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et l’inflation repartira de plus belle. Lorsqu’un précédent
est créé, il est facile d’imaginer que le législateur, séduit par la
monnaie hélicoptère, favorisera les dépenses ou les baisses
d’impôts alors que les enjeux économiques ne l’y obligent
pas. Scott Waugh, vice-président, gestionnaire de porte-
feuille du Fonds d’obligations canadiennes Investors, fait une
l’inflation, ce soit trop d’argent consacré à trop peu de biens,
l’hyperinflation ou l’inflation débridée est caractérisée par
de la monnaie hélicoptère, c’est qu’elle devienne un nouvel
outil politique, et qu’elle risque par conséquent de miner
• Une guerre des devises? Comme les taux d’intérêt faibles
et négatifs, la monnaie hélicoptère pourrait indirectement
-
tiques clairement protectionnistes, ce qui ne serait guère
mieux pour la croissance mondiale.
• Diicile d’application.
par le largage de la monnaie hélicoptère. Sa principale
coordination nécessaire entre les décideurs de la politique
budgétaire et les décideurs de la politique monétaire.
En outre, il se demande comment une augmentation
de la masse monétaire pourrait dans la pratique devenir
« permanente », puisque les outils de relance permanente
des banques centrales visent les taux d’intérêt, et non
directement la masse monétaire. (Il suggère de rehausser
expressément l’objectif d’inflation, décision qui à son avis
• Diicile à dénouer. Bien que l’accroissement de la masse
monétaire par un largage de la monnaie hélicoptère soit
destiné à être permanent, il pourrait y avoir des cas (par
-
grammes d’assouplissement quantitatif qui consistent
à racheter des actifs que l’on peut échanger par la suite,
certaines versions des mesures de relance financées par
de manœuvre.
• L’indépendance des banques centrales en péril.
La collaboration étroite et le cadre monétaire et budgétaire
mise en œuvre, constituent également, aux yeux de certains,
des risques à long terme pour l’indépendance des banques
centrales. Dans son édition d’Investment Outlook
M. Gross a prévenu qu’en donnant aux banques centrales
un rôle aussi important dans la politique budgétaire, on les
dépouillerait de leur indépendance politique.
• Absence de légitimité politique. Dans de nombreux pays,
certaines versions du concept de la monnaie hélicoptère,
par exemple les baisses d’impôts, qui obligent à demander
l’approbation du législateur, n’auraient donc aucune légiti-
mité politique si ces mesures étaient instituées par les
financer les gouvernements, l’assouplissement quantitatif
était déjà considéré comme le prolongement de l’intention
du législateur. Pour adopter la monnaie hélicoptère,
il faudrait presque certainement modifier le Traité, ce qui
constitue un obstacle de taille si l’on tient compte des
est plus réfractaire à l’inflation et à l’endettement.
• Une mesure vouée à l’échec de toute manière. Depuis
nomie mondiale, c’est sans doute que rien, en économie,
ne semble fonctionner de la manière dont l’enseignent
les manuels. Les particuliers pourraient donc simplement
épargner la monnaie hélicoptère au lieu de la dépenser, en
particulier si sa création est considérée comme un signal
que l’économie est dangereusement fragilisée.
« Larguer de l’argent d’un hélicoptère
est une idée saugrenue, mais le seul
autre choix est de replonger aussitôt
en période d’austérité et de s’enliser
dans une longue récession. J’ai bien
peur que les élus et les banques
centrales décideront de monter dans
l’hélicoptère, plutôt que d’y laisser
leur peau. » (Bill Gross, Investment