Depover, C., Quintin, J.-J., De Lièvre, B., Decamps, S. (2009). Les plateformes de formation à distance et la
scénarisation pédagogique : quelle complémentarité ?, Département des sciences et de la technologie de
l’éducation, Université de Mons-Hainaut
Les plateformes de formation à distance et la scénarisation pédagogique :
quelle complémentarité ?
Christian Depover, Jean-Jacques Quintin, Bruno De
Lièvre, Sandrine Decamps
Université de Mons-Hainaut
Département des sciences et de la technologie de
l’éducation
Belgique
1. Plateformes et autres dispositifs permettant d’encadrer l’apprentissage à distance
Le terme plateforme de formation à distance qui s’est imposé, du moins dans la littérature
francophone, désigne un dispositif d’apprentissage à distance connu au départ par
l’expression Learning management system (LMS). Cette appellation, plus heureuse selon
nous, met clairement l’accent sur l’apprentissage de l’élève plutôt que sur le dispositif
technologique.
Lorsque nous utiliserons le terme plateforme dans ce texte, c’est pour désigner un système de
gestion de l’apprentissage qui présente différentes fonctionnalités dont certaines sont
orientées vers le formateur et d’autres vers l’apprenant.
Du point de vue du formateur, une plateforme dispose de fonctionnalités permettant de
structurer, de concevoir et de mettre en œuvre des situations d’apprentissage organisées en
fonction de certaines stratégies pédagogiques mais aussi de gérer, de suivre, et d’animer les
activités proposées à l’apprenant.
Du point de vue de l’apprenant, une plateforme devra être capable de proposer un contexte
qui favorise l’apprentissage en donnant à l’apprenant l’occasion d’interagir avec son
environnement matériel (questionnaires, activités d’exploration et d’élaboration) mais aussi
humain (forum de discussion, messagerie instantanée, Wiki).
Même si la plupart des plateformes actuelles proposent des fonctionnalités qui correspondent
à celles rappelées ci-dessus, il existe néanmoins des différences assez sensibles d’une
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plateforme à l’autre selon les aspects que les équipes de développement ont choisi de
privilégier.
Parmi les fonctionnalités mises en avant par certaines plateformes, on trouve des éléments
relatifs à la gestion administrative des étudiants qui peuvent être intéressants lorsqu’on
s’adresse à un grand nombre d’apprenants mais aussi des fonctionnalités liées au suivi
pédagogique des étudiants (tracking) qui permettent de retracer leur parcours d’apprentissage.
La présence, dans certaines plateformes, d’outils facilitant le développement des cours ou des
évaluations est également susceptible d’attirer certains utilisateurs.
De plus en plus souvent, les plateformes disponibles sur le Web sont intégrées dans un portail
qui, outre les outils nécessaires pour développer et diffuser un cours, proposent également
d’autres services. Ainsi, un portail offrira, par exemple, la possibilité d’accéder à une liste
d’éditeurs de cours compatibles avec la plateforme ou à des organisations spécialisées dans la
formation. Il permettra aussi de participer à des groupes de discussion et à des communautés
de pratique traitant de thématiques liées à la formation à distance.
Pour certaines plateformes, les groupes de discussion qui sont proposés sont en lien étroit
avec l’usage et le développement de la plateforme. C’est particulièrement le cas des
plateformes open source où la communauté des usagers joue un rôle important dans la
maintenance et la mise à jour des outils proposés.
Une autre tendance en matière d’intégration des plateformes de formation à distance à des
offres de service plus globale relève de ce qu’on appelle les environnements numériques de
travail. Il s’agit d’un dispositif global qui met à la disposition de l’usager l’ensemble des
ressources et des services numériques qui lui sont utiles. Ces environnements sont
particulièrement développés au niveau des universités mais aussi des entreprises (campus
d’entreprise) et, plus récemment, au niveau de l’enseignement primaire ou secondaire. L’une
des caractéristiques de ce type d’environnement est de proposer une gamme étendue de
services à un public diversifié (étudiants, enseignants, personnels administratifs, parents…) et,
en fonction d’un identifiant unique, de cibler parmi les services dont il dispose ceux qu’il
convient de proposer à chaque personne qui se connecte. Ainsi, un étudiant se verra offrir des
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services permettant de réaliser son inscription à certains cours, aux examens, à des sessions de
rattrapage mais aussi de bénéficier de certains modules d’apprentissage proposés en ligne qui
sont adaptés à son profil personnel. De même, un membre du personnel administratif se verra
proposer d’autres services plus conformes aux spécificités de ses fonctions au sein de
l’établissement.
