Des Indes à l`Inde… 1ère partie : 1885-1947

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Des Indes à l’Inde…
1ère partie : 1885-1947 - La renaissance hindoue
Par Joseph Savès
À la fin du XIXe siècle, après huit siècles d'effacement face aux conquérants musulmans d'origine turco-mongole, les
hindous reprennent leur destin en main... Paradoxalement, c'est aux colonisateurs britanniques qu'ils doivent cette
opportunité.
L'Inde divisée
Dès 712, les cavaliers arabes introduisent l'islam dans la province du Sind, à l'ouest de l'Indus. Mais comme Alexandre
le Grand, mille ans plus tôt, ils ne peuvent aller plus loin. Pendant trois siècles, l'Inde, bien que divisée en de multiples
royaumes hindous, rivaux et batailleurs, va résister tant bien que mal aux envahisseurs musulmans.
Le premier coup dur viendra d'un conquérant turc, Mahmoud de Ghazni, qui envahit le Pendjab et l'Inde du nord aux
alentours de l'An Mil. (à la même époque, d'autres Turcs ont raison de l'empire arabo-persan de Bagdad). C'en est fini
de l'unité de l'Inde. Au nord prédominent désormais des royaumes dirigés par des souverains musulmans, comme le
sultanat de Delhi ; au sud, des royaumes hindous, les uns et les autres en guerre continuelle.
500 ans plus tard, au XVIe siècle, un nouveau conquérant turco-mongol, Babour Shah, installe dans le nord une
puissante dynastie musulmane. C'est l'empire«moghol». Il survivra tant bien que mal jusqu'au XIXe siècle. À la même
époque, les premiers navigateurs européens, des Portugais, atteignent les côtes méridionales de l'Inde en contournant
le monde musulman par le sud de l'Afrique.
Au XVIIIe siècle, les Anglais et les Français, qui ont évincé leurs rivaux, entrent eux-mêmes en concurrence pour la
conquête des fabuleux marchés indiens. Au début de la révolution industrielle, soulignons-le, l'Inde est riche non
seulement de ses épices mais aussi de son artisanat. En témoignent les mots entrés dans le langage commun pour
désigner des pièces textiles (madras, cachemire, indiennes...).
L'unité retrouvée
Les Européens présents en Inde au XVIIIe siècle sont les agents de compagnies marchandes comme les Compagnies
des Indes orientales anglaise et française. Ils se comportent comme des rois locaux, disposent d'armées privées et
nouent des alliances avec les princes hindous ou musulmans.
François Dupleix tente sous le règne de Louis XV de créer un empire français des Indes en s'emparant de vastes
territoires dans le sud. Mais, trop ambitieuse et surtout très coûteuse, sa politique est condamnée par la Compagnie et
le gouvernement français. Après le traité de Paris, il ne reste plus à la France que cinq comptoirs côtiers.
Les Anglais, solidement installés au Bengale, où ils fondent le port de Calcutta, ainsi qu'à Bombay et Madras, vont
emporter la mise grâce au général Robert Clive.
Après avoir chassé les Français, celui-ci remporte pour le compte de la Compagnie anglaise des Indes une grande
victoire à Plassey, au Bengale, sur le souverain local et ses alliés, le 23 juin 1757. C'est véritablement le début de la
conquête britannique.
Malgré ses succès, Robert Clive sera aussi mal récompensé que François Dupleix... Accusé de concussion, il se donne
la mort à 49 ans. Mais d'autres hommes audacieux (et tout aussi incompris) vont poursuivre son oeuvre. Parmi eux le
gouverneur Warren Hastings et lord Wellesley, frère aîné du duc de Wellington (le vainqueur de Waterloo). En 1799, ce
dernier étend la domination anglaise à l'Inde du sud.
Comme les conquêtes coûtent cher à la Compagnie et la mettent au bord de la ruine, le gouvernement de Londres est
de plus en plus souvent obligé d'intervenir. Le Premier ministre William Pitt crée un bureau de contrôle des affaires
indiennes dès 1784 (India Act).
Dans la première moitié du XIXe siècle, les agents de la Compagnie favorisent à tout va les importations de produits
manufacturés en provenance de Grande-Bretagne. C'est ainsi que l'Inde contribue au décollage industriel de
Manchester et Liverpool mais c'est au prix de la ruine de son artisanat textile et d'une aggravation considérable des
inégalités sociales.
D'un autre côté, la conquête anglaise contribue à l'unification du sous-continent indien. Elle met fin aux guerres privées
et au banditisme endémique. En échange de leur soumission, la plupart des princes sont maintenus en fonction. Ils
continuent d'administrer leur État mais sous la tutelle des gouverneurs britanniques, lesquels ne se font pas faute de
prélever sur les impôts la part de Londres.
