Alexandrie 1914 - 1918
Centenaire de la Première Guerre mondiale
Alexandrie 1914-1918
Le centenaire de la Grande Guerre est l’occasion d’évoquer
un pan méconnu de l’histoire d’Alexandrie, ce conflit
mondial n’ayant pas épargné la ville. Cette exposition
élaborée par le Centre d’Études Alexandrines, avec la
participation de l’Université Senghor, et présentée par
l’Institut Français d’Égypte à Alexandrie, retrace les
destins croisés d’Alexandrins mobilisés, partis se battre
en Europe et de soldats venus d’Europe pour combattre
sur le front d’Orient. Alexandrie a joué en effet un rôle
important en constituant l’une des bases arrière des
Alliés aux Dardanelles : en amont du débarquement
en Turquie, le 25 avril 1915, et en tant que ville-hôpital
pendant les longs mois de batailles, les blessés et
malades étant acheminés par les navires-hôpitaux.
Documents d’archives, cartes postales, photographies, presse, sont autant de témoignages qui
ont permis de reconstituer la vie des Alexandrins pendant ce conflit, d’Égyptiens enrôlés dans la
guerre, mais aussi celle des Africains sub-sahariens, Australiens, Britanniques, Français, Indiens,
Néo-Zélandais et Turcs qui se croisèrent à Alexandrie.
Une exposition conçue par Nicole Garnier-Pelle et André Pelle, réalisée par André Pelle
Cahier de l’Alexandrine Christine Sinano,
Archives Ayoub/Centre d’Études Alexandrines
l’image de la 1ère de couverture : Soldats et personnel hospitalier posant
lors du repas dans les jardins de la campagne des Frères, hôpital Parmentier.
Archives CEAlex.
Alexandrie, Initut français d’Égypte
Du 13 novembre 2014 au 10 janvier 2015
Réalisation PAO
Mahitab Fathy, CEAlex
ALPHAGRAPH - 03-4864052
Alexandrie 1914-1918
Une exposition conçue par Nicole Garnier-Pelle et André Pelle, réalisée par André Pelle
Centre d’Études Alexandrines/CNRS :
Faruk Bilici, Professeur au département de Turc, Inalco, Chercheur en délégation au CEAlex/CNRS
Colin Clement, Historien et traducteur
Jean-Yves Empereur, Directeur
Dominique Gogny, Historienne
Marie-Delphine Martellière, Égyptologue, Ingénieur d’Étude
André Pelle, Photographe, Ingénieur de Recherche
Cécile Shaalan, Topographe-Cartographe, Ingénieur d’Étude
Université Senghor :
Jean-François Fau, Directeur du Département Culture
François-Marie Lahaye, Directeur du Département Santé
Ministère de la Culture :
Nicole Garnier-Pelle, Conservateur Général du Patrimoine chargée du musée Condé à Chantilly
Université de Paris 7 :
Anne-Marie Moulin, CNRS/UMR SPHERE (Sciences Philosophie Histoire)
Institut français d’Égypte à Alexandrie :
Véronique Rieffel, Directrice
Dans le cadre de sa programmation culturelle et éducative, l’Institut français d’Égypte à Alexandrie se réjouit
d’accueillir l’exposition « Alexandrie 1914-1918 », produite spécialement à l’occasion des commémorations du
centenaire de la Grande Guerre.
Pendant trois mois, elle permettra à de nombreux publics, et notamment ceux des écoles et universités, de redécouvrir
un événement majeur de notre histoire commune, resitué pour la première fois à partir de la ville d’Alexandrie.
En accompagnement de cette belle exposition, l’Institut proposera des visites commentées dans les principaux lieux
concernés, notamment les cimetières et les anciens hôpitaux, des conférences, des projections de films ou encore
des lectures qui seront l’occasion d’amorcer une réflexion entre écrivains, artistes et citoyens des deux rives, sur
l’héritage collectif laissé par ce conflit mondial, et également – on l’oublie trop souvent – proche-oriental.
Loin de se réduire à une série d’événements figés dans les manuels d’histoire, la Grande Guerre, censée être
« la Der des Ders », représente en effet un prisme d’analyse susceptible d’amener les générations actuelles à mieux
comprendre les conflits d’aujourd’hui, en les resituant dans une perspective historique et de contribuer ainsi à se
forger une vigilance critique.
Ce projet, amené à circuler dans d’autres centres culturels, a été réalisé grâce au travail remarquable fourni par
deux partenaires incontournables et fidèles de l’Institut, le Centre d’Études Alexandrines avec l’appui de l’Université
Senghor. Qu’ils en soient ici vivement remerciés !
