POLITIQUE ÉCONOMIQUE ET CROISSANCE EN EUROPE 5
Introduction
Il n’est sans doute pas nécessaire de souligner la grande actualité du
rapport qui suit. Après le double non français et néerlandais au projet de
constitution européenne, l’Europe politique est en panne, pour une durée
indéterminée. En attendant qu’elle rebondisse, ou plutôt pour faciliter son
rebond, il faut compter sur l’Europe économique. Or, de ce côté-là, le bilan
et les perspectives à court terme sont pour le moins mitigés.
Le rapport part d’un constat aujourd’hui largement partagé : la stratégie
européenne de croissance n’a pas donné les résultats que l’on pouvait en
attendre, surtout après les objectifs ambitieux affichés à Lisbonne (2000) en
matière d’innovation et de R&D, de formation, d’emploi, etc. D’où viennent
la panne de croissance européenne, la fragilité économique et sociale et le
sentiment de frustration qui l’accompagnent ? Les explications habituelles,
généralement fondées sur des comparaisons Europe/États-Unis – la lenteur
des réformes structurelles, la « préférence pour le loisir », le caractère en-
core incomplet du marché unique, la faible réactivité des politiques macroé-
conomiques en Europe… – ont, chacune, leur part de vérité. Les auteurs
insistent ici sur deux aspects :
•l’intégration économique européenne s’essouffle, et les potentialités
nées de l’élargissement existent mais il faut se donner les moyens économi-
ques et politiques de les concrétiser. Les chiffres confirment bien que l’inté-
gration ne joue plus son rôle de moteur de croissance ;
• en fait, même si les responsabilités nationales ne peuvent pas
être évacuées (par exemple, sur la non-réalisation de l’agenda de Lisbonne),
il faut affronter la réalité : les déficiences de la croissance européenne ren-
voient aussi, en partie, aux dysfonctionnements dans le système de politique
économique en Europe. Il apparaît en particulier que prétendre aborder sépa-
rément les politiques macroéconomiques et les réformes structurelles ne
tient pas la route. Ainsi, par exemple, l’effet des politiques macroécono-
miques (monétaire, budgétaire…) contra-cycliques est clairement accru lors-
que ces politiques peuvent profiter de mesures structurelles comme le meilleur
fonctionnement du marché du travail et du marché des biens.
C’est pourquoi le rapport privilégie plusieurs recommandations concrè-
tes dans le droit fil du diagnostic effectué.