ARTICLE DE REVUE 710
hypoglycémies ou d’un défaut de la réponse autonome
aux hypoglycémies vont augmenter ce risque respecti-
vement de et fois. Il est dès lors peu surprenant de
constater que la survenue d’une hypoglycémie sévère
constitue le premier facteur de risque de récidive dans
l’année. D’autres facteurs sont listés dans le tableau.
Enn, il faut tenir compte du facteur humain. Les élé-
ments fréquemment incriminés dans la survenue
d’hypoglycémie sont les aptitudes techniques (insuline
mal solubilisée: NPH), le vécu de la maladie et des hy-
poglycémies (anxiété de performance avec glycémies à
la limite de l’hypoglycémie), les capacités de comptage
des hydrates de carbone, la gestion de l’insuline de cor-
rection, la gestion de l’exercice physique, la survenue
d’imprévus, sans oublier la gestion de l’hypoglycémie
en elle-même (tab.).
Résoudre l’équation posée par la survenue d’une hypo-
glycémie suppose de la part du clinicien d’arriver à
intégrer le contexte somatique général et spécique au
diabète dont l’éventualité d’un HAAF, les circonstances
d’apparition et le facteur humain. En revanche, parve-
nir à éviter que l’hypoglycémie se répète, repose sur la
capacité du patient à identier les situations analogues
pour en modier la gestion.
Répercussions à court et long terme
de l’hypoglycémie
Les conséquences de l’hypoglycémie peuvent être sé-
parées en fonction de la temporalité des manifestations
ou du type de répercussions. Dans leur grande majorité
elles sont négatives comme le montre de nombreux
travaux scientiques.
A court terme, les hypoglycémies, légères ou modérées,
rapidement identiées sont simples à corriger et sans
réelles conséquences somatiques hormis la désagréable
activation des voies adrénergiques qui va persister en
moyenne minutes. En revanche, il est courant d’ob-
server une crainte démesurée de leur impact, les pa-
tients comme les soignants, les considérant à tort lé-
tales.
La dangerosité d’une hypoglycémie légère ou modérée
est liée à un double manquement: un environnement
périlleux et l’absence de moyens de correction. Par
exemple, s’il existe un risque de chute (ouvrier, grutier,
etc.), durant un déplacement (voiture, moto, vélo), lors
de la pratique d’une activité sportive (escalade, ski ran-
donné, plongée, etc.) ou au début de la maladie (non
identication par manque d’expérience). Ces situations
demandent à être anticipées et systématisées. Elles
sont sensibles car elles ne peuvent être ignorées alors
que leur communication est de fait génératrice d’an-
xiété. Elles doivent être notiées dans le dossier pour
des raisons médico-légales évidentes et gagnent à être
répétées à l’instauration de chaque traitement et pour
tout patient conducteur automobile (http://sgedssed.
ch/fr/informations-pour-professionnels/recommanda
tions- pour-medecins-de-famille/). Dans les directives
, le risque d’hypoglycémie est considéré faible chez
les patients traités par un analogue lent d’insuline une
fois par jour ou par gliclazide ou un glinide (répaglinide
et natéglinide).
En cas d’hypoglycémie modérée prolongée et lors
d’hypoglycémie sévère, les signes de neuroglycopénie
(tab.) tel que les troubles de l’humeur, les dicultés de
concentrations vont, de fait, empiéter sur l’activité en
cours ou la stopper brutalement en cas de coma. Le
risque de récidive va s’en trouver augmenté durant les
heures suivantes (phénomène du HAAF) et en cas de
répétition elles vont nir par entrainer la perte des si-
gnaux d’alerte. Cette problématique, est connue depuis
la publication de l’étude DCCT («Diabetes Control and
Complications Trial») et aectait presque un tiers des
patients diabétiques de type sous traitement intensif.
Aujourd’hui, elle s’observe aussi chez les patients avec
un diabète de type, traité par insuline de longue date
et dans les cas de surdosage en insuline .
Hypoglycémie et létalité [2]
La létalité de l’hypoglycémie constitue une crainte par-
tagée des soignants et des patients. Du point de vue
scientique, le sujet est passablement débattu. Dans
tous les cas, ce risque ne peut être nié mais il demande
Tableau 3: Facteurs de vulnérabilité (adapté d'après [9]).
Age (enfants, personnes âgées)
Insuffisance rénale chronique
Insuffisance hépatocellulaire
Insensibilité aux hypoglycémies
Durée du diabète et de l’insulinothérapie
Déficit en insuline (type 1, pancréatoprive,
type2 de longue date)
Troubles cognitifs / démence
Isolement social
Comorbidités multiples
Méconnaissance de la maladie
Difficultés techniques (injections, autocontrôle,
pompe à insuline, lipodystrophies…)
Maladie aiguë
Malnutrition
Antécédents d’hypoglycémie
Hospitalisation récente
Polymédication (>5 médicaments) et complexité
du traitement d’insuline
Dépression
Insuffisance cardiaque
Consommation d’alcool
Polyneuropathie
SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(35):707–713