Aurore Faivre, comédienne - Theatre

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CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE
PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR
LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ
PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
LE POCHE
Aurore Faivre, comédienne
UNE SAISON QUI SCINTILLE…
Le Poche 2014-2015 est « un cocktail explosif » à plus d’un égard, un programme de dix
spectacles, dont voici les principaux atouts :
Réunir des artistes du cru, aussi habités et inspirés que Sandro Palese et José Lillo. Le
premier signera une adaptation libre de La Fièvre du samedi soir, FEVER, entouré d’une
bande de jeunes comédiens récemment sortis d’écoles de théâtre (La Manufacture ou Les
Teintureries) ; le deuxième écrit une histoire d’amour chahutée par une dispute concernant
LE RAPPORT BERGIER, avec Lola Riccaboni, Felipe Castro et Maurice Aufair.
Faire entendre la voix profonde et envoûtante de l’écrivaine encore trop méconnue, Jeanne
Benameur, sous la houlette du genevois Didier Carrier, qui s’entoure pour créer LES
DEMEURÉES de l’actrice belge la plus cotée du moment : Laurence Vielle, de la fougueuse
Maria Perez, ainsi que de la formidable musicienne Béatrice Graf ; une coproduction avec le
Théâtre Vidy-Lausanne.
Confirmer des talents singuliers comme celui de l’auteur-metteur en scène Yann Reuzeau
avec MÉCANIQUE INSTABLE, une pièce aussi intelligente, drôle et vitaminée que Chute
d’une nation, de passage au Poche il y a deux ans ; ainsi que celui, irradiant, du comédien
Jean-Quentin Châtelain, de retour sur le plateau du Poche avec une adaptation scénique de
GROS-CÂLIN, le merveilleux roman de Romain Gary, l’auteur aux deux prix Goncourt !
Surprendre par la rencontre audacieuse de Claudia Stavisky, directrice du Théâtre des
Célestins de Lyon, et de Penelope Skinner, la jeune auteure britannique avec EN ROUE
LIBRE ; une pièce provocatrice et sulfureuse, encore inédite en français, qui réunira six
comédiens de haut vol, dont notamment David Alaya et Nathalie Lannuzel.
Émouvoir avec l’écriture de plateau, déconcertante de sensibilité et de vie, de la jeune
metteure en scène et dramaturge Julie Duclos, créant avec sa compagnie In Quarto,
constituée de comédiens issus du Conservatoire de Paris en 2010, DU PAIN ET DES ROLLS,
d’après le film de Jean Eustache, La Maman et la putain. Un spectacle coécrit avec un
scénariste de la Nouvelle Vague, Guy-Patrick Sainderichin.
Régaler avec une version originale du chef-d’œuvre de Beckett, EN ATTENDANT GODOT, en
coproduction avec Château Rouge Annemasse, par le metteur en scène Laurent Vacher ;
ainsi qu’avec la reprise exceptionnelle d’un grand succès du Poche : LES COMBATS D’UNE
REINE, une adaptation et une mise en scène réalisée d’après les œuvres flamboyantes de
Grisélidis Réal, peintre, écrivaine et prostituée genevoise, décédée en 2005.
Le spectacle sera joué par trois actrices de trois générations différentes : Élodie Bordas,
Judith Magre et… moi-même.
Enfin, ce programme enchante avec des retrouvailles étincelantes : celles de Gérard
Desarthe, fidèle du Théâtre de Poche depuis dix ans, qui dirigera et partagera la scène avec
la divine Carole Bouquet, dans un étrange et fascinant duo signé Harold Pinter,
DISPERSION (Ashes to Ashes).
Merci de votre attention et très belle saison à tous.
Françoise Courvoisier
et toute l’équipe du Poche
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FEVER à la vie à la mort
Attilio Sandro Palese
13 septembre > 3 octobre 2014
p. 3
EN ATTENDANT GODOT
Samuel Beckett / Laurent Vacher
7 > 11 octobre 2014
p. 6
LES DEMEURÉES
Jeanne Benameur / Didier Carrier
16 octobre > 2 novembre 2014
p. 10
LES COMBATS D’UNE REINE
Grisélidis Réal / Françoise Courvoisier
17 > 30 novembre 2014
p. 14
GROS - CÂLIN
Romain Gary / Bérangère Bonvoisin
17 > 31 décembre 2014
p. 18
MÉCANIQUE INSTABLE
Yann Reuzeau
5 > 18 janvier 2015
p. 22
LE RAPPORT BERGIER
José Lillo
2 > 22 février 2015
p. 26
DU PAIN ET DES ROLLS
Guy - Patrick Sainderichin
25 février > 1er mars 2015
p. 30
EN ROUE LIBRE
Pénélope Skinner / Claudia Stavisky
9 > 22 mars 2015
p. 33
ASHES TO ASHES
Harold Pinter / Gérard Desarthe
27 mai > 7 juin 2015
p. 37
MAIS ENCORE…
L’apéro des auteurs, Territoires en écritures, Voyages des publics
p. 40
LES TOURNÉES DU POCHE
p. 41
INFORMATIONS GÉNÉRALES
p. 42
Prix, abonnements, horaires & équipe du Poche
1 . FEVER à la vie à la mort
(création)
13 SEPTEMBRE > 3 OCTOBRE 2014
Texte & mise en scène
Chorégraphie
Lumière
Musique
Costumes
Coiffures & maquillage
Attilio Sandro Palese
Caty Eybert
Nicolas Mayoraz
Eagle
Tania D’Ambrogio
Arnaud Buchs
Jeu
Jérôme Denis
Aurore Faivre
Blaise Granget
Nathan Heude
Julie-Kazuko Rahir
Bastien Semenzato
- Arrête de toucher mon front, maman, je suis plus un gamin ! J’ai pas de fièvre...
T’es contente ? Maintenant, je suis tout décoiffé !
À l’instar de La Fièvre du samedi soir, le film culte dont s’inspire Attilio Sandro
Palese, Fever raconte l’histoire d’un jeune homme de dix-neuf ans, d’origine
italienne, qui danse comme un dieu. Nous sommes dans les années septante, à
Brooklyn, et tous les samedis soir, Tony rejoint sa bande de copains au dancing du
coin. Et là, grâce aux fringues, aux paillettes, à l’alcool, aux filles et surtout à la
disco, ils s’éclatent le temps d’une soirée, oubliant la vie ordinaire et ses difficultés.
Sandro Palese donne la parole à ces jeunes un peu paumés, en quête de sens et de
sensualité, dans un monde qui ne leur donne aucune réponse. Mais cette histoire
dessine aussi la rencontre profonde et authentique de Tony et Stéphanie, deux
individus solitaires pour lesquels l’amour sera peut-être un début de réponse.
COPRODUCTION LE POCHE GENÈVE / LES CÉLESTINS THÉÂTRE DE LYON /
CIE LOVE LOVE HOU ! / AVEC LE SOUTIEN D’INTERREG FRANCE-SUISSE
13 septembre > 3 octobre 2014
FEVER À LA VIE À LA MORT
LE FILM CULTE DE MES PARENTS
Attilio Sandro Palese
Je devais avoir neuf ans et je me souviens de la réaction de mes parents lorsqu’ils ont vu
pour la première fois le film Saturday Night Fever. C’était leur film culte ! Les deux adoraient
la danse, mais je me demande s’ils identifiaient leur relation de couple aux relations rudes
entre les hommes et les femmes schématisées dans le film ? Peut-être secrètement et
individuellement, le film les touchait dans ce qu’il exprime de plus cruel ? Mon père était
italien et ma mère française. Tout deux immigrés, tout deux issus de cultures bien
différentes. Il y avait de quoi s’identifier.
Mais peut-être que je me trompe et qu’il n’y avait que le plaisir de voir des jeunes gens qui
dansent divinement et celui d’être transportés à leur tour, sur les chansons des Bee Gees !
Danser et oublier les difficultés de la vie. Pour la célébrer aussi. Danser parce qu’on est
encore jeune et que notre cœur bat encore la mesure disco. Moi, je trouvais que c’était une
sorte de documentaire qui parlait de la rencontre de mes parents (je l’ai vu à la télé en leur
compagnie bien sûr !). Une histoire que je connaissais déjà. Mais j’étais imberbe, les filles ne
me faisaient encore aucun effet et l’entrée dans le monde des adultes se ferait dans au
moins mille ans. Je ne possédais pas toutes les clés pour entrer dans cette histoire. Je
n’avais pas conscience de ce que c’était d’être un étranger vivant loin de tout ce qu’il connaît.
Et puis, je ne savais pas encore danser le disco et je débutais dans la frime !
Je suis très touché par cette histoire. J’aime sa profondeur humaine, j’aime le plaisir qu’elle
donne, parce qu’il y a la danse et la joie de danser, comme si la Vie, n’était qu’une grande
chorégraphie. J’aime sa simplicité et les rapports archétypaux qu’elle raconte. Cela la rend
universelle et compréhensible pour tous. Voilà pourquoi, je veux la raconter. Je veux parler
de ces jeunes en quête de sens et de sensualité dans un monde qui ne donne aucune
réponse.
Je garde la fable du film : un jeune, qui danse comme un dieu, rencontre une jeune femme.
La danse symbolise pour moi, l’ouverture à la Beauté dont nous sommes tous capables. La
danse permet à chacun de découvrir sa sensibilité, aussi bien masculine que féminine. Une
sensibilité qui fait parfois défaut dans nos sociétés sexuées et compétitives.
J’espère réveiller la danse en chacun de nous. La Vie est rythme et musique. Elle est légère
lorsqu’on s’abandonne à son mouvement parce qu’il a lieu maintenant et pour toujours. Il
nous éloigne des soucis inutiles de l’hier, et ceux inexistants du demain.
Shiva danse au-dessus de l’ignorance et rythme la création et la destruction du monde. Ce
dieu hindou est un des principes fondateurs de l’univers. Nous serions tous les enfants de
cette danse cosmique. Lorsque nous tapons du pied, parce que soudain une envie naturelle
et irrésistible nous prend, c’est l’Éternité qui danse à travers nous. Elle danse sous les
étoiles qui disparaitront un jour et qui laisseront place à de nouvelles choses incroyables.
Car l’Éternité aussi, aime changer de disque de temps à autre.
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13 septembre > 3 octobre 2014
FEVER À LA VIE À LA MORT
ATTILIO SANDRO PALESE
Diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Lausanne, Attilio Sandro Palese joue sous la
direction de metteurs en scènes tels que Benno Besson, Gérard Desarthe, Philippe Lüscher,
Françoise Courvoisier, Gian Manuel Rau, Anne Bisang et Philippe Mentha. Au Poche, on a pu
apprécier sa présence dans Salida de Sandra Korol, Le Test de Lukas Bärfuss, Vorace
d’Anne-Sylvie Sprenger ainsi que dans Jean la Vengeance de Jérôme Robart. Récemment on
le retrouve sous la direction de Nathalie Cuenet dans Un Avenir heureux de Manon Pulver au
Grütli.
Sandro Palese réalise sa première mise en scène en 2002 ; Hot House de Harold Pinter, au
Théâtre du Moulin-Neuf à Aigle. Ensuite, il aborde Fassbinder avec Le Bouc, spectacle qui
sera sélectionné aux « Journées du Théâtre Suisse Contemporain » (2010). C’est au théâtre
du Grütli en 2011 que l’on découvrira pour la première fois ses talents d’auteur, avec Super
Oslo Blood, une adaptation libre de Macbeth qu’il signe et met en scène. Suivront
Teenfactory, un spectacle musical inspiré par le groupe grunge Nirvana et son leader Kurt
Cobain, et Nobody dies in Dreamland. Au Théâtre Vidy-Lausanne et au Poche Genève en
2012, il dirige Maurice Aufair et Sabrina Martin dans Séance de Michel Viala.
Je crois qu’il y a une part de magie et de spiritualité dans l’Art. L’Art est le fruit de l’intuition
et de l’observation du monde, des gens et des choses. L’Art est la résonance de la totalité de
notre psychisme, lorsque celui-ci observe librement le monde.
C’est le vide qui observe le vide. C’est l’amour.
Sandro Palese
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2. EN ATTENDANT GODOT
(création)
7 > 11 OCTOBRE 2014
Texte
Mise en scène
Chorégraphie
Assistante mise en scène
Décor & costumes
Lumière
Samuel Beckett
Laurent Vacher
Farid Berki
Charlotte Lagrange
Jean-Baptiste Bellon
Victor Egéa
Jeu
Luc-Antoine Diquéro
Pierre Hiessler
Jean-Claude Leguay
Antoine Mathieu
- Un jour nous sommes nés, un jour nous mourrons… Le jour brille un instant puis
c’est la nuit à nouveau. En avant !