Au milieu du XIXe siècle, sous le règne de la reine Victoria et du dernier empereur moghol, réduit à une fonction
purement symbolique, le sous-continent indien, des confins de l'Afghanistan à la Birmanie, obéit pour la première fois
depuis l'Antiquité à un seul maître ! Et celui-ci n'est pas musulman !
L'autonomie revendiquée
L'unification de l'Inde et l'éviction des musulmans des postes de commandement ont pour effet de réveiller le sentiment
national hindou.
La révolte des cipayes [1857, insurrection des soldat indiens de l’armée britannique] entraîne la liquidation de
la Compagnie des Indes et la mainmise complète du gouvernement britannique sur les Indes avec un secrétaire d'État
à Londres et un vice-roi à Delhi. Le 1er janvier 1877, la reine Victoria reçoit très officiellement le titre d'impératrice des
Indes, à l'initiative du Premier ministre Benjamin Disraëli. Avec des vice-rois et des hauts fonctionnaires généralement
compétents et probes, c'en est fini de la gabegie antérieure.
Les Britanniques introduisent des codes de lois communs à l'ensemble des habitants, non sans réprimer au passage
des pratiques contestables comme le sati(l'obligation pour les veuves de se sacrifier sur le bûcher de leur époux).
Ils intègrent assez largement les Indiens à l'administration, la justice et l'armée. Les enfants des élites, comme Gandhi
et Nehru, accèdent aux universités anglaises. Ils découvrent les vertus de la démocratie parlementaire et de l'État de
droit... et sauront plus tard user de ces principes dans leur lutte contre les Britanniques.
Grâce aux érudits anglais, les Indiens découvrent aussi les textes, l'art et l'histoire de l'Inde ancienne. Cela commence
dès 1834 avec le déchiffrage des chroniques d'Açoka, un grand roi du IIIe siècle. On assiste dès le début du XIXe
siècle à un«aggiornamento» de l'hindouisme, libéré de ses complexes après que l'islam eut perdu sa prééminence.
Le mouvement débouche en 1885 sur la constitution à Bombay du Congrès national indien, à l'initiative du vice-roi
britannique qui souhaitait pouvoir dialoguer avec un organe représentatif de l'ensemble des Indiens. Le Congrès se
présente à ses débuts moins comme un parti politique que comme un rassemblement des élites (intellectuels, avocats,
propriétaires...) essentiellement hindoues. Il prône des réformes dans le respect de la légalité britannique.
En 1906, à Calcutta, pour la première fois, le Congrès revendique l'autonomie interne de l'Inde. La même année, l'Aga
Khan, chef de l'importante communauté musulmane des Ismaëliens, fonde la Ligue musulmane en vue de représenter
les musulmans (environ un quart des 350 millions d'Indiens).
L'Histoire amorce un tournant... Un an plus tôt, en Extrême-Orient, la flotte japonaise a envoyé par le fond la flotte
russe. Cette première défaite d'une puissance européenne (encouragée en sous-main par les Britanniques !) a eu un
immense retentissement dans toute l'Asie et particulièrement en Inde.
Pendant la Grande Guerre, les Indiens demeurent loyaux à l'égard des Anglais. 1.300.000 d'entre eux prennent part
aux combats et 100.000 y trouvent la mort. En 1917, le secrétaire d'État pour l'Inde, lord Montagu, leur promet une
autonomie interne analogue à celle des dominions, le Canada et l'Australie. Las, à peine le conflit est-il terminé que les
promesses sont oubliées. Il s'ensuit divers mouvements d'humeur et un très grave dérapage à Amritsar, dans la ville
sainte des Sikhs, avec le massacre délibéré de plusieurs centaines de manifestants pacifiques.
Pour Mohandas Gandhi, un avocat de 50 ans devenu le chef le plus écouté du Congrès, l'heure de l'indépendance a
sonné. Reste à s'assurer que celle-ci se fasse dans de bonnes conditions, sans violence et sans rupture de l'unité !...
L'indépendance dans la violence et la division
Les Britanniques réagissent à la montée des revendications en élargissant la représentation des communautés
indiennes dans les assemblées et les gouvernements provinciaux. Mais rien n'y fait. Gandhi multiplie les actions de
désobéissance civile jusqu'à la spectaculaire «marche du sel» qui oblige le gouvernement à renoncer aux taxes sur le
sel.