Véronique Rieffel
Directrice de l’Institut français d’Égypte à Alexandrie
1
En 1914, Alexandrie compte un peu plus de 370 000 habitants
(d’après le recensement effectué 7 ans plus tôt). Cette année-
là, après 22 ans de règne, le dernier khédive d’Égypte, Abbas
Helmi II sera déposé par les Britanniques, car il soutenait trop,
à leur goût, le mouvement nationaliste (ce qui n’empêchera pas
le pays d’accéder à l’indépendance en 1922, sous le roi Fouad
Ier). Depuis 1890, la ville est administrée par la Municipalité,
corps de notables égyptiens et étrangers, qui gère le principal
port d’Égypte, la grande porte du pays, pour les marchandises,
mais aussi pour les voyageurs, avec toutes les compagnies de
paquebots qui reliaient le pays au reste de la Méditerranée et à
l’Atlantique. Alexandrie bruissait des clameurs de la Bourse du
coton, de la Bourse des oignons, elle était le siège des Tribunaux
mixtes (jusqu’en 1937), de la Société du Canal de Suez et
aussi, une partie de l’année, du Gouvernement : pendant l’été,
le souverain fuyait la canicule du Caire et se réfugiait dans le
palais qu’il avait fait construire à Montazah en 1892, entraînant
à sa suite tout le gouvernement, ses Ministres et le corps
diplomatique étranger. La Municipalité gérait l’urbanisme de
cette cité double, avec la vieille ville ottomane et les nouveaux
quartiers européens en pleine expansion : on aménage le Quartier grec et Moharem Bey, on nivelle Chatby où l’on installe les
cimetières, avec des projets d’élargissement de la corniche qui seront nalisés en 1920 ; un tramway sillonne tous les quartiers de la
ville. Les institutions regroupent le Musée gréco-romain, la Bibliothèque municipale, dignes d’une mégapole méditerranéenne, des
écoles dotées d’un système éducatif performant avec des établissements d’État, mais aussi une forte présence des ordres religieux
enseignants pour la formation des élites en langue étrangère, le français dominant – mais aussi en allemand, en italien, en anglais –,
tout un réseau d’hôpitaux qui allaient être réquisitionnés pour les besoins de la guerre. L’Égypte n’est pas ofciellement en état de
guerre, mais la vie des Alexandrins va être affectée par le conit mondial, avec la montée des prix, la réduction du marché de la
construction et le chômage qui en découlera.
Jean-Yves Empereur
Alexandrie en 1914
Publié dans l’Egyptian Directory, ca 1909. Archives Collèges de la Sainte-Famille.
Plan d’Alexandrie en 1913 : on voit la forte concentration autour de la place Mancheya, à une
époque où les faubourgs de l’Est ne sont guère urbanisés : Smouha est encore à la campagne.
Les Alexandrins apprendront la déclaration de la guerre par les journaux : dans Al-Ahram, mais aussi dans des quotidiens publiés en grec et en
italien pour les deux plus nombreuses communautés étrangères d’Alexandrie, et surtout dans la quinzaine de journaux francophones imprimés à
Alexandrie, lue par toute la classe éduquée, quelle que soit sa nationalité.
Les enfants des notables suivaient leurs études chez les Jésuites pour les garçons et, pour les lles, à Notre Dame-de-Sion ou à la Mère-de-Dieu.
Depuis 1865, les rues d’Alexandrie étaient éclairées par la société E. Lebon qui distribuait aussi aux particuliers le gaz de ville et l’électricité.
Archives CEAlex.
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Le départ des Français mobilisés sur le paquebot Lotus le 14 août 1914
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France.
En France, les Chambres votent à l’unanimité l’union sacrée.
Progressivement, de nombreux pays entrent en guerre : Belgique,
Angleterre, Russie, Turquie…
À Alexandrie, les Français d’Égypte, comme tous les citoyens
français de 18 à 48 ans, sont concernés par la mobilisation
générale, qui a été décrétée par la France dès le 1er août.
La plupart ont déjà accompli leur service militaire en France, qui
durait alors deux ans, puis trois ans à partir de 1913, et gurent
sur les registres matricules des Bouches-du-Rhône, à Marseille,
s’ils sont nés en Égypte. Certains, ayant omis de le faire,
deviennent alors déserteurs s’ils ne se manifestent pas auprès
du Consulat de France, mais une loi leur promettant l’amnistie
en cas d’engagement, plusieurs vont spontanément rejoindre les
rangs des Français mobilisés.
Le 14 août 1914, deux paquebots de la Compagnie des
Messageries Maritimes, le Lotus et le Calédonien, emportent
vers Marseille les Français d’Égypte : 113 Alexandrins ne
devaient pas revenir.
La musique de l’Armée Britannique escortant les mobilisés.
Union française des Anciens combattants et soldats, Alexandrie Égypte
Jubilé 1919-1944, Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944. Archives CEAlex.
Les mobilisés, accompagnés de leurs parents et amis, arrivent sur les quais des douanes.
Union française des Anciens Combattants et soldats, Alexandrie Égypte Jubilé 1919-1944,
Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944. Archives CEAlex.