Vladimir et Estragon, deux clochards clowns et philosophes, attendent une
personne du nom de Godot. En attendant Godot n’a rien d’absurde, si ce n’est
l’absurdité du monde à l’intérieur duquel on cherche à créer du sens. Pourquoi
attendre ? Comment attendre ? Qui attendre ?...
Considérée comme l’une des pièces majeures du 20ème siècle, la pièce résonne
encore aujourd’hui avec force. En ces temps de flux migratoires, où des populations
entières tentent d’échapper aux guerres fratricides ; face à l’absence de tout avenir
possible, une multitude d’êtres accomplissent le chemin mouvementé de l’exil. Il en
est aussi qui, lors du trajet, s’empêtrent dans des lieux sans identité, pour toute une
série de raisons : attente du passeur, attente d’un visa, attente d’une sœur ou d’un
fils. Des êtres qui, pour rendre supportable l’insupportable, s’inventent des jeux,
des dialogues, des amis, des nuits et des jours…
PRODUCTION COMPAGNIE DU BREDIN C OPRODUCTION THÉÂTRE ICI & LÀ
MANCIEULLES / CHÂTEAU ROUGE ANNEMASSE / LES COLPORTEURS (CHÂTEAU
ROUGE ANNEMASSE, L’ARSENIC LAUSANNE, LE POCHE GENÈVE, MAISON DES
ARTS THONON-ÉVIAN) AVEC LE SOUTIEN DU THÉÂTRE JEAN ARP - CLAMART
7 > 11 octobre 2014
EN ATTENDANT GODOT
JE NE SAIS PAS QUI EST GODOT
Vous me demandez mes idées sur En attendant Godot et en même temps mes idées sur le
théâtre ?
Je n'ai pas d'idées sur le théâtre. Je n'y connais rien. Je n'y vais pas. C'est admissible. Ce qui
l'est sans doute moins, c'est d'abord, dans ces conditions, d'écrire une pièce, et ensuite,
l'ayant fait, de ne pas avoir d'idées sur elle non plus. C'est malheureusement mon cas. Il
n'est pas donné à tous de pouvoir passer du monde qui s'ouvre sous la page à celui des
profits et pertes, et retour, imperturbable, comme entre le turbin et le Café du Commerce.
Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. Je ne sais pas
dans quel esprit je l'ai écrite. Je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu'ils disent, ce
qu'ils font et ce qui leur arrive. De leur aspect j'ai dû indiquer le peu que j'ai pu entrevoir. Les
chapeaux melon par exemple. Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas, surtout
pas, s'il existe. Et je ne sais pas s'ils y croient ou non, les deux qui l'attendent. Les deux
autres qui passent vers la fin de chacun des deux actes, ça doit être pour rompre la
monotonie. Tout ce que j'ai pu savoir, je l'ai montré. Ce n'est pas beaucoup. Mais ça me
suffit, et largement. Je dirai même que je me serais contenté de moins. Quant à vouloir
trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le
programme et les esquimaux, je suis incapable d'en voir l'intérêt. Mais ce doit être possible.
Je n'y suis plus et je n'y serai plus jamais. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et
leur espace, je n'ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous
doivent des comptes peut-être. Qu'ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes
quittes.
Samuel Beckett, Lettre à Michel Polac, janvier 1952
L’œuvre de Samuel Beckett garde toute sa force et son universalité. Elle reste le miroir de
l’espoir et la détresse que notre société continue à générer. L’état de pauvreté dans nos
pays, le nombre d’individus laissés à la rue que nous côtoyons au quotidien dans les grands
centres urbains, toute cette misère ne cesse de croître. Des êtres exclus naviguent aux
milieux de la ville, propulsés dans une dimension qui nous est étrangère. Les SDF de nos
rues sont nos clowns, tour à tour drôles et tristes, tendres et impitoyables. Depuis toujours
ces personnages fascinent, inquiètent, par la peur que l’on a de se retrouver un jour à la
même place qu’eux. Ce sont les personnages burlesques de notre misère.
Laurent Vacher
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7 > 11 octobre 2014
EN ATTENDANT GODOT
LE PARADOXE CHEZ BECKETT
L’œuvre de Beckett est bâtie sur le paradoxe de la nécessité et l’impossibilité : impossibilité
de vivre mais nécessité de continuer, impossibilité de dire mais nécessité d’écrire sans fin.
Cette contradiction évoque le désir de continuer, au moins le besoin d’une solution, même si
elle est hors d’atteinte. Les êtres beckettiens, ne pouvant définir le monde, ne pouvant se
définir eux-mêmes, ne pouvant atteindre le néant illimité qu’ils ressentent, sont
perpétuellement en équilibre dans un état d’entre-deux, en attente, tendus vers leur
conscience intérieure qui ne répond pas à leur questionnement et ne fait que l’entretenir
sans fin. Le personnage des ouvrages de Samuel Beckett ne se préoccupe pas des
différends, des contrariétés vaines, réussites éphémères de la vie sociale, il a un principe de
désir, une puissance vitale que les circonstances les plus terribles, douloureuses et
aporétiques auraient normalement dû rendre impossibles ou illégitimes. Il veut rendre à la
conscience et surtout à la parole une absence de contenu terrible, veut faire passer le
tragique du silence à la parole, le néant au domaine du dicible. Beckett passe du figuratif à
l'abstrait, qui efface, dissipe les objets afin de parvenir à trouver la conscience authentique,
la pure durée, autant qu'il est possible. Comme le souligne Nadeau dans Les critiques de
notre temps et Beckett : « Aux limites où le langage s’effondre, où vie et mort composent un
même phénomène indistinct, où être et conscience glissent dans le rien, la trajectoire
s’abîme dans l’antichambre du silence, c’est-à-dire de la réalité pure. »
Beckett écrit sur le rien, certes, mais il ne dit pas rien, il construit à partir du rien une œuvre
solide, forte, jamais exténuée. Il n’est pas un écrivain désespérant, il essaie de trouver le
moyen de survivre, de respirer dans l’enfer intime où tout un chacun est enfermé. Sa
matière écrite est incisive, précise, s’impose d’une façon indiscutable alors qu’elle est
totalement suspensive et douteuse, paradoxale, impossible à déterminer, créant un hommelimite, milieu entre néant et infini, silence et parole irrépressible, non-être et être, invisible
au monde mais perceptible en soi, qui est et reste au bord d’agir. La révolution littéraire de
Beckett se situe dans ce paradoxe : ce néant créateur d’où tout part et vers lequel tout
converge, infiniment.
extrait de Samuel Beckett : L’homme-limite, Claire Fercak, in « Le Magazine des Livres » n°1,
novembre-décembre 2006
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7 > 11 octobre 2014
EN ATTENDANT GODOT
SAMUEL BECKETT
Poète et dramaturge irlandais d’expression française et anglaise, Samuel Beckett naît à
Dublin en 1906, d’une famille protestante. Il accomplit une brillante carrière universitaire et
est nommé lecteur d’anglais à l’École Normale Supérieure de Paris en 1928. L’année
suivante, influencé par son amitié avec Joyce, il écrit son premier essai Dante… Bruno…
Vico… Joyce. Il effectue ensuite de nombreux voyages, résidant tantôt en France tantôt en
Angleterre, avant de se fixer définitivement à Paris en 1938, où il meurt à l’âge de quatrevingt-trois ans. Il écrit En attendant Godot après la Seconde Guerre mondiale, période
pendant laquelle il s’était engagé dans la résistance. En 1969, il reçoit le prix Nobel pour une
œuvre devenue mythique : Oh les beaux jours, Fin de partie, La Dernière bande….
LAURENT VACHER
Laurent Vacher exerce le métier de comédien pendant une dizaine d’années, travaillant
notamment avec Michel Didym, Charles Tordjman, Bérangère Bonvoisin ou encore François
Rodinson. Il s’oriente ensuite vers la mise en scène et crée en 1998 la Compagnie du Bredin,
actuellement en résidence au Théâtre Ici & Là à Mancieulles, dans le pays de Briey. Sa
démarche est celle d’une « politique poétique», une réflexion permettant d’interroger le
rapport de l’individu au monde, au travail, à la sphère intime et privée. Raconteur d’histoires,
passeur de textes, Laurent Vacher place la médiation et la transmission au centre de son
travail de metteur en scène.
Après avoir réalisé diverses adaptations de textes (Giordano Bruno, des signes et des temps,
Dernières nouvelles des jambes d’Alice ou encore Le Mystère de la météorite) et Les Contes
de la mine en collaboration avec Philippe Malone et Ariane Gardel, il écrit en 2011 sa
première pièce Série B – titre noir et provisoire. Dernièrement, il met en scène Lost in
Supermarket de Philippe Malone en collaboration avec le chorégraphe Farid Berki.
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3 . LES DEMEURÉES
(création)
16 OCTOBRE > 2 NOVEMBRE 2014
Texte
Conception & mise en scène
Scénographie & costumes
Lumière
Musique
Réalisation Costumes
Jeanne Benameur
Didier Carrier
Florence Magni
Danielle Milovic
Béatrice Graf
Emilie Revel
Jeu
Maria Pérez
Laurence Vielle
Béatrice Graf (percussions)
- Quand elle a poussé la porte de la maison, la Varienne s’est levée. Luce s’est jetée
contre ce grand corps. Il n’y a pas d’autre vérité. Tout est là. Dans l’obscur du grand
tablier.
La Varienne, c’est comme ça qu’on l’appelle, vit avec sa fille Luce, sans jamais
parler ni exprimer d’émotions. C’est « l’idiote » du village. Quelque chose en elle
s’est arrêté. Pourtant, à deux, la mère et la fille, elles forment un bloc d’amour
invincible. Mais l’école menace cette fusion. Car l’école est obligatoire et
l’institutrice, Mademoiselle Solange, veut arracher l’enfant à l’ignorance.
Didier Carrier, entouré de deux comédiennes et une percussionniste, s’empare avec
Les Demeurées d’une histoire bouleversante. Dans une écriture sobre et poignante,
l’auteure pose avec pudeur et sensibilité la question de l’enseignement, de la
transmission de la culture et de sa nécessité.
COPRODUCTION LE POCHE GENÈVE / THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE
16 octobre > 2 novembre 2014
LES DEMEURÉES
LE LANGAGE, UN CHEMIN VERS LA LIBERTÉ
Entretien avec Jeanne Benameur
En quoi le langage est-il une épreuve selon vous ?
Quand on accepte de parler, on accepte forcément de sortir de la fusion. Dans la fusion on
n’a pas besoin de parler : l’autre, on le devine, et de l’autre on imagine qu’il peut tout savoir
de nous sans qu’on ait à le dire. Comme une certaine représentation de la mère qui saurait
reconnaître aux pleurs du bébé s’il a soif, s’il a faim, s’il est sale… il y aurait cette sorte de
communion perpétuelle, cette communion idéale dont peut-être on rêve tous : être compris
sans avoir besoin de parler. Je fais la différence entre communion et communication.
Rentrer dans le langage, c’est reconnaître que l’on ne me comprend pas, on ne me devine
pas, et si je veux vivre avec les autres, tous les autres, il faut que je me fasse entendre, donc
il faut que j’arrive à dire mes désirs, mes craintes, que j’arrive à me dire. C’est une épreuve
parce qu’il y a toujours quelque part une tentative de retrouver cette communion première,
mais en passant par le langage, pour atteindre le moment où l’autre en face, grâce à mes
mots, va entrer dans cette communion avec moi. Pour moi c’est cela être humain, c’est être
dans le langage, c’est accepter de passer par là, pour pouvoir, à nouveau, être en harmonie
avec les autres. Ce serait cela l’épreuve fertile.
Finalement, ce serait d’autant plus une épreuve qu’avec le langage on n’atteint jamais cet
objectif.
C’est une tentative désespérée, mais jamais désespérante. C’est pareil quand on écrit.
Quand j’écris qu’est-ce que je fais d’autre, si ce n’est tenter de retrouver avec un lecteur que
je ne connais pas, un partage d’émotions que j’aurai réussi à mettre en forme de telle façon
que l’autre puisse y entrer aussi et vivre avec moi hors du temps, hors de l’espace, cette
communion-là. C’est un état de grâce qui est recherché, en dehors de toute connotation
religieuse.
