Nous reconnaissons l'appui financier du ministère du Patrimoine canadien pour la traduction de ce documentaire.
We acknowledge the financial support of the Department of Canadian Heritage for the translation of this documentary.
© Canadian Music Centre / Centre de musique canadienne 2005, www.musiccentre.ca / www.centremusique.ca
carrière – alors tu ferais bien de perfectionner cela », et je vous assure que mes
professeurs m’ont beaucoup aidé.
EITAN CORNFIELD : À Paris, Kenins ne tarde pas à se créer un réseau de soutien. Il
établit des liens durables avec son professeur de composition Tony Aubin, luimême un
élève de Paul Dukas. Kenins tombe également sous le charme du compositeur Olivier
Messiaen. La célèbre pédagogue Nadia Boulanger le prend sous son aile. En 1949,
Kenins compose un Septuor, qui est porté à l’attention de l’éminent chef d’orchestre
allemand Hermann Scherchen. Scherchen dirige la création du Septuor au Festival de
musique nouvelle de Darmstadt. C’est le premier succès important que remporte Kenins
en tant que compositeur. La chance lui sourit de nouveau lors du concours pour
l’obtention de son diplôme, en 1950. Tony Aubin a persuadé le grand violoncelliste
Maurice Gendron d’exécuter la toute nouvelle sonate de Kenins. Il est accompagné au
piano par la femme du compositeur Henri Dutilleux. Le jury de compositeurs comprend
Arthur Honegger, Darius Milhaud, Georges Enescu et Francis Poulenc. Nadia Boulanger
est là aussi. Le jury est suffisamment impressionné pour accorder à Kenins un premier
prix. Kenins les remerciera de leur bonté en volant de petits morceaux à chacun d’eux,
mais il réservera son hommage ultime au plus grand compositeur français.
TALIVALDIS KENINS : J’ai toujours suivi le conseil de Jean Cocteau, le dramaturge
français qui disait – voici sa phrase célèbre : « Les grands maîtres sont inimitables ; par
conséquent, imitez-les », et, vous savez, mon modèle en musique est Maurice Ravel, son
genre objectif de musique, et sa manière de projeter ses pensées où, dans un minimum de
temps, il dit les choses importantes, et, d’une certaine façon, j’ai essayé de modeler mes
sentiments, ma technique, sur ce type de plan ou de dessin formel.
EITAN CORNFIELD : Il y a aussi une empreinte française très marquée sur le langage
harmonique de Kenins. Sur le Steinway de son studio torontois, le pianiste Arthur
Ozolins fait une démonstration.
ARTHUR OZOLINS : Il a certainement des éléments français de Messiaen, et
beaucoup de ses harmonies, surtout dans la première Sonate, et même dans la deuxième,
il utilise un demi-ton, puis un ton, puis un demi-ton, puis un ton, de sorte qu’on obtient
une gamme octatonique – tous ces sons – et tous les accords sont parfois construits sur
cette gamme particulière ; mais, très souvent, il aime aussi l’intervalle de la septième, qui
est plutôt laid, un peu, et parfois, comme dans la deuxième Sonate, il emploie la seconde
mineure, vous savez, des choses de cette nature, et ce sont celles-là qui en ont surpris plus
d’un au début : « Quel genre d’harmonies est-ce que c’est ? », mais, évidemment, c’est
presque comme Chopin et le reste – une version moderne. Voici un mouvement lent qui
est le thème, puis, évidemment, les variations démarrent, chacune prenant une tangente
différente, mais si vous songez que tout descend d’un demi-ton, constamment, les
accords, on voit que cela suppose une technique d’écriture, mais je crois vraiment qu’il
avait un don pour la mélodie.