Les mobilisés montant à bord du Lotus. Union française des Anciens combattants et soldats, Alexandrie Égypte Jubilé 1919-1944, Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944.
Archives CEAlex.
Le 14 août 1914, à bord du Lotus et du Calédonien, se trouvent
des Français d’Alexandrie, qu’ils soient nés en Égypte, en Syrie
ou en Palestine, qu’ils soient fonctionnaires français en poste à
Alexandrie ou au Proche-Orient, ou qu’ils s’y soient xés pour
leur travail.
Les familles et les amis accompagnent les soldats mobilisés
jusqu’au port où les fanfares jouent des airs militaires. Le
départ se fait dans l’enthousiasme patriotique, comme partout
en France, car personne n’imagine que ce conit va durer plus
de quatre ans et faire des millions de morts. Il faut défendre le
territoire national de l’invasion ennemie : après avoir envahi
la Belgique, les Allemands sont début septembre aux portes
de Paris, occupant le Nord et l’Est de la France, notamment
l’Alsace et la Lorraine. Le voyage prendra plusieurs jours avant
de rejoindre la France.
Le Calédonien sera coulé plus tard pendant la guerre ; seul le
Lotus refera la traversée après guerre.
L’embarquement des mobilisés.
Union française des Anciens combattants et soldats, Alexandrie Égypte
Jubilé 1919-1944, Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944. Archives CEAlex.
Le départ du Lotus.
Union française des Anciens combattants et soldats, Alexandrie Égypte
Jubilé 1919-1944, Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944. Archives CEAlex.
Le Paquebot Lotus arrivant à Alexandrie. Archives A. Pelle.
Nicole Garnier
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Le départ des Français mobilisés sur le paquebot Lotus le 14 août 1914
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France.
En France, les Chambres votent à l’unanimité l’union sacrée.
Progressivement, de nombreux pays entrent en guerre : Belgique,
Angleterre, Russie, Turquie…
À Alexandrie, les Français d’Égypte, comme tous les citoyens
français de 18 à 48 ans, sont concernés par la mobilisation
générale, qui a été décrétée par la France dès le 1er août.
La plupart ont déjà accompli leur service militaire en France, qui
durait alors deux ans, puis trois ans à partir de 1913, et gurent
sur les registres matricules des Bouches-du-Rhône, à Marseille,
s’ils sont nés en Égypte. Certains, ayant omis de le faire,
deviennent alors déserteurs s’ils ne se manifestent pas auprès
du Consulat de France, mais une loi leur promettant l’amnistie
en cas d’engagement, plusieurs vont spontanément rejoindre les
rangs des Français mobilisés.
Le 14 août 1914, deux paquebots de la Compagnie des
Messageries Maritimes, le Lotus et le Calédonien, emportent
vers Marseille les Français d’Égypte : 113 Alexandrins ne
devaient pas revenir.
La musique de l’Armée Britannique escortant les mobilisés.
Union française des Anciens combattants et soldats, Alexandrie Égypte
Jubilé 1919-1944, Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944. Archives CEAlex.
Les mobilisés, accompagnés de leurs parents et amis, arrivent sur les quais des douanes.
Union française des Anciens Combattants et soldats, Alexandrie Égypte Jubilé 1919-1944,
Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944. Archives CEAlex.
Les mobilisés montant à bord du Lotus. Union française des Anciens combattants et soldats, Alexandrie Égypte Jubilé 1919-1944, Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944.
Archives CEAlex.
Le 14 août 1914, à bord du Lotus et du Calédonien, se trouvent
des Français d’Alexandrie, qu’ils soient nés en Égypte, en Syrie
ou en Palestine, qu’ils soient fonctionnaires français en poste à
Alexandrie ou au Proche-Orient, ou qu’ils s’y soient xés pour
leur travail.
Les familles et les amis accompagnent les soldats mobilisés
jusqu’au port où les fanfares jouent des airs militaires. Le
départ se fait dans l’enthousiasme patriotique, comme partout
en France, car personne n’imagine que ce conit va durer plus
de quatre ans et faire des millions de morts. Il faut défendre le
territoire national de l’invasion ennemie : après avoir envahi
la Belgique, les Allemands sont début septembre aux portes
de Paris, occupant le Nord et l’Est de la France, notamment
l’Alsace et la Lorraine. Le voyage prendra plusieurs jours avant
de rejoindre la France.
Le Calédonien sera coulé plus tard pendant la guerre ; seul le
Lotus refera la traversée après guerre.
L’embarquement des mobilisés.
Union française des Anciens combattants et soldats, Alexandrie Égypte
Jubilé 1919-1944, Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944. Archives CEAlex.
Le départ du Lotus.
Union française des Anciens combattants et soldats, Alexandrie Égypte
Jubilé 1919-1944, Livre d’Or, Le Périscope, 20 mai 1944. Archives CEAlex.
Le Paquebot Lotus arrivant à Alexandrie. Archives A. Pelle.
Nicole Garnier
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