Les Demeurées, nous a beaucoup accompagnées ; dans votre écriture, il y a de la force,
quelque chose de puissant.
C’est ça le travail de l’écriture, une tentative désespérée, mais une tentative tenue, une
tentative maintenue persévérante à travers le temps. Comment trouver avec la langue, la
forme la plus juste pour que l’autre en face, le lecteur, la lectrice, entre dans la vision d’un
personnage, qu’il entre dans sa façon d’être au monde. Ma passion dans la vie, est là, dans
ce travail d’écriture. Tout le reste est accessoire. Pour cette recherche-là il faut faire feu de
tout bois, il y a les mots, le rythme, la syntaxe. J’avais fait lire à J.M. Ozanne, libraire à
Montreuil, une première forme des « demeurées ». Il a senti, dans cette première mouture,
que quelque chose n’était pas encore abouti. Les mots qu’il a employés, m’ont permis de
travailler à la maison et de me rendre compte que j’avais utilisé les mêmes formes
syntaxiques pour mes trois personnages et ça ne pouvait pas être ainsi. On ne peut pas
parler de la Varienne comme on parle de Mlle Solange. Ça n’est pas possible parce que, dans
sa tête, le langage ne fonctionne pas de la même façon. La Varienne n’est que dans des
phrases simples, un seul verbe. Des verbes et donc des actions juxtaposées, car elle est
complètement dans une chose, elle ne voit pas à côté et puis elle va être complètement dans
une autre. Alors que Mlle Solange établit tous les liens de cause, d’effet, de temps, de
conséquence, tout ce qu’on appelle les circonstances, la grammaire. C’est tout bête, elle est
dans la phrase complexe. On peut mettre une principale, des subordonnées… Or moi j’avais
fait cela avec tous les personnages. La petite Luce ne pouvait être que sur des formes
impersonnelles. « Il faut… », « il ne faut pas… » Elle est dans l’impératif jusqu’à ce qu’elle
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16 octobre > 2 novembre 2014
LES DEMEURÉES
puisse entrer dans le langage et sortir de cet impératif. Elle est dans des obligations. Il
fallait l’écrire comme cela si on voulait redonner sa façon de sentir le monde. La force du
texte est je crois, dans ce travail final qui a redonné à chacun son mode syntaxique. La
syntaxe, c’est la façon d’être au monde.
Pour tisser des liens il faut quitter sa mère, l’épreuve du langage c’est l’épreuve de la
séparation ?
Oui si je me fie à ce que j’ai vécu. Ma mère nous a parlé italien tant que nous ne parlions pas.
Entrer dans la langue française c’était une double trahison, c’était entrer dans le langage et
dans une langue qui n’était pas la sienne. Ce n’était même pas aller vers la langue de mon
père puisque lui était arabe… mais tous les deux avaient fait le choix de la langue française,
c’était aussi respecter leur choix. C’est une étrange histoire. Quand j’étais enfant, j’ai vécu
très fort l’exil par rapport à mes parents mais aussi par rapport à mes frères et sœurs.
Quand on a quitté l’Algérie j’étais petite, 5 ans, je n’allais pas encore à l’école. J’ai fait mon
expérience scolaire en arrivant en France, quand ma mère, qui m’avait appris à lire, m’a
amenée à l’école, qui était obligatoire. C’était en décembre. J’ai découvert là un lieu qui m’a
intéressée, qui m’a passionnée. Alors j’y suis allée avec les yeux et les oreilles grands
ouverts. Il est difficile de décrire le plaisir que j’avais à être dans une bibliothèque, c’était
extraordinaire d’avoir tous ces livres possibles…
En arrivant dans ce monde de l’école, j’ai connu un choc, le « choc des univers » : mes
parents, qui étaient très peu allés à l’école, ne connaissaient pas la littérature, ma famille
n’était pas une famille de lecteurs. Pour moi c’était un monde fabuleux. Mes frères et sœurs
ne se sont pas adaptés à l’école en France. Ils avaient vécu plus longtemps en Algérie et
étaient très attachés au mode de vie là-bas. Moi, j’avais une espèce de virginité par rapport à
l’école et l’école m’a ouverte au monde des livres, alors qu’eux étaient dans le repli. C’est
pour cela que je dis que l’exil était aussi par rapport à eux.
L’entrée dans ce monde était une double forme d’exil ?
Oui. Entrer dans les livres cela voulait aussi dire quitter mes parents, ma famille. C’est
toujours difficile, cela m’a beaucoup servi en tant qu’enseignante dans ces banlieues où j’ai
tellement travaillé. Comprendre ce que ça pouvait être pour un jeune homme, une jeune fille
de ne pas pouvoir quitter le clan, le village, la famille, pour entrer dans la littérature et je
trouvais que mon rôle c’était de les aider à faire cela, en leur faisant sentir qu’ils n’allaient
rien perdre. On ne perd pas, bien au contraire. On peut revenir et enrichir les liens avec les
siens. Tout s’est retissé avec mes frères et sœurs à partir de mes livres. Qu’ils soient écrits
par quelqu’un de la famille faisait que quelque chose était possible avec cet univers de la
littérature ; même si c’était difficile.
Il ne serait pas question de perte ?
On ne perd pas ; on coupe le cordon. On perd ce qui nous rattache de façon non voulue et non
consciente, et ça, c’est de la bonne perte ! Après on tisse les liens qu’on veut, en étant
conscient. Bien sûr il y a toujours notre insu qui est là aussi. Mais quand même, on a une
part de conscience plus grande et plus libre quand on est entré dans le langage et dans la
littérature. C’est une porte extraordinaire.
C’est pour moi le chemin de la liberté. Je n’en connais pas d’autre.
réalisé par Pascale Mignon et Marina Stéphanoff, décembre 2005
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16 octobre > 2 novembre 2014
LES DEMEURÉES
JEANNE BENAMEUR
Jeanne Benameur est une écrivaine française née en 1952 en Algérie d’un père
tunisien et d’une mère italienne. Elle arrive à l’âge de cinq ans en France, où elle
suit des cours au Conservatoire d'art dramatique et effectue des études de Lettres.
Elle enseigne d’abord comme professeur de Lettres avant de se consacrer
entièrement à l'écriture. Sa triple origine, algérienne, italienne et française, est
l’une de ses principales sources d’inspiration. Elle publie une vingtaine de romans
chez Actes Sud : Laver les ombres, Les Insurrections singulières, son roman
autobiographique Ça t’apprendra à vivre et, dernièrement, Profanes. Pour Les
Demeurées, paru chez Denoël, elle reçoit le Prix Unicef 2001.
Parallèlement à son activité d'écrivain, elle anime régulièrement des ateliers
d'écriture et travaille en milieu carcéral avec des jeunes.
DIDIER CARRIER
Didier Carrier est comédien et marionnettiste avant de faire ses débuts à la mise en
scène. Il joue sur les scènes romandes sous la direction de Philippe Mentha,
Françoise Courvoisier, Anne Bisang et Hervé Loichemol... En tant que metteur en
scène, il s’intéresse aussi bien à Bertold Brecht, dont il monte une fougueuse Sainte
Jeanne des abattoirs, interprétée par Nathalie Boulin, qu’au théâtre pour enfants
pour lesquels il écrit et met en scène en janvier dernier De quoi j’ai l’air ?... On se
souvient aussi des Fables de la Fontaine, de Britannicus de Racine au Théâtre La
Grenade, de La Vierge froide et autres racontards de Riel, du Musée du crime de
Maupassant, d’Alice de Carroll. Récemment, il met en position La Prairie parfumée
où s’ébattent les plaisirs, d’après le traité d’érotologie de Mouhammad Al-Nafzâwî.
L’innocence est belle, terrible et sauvage. L’instinct prend des couleurs poétiques et
mystiques. C’est l’amour des gestes quotidiens, du simple et de l’écorchure, du
labeur et du silence obtus.
Didier Carrier
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4. LES COMBATS D’UNE REINE
(reprise)
17 > 30 NOVEMBRE 2014
Textes
Adaptation & mise en scène
Lumière
Son
Coiffures & maquillage
Archives
G risélidis Réal
F rançoise Courvoisier
A ndré Diot
N icolas Le Roy
A rnaud Buchs
I gor Schim ek
Jeu
J udith Magre
Élodie Bordas
Françoise Courvoisier
- Vous ne pouvez pas savoir la liberté qu’on a quand on se trouve tout en bas de
l’échelle !
Trois actes de la vie et de l’œuvre de Grisélidis Réal, écrivaine, peintre et prostituée
suisse légendaire. Trois comédiennes, trois générations pour refaire le voyage
passionné et passionnant d’un personnage hors du commun. À travers les âges, la
même voix, la même jeunesse. Un spectacle où explosent la révolte, l’anticonventionnalisme, l’humour, la rage, l’extrême appétit de vivre, la coquetterie et
enfin, la pureté bouleversante de Grisélidis.
Créé au Festival d’Avignon en 2010, Les Combats d’une reine se jouera cet automne
à Paris, au Théâtre de la Manufacture des Abbesses, avant d’être à l’affiche du
Poche pour douze représentations exceptionnelles.
PRODUCTION LE POCHE GENÈVE
17 > 30 novembre 2014
LES COMBATS D’UNE REINE
GRISÉLIDIS AU THÉÂTRE, UN PARADOXE EN OR…
par Françoise Courvoisier
Qu’il s’agisse de son métier de prostituée ou, plus tard, de sa maladie, Grisélidis Réal se
faisait un plaisir à ne rien cacher, à dévoiler la réalité jusque dans les moindres détails. Et
pourtant, notamment dans ses lettres à Jean-Luc Hennig, elle ne cesse d’enjoliver sa vie,
d’embellir le quotidien. Elle mange des fraises «énormes, rouge sang», ses boucles d’oreille
sont des «méduses d’or» et quand elle tombe amoureuse, c’est à la folie : « Une folie féroce,
muette, incrustée comme une pieuvre géante au profond de mon corps… ». Même la laideur
trouve grâce à ses yeux et ses clients les plus affreux se voient pourvus, sous sa plume, de
qualités exceptionnelles.
À la fin de sa vie, alors qu’elle est déjà si malade, elle montre une extraordinaire
détermination à se parer : « Toujours se rire des écroulements, des pâleurs, des
décrépitudes, de l’inéluctable affaissement […] apprêter astucieusement le peu qui me reste
de cheveux, de seins, d’ongles […]. Toujours flamber, être dressée, pavoiser, charmer,
s’éblouir, rayonner. ». Et, paradoxalement, à la même période, elle écrit aussi : « Enterrezmoi nue, comme je suis venue, sans argent, sans vêtements, sans bijoux, sans fioritures… »
(Les Sphinx).
Ce sont précisément ces contradictions, ces changements d’humeur, passages abrupts du
désespoir le plus absolu à l’extase la plus totale, qui rendent les écrits de Grisélidis si
savoureux au théâtre. Peut-on imaginer personnage plus vivant, plus merveilleusement
humain ?
Grisélidis fait partie des écrivains dont la vie et l’œuvre sont étroitement mêlées. D’où cette
force d’authenticité qui capte le lecteur instantanément. Écrire des histoires qui ne seraient
pas vraies n’aurait eu aucun sens pour elle. D’où son trouble, sa légère appréhension la
première fois (Grisélidis, en 1993, au Théâtre du Grütli à Genève), à me voir transposer ses
écrits, donc sa vie, à la scène.
Jouer Grisélidis, c’est pour commencer, vaincre nos propres préjugés sur la prostitution.
Envisager l’acte sous un autre regard et admettre qu’une personne qui fait l’amour pour de
l’argent n’est pas forcément sale, désespérée ou immorale. Penser avec elle que « Ce n’est
pas plus dégradant de rendre un service avec son sexe plutôt qu’avec ses bras ! ».
Trouver le juste ton pour parler des manies et exigences de certains clients, parler avec
naturel du métier avec la précision et tous les détails concrets déclinés méticuleusement
par l’auteur, nécessite de la part des interprètes un certain cran. « André : a épousé son
infirmière. Lécher, sucer, enculer un petit peu… 200.- Fr » (Le Carnet noir)
Pour une actrice, arriver en scène et prétendre « s’être fait neuf clients hier soir » exige une
compréhension profonde et sincère de l’acte de prostitution. Il ne s’agit bien sûr pas de le
vivre réellement, mais d’admettre qu’il puisse être vécu en toute dignité.
