Q5 : La désinflation importée, de nouvelles perspectives ?
Durant la dernière décennie, l’arrivée d’une offre en
provenance des pays émergents a permis de limiter les
hausses de prix. Dans les prochaines années, cette
tendance pourrait être toujours présente mais peut-être un
peu moins marquée. La désinflation importée n’est pour
autant pas de l’histoire ancienne. En effet, la majorité de
nos partenaires commerciaux européens cherche
aujourd’hui à améliorer leur compétitivité. Ils suivent pour
cela l’exemple allemand, les recommandations du FMI et
de la Commission européenne. Ces pays cherchent à
diminuer les coûts salariaux pour pouvoir exporter
davantage, relancer leur croissance économique et
diminuer leur besoin de financement externe. L’Irlande, le
Portugal et l’Espagne voient depuis 2008-09 leur coût
salarial unitaire nominal baisser (graphique 6). Pour la
France, ce mécanisme vient modérer le prix moyen des
importations en provenance de la zone euro.
Graphique 5 : Coût salarial unitaire nominal (indice
2007 : 100)
Source : Eurostat
Q6 : La raréfaction des matières premières, un impact sur
les prix inévitable ?
S’il ne fait aucun doute que l’offre de matières premières est
une offre limitée, les conséquences haussières en termes de
prix ne sont pas facilement mesurables à un horizon lointain.
L’épuisement des matières premières et, en particulier, du
pétrole engendrera nécessairement une hausse des prix
dans un premier temps mais les effets de cette raréfaction
ne devraient pas s’arrêter là. Si les prix augmentent
fortement et durablement, ceci impactera nécessairement la
croissance mondiale. Or, un ralentissement de la croissance
réduira les tensions sur l’inflation sous-jacente. D’autre part,
l’augmentation des prix et la raréfaction irréversible de
certaines matières premières seront une incitation forte à
développer des technologies vertes. Ces technologies sont
pour l’essentiel au stade exploratoire mais avec la hausse
des coûts énergétiques, de tels projets deviendront de plus
en plus rentables ce qui favorisera leur déploiement. Enfin,
des avancées technologiques non prévisibles peuvent
retarder les tensions sur l’offre (nouveaux modes
d’extraction, découvertes…). L’équilibre offre/demande et en
conséquence le prix de l’énergie ne sont donc pas si
facilement prévisibles.
Conclusion
Au total, il apparait que les investisseurs comme les
économistes jugent les risques inflationnistes équilibrés. A
long terme, la meilleure prévision d’inflation en zone euro
reste finalement, pour eux, la cible de la BCE : un taux
d’inflation de 2 % par an. Du passage en revue des
principaux débats en cours sur le sujet de l’inflation, il
ressort que les risques de dérapage de l’inflation existent
mais qu’il ne faut pas les surestimer : des forces de rappel
ou de nouvelles sources de désinflation pourront
également se mettre en place.
95
100
105
110
115
120
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
France Italie Espagne
Portugal Irlande France
>
Indicateurs clés au 31/10/2013
2009 2010 2011 2012 2013T2 2013* 2014*
France -3,2 1,7 2,0 0,0 0,4 0,1 0,9
Zone euro -4,4 2,0 1,5 -0,6 -0,5 -0,4 1,0
Etats-Unis -2,8 2,5 1,8 2,8 1,6 1,6 2,7
Chine 9,2 10,4 9,3 7,7 7,5 7,6 7,4
Taux (moyens, %) 2009 2010 2011 2012 oct.-13 2013** 2014**
Taux repo 1,26 1,00 1,25 0,88 0,50 0,50 0,50 - -
Eonia 0,71 0,44 0,87 0,23 0,09 - - 0,09 0,21
Euribor 3 mois 1,23 0,81 1,39 0,57 0,23 - - 0,24 0,40
OAT 10 ans 3,64 3,12 3,30 2,52 2,33 2,55 2,74 2,40 2,80
Inflation hors Tabac 0,10 1,40 2,00 1,90 0,7° 1,1*** 1,6*** - -
Livret A 2,08 1,44 2,06 2,25 1,25 - - - -
° mois précédent, * Consensus Bloomberg, moyenne annuelle ** Fin d'année
*** moyenne annuelle, pour l'inflation totale
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L’activité est attendue en amélioration par les prévisionnistes.
En France, la croissance devrait dépasser 0,1 % en 2013
(c’est l’acquis de croissance à la fin du 2ème trimestre), et
pourrait approcher 1 % en 2014. Ce rebond est escompté
grâce à l’amélioration de la confiance des agents et à la
moindre rigueur budgétaire en 2014 (0,9 pt de PIB d’effort
structurel contre 1,7 pt en 2013). Le niveau des taux courts
est attendu stable, à un niveau bas : la reprise est insuffisante
pour que la BCE change de posture. Les taux longs, tels que
prévus par le consensus Bloomberg, sont attendus très
légèrement haussiers, sous l’influence de la hausse des
rendements américains due à la modulation à venir des
achats de titres de dette souveraine américaine par la Fed.