Le rôle des taux d'intérêt
1. Approche théorique
La logique économique veut qu'il y ait une relation étroite entre le niveau des taux d'intérêt et
l'activité économique.
Que ce soit pour les néoclassiques ou pour les keynésiens, une baisse des taux d'intérêt doit
favoriser l'investissement même si les points de vue des uns et des autres divergent sur les
moyens à mettre en œuvre pour y arriver.
On peut synthétiser les deux approches en disant que les entrepreneurs comparent le taux
d'intérêt à long terme à leurs anticipations de profit (le profit escompté ou le rendement
marginal du capital). La baisse du taux de profit augmente le nombre de projets rentables et
stimule donc l'activité économique.
A l'inverse, une hausse des taux d'intérêt va avoir un effet négatif puisque des taux élevés
réduisent la rentabilité des investissements.
D'autre part, les taux d'intérêt élevés incitent les agents économiques à détenir de la monnaie,
c'est-à-dire à épargner plutôt qu'à consommer. Là encore, keynésiens et néoclassiques
divergent sur les raisons qui incitent les agents à épargner. Keynes parle de préférence pour la
liquidité alors que les néoclassiques parlent de préférence pour le présent.
2. Taux d'intérêt et économie réelle
Dans la réalité, ce qui est fondamental pour un agent économique n'est pas le taux d'intérêt
nominal (celui qui est affiché par les institutions financières) mais le taux d'intérêt réel,
c'est-à-dire déduction faite de l'inflation. Or, les variations des taux d'intérêt réels ont des
effets de tout premier ordre sur le comportement des entreprises.
a. L'effet levier
Il joue dans les périodes de forte inflation. Dans ce cas, les agents qui sont endettés voient la
valeur de leur dette diminuer. En effet, si vous avez emprunté à un taux nominal de 8 % et
que l'inflation atteint 10 %, le taux d'intérêt réel sera négatif, ce qui revient à dire que vos
remboursements d'emprunt sont de moins en moins lourds. Cette situation incite à emprunter
malgré des taux d'intérêt nominaux élevés. C'est ce qui s'est passé en France entre 1970
et 1980.
b. L'effet boomerang
A l'inverse, en période de désinflation, les taux d'intérêt réels augmentent. Imaginons qu'une
entreprise ait emprunté des fonds à 7 % alors que le taux d'inflation était de 6 %. Elle
raisonnait donc sur un taux d'intérêt réel de 1 %, ce qui lui assurait une profitabilité correcte.
Si l'inflation tombe à 1 %, le taux d'intérêt réel grimpe à 6 %, ce qui alourdit le poids des
remboursements d'emprunt et hypothèque la profitabilité. Cette situation n'est guère propice à
l'investissement.
On a connu cette situation au cours des années 1980. La conséquence a été une politique de
désendettement des entreprises et une baisse de l'investissement.
D'autre part, l'existence de taux d'intérêt réels élevés a orienté l'épargne des entreprises vers
les placements financiers rémunérateurs au détriment de l'activité productive et de
l'investissement.
L'essentiel