« Il serait temps de nous respecter un peu plus, oui. Vous vous rendez compte du service
qu’on rend à la société ? Pour le moment, on est juste assez bonnes pour payer des
impôts ! » (La Passe Imaginaire)
17 > 30 novembre 2014
LES COMBATS D’UNE REINE
Mettre en scène ou jouer ces textes, c’est s’engager humainement et politiquement,
s’engager viscéralement, c’est bouillonner avec elle de colère contre le mépris du
bourgeois. Jouer Grisélidis, c’est aussi souffrir dans son corps et dans son âme : éprouver
de la compassion pour le « cochon de campagne au poil sauvage », la « baleine échouée à
l’agonie », le « bouc puant la sueur de toute une journée de travail »…
En tant que metteur en scène, je sais dès le début que je ne peux pas porter à la scène cette
œuvre-là comme une autre. Parce qu’il ne s’agit pas d’une fiction, mais bien d’une parole
exposée comme une chair à vif. Mon souci principal et ma responsabilité, face à cette œuvre
si extraordinaire, pourraient se résumer ainsi : parler de prostitution sans complaisance ni
faux-semblants, montrer une prostituée qui ne suscite pas la pitié, mais au contraire le
respect, montrer les choses telles qu’elles sont, parce que « C’est un MÉTIER, rien à voir
avec les pleurnicheries qu’on nous montre au cinéma ! ».
Si Grisélidis, catin révolutionnaire et briseuse de tabous, avait une telle force de conviction,
c’était sans doute aussi grâce à cette distance amusée qu’elle gardait toujours, même dans
ses colères les plus faramineuses (elle disait aussi « épique, monumentale, gigantesque,
cosmologique ») !
Savamment mêlé à son militantisme déchaîné, son humour lui donnait gain de cause face
aux plus sceptiques. J’ai personnellement abusé des passages particulièrement caustiques
des lettres à Jean-Luc Hennig, sachant qu’au théâtre, pour faire passer une idée nouvelle,
rien de tel que le rire.
Quand on entend des répliques comme « Que vaut-il mieux prostituer : son cul ou son âme ?
Son cul, bien entendu. C’est plus pénible physiquement mais c’est plus propre ! » ou « Je
chie sur Dieu ! C’est une honte d’avoir fabriqué une planète pareille… Et ce vieux con
voudrait encore qu’on se mette à genoux pour lui dire merci ! », comment ne pas sourire ?
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17 > 30 novembre 2014
LES COMBATS D’UNE REINE
GRISÉLIDIS RÉAL
Grisélidis Réal est née à Lausanne en 1929. Elle passe son enfance en Égypte avant de
s’inscrire aux Arts décoratifs de Zurich. Divorcée, mère de quatre enfants, elle commence à
se prostituer au début des années soixante, en Allemagne, où elle est arrêtée pour trafic de
drogue et emprisonnée sept mois. Elle deviendra ensuite la fameuse «catin révolutionnaire»
des mouvements de prostituées.
Elle est l’auteur du récit autobiographique Le Noir est une couleur et du journal de prison
Suis-je encore vivante ?, du Carnet noir et d’une correspondance avec Jean-Luc Hennig en
deux volumes, La Passe imaginaire et Les Sphinx. Elle meurt en 2005 à l’âge de septante-six
ans. Son corps repose au Cimetière des Rois, le panthéon genevois des personnalités qui ont
contribué au rayonnement de la Ville.
JUDITH MAGRE
Judith Magre est sans doute la comédienne la plus aimée du Théâtre français. Au cours de
sa fabuleuse carrière, elle inspire de grands metteurs en scène tels que Jean-Louis
Barrault, Claude Régy, Robert Hossein, Georges Vitaly, Jean Vilar, Georges Wilson, Marcel
Maréchal, Patrice Kerbrat, Jean-Michel Ribes, Jorge Lavelli, Georges Lavaudant, Michel
Didym, Joël Jouanneau et bien d’autres. Au cinéma, elle tourne avec Louis Malle, Claude
Lelouch, Francis Girod, Anne Fontaine, Sophie Marceau… À deux reprises, elle se voit
décerner le Molière de la meilleure actrice pour Shirley et Histoires d’hommes.
Dernièrement, elle joue dans Dramuscules de Thomas Bernhard, mis en scène par
Catherine Hiegel au Théâtre de Poche Montparnasse à Paris ; puis Le Dernier Jour du jeûne,
écrit et mis en scène par Simon Abkarian au Théâtre des Amandiers.
FRANÇOISE COURVOISIER
En septembre 2003, la metteur en scène et comédienne Françoise Courvoisier ouvrait sa
première saison au Poche avec Les Sphinx du Macadam, une pièce également tirée de
l’œuvre de Grisélidis Réal. Parmi les spectacles qu’elle réalise ces dernières années citons
Racines d’Arnold Wesker, Petit-Bois de Michel Viala, Sang de Lars Norén, Je l’aimais d’Anna
Gavalda, La Mouette d’Anton Tchékhov, A comme Anaïs d’Anaïs Nin et Henry Miller, Les
Fleurs du Mal de Baudelaire et Brigitte Fontaine, Le Répétiteur et Écoute-moi, dont elle est
l’auteur, et Closer de Patrick Marber qui se joue actuellement au Théâtre des Célestins de
Lyon, après avoir été présenté au Théâtre du Public à Bruxelles et aux Halles à Avignon.
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5 . GROS-CÂLIN
(accueil)
17 > 31 DÉCEMBRE 2014
Texte
Mise en scène
Adaptation
Scénographie
Lumière
Romain Gary (Émile Ajar)
Bérangère Bonvoisin
Thierry Fortineau
Arnaud de Segonzac
Ricardo Aronovich
Jeu
Jean-Quentin Châtelain
- Gros-Câlin a commencé sa première mue chez moi. Il a essayé courageusement
de faire peau neuve. Sa métamorphose est la plus belle chose qui me soit arrivée.
Lors d’un « voyage organisé » en Afrique, Monsieur Cousin, un modeste employé de
bureau, adopte un python de 2m20 de long. Ce reptile, surnommé Gros-Câlin,
comble tant bien que mal sa solitude et son besoin d’amour, même s’il rechigne un
peu à lui donner des souris vivantes. Un jour Gros-Câlin s’enfile dans les
canalisations pour ressurgir inopinément dans la cuvette WC de la voisine du
dessous…
Monsieur Cousin est un homme qui rêve et prend ses rêves pour des réalités. Son
histoire abracadabrante, aussi touchante que désopilante, Romain Gary la signe en
1974 sous le pseudonyme d’Émile Ajar, qu’il emprunte pour la première fois.
Gros-Câlin a été créé au Théâtre de l’Oeuvre à Paris en novembre 2013.
PRODUCTION (SIC) SCÈNE INDÉPENDANTE CONTEMPORAINE
17 > 31 décembre 2014
GROS CÂLIN
L'ILLUSION DÉCHIRANTE D'UN BONHEUR QUI SE REFERME
Brigitte Salino, Le Monde, 10 décembre 2013
Pour Gros-Câlin, Jean-Quentin Châtelain est seul en scène. Aussi seul que Cousin, le
célibataire sans prénom du roman de Romain Gary (réédité par Gallimard en 2012), qui
aligne des statistiques toute la journée, dans un bureau, puis rentre dans son petit
appartement, où l'attend son python. Il était en voyage à Abidjan quand il l'a vu devant l'hôtel
où il logeait. Et aussitôt, il a ressenti pour ce python de 2,20 m « une amitié immédiate, un
élan chaud et spontané, une sorte de mutualité ». Une fois dans sa chambre, l'animal s'est
enroulé autour de lui, lui faisant un gros câlin qui lui valut son nom.
Quand on voit cette histoire au théâtre, dans l'adaptation resserrée qu'en a faite Thierry
Fortineau, on y trouve le meilleur de Romain Gary : l'esprit plutôt que le style. Soit une vision
grinçante de l'existence, qui semble vouée à une solitude irrémédiable.
Cousin éprouve des angoisses insubmersibles et se protège avec des extravagances d'actes
et de pensées qui le rendent terriblement drôle, parce que, pour lui, elles vont de soi. Mais
rien ne va, au fond, dans sa vie. Gros-Câlin n'est qu'un rêve, l'illusion déchirante d'un
bonheur qui se referme quand, pour finir, il emmène le python pour le donner au zoo.
Que Jean-Quentin Châtelain s'empare de cette histoire ne peut pas mieux tomber: il faut une
certaine qualité de souffrance, liée à une présence, pour être un Cousin de théâtre. L'acteur
possède ces qualités, et mieux encore : il est hors du temps. Il suffit qu'il entre en scène et
dise : « Je vais entrer dans le vif du sujet, sans autre forme de procès», pour que tout
s'oublie, sinon l'instant des mots que l'acteur semble porter en lui de toute éternité, comme
un voyageur venu de loin, qui aurait traversé les landes de vies innombrables et viendrait
dire ce qu'il en fut.
Il y a, dans la voix de Jean-Quentin Châtelain, une plainte et un chant, une douceur et une
ironie, une irradiation invincible. Il faut le voir, avec sa djellaba noire et ses pieds nus, ses
mains qui ferraillent l'espace, ses bras qui s'enlacent autour de sa poitrine. Il faut
l’entendre, parce que les grands acteurs sont rares, et qu'il en est un, à part. Unique en son
royaume de la parole
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17 > 31 décembre 2014
GROS CÂLIN
LA MUE DE ROMAIN GARY
« Il me faut, à présent, tenter de m’expliquer « en profondeur ». J’étais las de n’être que
moi-même… Recommencer, revivre, être un autre fut la grande tentation de mon existence…
La vérité est que j’ai été très profondément atteint par la plus vieille tentation protéenne de
l’homme : celle de la multiplicité. Une fringale de vie, sous toutes ses formes et dans toutes
ses possibilités que chaque saveur goûtée ne faisait que creuser davantage… Dans un tel
contexte psychologique, la venue au monde, la courte vie et la mort d’Émile Ajar sont peutêtre plus faciles à expliquer que je ne l’ai d’abord pensé moi-même.
C’était une nouvelle naissance. Je recommençais. Tout m’était donné encore une fois.
J’avais l’illusion parfaite d’une nouvelle création de moi-même, par moi-même. »
Vie et mort d’Émile Ajar, Romain Gary, 1981
« Gros Câlin est le premier livre de Gary écrit sous le nom d'Ajar et ce qui est bouleversant,
c'est l'énergie extraordinaire que Gary a déployée pour accomplir cette métamorphose.
C'est-à-dire pour changer de style d'écriture. J'ai envie que notre spectacle ne raconte pas
seulement l'histoire d'un monsieur qui cherche « quelqu'un à aimer » et qui vit avec son
python, mais que ce soit l'écrivain Gary qui fasse sa mue sous nos yeux en inventant de façon
assez folle, il faut bien le dire, cette façon de penser et de parler, en même temps comique
et désespérée. […]
Romain Gary dit avoir été influencé par Borges, Pirandello, Kafka… Et je retrouve ces univers
où on se perd dans des dédales cauchemardesques et tragi-comiques. Dans plusieurs
interviews, il parle de l'humour du désespoir... Gros-Câlin est une fable humoristique […]
L'acteur ici pour moi est un animal dans un zoo, et la cage de scène du théâtre est la cage du
zoo. Puisque tout se passe dans la tête non seulement de Gary mais de M. Cousin, tout est
possible. […]»
Bérangère Bonvoisin, notes d’intention
« M. Cousin est un personnage qui me touche vraiment beaucoup : il a un désir d’anonymat
et, dans le même temps, souffre de la solitude. Un peu comme un artiste qui aurait à la fois
besoin d’être à distance des autres pour créer et qui aurait du mal à supporter son
isolement…
J’aborde ce personnage avec beaucoup de tendresse, en m’arrêtant sur chaque phrase, en
creusant chaque détail de son existence, de son caractère. Gros-Câlin se situe en
permanence sur un fil tendu entre drôlerie et profondeur, humour et désespoir. Je crois que
la drôlerie du personnage de Romain Gary vient essentiellement de la manière qu’il a de voir
les choses qui lui arrivent. M. Cousin est un homme qui prend ses rêves pour des réalités,
notamment en ce qui concerne les relations amoureuses. C’est un homme qui rêve, un
homme qui fantasme… Je prends énormément de plaisir à m’identifier à lui. »
Jean-Quentin Châtelain, La Terrasse no 214, 25 octobre 2013
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17 > 31 décembre 2014
GROS CÂLIN
ROMAIN GARY
Roman Kacew,, mieux connu sous le nom de Romain Gary, naît le 8 mai 1914 à Vilnius, en
Lituanie, d'une famille juive. À l'âge de quatorze ans, il s'installe avec sa mère à Nice. Il fait
ensuite son droit à Paris, tout en suivant une formation militaire. Naturalisé français, il sert
pendant la Deuxième Guerre mondiale dans les forces aériennes. C'est à ce moment qu’il
choisit de s'appeler « Gary », qui signifie « brûle » en langue russe. Après la fin des
hostilités, il entame une carrière de diplomate au service de la France. Cet immense auteur,
deux fois couronné par le Goncourt et aux pseudonymes multiples, se donne la mort en 1980,
à l’âge de soixante-six ans, laissant derrière lui plusieurs chefs-d’œuvre, parmi lesquels Les
Racines du ciel, La Promesse de l’aube, La Vie devant soi, Clair de femme, adapté au cinéma
par Costa-Gavras, ou encore Les Cerfs-volants.
