Les banques ne sont pas des entreprises (tout à fait) comme les autres

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Les banques ne sont pas des entreprises (tout à fait) comme
les autres
Il y a encore 25 ans, la plupart des banques et des institutions financières étaient placées sous le
contrôle de l’État. Beaucoup étaient spécialisées (Crédit foncier, Crédit agricole, Banques
populaires, Caisses d’Épargne…), les taux d’intérêt étaient en grande partie administrés et la
Banque de France encadrait le crédit.
Aujourd’hui, les banques se livrent à une concurrence sur tous les terrains. Le crédit et les taux d’intérêt ne
sont plus administrés et, qu’elles soient privées ou mutualistes, elles ont de fortes exigences de rentabilité.
Comme dans la plupart des secteurs d’activité, la concurrence limite les marges sur les produits et les
services bancaires et pousse aux innovations. Pourtant les banques ne sont pas tout à fait des entreprises
comme les autres.
La gestion d’un bien commun à tous
Leur activité qui consiste à faire le commerce de l’argent et leur pouvoir de création monétaire en font des
acteurs économiques et sociaux indispensables. Elles ont le pouvoir de permettre aux projets des
industriels et des particuliers de se réaliser sans épargne préalable. En même temps leur responsabilité est
considérable : les banques sont au cœur de la gestion de ce bien commun que constitue l’argent, ce qui
implique pour elles des contraintes et des droits.
Les pouvoirs publics, et notamment la Banque Centrale, doivent veiller à ce que les banques ne mettent
pas en péril, par une activité trop risquée (prêts en quantité supérieure à leur capacité à les financer, prêts
à des emprunteurs peu solvables, spéculation...), l'existence de l'argent comme instrument d'échange
fiable.
Si elles se livrent une concurrence parfois acharnée, elles doivent nouer entre elles des relations très
étroites qui expriment leur appartenance commune à un même système bancaire.
Une fragilité structurelle
Les banques partagent la partie la plus classique de leurs activités entre les dépôts qu'elles reçoivent et les
prêts qu'elles octroient. Cet édifice a un effet particulièrement positif puisqu'il permet, grâce au maintien et
au renouvellement des dépôts, de financer des activités qui n'auraient pas pu l'être par un simple prêt entre
particuliers ou par le recours aux marchés financiers. Mais cette activité de « transformation », qui est au
cœur du fonctionnement traditionnel des banques, est une source majeure de fragilité : en effet la banque
reçoit des actifs liquides de court terme (des dépôts qui peuvent à tout moment être retirés) qu'elle
transforme en actifs peu liquides de moyen ou long terme (les crédits qu'elle consent et dont le
remboursement est progressif). Même si cette banque est bien gérée, il suffit qu'une fraction importante de
ses déposants décide de retirer ses avoirs pour qu'elle connaisse des difficultés. Si le montant des retraits
dépasse celui des réserves, la banque est en effet obligée d'emprunter d'urgence, dans des conditions
généralement défavorables, auprès d'autres banques. Sa profitabilité peut ainsi se détériorer très
rapidement. Les déposants, inquiets pour leurs dépôts, peuvent rationnellement être tentés de retirer leurs
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avoirs, ce qui, en l'absence d'intervention extérieure, précipite la banque dans la faillite. De ce fait la
banque est constamment exposée au risque d'un mouvement de retrait des dépôts qui excèderait ses
réserves d'argent disponible.
Dégâts en chaine
La défaillance d'un établissement peut avoir des répercussions importantes sur les autres banques, même
individuellement bien protégées contre les risques qui peuvent les affecter (risque de crédit, risque de
marché...). A cause des fortes interrelations entre banques, la chute de l’une peut entrainer la chute des
autres. C’est ce qu’on appelle un risque de crise systémique. C’est ce qui a été vérifié avec la faillite de
la banque Lehman Brothers à l’automne 2008. Ce risque est dû à un ensemble de facteurs.
Lorsqu'une institution bancaire est en difficulté, elle va chercher à vendre une grande partie de ses actifs
pour disposer de liquidités, ce qui risque de faire chuter le cours des marchés sur lesquels elle est
présente.
De plus, en prenant connaissance des difficultés de la banque A, les déposants des autres banques
risquent de ne plus faire confiance à leur propre banque et vont chercher à récupérer leurs dépôts, mettant
ainsi l'ensemble du système bancaire en difficulté.
Par ailleurs chaque banque a beaucoup à perdre dans la disparition d'une autre banque, puisqu'elle
perdrait alors les crédits qu'elle lui a consentis.
Impact général sur l’économie
« Quand le bâtiment va, tout va » dit un dicton populaire. « Quand la banque va mal, rien ne va »,
pourrait-on ajouter. Les crises bancaires ont pour effet de menacer la capacité des banques à faire crédit et
par voie de conséquence la capacité d’investissement et de consommation des ménages et des
entreprises.
C’est pourquoi la banque, entreprise finalement pas tout à fait comme les autres, est aussi
l’entreprise la plus soumise aux réglementations et contrôles.
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