
2015-2016.
Les conséquences sur les actifs
immobiliers et boursiers
Les marchés financiers appréhendent de
manière négative la déflation. En effet depuis
le début des années 90 avec l’éclatement de
la bulle boursière puis celle de l’immobilier, la
bourse japonaise s’est effondrée de près de
77%.
Le nombre de faillites d’entreprises au Japon
atteint le deuxième niveau de plus élevé de
l’après-guerre avec 19 441 dépôts de bilan
en 2011 et l’une des principales causes est la
déflation.
La crise a frappé de plein fouet des secteurs
clés de l’économie entrainant le pays en
récession. Le secteur de l’immobilier et le
secteur bancaire ont été les premiers à être
touchés et les géants japonais de l’électronique
ou de l’automobile n’ont pas non plus été
épargnés.
Dans ce contexte l’expérience japonaise
est forte d’enseignements eu égard à la
situation actuelle des prix en zone euro.
INDUSTRIE
par Tania Gonçalves
[email protected]
LA RENAISSANCE DE L’INDUSTRIE EUROPÉENNE
Les nouvelles associées à l’industrie française
ont souvent été synonymes de désillusions,
telles les déboires d’Areva, le rachat
d’Arcelor par Mittal ou encore les difficultés
financières d’Alcatel.
Après une période de vaches maigres,
nos industriels pourraient voir, dans les
récents évènements, revenir le temps des
« vaches grasses ».
Nous assistons presque incrédules à deux
événements majeurs : tout d’abord la poursuite
de la baisse des taux, qui sont à leurs plus bas
historiques. Pour la première fois l’Etat français
emprunte à 10 ans à 0,63%. A cela s’ajoute
l’effondrement de plus de 50% du prix du baril
de pétrole, qui a vu son cours passer de 116 $
à 47 $. Un temps béni donc pour les industriels
endettés d’une part, mais également ceux dont
le pétrole représente une part importante du
coût d’exploitation.
Prenons l’exemple du nouvel ensemble
LAFARGE/HOLCIM. Ces deux leaders
des matériaux de construction, le français
L A FA R G E e t l e s u i s s e H O L C I M , o n t
annoncé en avril dernier « une fusion entre
égaux » pour créer le leader mondial du
secteur avec un chiffre d’affaires de 27 milliards
d’euros.
Neuf mois après l’annonce de la fusion, Bruno
Lafont (président de LAFARGE) et Wolfgang
Reitzle (président d’HOLCIM) reviennent avec
un discours très optimiste sur le déroulement
de l’opération, soutenu par cet environnement
très favorable. Ils font état de trois éléments
clés :
1/ Le retour de la croissance dans la
construction
« La locomotive américaine repart », tel est
le signal envoyé par les Etats-Unis depuis
maintenant plus de 6 mois avec une croissance
attendue pour l’année de plus de 3%.
Le Groupe LAFARGE/HOLCIM réalise plus de
20% de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis.
Une hausse des volumes attendue dans l’industrie du ciment
Source : estimations JP Morgan
L’indice japonais des années 80 à nos jours
Source : Bloomberg
6%
7%
4% 4%
2%
3%
5%
3%
3%
4%
0%
-3%
Europe de
l'Ouest
Europe de l'Est Amérique du Moyen Orient / Asie Pacifique
nord
Afrique
2014 (e)
5
2015 (e)
LATAM
2/ La baisse du prix du baril de pétrole, une aubaine pour la profitabilité du Groupe
Si la principale matière première reste
le granulat, les dépenses liées au pétrole
représentent 6% du chiffre d’affaires (plus de
7,5% des coûts de production).
Du fait de la baisse du pétrole, la marge
d’exploitation de 2014e pourrait passer de
15,4% à 18% du chiffre d’affaires, soit une
croissance de 17% du résultat d’exploitation.
Structure de coût en % du chiffre d’affaires (2014e)
(ex. LAFARGE)
Source : estimations JP Morgan
32%
25%
15,4%
15%
7%
Autres
AVANT
baisse
pétrole
APRES
baisse
pétrole
Résultat
exploitation
3/ Rationalisation de l’endettement
To u t c o m m e d e n o m b re u s e s s o c i é t é s
industrielles, le Groupe LAFARGE est
fortement endetté avec une dette financière
nette qui représente 16x les Free Cash Flows 1
du Groupe (7,6x pour HOLCIM).