JEAN-QUENTIN CHÂTELAIN
Né en 1959, le comédien suisse Jean-Quentin Châtelain s’est formé au Cours d’Art
Dramatique de Genève, puis au Théâtre national de Strasbourg, avant d’enflammer les
scènes francophones dans une cinquantaine de spectacles. Si l’acteur est de la race des
monstres de la scène, c’est dans ses spectacles en solitaire qu’il atteint des sommets,
laissant le spectateur ébloui et bouleversé. On pense notamment à Kaddish pour l’enfant qui
ne naîtra pas d’Imre Kertész, Ode maritime de Fernando Pessoa, Lettre au père de Kafka ou
encore, dans un registre plus humoristique, J’ai passé ma vie à chercher l’ouvre-boîtes de
Maurice-Domingue Barthélémy. La saison dernière au Poche, il livre une puissante
prestation de Bourlinguer de Blaise Cendrars. Jean-Quentin Châtelain est l’un des
comédiens les plus fascinants de notre époque. Il a travaillé avec de grands metteurs en
scène tels que Joël Jouanneau ou Claude Régy.
BÉRANGÈRE BONVOISIN
Comédienne et metteure en scène française, Bérangère Bonvoisin est née à Rabat, au
Maroc, en 1953. Elle débute une formation de comédienne au Conservatoire de Rouen avant
de suivre les cours de Claude Régy, Philippe Adrien et Pierre Debauche au Conservatoire
d’art dramatique de Paris. En tant que comédienne, elle travaille avec de grands metteurs en
scène tels qu’Antoine Vitez, Jean-Pierre Vincent, Jacques Lassalle, Marcel Bluwal ou encore
Roger Planchon. Elle met en scène, entre autres, La Maladie de la mort de Marguerite Duras
avec Fanny Ardant ; La Laïcité est-elle soluble dans le sarkozysme ? d’après un article de
Gérard Desportes, La Conférence du Vieux-Colombier d’Antonin Artaud interprété par
Philippe Clévenot, ainsi que Et si les fourmis n'étaient rien sans les cigales de Bernard Maris
au Théâtre de l'Odéon, avec Emmanuelle Béart.
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6. MÉCANIQUE INSTABLE
(accueil)
5 > 18 JANVIER 2015
Texte & mise en scène
Assistante
Scénographie
Lumière
Yann Reuzeau
Emma Bernard
Philippe Le Gall
François Leneveu
Jeu
Salima Boutebal
Emmanuel de Sablet
Morgan Perez
Sasha Petronijevic
Leïla Séri
Sophie Vonlanthen
Stéphane, le dynamique patron et créateur d’une entreprise en pleine expansion
annonce à ses employés, dont certains sont devenus des amis, qu’il a l’intention de
vendre. Passés les premiers instants de panique, les employés décident de racheter
eux-mêmes « la boîte ». Durant vingt ans, les succès et les échecs de l’entreprise
seront vécus à travers le prisme de ce nouveau rapport au travail.
Le monde de l’entreprise est opaque, multiple, et en mutation permanente. Avec
Mécanique instable, Yann Reuzeau cherche à explorer l’aspect encore méconnu de
ces coopératives dont la majeure partie des employés sont aussi actionnaires
(SCOP). Cette transformation est vécue comme une vraie révolution du travail, bien
sûr, mais aussi comme une révolution de pensée, et même une révolution politique.
La pièce a été créée en janvier 2014 à Paris.
PRODUCTION ACTE 2 EN ACCORD AVEC LA MANUFACTURE DES ABBESSES
5 > 18 janvier 2015
MÉCANIQUE INSTABLE
ENTRETIEN AVEC YANN REUZEAU
par Emily Jokiel
Pourquoi avoir écrit sur le monde de l'entreprise, des Scop en particulier ?
Parce que c'est un environnement que je ne connais pas. L'envie d'explorer de nouveaux
domaines est souvent le point de départ du processus d'écriture chez moi. J'ai choisi de
m'intéresser aux Scop parce que c'est un type de structure différent des autres, assez peu
développé et méconnu. Cela bouleverse un certain nombre de représentations, notamment
celle qui sépare et oppose le patron de ses employés. Travailler dans une Scop change
beaucoup de choses à l'investissement des gens dans l'entreprise, à leurs vies en général.
Est-ce inspiré d'une histoire vraie ?
Non, je ne suis pas parti d'une expérience vécue. Je me suis documenté, j'ai regardé Entre
nos Mains, un documentaire de Mariana Otero sur le sujet, j'ai rencontré la directrice de
l'Union Générale des Scop, des gens qui travaillaient dans ce type de société... J'écris plutôt
des fictions, pas la biographie d'un tel ou d'un tel.
Outre le monde de l'entreprise, y a-t-il un autre thème que tu as voulu développer dans
Mécanique Instable ?
Non. J'ai juste voulu écrire sur le rapport des gens au travail, rapport qui varie selon chaque
individu. Le travail prend une place énorme dans la vie de tout un chacun. On passe la moitié,
voire les trois quarts de son temps au bureau. Pour certain, le travail est une chose qui a
énormément de valeur, qui donne du sens à l'existence, tandis que pour d'autres, la vie
commence après le travail. J'ai la chance de faire un travail qui me passionne, ce n'est pas le
cas de tous. C'est ce rapport multiple et complexe que j'ai voulu interroger.
À la lecture de la pièce, j'ai eu l'impression d'une sorte de pessimisme vis à vis des Scop,
comme si ce système n'était pas viable.
Non, non, surtout pas. Je me suis efforcé d'avoir le point de vue le plus nuancé possible, de
ne pas être moralisateur. La Scop a ses qualités et ses défauts. C'est un système
démocratique mais cela pose aussi des problèmes, notamment au niveau de la prise de
décision, d'autant plus qu'en temps de crise c'est à des dilemmes assez douloureux qu'on
est confronté, comme choisir entre laisser couler la boîte ou virer des copains.
Comment se situe ce spectacle par rapport à tes anciennes pièces ? Y a-t-il un changement
de ton, de style ou autre innovation ?
La forme est différente de Chute d'une Nation, ma dernière pièce, qui était une série
théâtrale. Mais globalement, Mécanique Instable est dans la droite ligne de ce que j'ai fait
auparavant, c'est à dire une pièce traitant un sujet de société et mettant en scène des
personnes dans une situation déstabilisante.
Est-ce un vieux projet ?
Le monde de l'entreprise me fascine depuis longtemps car j'en suis très éloigné. Je n'ai
jamais travaillé dans un bureau. Un comptable, une secrétaire me fascinent. Après, il me
fallait aussi choisir un angle, sinon je risquais d'enfoncer des portes ouvertes. Cette histoire
de société transformée en Scop était mon angle.
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5 > 18 janvier 2015
MÉCANIQUE INSTABLE
LA PRESSE
«La nouvelle pièce de Yann Reuzeau passionne tout autant que sa dernière, Chute d'une
Nation. Reuzeau conjugue le don de narrer à celui de mettre en scène. Les comédiens sont
d'une justesse formidable. Chacun rendant son personnage crédible et attachant. On est
captivé, touché, on applaudit à tout rompre.»
Le Nouvel Observateur
«Reuzeau laisse ouvert le champ des interprétations et mêle avec habileté enjeux
économiques et relations humaines. Il a le chic pour transformer une discussion à priori
aride en débat politico-existentiel.»
Libération
«Reuzeau frappe juste et fort. Ce qu’on aime chez lui, c’est sa capacité à se glisser dans le
rôle de l’observateur de la société, sans jugement, moralisation, ni condamnation. Il cherche
à donner à voir et à penser.»
Pariscope
«Chaque création de Yann Reuzeau fait mouche. Avec cet art qui signe ces comédies de la vie
même, Reuzeau mêle une fois encore avec beaucoup de pertinence, appuyé sur une culture
proche des codes télévisuels mais loin des clichés, le documentaire quasi photographique et
la fiction dramatique.»
La Terrasse
«Yann Reuzeau s’était déjà fait remarquer par quelques créations de haute volée, dont Chute
d’une nation. Il a réussi cette immersion dans les eaux profondes de l’entreprise, avec son
lot de frustrations, d’espoirs, d’illusions et de souffrance. Il mène sa barque avec des
acteurs ayant l’énergie de traders un jour de crise financière. C’est drôle, survitaminé, et
finaud, évitant ainsi le piège de la caricature ou du texte à message. Mécanique instable
confirme que Yann Reuzeau, c’est du solide. »
Marianne
«Jeune auteur prometteur, remarqué, primé, esprit aigu, plume percutante, Yann Reuzeau
s’est déjà emparé, avec brio, de la politique (Chute d’une nation). Le voilà qui aborde avec
pugnacité les incertitudes d’une nouvelle voie économique et sociale, dictée par les
circonstances. Il explore, avec justesse, les lignes de faille dans le rapport que chacun,
quelle que soit sa fonction, peut entretenir avec cette activité qui construit ou détruit: le
travail.»
La Croix
«Espoirs et désillusions de l'autogestion. Reuzeau continue d'ausculter notre société et les
humains avec des dialogues vifs, qui font mouche.»
Télérama
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5 > 18 janvier 2015
MÉCANIQUE INSTABLE
YANN REUZEAU
L’artiste français Yann Reuzeau signe sa première pièce en tant qu’auteur-metteur en scène
en 2000 : La Secte, un texte sur la foi et la sexualité. Suivra Débutantes, qui explore les
nouvelles formes de prostitution et qui fait l’ouverture de la Manufacture des Abbesses, petit
théâtre parisien qu’il fonde et dirige depuis 2006 avec la comédienne suisse Sophie
Vonlanthen. En 2008, il écrit et met en scène Monsieur le Président ; puis Puissants &
Miséreux. Chute d’une nation, pièce pour laquelle il reçoit le prix Beaumarchais du meilleur
auteur, est de passage au Poche en novembre 2012 où elle rencontre un immense succès.
Le théâtre de Yann Reuzeau s’inscrit dans une exploration ludique de notre société.
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7 . LE RAPPORT BERGIER
(création)
2 > 22 FÉVRIER 2015
Texte & mise en scène
Lumière
José Lillo
Rinaldo Del Boca
Jeu
Maurice Aufair
Felipe Castro
Lola Riccaboni
- Nous avons l’honneur de vous informer que nous préférerions ne pas nous
prononcer, de façon générale et théorique, sur la question posée.
Une histoire d’amour contemporaine entre un jeune homme et une jeune femme que
la découverte du Rapport Bergier, ainsi que les problématiques qu’il soulève, mettra
en péril.
Le 19 décembre 1996, le Parlement suisse et le Conseil fédéral mandatent une
Commission indépendante d’experts présidée par Jean-François Bergier, pour
enquêter sur le comportement des Suisses face au régime national-socialiste
allemand. Cinq ans plus tard, un rapport de onze mille pages est rendu : Le Rapport
Bergier, contenant des révélations troublantes, susceptibles de ternir quelque peu
l’image d’une « patrie irréprochable ». Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la
Suisse aurait par exemple été la principale plaque tournante de l’or en provenance
d’Allemagne et des pays occupés par la Wehrmacht. Cette opération aurait permis de
rendre librement convertible l’or volé par les nazis. Du 1er septembre 1939 au 30 juin
1945, les banques suisses auraient acheté de l’or à l’Allemagne pour 1,7 milliards de
francs !