2. Le marché des plateformes
Le marché des plateformes de formation à distance est largement ouvert. Ainsi Thot
1
, le
portail de référence en langue française, en dénombre plus de deux cents. Si certaines de
celles-ci sont disponibles gratuitement sur l’Internet, d’autres sont très chères puisqu’il faut
parfois compter plusieurs dizaines de milliers d’euros de redevance annuelle avec un coût qui
varie souvent en fonction du nombre d’étudiants. De plus, lorsqu’une plateforme est proposée
gratuitement, cette gratuité n’est souvent qu’apparente car son déploiement et sa maintenance
requièrent l’appui d’une équipe spécialisée qui est fournie, à titre onéreux cette fois, par la
société qui a gracieusement fourni la plateforme.
Si on se réfère à l’évolution du nombre de plateformes telle que présentée par le portail Thot,
on assiste à une certaine consolidation dans le secteur. En effet, le nombre de plateformes
citées, qui était de près de 300 en 2004, est passé à 232 en avril 2007.
Cette diversité de l’offre, constituée de plateformes qui présentent des possibilités dont
l’étendue peut varier très fortement, place l’utilisateur devant un choix difficile. Lorsqu’on
sait que les caractéristiques techniques d’une plateforme peuvent influencer les modèles
pédagogiques qui seront mis en œuvre, on mesure combien ce choix peut être déterminant
pour la qualité des formations qui seront déployées.
Il est donc déterminant, avant d’opter pour une plateforme, de définir clairement ce qu’on
veut en faire et de comparer les possibilités offertes par chacune d’entre elles aux différents
usages prévus.
1
http://thot.cursus.edu
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3. La notion de dispositif d’apprentissage
La présence d’une plateforme ne suffit pas pour qu’on puisse parler de dispositif
d’apprentissage. Pour disposer d’un système capable de développer certaines compétences
chez l’apprenant, il faut le doter de fonctionnalités complémentaires qui relèvent de ce qu’on
a coutume de désigner par le terme scénario pédagogique.
2
Plus précisément par rapport à la notion de scénario pédagogique, nous distinguerons d’une
part, le scénario d’apprentissage qui définira la structuration des activités proposées aux
apprenants et, d’autre part, le scénario d’encadrement qui fera référence à la manière dont le
suivi sera pris en charge par le tuteur.
Le scénario d’apprentissage se donne pour objet de décrire, avec un maximum de précisions,
les activités d’apprentissage et leur articulation dans le processus de formation. En pratique,
un scénario d’apprentissage comporte généralement deux aspects. D’une part, un descriptif
des activités d’apprentissage qui précisera le contexte pédagogique auquel l’apprenant sera
confronté et, d’autre part, l’enchaînement des activités. Celui-ci pouvant être constitué
d’étapes à caractère obligatoire ou facultatif, imposées par le dispositif ou choisies par
l’apprenant (Depover & al, 2005).
Le scénario d’encadrement fait référence à toutes les formes d’intervention humaine qui sont
prévues dans un dispositif de formation en vue de favoriser l’apprentissage. Ces interventions
sont généralement réalisées à distance en s’appuyant sur les moyens de communication offerts
par la plateforme. L’encadrement peut, selon le cas, porter sur des interventions relativement
limitées comme la possibilité de laisser un message dans un forum et de recevoir, par ce biais,
des compléments d’information d’un expert du domaine mais aussi faire appel à des
dispositifs complexes capables de gérer les interactions entre apprenants et tuteurs ou entre
groupes d’apprenants.
L’élaboration des scénarios réclame un effort de modélisation qui, en ce qui concerne les
aspects liés à la conception des situations d’apprentissage, a fait l’objet de nombreux travaux
2
Pour plus de détails sur la notion de scénario, voir http://ute2.umh.ac.be/uticef/master/2006/mXXX/
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repris sous l’intitulé générique de design pédagogique (Romizowki, 1986; Depover et al,
1998). Par contre, la modélisation des scénarios d’encadrement constitue une préoccupation
assez récente liée essentiellement aux possibilités d’interaction à distance issues du
développement de l’Internet.
Pour prendre en charge l’élaboration des scénarios, nous proposons de faire appel à une forme
de représentation bien connue des informaticiens (diagrammes UML) que nous désignerons,
dans le cadre de l’usage que nous en ferons en matière de modélisation pédagogique, par
l’expression diagramme d’activité. Comme l’illustre la figure 1, ce mode de représentation,
met clairement en évidence le déroulement du scénario en situant l’intervention des
différentes catégories d’acteurs (dans ce cas, le tuteur, l’apprenant et le groupe d’apprenants)
dans l’enchaînement et la régulation des activités.
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