Enfin, rappelons que la hausse récente de plus
de 15% du franc suisse n’aura pas d’impact
tant sur la parité d’échange que sur le chiffre
d’affaires puisque ni LAFARGE, ni HOLCIM
n’exercent d’activité en Suisse.
Par cette fusion, le nouvel ensemble va
supporter une dette de 15 milliards d’euros,
mais il va pouvoir bénéficier :
• d’une notation de crédit plus solide pour le
nouvel ensemble,
• des renégociations de lignes de crédit,
profitant ainsi de la baisse des taux (taux
d’intérêt moyen de 6,4% en 2013 pour
LAFARGE).
En revanche, avec un siège social en Suisse, le
Groupe LAFARGE/HOLCIM pourrait pâtir des
variations de change lors de la consolidation des
résultats en franc suisse.
Pour cette année, le Groupe LAFARGE/
HOLCIM devrait réaliser une économie de frais
financiers de 200 millions d’euros.
par Alexis Bossard
[email protected]
L’AUTOMOBILE AMÉRICAINE TELLE LE PHÉNIX,
RENAIT DE SES CENDRES
A la crise des subprimes aux Etats-Unis est
associé généralement le nom de Lehman
Brothers, la banque qui fit faillite en 2008.
Mais on se souvient moins des images d’usines
en ruines, des rues désertes et des maisons
abandonnées dans les anciennes régions
industrielles américaines.
d’intérêt particulièrement bas ont poussé
les ménages américains à renouveler leurs
véhicules.
Ainsi la ville de Detroit dont le destin est
lié à celui de l’industrie automobile en
est la parfaite illustration.
Malgré un ralentissement logique du rythme
de la croissance des ventes au début de l’année
2014, la chute des prix du pétrole au cours de
l’été dernier a redonné un coup de fouet au
marché automobile
américain.
AutoNation, le 1er revendeur automobile
aux Etats-Unis a vu ses ventes progresser de
14,5% par an entre 2009 et 2013.
18,0%
6%
Matières Masse Electricité Pétrole
premières salariale
AUTOMOBILE
A l ’ e xe m p l e d e c e q u i s e p a s s e s u r
LAFARGE / HOLCIM, c’est l’ensemble de
l’industrie européenne qui pourrait bénéficier
de cette conjoncture exceptionnelle de baisse
des taux et d’énergie bon marché.
« Motor city » montrait ce visage d’une 1ère
puissance mondiale aux abois, General Motors
et Chrysler venaient de faire faillite, la ville avec
plus de 18 milliards de dettes n’était même
plus en mesure d’assurer l’éclairage public de
ses citoyens et se retrouvait en cessation de
paiement. Et pourtant…
Six années se sont écoulées et la ville
semble aujourd’hui renaître de ses
cendres.
Le prix à la pompe
du gallon d’essence
est passé de 3,40$
il y a un an, à moins
de 2,40$ aujourd’hui,
soit une économie
de près de 30% pour
l’automobiliste.
Finis les restructurations et les licenciements
massifs, la reprise économique et les taux
AutoNation, le 1er
revendeur automobile
aux Etats-Unis a vu
ses ventes progresser
de 14,5% par an entre
2009 et 2013.
Prix de l’essence à la pompe en US $ / gallon (3,8 litres)
Source : SG Datastream
-30%
Par cette renaissance, nous espérons le
retour d’une croissance saine en Europe.
1 Free Cash Flows :Trésorerie nette des investissements réalisés par l’entreprise
7
8
Résultat, les ventes de 4x4, pick-up et SUV
sont reparties en hausse (+10% en 2014)
et représentent désormais 52% du marché
(versus 44% en 2008).
Grâce à ce coup de pouce inattendu pour les
Big Three (General Motors, Ford et Chrysler),
le marché renoue avec ses traditionnelles
grosses cylindrées et termine l’année sur ses
niveaux d’avant crise à 16,5 millions de voiture
écoulées (+6% par rapport à 2013).
Pour Michael Jackson, le patron d’AutoNation,
cette « poursuite de la reprise du marché
américain était encore impensable il y a 1 an ».
Résultat, les ventes de 4x4,
pick-up et SUV sont reparties
en hausse (+10% en 2014) et
représentent désormais 52%
du marché (versus 44% en
2008)
Son groupe vient de voir ses ventes
augmenter de 9% au 4ème trimestre
2014 et ses bénéfices progresser à
plus de 10% pour le 16ème trimestre
consécutif.