PRODUCTION LE POCHE GENÈVE
2 > 22 février 2015
LE RAPPORT BERGIER
29 SECONDES
Tout commence à partir d’une archive de 29 secondes
diffusée un soir à la télévision où l’on voit Goebbels, ministre de la
propagande du IIIème Reich, le 29 septembre 1933, prononcer un discours
à la Société des Nations de Genève.
Le reportage se termine sur des saluts nazis à l’aéroport de Cointrin,
honorant le retour de Goebbels dans l’Allemagne hitlérienne.
De là est née mon envie d’écrire une pièce qui interrogerait le
positionnement des Suisses pendant la Seconde Guerre mondiale.
José Lillo
2 > 22 février 2015
LE RAPPORT BERGIER
UN PASSÉ FAIT D’OMBRES ET DE LUMIÈRES
Jean-François Bergier
L’historien n’est pas un juge, une Commission n’est pas un tribunal. Il ne sert à rien de
condamner les uns, d’absoudre les autres. Ce qu’il faut, c’est savoir et comprendre. Un pays,
un peuple, ne peut accomplir son destin et décider de son avenir que s’il est au clair avec son
passé, quel que soit celui-ci, fait d’ombres et de lumières. Il doit en assumer toute la
responsabilité, non juridique mais historique.
Savoir, ce n’est pas facile. Cela demande patience et humilité devant les réalités que
révèlent les sources et qui ne correspondent pas toutes avec la mémoire que nous en avons
gardée. Comprendre est encore plus difficile. Il faut s’immerger dans l’air du temps raconté.
Les décideurs de l’époque n’ont pas manqué de justifier chacune des mesures qu’ils
prenaient, ou leur refus d’en prendre, leur hésitation. Mais leurs explications résistent
rarement à l’examen. Il faut lire entre les lignes. Lire la peur, bien compréhensible face au
chaos de la guerre et aux menaces graves qui pesaient aussi sur la Suisse ; mais la peur
n’est pas de bon conseil. Lire la routine, qui est un moyen de maîtriser la peur. Lire une
xénophobie mal dissimulée, surtout un antisémitisme diffus, mal avoué et donc d’autant plus
pernicieux. Lire le pragmatisme, qui commande les attitudes au jour le jour. Il a conduit à
d’innombrables compromis, et souvent même à des compromissions, que ce livre révèle.
Jusqu’où pouvait-on aller trop loin ? Les décideurs politiques et économiques n’ont pas
toujours su répondre à cette question ; ils ne l’ont peut-être même pas posée. De toutes
façon, il convient de dépasser l’antithèse « collaboration ou résistance » : accepter certaines
concessions au régime hitlérien revenait à s’assurer une marge de manœuvre, à préserver
des libertés. Il faut lire encore une culture historique alors dominante, imprégnée de
rapports étroits et de toutes sortes avec l’Allemagne traditionnelle, mais forgée aussi par
des expériences du premier conflit mondial (1914-1918) et des crises qui suivirent : cette
culture trompa – elle ne permit pas de voir à temps que les nazis avaient étouffé les
traditions et rendu caduque l’expérience. Lire enfin durant toute la guerre, la hantise de ce
qui en résulterait ; celle d’un après-guerre dont la perspective, bien entendu, changea au
gré des batailles. Il convenait – ce fut d’ailleurs en grande partie réussi – de s’assurer pour
cet après-guerre les meilleures chances possibles : politiques, économiques, sociales.
Ces lectures, nous les avons faites. Elles demeurent imparfaites, bien sûr. L’Histoire se
prête toujours à plusieurs lectures divergentes. Chaque sensibilité idéologique, mais aussi
chaque génération apporte la sienne, qui répond le mieux à son besoin de comprendre.
extrait de la préface du livre Les Suisses et les nazis: le rapport Bergier pour tous, Pietro Boschetti
2 > 22 février 2015
LE RAPPORT BERGIER
JOSÉ LILLO
José Lillo est d’abord comédien, avant de s’atteler à la mise en scène dès 2003. En tant que
comédien, il travaille entre autres avec Dominique Ziegler (Calvin, Le Maître des minutes),
Lorenzo Malaguerra (Roméo et Juliette) et Françoise Courvoisier (Jean la Vengeance). Ce
printemps, il joue dans Yvonne, Princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz, mise en
scène par Geneviève Guhl à la Comédie.
Comme metteur en scène, il adapte notamment pour la scène Troisième nuit de Walpurgis
de Karl Kraus, qu’il interprète lui-même au Théâtre Saint-Gervais et qu’il reprend à L’ONU.
Il met également en scène à l’Orangerie Le Petit maître corrigé de Marivaux, repris ensuite à
Vidy et, dans le cadre d’une résidence au Théâtre St-Gervais, il y présente ElseneurMachine. L’année dernière, il adapte et monte au Poche sa dernière création : Gorgias de
Platon, qu’il interprète aux côtés de Jean-Charles Fontana, Ahmed Belbachir et David Gobet.
Cet automne, il montera au Théâtre du Loup Les Démons de Dostoïevski, un auteur qu’il
avait déjà abordé avec Les Nuits blanches.
Si la curiosité pour les textes emmène José Lillo sur des sentiers divers, la constante est
peut-être son engagement humain et politique. Il fait partie des artistes qui pensent que le
théâtre peut changer le monde.
8. DU PAIN ET DES ROLLS
(accueil)
25 FÉVRIER > 1er MARS 2015
Texte
Mise en scène
Écriture au plateau
Assistante
Scénographie
Lumière
Vidéo
Guy-Patrick Sainderichin
Julie Duclos
Cie In-quarto
Calypso Baquey
Paquita Milville
Jérémie Papin
Ernst BC
Jeu
David Houri
Alix Riemer
Magdalena Malina
Yohan Lopez
Maëlia Gentil
Librement inspiré de La Maman et la Putain de Jean Eustache, film culte du début
des années septante, Du Pain et des Rolls lui emprunte la situation de base : un
homme, partageant la vie d’une femme, en rencontre une autre… D’une histoire
simple surgit une infinité de situations reflétant toute la complexité des rapports
amoureux ; la grâce, le mystère, le désir, l’angoisse et parfois aussi, la drôlerie.
C’est du moins ce défi que souhaite relever Julie Duclos en s’emparant d’une œuvre
qui la fascine et l’inspire depuis plusieurs années.
Pour ce projet, la Compagnie In-quarto a fait appel à Guy-Patrick Sainderichin, un
scénariste issu de la Nouvelle Vague, pour écrire le texte définitif du spectacle.
Du Pain et des Rolls sera créé en automne 2014 au Centre Dramatique National de
Besançon.
COPRODUCTION CDN DE BESANÇON FRANCHE COMTÉ / LA COLLINE / CDN
ORLÉANS LOIRET CENTRE / SCÈNE CULTURELLE DE SOISSONS / SCÈNE
NATIONALE DE MONTBÉLIARD / AVEC L’AIDE DE LA DRAC ILE-DE-FRANCE / LE
SOUTIEN D’INTERREG FRANCE-SUISSE
25 février > 1er mars 2015
DU PAIN ET DES ROLLS
GENÈSE
notes de Julie Duclos
Emprunter le titre primitif de La Maman et la Putain* n’est pas anodin, c’est une façon
d’inscrire notre travail dans les sillons du film. Mettre en scène Du Pain et des Rolls c’est
repartir de la genèse du film, pour construire notre écriture, et voir où cela nous mène
aujourd’hui. Comment en sommes-nous arrivés là ? Ça ne commence pas par une
admiration pour le film ou les acteurs du film. Cela viendra plus tard. Mon attirance pour La
Maman et la Putain vient d’ailleurs. C’est par la découverte, avec Philippe Garrel, d’une
nouvelle façon de voir le travail de l’acteur, que je rencontre le texte de La Maman et la
Putain. Ce sont deux événements inséparables l’un de l’autre.
«On va tourner dehors. Sortir de l’école c’est très important, pour dé-théâtraliser le jeu»,
disait Garrel. En 2008, au Conservatoire national supérieur d’art dramatique où je suis élève,
Philippe Garrel est professeur de «jeu devant la caméra». Le scénario est notre matériau
d’apprentissage, nous tournons des scènes du film à chaque cours, en dehors de l’école: à
l’hôtel, dans la rue, au café. Situations qui composent au fil de l’année une grammaire de la
vie amoureuse, dans lesquelles on se reconnaît, d’autant plus qu’elles sont incarnées par
une bande de copains. Garrel a une méthode qui propose un regard nouveau sur l’acteur,
une nouvelle façon de jouer. Le but est de donner des armes à l’acteur afin que son jeu soit
vrai, et actuel. «Quand ça tourne, il faut laisser faire le documentaire sur soi. Ta vie continue
même si tu dis des choses imaginaires. Il faut mélanger les dialogues aux pensées de ta vie
réelle. C’est comme ça qu’on obtient de la présence», disait-il. À la fin de l’année nous
aurons presque traversé tout le film, par bribes. Ou plutôt, le film aura traversé tous les
corps, toutes les voix, les visages. «L'idée de la Nouvelle Vague c'était de filmer des hommes
et des femmes dans le monde réel et qui, voyant le film, sont étonnés d'être eux-mêmes et
dans le monde», dit Godard.
Il y a une autre rencontre, qu’il faut évoquer parce qu’elle continue l’histoire avec Garrel,
c’est la rencontre avec Krystian Lupa, metteur en scène polonais. Il a en commun avec
Philippe Garrel cette passion pour inventer de nouveaux processus de recherche pour que
l’acteur se mette en jeu autrement, et touche au final à une vérité de présence. L’outil
principal de l’acteur consiste à écrire des monologues intérieurs, c’est-à-dire écrire de
façon sauvage, spontanée, tel quel, le flot intérieur de pensées d’un personnage, en fonction
d’une situation. Dans ce cadre, la liberté est totale.
L’importance donnée à l’écriture me frappe. Lupa invite l’acteur à développer une rêverie, un
paysage, par l’écriture, pour que le geste d’écriture inscrive quelque chose dans le corps, de
manière inconsciente. Toute la part invisible déployée en soi, avec ses monologues, crée les
conditions justes pour monter sur le plateau, où l’acteur a de la présence parce qu’il porte
en lui un monde, inconnu du spectateur. On voit ce qu’il dit, ce qu’il fait, mais on perçoit aussi
une toute autre dimension. Par ce biais, l’acteur rejoint un état de vérité. Il est dans un
processus réel où, comme dans la vie, on n’est pas toujours entièrement à ce qu’on dit ou ce
qu’on fait, il y a des couches de pensées.
Cette approche est un outil merveilleux pour aborder Du Pain et des Rolls. Si le scénario
d’Eustache est si fascinant, c’est par la complexité de ses personnages et des situations. Il y
a un mystère dans les rapports. La force du film tient dans cette part d’obscurité. Comme s’il
fallait comprendre la vie souterraine des personnages, ce qui les fait cheminer vers la
parole. C’est cette expérience que je propose de remettre en jeu avec les acteurs.
* Du pain et des Rolls est le titre primitif du film La Maman et la Putain, « pour donner une idée du besoin de
provocation qui était le mien* », écrit Jean Eustache, dans sa préface au scénario, en 1972. Un titre qui n’a pas
servi, un besoin de provocation. C’est un bon point de départ.
31
25 février > 1er mars 2015
DU PAIN ET DES ROLLS
GUY-PATRICK SAINDERICHIN
Le scénariste Guy-Patrick Sainderichin a fait des études de cinéma à l’IDHEC et quelques
années de journalisme et de critique, notamment aux Cahiers du Cinéma et à Libération,
avant de se consacrer presque exclusivement à l’écriture de scénarios. Pour le cinéma, il
écrit notamment L’Homme aux yeux d’argent réalisé par Pierre Granier-Deferre et Buisson
ardent de Laurent Perrin; pour la télévision, il signe divers téléfilms policiers, comme Mort
d’un gardien de la paix ou encore Un flic pourri, et des épisodes de séries légendaires telles
que Navarro, Maigret, Section de Recherches… Il a été l’assistant de Jean-Luc Godard pour
Sauve qui peut (la vie).
JULIE DUCLOS
Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Julie Duclos a
notamment pour professeurs Dominique Valadié, Alain Françon et Gérard Desarthe. Elle
rencontre également Philippe Garrel et le metteur en scène polonais Krystian Lupa, qui
influencent tous deux sa perception du travail d’acteur. Comme comédienne, elle joue dans
Les Acteurs de bonne foi de Marivaux dans une mise en scène de Jean-Pierre Vincent puis
dans Les Femmes savantes de Molière sous la direction de Marc Paquien. Avec la
Compagnie In-quarto, elle signe sa première mise en scène en 2011, Fragments d’un
discours amoureux d’après Roland Barthes, au Théâtre de La Loge à Paris. Suivra
Masculin/Féminin au Théâtre de l’Opprimé l’année suivante.
