
La répartition sectorielle des grands projets
Avec 55.4% de l'ensemble des investissements en 1995, le secteur industriel, le plus
productif en emplois, a chuté à 28.7% en 1997, principalement en raison de l'agonie du
processus de paix, surtout après l'arrivée de la droite au gouvernement israélien. La majorité
des projets concerne les produits de consommation ou les matériaux de construction. En
1997, 1434 employés ont été embauchés dans ce secteur, ce qui constitue 45% de l'ensemble
des emplois créés grâce aux investissements. (voir tableau 2)
A l'inverse de l'industrie, les services (banques, assurances, éducation et santé) ont affiché
une croissance régulière: de 19.2% en 1994 à 44.5% en 1997. Le secteur du tourisme a pris
une importance considérable en 1996 avec 26.4%, avant de reculer en 1997 à 19.2%.
Quant aux grands projets de construction, ils ont atteint un pic en 1994 (44.6%), dans
l'idée d'un retour massif des Palestiniens de la diaspora : un mirage vite découvert.
Actuellement ce secteur est en crise, les statistiques révélant 3242 bâtiments sont vacants
(complètement ou partiellement) dans les Territoires palestiniens, et 19311 en construction.
(PCBS, 1998b).
Les investissements en agriculture sont minimaux à cause de la rareté en terre et en eau.
Un nouveau Modèle des activités économiques
L'impact de la contribution de la diaspora n'est pas seulement quantitatif. Il a favorisé
l'apparition d'un nouveau Modèle d'activité économique grâce aux nouvelles sociétés
holdings qui ont apporté des investissements stratégiques et à long-terme, également
d'importants projets, dépassant les capacités d'un seul investisseur. Ceci pourrait lancer un
processus catalyseur d'accumulation du capital dans un pays dominé par de petites et
moyennes entreprises à base familiale, dont l'économie se caractérise par de rares ressources
et par un niveau élevé d'importations
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.
Le leader de ces sociétés holding se nomme PADICO. Avec un capital de 350 millions $,
elle a été créée en 1993 par un groupe d'éminents hommes d'affaires palestiniens de la
diaspora provenant surtout de la Jordanie et du Golfe (dont le président du Conseil
d'administration est Monib Al-Masri), afin de mobiliser les petits investisseurs ou ceux qui
n'ont pas accès aux Territoires palestiniens. (Hanafi, 1997: 98) Elle ambitionne d'investir un
milliard de dollars à la fin du siècle. PADICO a résolu le problème du clivage entre
Palestiniens de l'intérieur et de l'extérieur en créant des filiales où peuvent participer les
investisseurs locaux. Comptent parmi ses plus grands succès des projets d'infrastructure telles
la zone industrielle de Gaza; la société de téléphone Palestine Communications (PALTEL),
dont 70% des actions sont détenues par PADICO; et bientôt une autre compagnie
d'électricité, Palestine Electricity Co., (du capital de 100 millions $). Dans le secteur
industriel, Palestine Industrial Investment Company (PIIC), une filiale de PADICO, affiche
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- Je me contente d'exposer quelques conséquences économiques de la contribution de la
diaspora. Or au niveau social et politique, il y en a plusieurs qui débordent le sujet de cet
article. Simplement je dois signaler que l'entrepreunariat de la diaspora introduit dans la
société palestinienne se caractérise par une relative autonomie par rapport à l'Autorité
nationale palestinienne. Cette autonomie est beaucoup plus que celle de leurs collègues de
l'intérieur, bien qu'un certain chevauchement existe entre les deux groupes. Ici je me distancie
de l'analyse de Cedric Balas dans ce même numéro qui n'a pas pris en compte le dynamisme
et la résistance du secteur privé palestinien par rapport au clientélisme, au népotisme, et au
néo-patriarcalisme.