« Grâce à la baisse du prix de l’essence, les
pickup et les SUV sont redevenus beaucoup
plus attractifs et c’est tout un marché qui
repart ! »
Le pick-up Dodge Ram 1500 (Fiat-Chrysler),
dont les ventes ont progressé de 28% en
2014, est désormais le troisième véhicule
le plus vendu aux États-Unis derrière le
leader Ford F150, un autre gros pick-up.
Beaucoup plus attractifs, ces derniers sont
également beaucoup plus visibles comme au
salon automobile qui se tient actuellement à
Detroit.
Confor tés par tous ces excellents
chiffres, le sourire est de mise pour
l’ensemble des exposants.
A l’image de Detroit, c’est toute l’Amérique
qui renait !
Vente d’automobiles depuis 2006 aux Etats-Unis (en millions d’unités)
Source : IHS Automotive
TRANSPORT
par Nicolas Levrier
[email protected]
CANADIAN NATIONAL RAILWAY : UN
BAROMÈTRE DE L’ÉCONOMIE RÉELLE
A l’heure où Amazon réfléchit à livrer ses
colis par drone, le fret par voies ferrées en
Amérique du Nord, ne s’est jamais aussi bien
porté !
Les très bons chiffres de croissance du PIB
aux Etats-Unis (+5% au troisième trimestre)
se retrouvent aussi dans les
résultats des sociétés de
chemins de fer.
Ironie de l’histoire c’est l’un
des plus vieux secteurs, lié à
l’essor du capitalisme au XIXe
siècle, qui en profite.
Les chiffres de croissance
publiés par ces sociétés
pourraient faire pâlir certaines
entreprises de la nouvelle
économie.
continent nord-américain d’Est en Ouest
et du Nord au Sud a vu ses volumes de
marchandises transportées progresser de
10,9% sur les 9 premiers mois de l’année
2014 après une croissance de 4,3% en
2013.
Ces bons
chiffres traduisent
le dynamisme
de l’ensemble
de l’industrie
américaine
Par exemple , la société Canadian
National Railway, dont le réseau relie le
Ces bons chiffres traduisent le
dynamisme de l’ensemble de
l’industrie américaine.
L e s ré c o l t e s re c o rd d e
céréales, la croissance de
la production automobile,
le renouveau de l’industrie
chimique, le boom des
p é t ro l e s d e s c h i s t e s , l a
progression du e-commerce
sont autant de facteurs
qui au final profitent à la
société Canadian National Railway (CNR) et
aux « railways ».
Action de Chicago Burlington and Quincy Railroad – XIXe siècle
*
*Big Three : General Motors, Ford et Chrysler
Crédits photos : www.chronorama.net
9
10
Progression des TMC* sur les 9 premiers mois de 2014
MARCHÉ OBLIGATAIRE
Source : Canadian National Railway
par Thierry Kotrec
[email protected]
DE LA VERTU DES TAUX BAS …
Depuis la crise des subprimes de 2007-2008, le
taux d’emprunt d’Etat en EUR à 10 ans (bund
allemand) a connu une baisse de plus de 4%
(4,62% fin juin 2008 contre 0,54% fin décembre
2014).
*TMC : tonnes-milles commerciales = nombre de tonne déplacé sur 1 mile (1,6Km)
Certains grands investisseurs de long terme ont
très tôt vu l’opportunité !
Warren Buffet a ainsi racheté Burlington
Northern Santa Fe en 2009. Son ami Bill Gates
a suivi le pas en prenant une participation de
12% dans CNR. Enfin Bill Ackmann, l’investisseur
activiste de Pershing Square a réveillé la société
Canadian Pacific en rachetant 10% du capital de
la société en 2011.
Aujourd’hui, victimes de leur succès,
les réseaux ferroviaires sont en partie
saturés ! Les délais de livraison augmentent.
Les clients les plus offrant sont donc servis en
premier, ce qui pose des problèmes notamment
pour les agriculteurs américains qui n’arrivent
pas à acheminer à temps leur production.
11
Plusieurs sénateurs américains, Jay Rockefeller
en tête, conscients du problème pourraient
décider de réguler à nouveau le secteur à moins
que la récente chute du cours du pétrole ne
vienne désengorger les réseaux…
Quoi qu’il en soit l’exemple de Canadian
National Railway nous montre que
l’ancienne économie américaine n’est pas
prête de disparaître.
Le développement de nouvelles
technologies (e-commerce, fracturation
hydraulique, nouvelles voitures électriques,
nouvelles semences agricoles, etc .)
peut même profiter à de très anciennes
sociétés.