LA COMPAGNIE IN-QUARTO
L’In-quarto est, au départ, un groupe d’acteurs sortis du Conservatoire national supérieur
d’art dramatique de Paris en 2010. « D’abord une bande, un désir commun de se réunir,
inventer quelque chose ensemble, ne pas être seul, faire partie du théâtre en train de se
faire, celui qui prend la relève. En mai 2011, à l’initiative de Julie Duclos, création de L’Inquarto. Nécessité commune de se re-choisir, après l'école, de signer notre appartenance à
ce groupe que nous formions déjà. Une façon de travailler s’est inventée: improvisations,
entretiens, jeu avec la citation, auto-fiction, fragmentation, montage. Quarto, Quintet,
Quartet. Un groupe matériau, un groupe choral, une partition en train de s’écrire. »
La troupe pratique l’improvisation comme principal processus de création, cherchant à
insuffler à la représentation une liberté et une vérité nouvelles.
32
9 . EN ROUE LIBRE
(première en Suisse)
9 > 22 MARS 2015
Texte
Mise en scène
Texte français
Scénographie
Lumière
Son
Penelope Skinner
Claudia Stavisky
Dominique Hollier & Sophie Magnaud
Alexandre de Dardel
Franck Thévenon
Jean-Louis Imbert
Jeu
David Ayala
Éric Berger
Valérie Crouzet
Patrick d’Assumção
Nathalie Lannuzel
Julie-Anne Roth
L’action se déroule dans un petit village de campagne, en Angleterre, où Becky vient
d’emménager avec son mari John. C’est un été caniculaire, il fait une chaleur
torride. À ce dérèglement climatique s’ajoute un dérèglement hormonal, celui de
notre héroïne, enceinte de quelques mois de son premier enfant. Et si son mari
John est excessivement attentif à la grossesse de sa femme, l’enveloppant de mille
soins, il est en revanche peu sensible à ses avances. Or Becky est prise d’un
insatiable appétit sexuel. Lasse d’attendre en vain les caresses de son mari, la
jeune femme s’aventurera dans une liaison à la sensualité explosive avec un autre
homme, catapultant la bienséance et les conventions sociales.
Dans The Village Bike (En Roue libre), la plume effrontée et malicieuse de la jeune
auteure anglaise, Penelope Skinner, s’amuse à dérouter le spectateur, échappant à
toute vulgarité.
La pièce, à ce jour inédite en français, sera traduite et créée en janvier 2015 aux
Célestins de Lyon.
PRODUCTION LES CÉLESTINS THÉÂTRE DE LYON / AVEC LE SOUTIEN DU
DÉPARTEMENT DU RHÔNE
9 > 22 mars 2015
EN ROUE LIBRE
« EN ROUE LIBRE » : LE NOUVEAU DRAME D’UNE DRAMATURGE AUDACIEUSE
Nione Meakin, The Independent, 15 Août 2012
Penelope Skinner, l’une des dramaturges les plus prometteuses de Grande-Bretagne
évoque ses attentes professionnelles. « Mon objectif principal, c’est d'éviter de travailler
dans un bureau. » Penelope Skinner avait 30 ans, suffisamment âgée pour savoir
précisément ce qu'elle ne voulait pas faire, quand sa première pièce, Fucked, fut montée au
Old Red Lion Théâtre. « Cela m'a fait réaliser qu'être écrivain est un super boulot et tout ce
qui m'importe désormais est de pouvoir continuer à l’exercer. »
On imagine mal quelqu’un capable de l’en empêcher; après Fucked, acclamé en 2009, elle a
écrit Eigengrau et, l'année dernière, The Village Bike (En Roue libre), qui s’est joué à guichet
fermé au Royal Court et qui lui a valu plusieurs prix, dont celui de la dramaturge « la plus
prometteuse » décerné par le Evening Standard. […]
Elle a une prédilection pour chatouiller le public d’une main tout en lui décochant un coup de
poing dans les tripes de l'autre. C'est Skinner qui a réussi à introduire le sujet du viol sous
GHB dans le sitcom Fresh Meat de Channel 4. « Il y a certaines thématiques qui ne peuvent
être abordées que sous le couvert de l'humour», dit-elle. « Si vous en parlez de façon trop
graveleuse, personne ne vous écoutera. Le viol est souvent utilisé comme un ressort
dramatique à la télévision. C'est censé être percutant et choquant, mais au final cette
approche ne contribue qu’à entretenir son caractère tabou. Or le viol est horriblement
courant. Je suppose que j’ai essayé de le rendre un peu plus « normal », afin de ne plus avoir
peur d’en parler. »
Alors que Fucked parlait de la situation complexe des femmes qui vendent leur corps ; The
Village Bike (En Roue libre) traite de la maternité et des problèmes conjugaux. Se considèret-elle comme une écrivain féministe? « Parfois, je pense que toutes mes pièces tournent
éternellement autour des mêmes sujets. Mais je dirais que je suis certainement une écrivain
féministe, oui. Il existe cette notion de « société post-féministe », comme si le féminisme
avait fait ce qu’il avait à faire et que désormais tout allait bien ... Je pense au contraire que
tout est bien plus compliqué de nos jours avec l’idée que l’égalité a été obtenue. » […]
34
9 > 22 mars 2015
EN ROUE LIBRE
NOTES D’INTENTION
Claudia Stavisky
Le XXème siècle poussait ses derniers soupirs et nombre de nos contemporains retenaient
leur souffle, hantés par l’inquiétude émergente générée par le dérèglement climatique…
Tempêtes, ouragans, typhons, crues, inondations sont alors apparus comme les signes
d’une apocalypse programmée pour un XXIème siècle tout juste naissant.
Dans The Village Bike, le bouleversement climatique prend la forme d’une canicule hors
norme. D’autant plus hors norme que nous sommes dans la campagne anglaise où l’herbe
qui a d’ordinaire tendance à s’exhiber grassement verte et humide ressemble désormais à
du foin étalé sur une terre craquelée.
Cette manifestation du dérèglement climatique n’est en fait que l’illustration parabolique du
dérèglement hormonal dont est victime l’héroïne malgré elle, Becky.
Enceinte de quelques mois (état suffisamment perceptible pour les uns, un peu moins pour
les autres), ce bouleversement physique et physiologique va conduire la jeune femme à
catapulter la bienséance et bousculer bon nombre de conventions sociales ou relationnelles.
Penelope Skinner atteint en effet une certaine jouissance en semant le chaos dans les codes
sociétaux, peignant Becky, en pleine phase de grossesse comme une femme à la libido
grimpant à plus de 50° au dessus de zéro, en quête d’expériences à la lisière de la déviance…
« Shocking », diriez-vous ?...
Non, car malgré l’usage d’un langage cru et spontané, Penelope Skinner illustre avec
pudeur comment la transformation d’un corps nourrit la transformation de l’esprit et altère
le regard que les autres portent sur soi. Dans une nature chauffée à bloc, le comportement
et la sensibilité des protagonistes sont exacerbés.
Becky se lance de manière inextinguible dans une quête éperdue d’identité, lui faisant palper
les frontières de l’improbable en la propulsant virtuellement dans un monde fiévreux et
onirique peuplé de lutins ou de gnomes en rut ayant revêtu le costume du comédien amateur
et du plombier. Là, la débauche et les perspectives orgiaques et fantasmagoriques
s’accompagnent pour Becky d’un plaisir peu dissimulé. À l’opposé John, son mari, presque
trop bien sous tous rapports, porte à lui seul toute la gestation avec une implication qui vire
à l’excessif.
De ce désordre joyeusement établi, Penelope Skinner tire la pleine quintessence en livrant
une comédie décapante, au ton savoureusement « british », agitant l’ordre social pour mieux
nous laisser percevoir la subtilité de nos êtres lorsqu’ils sont soumis au moindre aléa ou à
une métamorphose majeure.
Elle souligne alors avec brio comment nos propres changements, transformations ou
évolutions conduisent invariablement à la métamorphose des regards portés sur nous par le
monde qui nous environne, nous exposant ainsi à l’inattendu, l’insolite et l’imprévisible…
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9 > 22 mars 2015
EN ROUE LIBRE
PENELOPE SKINNER
Dramaturge anglaise, Penelope Skinner a trente ans lorsqu’elle écrit sa première pièce
Fucked, en 2009. Son succès est immédiat, et la jeune auteure parvient à imposer son style à
la fois provocateur, décalé et percutant. Créée au Royal Court Theatre de Londres en 2011,
sa pièce The Village Bike (En roue libre) reçoit le prix George Devine et le prix Charles
Wintour lors de la célèbre soirée des Evening Standard Theatre Awards. Parallèlement à sa
création en langue française aux Célestins de Lyon, en janvier 2015, elle sera montée à New
York au Lucile Lortel Theatre. Pour la scène, Penelope Skinner est également l’auteure de
Eigengrau, Fred’s Diner et de The Sound of Heavy Rain. Elle écrit aussi pour le cinéma, la
télévision et la radio.
CLAUDIA STAVISKY
Directrice du Théâtre des Célestins de Lyon, Claudia Stavisky est comédienne et metteure en
scène. D’origine ukrainienne, elle naît à Buenos Aires et rejoint Paris à l’âge de dix-sept ans
pour étudier le théâtre au Conservatoire National Supérieur. À sa sortie, elle est engagée
comme comédienne par Antoine Vitez, qui la distribuera dans plusieurs spectacles. Elle joue
également sous la direction de Peter Brook et bien d’autres. Dès 1998, Claudia Stavisky se
dirige vers la mise en scène, alternant le répertoire classique avec la découverte des
nouvelles écritures. On lui doit, parmi ses créations contemporaines, Munich-Athènes de
Lars Norén ; Blackbird de David Harrower ; La Femme d’avant de Roland Schimmelpfennig…
Parmi les grandes œuvres qu’elle aborde, citons Électre de Sophocle ; La Locandiera de
Goldoni ; Oncle Vania de Tchékhov ; et, plus récemment, Mort d’un Commis voyageur
d’Arthur Miller ainsi que Chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams.
36
1 0.
DISPERSION
/ Ashes to Ashes
(accueil)
27 MAI > 7 JUIN 2015
Texte
Mise en scène
Traduction
Scénographie & costumes
Dramaturgie
Lumière
Son
Assistant à la mise en scène
Harold Pinter
Gérard Desarthe
Mona Thomas
Delphine Brouard
Jean Badin
Rémi Claude
Jean-Luc Ristord
Jacques Connort
Jeu
Carole Bouquet
Gérard Desarthe
- C’est des gens très occupés, les flics. Pas une minute de la journée où ils ne sont
pas en train de charger, d’un bout à l’autre de la terre, dans leurs voitures de
patrouille, sirènes au vent.
Un trio classique du drame bourgeois : la femme, le mari, l’amant. Sauf qu’ici,
l’amant n’est pas présent, il n’existe que dans la mémoire de la femme, Rebecca.
Vérité, phantasme ou traumatisme ? Voilà le puzzle que Delvin, le mari, tente de
démêler dans les propos parfois incohérents de Rebecca. Harold Pinter nous propose
des pistes ; à nous de deviner les troubles dont souffre Rebecca. Une atmosphère de
menace, inexprimable mais palpable, s’installe dès le début de ce huis-clos.
Ashes to Ashes sera créé dans une nouvelle traduction française au Théâtre de
l’Oeuvre à Paris en septembre 2014.
PRODUCTION (SIC) SCÈNE INDÉPENDANTE CONTEMPORAINE
27 mai > 7 juin 2015
DISPERSION
WE COME AFTER
George Steiner
La vocation du théâtre, on le sait, est de faire entendre la voix des morts. C’est avec cette
mission-là, première et séminale, qu’Harold Pinter renoue dans la pièce qu’il écrit en 1996.
Pièce testament, en quelque sorte, qui fait justice aux spectres qui l’ont hanté pendant les
quelque soixante années qui le séparent alors de la Seconde Guerre mondiale et de la
Shoah. Ashes to Ashes, dont le titre inscrit des problématiques au carrefour du music-hall,
« Ashes to ashes, dust to dust, If the women don’t get you, the liquor must », et de la Bible,
en passant par David Bowie, travaille l’entre-deux, le décalage ou le parallèle. Pinter y
plante un décor on ne peut plus pinterien mais y donne à entendre, plus explicitement que
dans d’autres pièces, le traumatisme de l’histoire. Comme toujours chez Pinter l’intime est
le lieu du politique et le politique se traite sur le mode du domestique.
