Introduction à Massekhet Souka

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Introduction à Massekhet Souka
Dans la Thora, le mois de Tishrei est appelé Ha’hodesh Hashevii – le septième mois du calendrier
juif. Les sages notent (Vayikra Rabba 29) qu’il peut aussi se lire “Ha’hodesh Hasevii” (Sevii au lieu
de Shevii) voulant dire “le mois rassasié”, car il est empli et saturé de Mitzvot. La fête de Soukot
contient tout particulièrement beaucoup de Mitzvot. Une partie de ces Mitzvot figurent dans les
nombreux passages de la Torah sur la fête, les autres sont des traditions transmises à Moshe
Rabenou au mont Sinaï – “Halakha lemoshe misinai”. Autant de Mitzvot qui octroient à cette fête
une teinte si particulière.
Un des aspects distinguant Soukot des autres fêtes est qu’il n’y a pas à Soukot de point central
mais c'est une fête multi facette. Ainsi, hormis les lois standard s’appliquant à toutes les fêtes
(énumérées et expliquées au traité Beitza), les Mitzvot rattachées au pèlerinage du Temple
(discutées au traité ‘Hagiga), Soukot comprend aussi ses propres lois et Mitzvot uniques à cette
fête. Elles sont:
L’endroit où une personne dort et mange (Souka)
Le bouquet spécial (le Loulav et le Etrog)
Les sacrifices additionnels et variés qu’on offrait au temple (les Korbanot Moussaf spéciaux de
Soukot)
Et le service spécial du Temple durant la fête.
Bien que Soukot soit la dernière des trois fêtes de pèlerinage commençant par Pessah puis
Shavouot, il se différencie par son caractère. Tandis que Pessa’h commémore la sortie d’Egypte et
Shavouot le don de la Torah, s’inscrivant aussi dans le calendrier agricole avec l’offrande du Omer
à Pessa’h et le Shetei Hale’hem (deux pains) apportés à Shavouot, Soukot reste seul. Soukot est la
fête qui conclut le cycle des fêtes de l’année juive. En tant que tel, Soukot schématise et conclut
les événements de l’année mais agit aussi comme un pont d’une année à l’autre, offrant prière et
espoir pour un nouveau commencement, une nouvelle année.
Ainsi, Soukot ne célèbre non pas un événement particulier mais toute l’épopée de la traversée du
désert par la toute nouvelle nation d’Israël sans terre ni stabilité. Cette commémoration comprend
les miracles de la libération de l’esclavage Egyptien, ainsi que ceux qui nous accompagnèrent
durant les quarante ans dans le désert. Mais Soukot célèbre aussi les étapes historiques liant cette
libération avec l’entrée de la nouvelle nation indépendante sur sa terre promise de longue date,
avec un accent particulier sur l’agriculture. Les quatre espèces sont à la fois une parade exposant
le succès de l'année passée et une prière pour une nouvelle année aussi abondante en pluie et en
moisson.
Mais Soukot ne concerne pas uniquement le peuple juif. C’est aussi une fête exhibant et célébrant
notre lien et notre préoccupation pour les autres peuples, pour le monde. Les prières pour la pluie
et l’abondance de la moisson sont des concepts universels profitant à l’humanité toute entière
mais aussi au reste des créatures. Les sages relèvent par exemple les sacrifices de Moussaf unique
à cette fête: les 70 taureaux représentant les 70 nations du monde. Plus encore, le prophète
Zakaria (14:16) annonce comme la fête de Soukot sera celle qui attirera tous les peuples du monde
à venir en pèlerinage au Temple de Jérusalem.
Un autre aspect unique à cette fête est l’accent mis sur la Sim’ha – la joie. Au point que c’est la
seule des trois fêtes qui est systématiquement surnommée dans nos prières “Zeman
Sim’hatenou”, le temps de nos réjouissances. A cela sont liées certaines lois reçues par tradition
“Halakha leMoshe Misinai” transmises par Moise au mont Sinaï, comme:
Nissoukh Hamayim – l’aspersion de l’eau sur l’autel, constituant le point central du service du
temple pendant la fête,
Hakafat Hamizbea’h – tourner autour de l’autel avec la Arava, puis
‘Hibout Haarava – frapper la Arava.
Tous ces symboles qui sont finalement des sortes prières pour le succès de la nouvelle année,
comme il sied à Soukot, ne constituent pas un ensemble de prières manifestes mais forment
plutôt une sorte de référence oblique au besoin du peuple juif et du reste du monde en général, le
tout dans un contexte de célébration joyeuse.
Bien qu’il y ait de nombreux versets de la Torah sur les commandements de la fête, la Massakhet
(=traité) Souka se concentre plus sur les versets basés sur Halakha lemoshe misinai, ces traditions
orales transmises par Moise au Mont Sinaï. Tandis que plusieurs traités du Talmud offrent une
approche méticuleuse traitant des détails de certains commandements ou de la façon de traiter
un cas particulier etc., Massekhet Souka offre une approche différente. Ici on traite plus de
questions plus fondamentales et conceptuelles telles que la question de savoir “qu’est ce qu'une
Souka?” ou “quels sont les quatre espèces?”. Ces questions doivent être éclaircies avant de
pouvoir procéder aux détails tels que leurs tailles, structures et technique de constructions. La
majorité de ces réponses proviennent de la tradition mentionnée plus haut, Halakha Lemoshe
Misinai. Lorsque ces réponses ne trouvent pas d’appui dans le texte bibliques, et afin de protéger
ces traditions des sectes telles que les Tzedoukim et les Baitossim qui les rejetaient, les sages leurs
conférèrent une grande importance.
Enfin, Massekhet Souka est en prise avec un autre problème Halakhique: la perte du Temple de
Jérusalem et l’implication que ceci eut sur les Mitzvot y étant liées. Car bien que certaines Mitzvot
soient indépendants du Temple (comme la Souka par exemple), et que d’autres ne peuvent
évidemment plus être observées comme avant (comme les sacrifices de Moussaf), certaines
Mitzvot, tout en ayant une certaine indépendance vis à vis du Temple y étaient profondément
liées, telle que les quatre espèces. Les Mitzvot de ce type prirent un caractère nouveau après la
destruction du Temple, et les sages prirent toutes les mesures nécessaires – en y ajoutant
certaines Halakhot dans la façon de les pratiquer – pour qu’elles soient perçues comme une
Zekher Lamikdash.
Tout ceci et d’autres questions encore sont traitées en détails dans la Massekhet Souka.
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