Dans le même temps, le taux d’emprunt
pour une entreprise, après s’est renchéri
à l’aune de la perte de confiance globale, a
fondu de manière encore plus spectaculaire
pour les sociétés les mieux notées avec
l’assainissement des bilans et l’éloignement du
risque systémique mondial.
Nous n’en sommes plus à un paradoxe
près : une société comme Volkswagen qui
pouvait prétendre à emprunter sur les marchés
financiers à 4,875% en octobre 2007 (avant
crise), devait payer 7% fin janvier 2009 avec
une notation A- (agence de notation Fitch)...
Ce surcoût pouvait se chiffrer à plus de 100
millions d’euros pour 1 milliard emprunté sur
5 ans et était pour l’essentiel lié à la défiance
des marchés financiers.
Or, aujourd’hui le même emprunt serait émis
à 0,35% par Volkswagen qui a vu sa notation
relevée à A en mai 2014 !
Une gestion financière intelligente doit
conduire à un renouvellement systématique
des anciennes dettes.
Par ailleurs, compte-tenu de l’important appétit
des investisseurs, il peut être judicieux pour
un directeur financier
d’allonger la durée de
sa dette car le coût
pour des durées longues
(10 ou 20 ans) reste
ridiculement bas.
Une gestion
financière intelligente
doit conduire à un
renouvellement
systématique des
anciennes dettes.
Dans le cas de
Vo l k s w a g e n , i l e s t
de 1,62% pour une
obligation à échéance
2030, soit environ 4 fois
moins cher qu’en 2009
pour une durée 3 fois plus longue !
En l’espèce, les échéances d’obligations en
2015 pour l’ensemble du Groupe Volkswagen
seront de 18,5 milliards d’euros pour un total
Réseau de Canadian National Railway
Taux de l’emprunt d’Etat allemand à 10 ans
Source : Canadian National Railway
Source : Bloomberg
12
d’encours de 62 milliards d’euros, laissant
augurer de belles économies de charges
financières.
Ainsi pour ce début d’année, 3 milliards d’euros
arrivent à échéance, les obligations qui ont été
émises en remplacement représentent une
« économie » de 52 millions d’euros sur le
compte de résultat.
Si l’on considère que même 70% de l’encours
de dette (62 milliards d’euros) répond à
cette proportionnalité, ce n’est pas moins de
190 millions d’euros de charges financières.
Au-delà des renouvellements d’échéance, les
émetteurs profitent largement de l’appétit
des investisseurs et des taux bas : le marché
à l’émission des obligations d’entreprises a
représenté 300 milliards d’euros en 2014, et est
estimé à 280 milliards pour 2015.
Cet « argent à bon compte » permet de
restructurer la dette voire d’envisager des
opérations de croissance avec un niveau de
point mort largement abaissé et des effets
relutifs plus rapides, dans ce cas la baisse des
taux joue comme un effet de levier.
Ainsi, un « concessionnaire » tel que Vinci
présente un profil de taux moyen plus élevé de
la dette (4,66% contre 3,10% pour Volkswagen).
Vinci devrait également bénéficier à la fois de
la baisse des taux et de la baisse de la prime
de risque, d’autant que Standard & Poor’s lui
a attribué une notation A-, supérieure à celle
d’avant son entrée dans la crise (BBB+ en mars
2007).
La manne de la baisse des taux est d’autant
plus sensible que les sociétés sont fortement
endettées ou évoluent dans un secteur à forte
utilisation d’actifs.
De fait, les entreprises de ser vices aux
collectivités, les concessionnaires ou les
industries lourdes devraient être les grands
gagnants de cette situation exceptionnelle
d’environnement de taux bas, augurant de
possibles bonnes surprises sur les résultats
de certains d’entre eux dans les années à
venir.
Et quand les taux remonteront, l’impact pour
les entreprises sera neutre sur la dette déjà
contractée à taux fixe, récompensant les
directeurs financiers avisés. Ainsi, les entreprises
prudentes et prévoyantes qui auront engrangé
des capacités d’investissement et celles qui
auront investi dans leur outil de travail au
moment des taux bas, bénéficieront d’un
avantage concurrentiel.
Répartition de la dette Volkswagen par maturité
(données en K€)
Source : Bloomberg
EXPRESSION JURIDIQUE
par Arnauld Ducoulombier
[email protected]
LE BON PÈRE DE FAMILLE S’EN EST ALLÉ ….