Cette pièce aux accents de Terre Vaine explore la polémique comparaison établie par
Roland Barthes dans Fragments d’un discours amoureux. Barthes, qui cite ici Bruno
Bettelheim, y compare l’amant délaissé et le prisonnier de Dachau : « La catastrophe
amoureuse est peut-être proche de ce qu’on a appelé, dans le champ psychotique, une
situation extrême, qui est « une situation vécue par le sujet comme devant irrémédiablement
le détruire » ; l’image en est tirée de ce qui s’est passé à Dachau. N’est-il pas indécent de
comparer la situation d’un sujet en mal d’amour à celle d’un concentrationnaire de Dachau ?
L’une des injures les plus inimaginables de l’Histoire peut-elle se retrouver dans un incident
futile, enfantin, sophistiqué, obscur, advenu à un sujet confortable, qui est seulement la
proie de son imaginaire ? Ces deux situations ont néanmoins ceci de commun : elles sont, à
la lettre, paniques : ce sont des situations sans reste, sans retour : je me suis projeté dans
l’autre avec une telle force que, lorsqu’il me manque, je ne puis me rattraper, me
récupérer : je suis perdu, à jamais. »
Barthes soulève le double problème de la nature de la comparaison (Dachau est lu
comme la métaphore d’une douleur autre) et de sa légitimité, et celui de l’impossible
délimitation du lieu concentrationnaire dont Auschwitz est devenu le paradigme. Le
chronotope Auschwitz n’existe que dans une temporalité délimitée. Il n’en finit pas de
ricocher dans la réalité post-traumatique qui est la nôtre. C’est ce ressassement-là que
Pinter explore dans Ashes to Ashes.
C’est dans Ashes to Ashes que Pinter, sous la surface presque lisse d’un vaudeville teinté
de surréalisme dans la pièce, aborde le plus directement la question judéocide de la Shoah.
Il ne se contente pas d’y décliner les angoisses de persécution déjà présentes dans les
pièces plus anciennes comme La Chambre ou Le Gardien mais propose une pièce sur les
images de la Shoah et leur capacité à hanter l’homme contemporain. Interrogé pour savoir si
Ashes to Ashes était une pièce sur le nazisme, Pinter répondit : « Non, je ne pense pas du
tout que ce soit le cas. C’est à propos des images de l’Allemagne nazie, je ne pense pas que
quiconque puisse un jour s’ôter ça de la tête. » Alors que le personnage du Juif hante les
pièces de Pinter, lui-même issu d’une famille juive de l’East End londonien, et que l’univers
concentrationnaire déshumanisant se dessine sous les contours des espaces de menace que
sont l’hôpital psychiatrique par exemple (Le Gardien), ce n’est qu’avec Ashes to Ashes que
l’auteur reconnaît s’attaquer frontalement ou presque à l’indicible horreur de la Shoah.
Ashes to Ashes élabore une tentative explicite de mettre au jour un langage de l’après,
une poétique de la hantise.
extrait du livre Mettre en scène Harold Pinter de Elisabeth Angel-Perez, traduit par Brigitte Gauthier, 2011
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27 mai > 7 juin 2015
DISPERSION
HAROLD PINTER
Depuis sa première pièce, La Chambre en 1957, Harold Pinter s’est imposé au premier rang
des dramaturges anglais, et sa notoriété s’est étendue au monde entier. Il a écrit plus d’une
trentaine de pièces, dont L’Anniversaire, Le Monte-plats, Le Gardien, L’Amant, Célébration,
où l’on retrouve chaque fois le même humour grinçant, la même jubilation des mots, un jeu
de bascule vertigineux entre réalisme et abstraction et surtout, la dénonciation des
totalitarismes, qu’ils soient domestiques ou planétaires. C’est un militant de la cause de
l’homme. Il écrit Ashes to Ashes en 1996. En 2005, il reçoit le Prix Nobel de littérature. Il
meurt à Londres le 24 décembre 2008, à l’âge de septante-huit ans.
GÉRARD DESARTHE
Le Poche retrouve pour la cinquième fois Gérard Desarthe, Hamlet inoubliable de Patrice
Chéreau, rôle pour lequel il reçoit le Molière du meilleur acteur en 1989. Mais Gérard
Desarthe magnifie bien d’autres personnages ; Peer Gynt, Oncle Vania, le Matamore de
L’Illusion comique… Il travaille avec les plus grands metteurs en scène ; André Engel,
Giorgio Strehler… Longtemps professeur au Conservatoire National Supérieur de Paris, il
démarre sa carrière de metteur en scène en 1988 avec Le Cid de Corneille. Suivront Démons
de Lars Norén, puis Partage de midi de Paul Claudel ; au Poche, il crée avec des comédiens
romands L’Amour en quatre tableaux de Lukas Bärfuss, Britannicus de Racine et Blackbird
de David Harrower, en coproduction avec le Théâtre Vidy-Lausanne. Il incarne Trigorine dans
La Mouette d’Anton Tchékhov, mis en scène par Françoise Courvoisier au Théâtre Pitoëff.
CAROLE BOUQUET
Légendaire actrice française, c’est Buñuel qui fait tourner Carole Bouquet pour la première
fois au cinéma, en 1977, dans Cet obscur objet du désir. Ensuite un rôle de James Bond girl
aux côtés de Roger Moore dans Rien que pour vos yeux la fait connaître du grand public.
Trois ans plus tard, elle apparaît dans Rive droite, rive gauche de Philippe Labro. Trop belle
pour toi de Bertrand Blier est une étape majeure de sa carrière. Ce film lui vaudra le César
de la meilleure actrice en 1990. Carole Bouquet inspirera encore d’autres réalisateurs
prestigieux tels Francis Ford Coppola, Dino Risi, Enki Bilal, Patrice Leconte, Michel Blanc ou
encore André Téchiné. Au théâtre, elle joue notamment sous la direction de Sami Frey dans
C’était hier d’Harold Pinter, de Jacques Weber dans Phèdre, ou encore de Lambert Wilson
dans Bérénice.
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M AIS ENCORE…
L’APÉRO DES AUTEURS
le samedi matin à 11 heures
Le Poche, c’est aussi une dizaine de rendez-vous privilégiés en dehors des
spectacles, histoire de déguster les mots de façon conviviale. Les lectures ou
rencontres sont suivies d’une dégustation de vins fins proposés par Dominique
Coumaros, Flaveurs de Vins.
Les dates et les auteur(e)s seront communiqués ultérieurement.
Entrée (dégustation comprise) : CHF 10.- / abonnés CHF 5.-
TERRITOIRES EN ÉCRITURES
Les Célestins, Théâtre de Lyon et Le Poche Genève partagent la volonté commune
de faire découvrir les écritures contemporaines en favorisant l’émergence de
nouveaux auteurs.
C’est donc naturellement qu’ils s’associent pour créer un parcours intitulé
«Territoires en écritures» et vous invitent à participer à différents rendez-vous
transfrontaliers mettant à l’honneur ces auteurs de part et d’autre de nos
territoires.
Ainsi, résidences d’auteurs (Tatiana Frolova en 2013, Sandro Palese en 2014 et Julie
Duclos en 2015), débats, ateliers d’écriture, collecte de témoignages et autres
actions sont proposées des deux côtés de la frontière, permettant d’éveiller,
d’explorer et de partager, tout simplement, notre goût commun pour les écritures
théâtrales d’aujourd’hui .
VOYAGES DES PUBLICS
Parmi les événements, une «passerelle » pour découvrir un spectacle aux
Célestins:
COMMENT VOUS RACONTEZ LA PARTIE
texte et mise en scène Yasmina Reza
avec Zabou Breitman, Romain Cottard, André Marcon, Dominique Reymond
une coproduction du Théâtre du Rond-Point - Paris, Théâtres de la Ville de
Luxembourg, Les Célestins - Théâtre de Lyon, Théâtre Liberté - Toulon
sam edi 17 janvier 2015 au Théâtre des Célestins à Lyon.
Le projet «Territoires en écritures» est soutenu par Interreg France-Suisse, la Ville de Genève,
Département de la culture et du sport; et la République et canton de Genève.
L ES TOURNÉES DU POCHE
POURQUOI ONT-ILS TUÉ JAURÈS ?
5 > 27 JUILLET 2014
THÉÂTRE DU CHÊNE NOIR, FESTIVAL AVIGNON OFF
BOURLINGUER
5 > 27 JUILLET 2014
THÉÂTRE TROIS SOLEILS, FESTIVAL AVIGNON OFF
DERNIERS REMORDS AVANT L’OUBLI
16 > 26 JUILLET 2014
THÉÂTRE DE L’ORANGERIE, GENÈVE
FEVER, À LA VIE A LA MORT
7 > 17 OCTOBRE 2014
LES CÉLESTINS, THÉÂTRE DE LYON
LES COMBATS D’UNE REINE
28 AOÛT > 18 OCTOBRE 2014
LA MANUFACTURE DES ABBESSES, PARIS
COCHONS D’INDE
6 NOVEMBRE > 13 DÉCEMBRE 2014
THÉÂTRE LE PUBLIC, BRUXELLES
LES FLEURS DU MAL
6 DÉCEMBRE 2014
THÉÂTRE LE FORUM, SAINT-RAPHAËL
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I NFORMATIONS GÉNÉRALES
PRIX DES PLACES
Plein tarif
AVS, AI, chômeurs
Groupe (min. 10 personnes)
Étudiants, apprentis
Carte 20 ans / 20 francs
F r.
F r.
F r.
F r.
F r.
35.22.25.15.10.-
Le prix du lundi
Fr. 15.-
ABONNEMENT « 6 SPECTACLES »
l’abonné choisit six spectacles sur les dix à l’affiche :
Abonnement individuel
F r. 150.-
Abonnement AVS, AI, chômeur
F r. 114.-
Abonnement duo pour inviter qui vous voulez !
F r. 252.-
Abonnement de groupe min. 10 personnes
F r. 120.-
Abonnement bouche à oreille
F r. 99.-
(valable uniquement la première semaine de représentations)
ABONNEMENT « INCONDITIONNEL »
L’abonné assiste à tous les spectacles de la saison, un soutient inconditionnel au Poche !
Il peut également participer gratuitement à tous les événements annexes de la saison.
Prix unique :
F r. 250.-
ABONNEMENT « MOINS DE 30 ANS »
Spécial jeunesse : 8 spectacles à choix à CHF 10.- la place !
Fr. 80.-
HORAIRES DES REPRÉSENTATIONS
lundi et vendredi à 2 0h30
mercredi, jeudi et samedi à 1 9h
dimanche à 1 7h
mardi r elâche
RÉSERVATIONS & RENSEIGNEMENTS
022 310 37 59
www.lepoche.ch
ou directement au 7 rue du Cheval-Blanc, du lundi au vendredi de 14h à 18h et
pendant les représentations les samedis et dimanches dès 14h.
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LE POCHE GENÈVE, THÉÂTRE EN VIEILLE-VILLE
rue du Cheval-Blanc 7
1204 Genève
location +41 (0)22 310 37 59
[email protected]
www.lepoche.ch
ADMINISTRATION
rue de la Boulangerie 4
1204 Genève
tél +41 (0)22 310 42 21
fax +41 (0)22 781 31 13
[email protected]
L’ÉQUIPE DU POCHE
direction FRANÇOISE COURVOISIER
administration VÉRONICA BYRDE
assistante de direction & responsable communication CAROLINE FUJISÉ
attachée de presse KATIA GANDOLFI
développement des publics, écoles & promotion BARBARA MÉGROZ
chargé de production FRÉDÉRIC SCHREYER
comptabilité CHANTAL MAILLARD
responsable billetterie & accueil ÉMILIE COLLIN
secrétariat SARA DA SILVA SANTOS
chef technique PHILIPPE BÉGNEU
régisseur STÉPHANE CHARRIER
graphisme JEAN-MARC HUMM
photographie AUGUSTIN REBETEZ
Le Poche Genève est subventionné par la Ville de Genève (Département de la
culture et du sport) et la République et Canton de Genève. Il est géré par la
Fondation d’Art Dramatique (FAD).
Il reçoit également les soutiens de la Fondation Leenaards, du Comité Régional
Franco-Genevois (CRFG) et d’Interreg France-Suisse.
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