Né en 1804, décédé le 4 août 2014, Avis
Mortuaire publié le lendemain au Journal
Officiel. Cet homme imaginaire mais néanmoins
normal faisait référence depuis plus de deux
cents ans. Il était prudent, diligent, attentif,
respectueux de la morale, soucieux des biens
et intérêts qui lui étaient confiés.
Il fleurait bon le parfum de l’encaustique et
de l’encre violette qui flottait dans les offices
notariaux.
Seulement voilà, certains édiles ont voulu sa
peau au travers de la loi tendant à consacrer
l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Le patriarcat aura vécu.
Exit donc le bonus pater familias issu du droit
romain et à qui nous devions une parcelle
d’humanité dans nos différents codes civils,
rural et de la pêche, de l’éducation, de la
consommation, de l’urbanisme et de la
construction. Il convient maintenant
d’utiliser le terme « raisonnable ».
Sans doute déjà attristé par la disparition
en février 2012 de sa compagne
« mademoiselle » qui elle aussi a été priée de
faire sa valise en disparaissant des formulaires
administratifs, il n’avait plus la force de se
battre.
Le débat à l’Assemblée n’aura duré que cinq
minutes.
A vouloir absolument tourner la page d’une
époque patriarcale, il s’en faudrait de peu que
notre grammaire soit révisée pour abolir la
règle qui stipule que le masculin l’emporte sur
le féminin ! Le droit quant à lui n’y verra aucun
changement.
Bon père de famille ou raisonnable, c’est blanc
bonnet ou bonnet blanc. Il faudra toujours user
de la chose paisiblement avec soin et diligence.
Le mètre étalon change d’appellation mais la
faute sera toujours jugée à la mesure de l’aune
comportementale des personnes.
Réforme emblématique d’une époque ,
dépoussiérage de textes anciens, totalitarisme
linguistique, sexisme, besoin d’individualisme,
évolution sociétale… soit, chacun appréciera
ce changement dans l’ombre de sa
conscience.
Le bon père de famille est mort, vive
l’être raisonnable !
Transatlantique Gestion a signé le
2 octobre 2014 une convention
de mécénat avec l’Institut Pasteur
visant à aider les chercheurs dans
leurs recherches sur les facteurs
génétiques à l’origine de l’autisme et,
espérons, à découvrir des traitements
pour soigner cette maladie qui
touche 5% de la population.
13
14
2014
2013
2012
2011
2010
Brongniart Monétaire
0,27
0,26
0,83
1,12
0,61
EONIA capitalisé
0,10
0,09
0,23
0,89
0,44
Brongniart Varifonds
4,87
1,89
4,70
1,43
2,90
Euro MTS 3-5 ans
6,00
2,28
8,64
0,83
1,05
Cipec Obligations
1,26
0,54
5,97
0,48
-
EuroMTS 1-3 ans
1,88
1,72
4,48
0,64
-
Brongniart Patrimoine
7,39
10,34
7,00
-13,55
6,48
50% Euro MTS + 3-5 ans + 35% Eurostoxx 50 + 15% Dow
Jones Industrial Average
8,18
12,24
-2,68
-1,79
8,97
Brongniart Rendement
5,46
14,01
7,05
-11,79
5,96
Euro Stoxx 50 (dividendes réinvestis)
1,85
17,95
13,79
-17,05
-5,81
Cipec Diversifié International Dynamique
11,42
18,60
9,76
-13,16
8,01
70% MSCI World en € + 30% EONIA Capitalisé
13,68
13,14
7,88
-3,04
12,35
Brongniart Monde
12,71
19,41
6,84
-12,55
9,37
MSCI World en € (dividendes réinvestis)
15,77
17,49
10,75
-8,27
6,29
Euromutuel Brongniart Valeurs Européennes
4,59
20,93
11,97
-13,46
9,20
70% Eurostoxx 50 + 30% CAC 40
0,68
17,96
14,22
-17,02
-5,07
Brongniart Avenir
5,34
18,72
17,70
-21,80
2,72
75% Eurostoxx Mid + 25% Stoxx Europe Mid 200
5,99
28,15
15,94
-11,34
8,63
Brongniart PME Diversifié*
-6,88
-
-
-
-
80% MSCI EUROPE MICRO CAP Index + 20% de l’EONIA
capitalisé*
-3,36
-
-
-
-
Source Transtlantique Gestion au 31 décembre 2014. * Depuis le 27/02/2014. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et ne
sont pas constantes dans le temps. Investir dans un OPCVM comporte des risques, notamment de ne pas récupérer les sommes investies. Retrouvez toutes
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