Le Premier ministre travailliste Ramsay MacDonald ouvre dès le 13 novembre 1930 à Londres, sous l'égide du roi
George V, une première table ronde destinée à débattre d'une hypothétique indépendance de l'Inde. Deux autres
suivront les années suivantes mais sans plus de résultat les unes que les autres.
Les discussions achoppent en effet très vite sur les modalités de l'indépendance (faut-il accorder aux États princiers le
droit de sécession ? quelle garantie pour la minorité musulmane ? quel statut pour les Intouchables ?...). Pendant ce
temps, les mouvements de désobéissance civile n'en finissent pas de perturber le sous-continent.
Le 2 août 1935, Londres promulgue une nouvelle loi, le Government of India Act qui détache de l'Inde la Birmanie et
surtout transforme l'Inde en une fédération de onze provinces avec chacune leur gouvernement et leur assemblée.
Les premières élections, en 1937, débouchent sur une nette victoire du Congrès avec le résultat paradoxal d'entraîner
une rupture entre hindous et musulmans. Ces derniers, représentés par la Ligue musulmane, s'offusquent d'être tenus
à l'écart du travail des assemblées par les élus du Congrès et s'inquiètent d'un système électoral qui lamine les
minorités.
Au sein de la Ligue, le poète Mohammed Ikbal lance l'idée d'un État musulman autonome. Sous le nom de Pakistan,
inventé en 1933, cet État regrouperait les deux principaux territoires à majorité musulmane, l'un à l'ouest, suivant la
vallée de l'Indus, l'autre à l'est, à l'embouchure du Brahmapoutre, et pourquoi pas ? un troisième territoire autour
d'Hyderabad, au centre de la péninsule. Il serait indépendant ou lié au reste du pays dans une structure confédérale.
Cette perspective finit par séduire le chef de la Ligue, Mohammed Ali Jinnah, qui s'y rallie en 1940, mais elle
scandalise Gandhi, qui veut tout faire pour l'empêcher.
Là-dessus arrive la Seconde Guerre mondiale. En 1942, les Japonais atteignent la Birmanie et menacent Calcutta !
Le Mahatma condamne l'alliance avec l'ennemi japonais dans laquelle se compromet l'ultra-nationaliste Chandra Bose
et son Armée nationale indienne, recrutée parmi les prisonniers. Mais dans le même temps, il fait échouer la mission de
Stafford Cripps, ministre du cabinet Churchill, chargé de rapprocher hindous et musulmans et de les unir contre
l'ennemi commun.
Il lance même le 8 août 1942, à Bombay, un mot d'ordre radical à l'adresse des Britanniques : «Quit India !» (Quittez
l'Inde !). Il s'ensuit une nouvelle vague de désobéissance civile qui contrarie l'effort de guerre anglais. Gandhi et
plusieurs leaders du parti du Congrès sont à nouveau emprisonnés.
Les Britanniques se détournent des affaires indiennes... Ainsi ne font-ils rien ou presque pour enrayer une famine au
Bengale en 1943 (trois millions de morts). En mai 1945, pressé d'en finir, le vice-roi Lord Wavell présente un plan de
compromis qui vise à la création d'un conseil exécutif dans lequel hindous et musulmans seraient équitablement
représentés. Il convoque une conférence à Simla, au nord de l'Inde, le 25 juin 1945, pour en débattre. Mais Ali Jinnah
revendique pour la Ligue musulmane le droit de représenter exclusivement ses coreligionnaires. Le parti laïc du
Congrès conteste sa prétention. La conférence se conclut sur un échec le 14 juillet 1946.
Londres, qui a d'autres soucis en tête, ne veut pas retarder plus longtemps l'indépendance des Indes. Le Parlement
de Westminster vote une loi, l'Indian Independence Bill, le 4 juillet 1947. L'indépendance est célébrée le 15 août 1947.
Mais les réjouissances ne durent pas. Presqu'immédiatement, musulmans et hindous s'affrontent avec la plus extrême
violence.
2ème partie : 1947
Indépendance de l'Inde et du Pakistan
Par André Larané
Le 15 août 1947, l'Inde et le Pakistan deviennent officiellement indépendants.
C'est l'aboutissement de longues et douloureuses tractations entre le colonisateur britannique et les Indiens mais
plus encore entre les Indiens eux-mêmes (les Anglais s'étaient pour la plupart résignés à quitter les Indes dès 1930).
L'État principal issu du British Raj (empire britannique des Indes) s'appelle officiellement Union indienne ou République
de l'Inde. C'est aujourd'hui une république fédérale de 28 États et 7 territoires, associée au Commonwealth, dernier
vestige de l'empire britannique.
Les Indiens eux-mêmes appellent volontiers leur pays Bharat en référence à un roi mythique qui a inspiré l'épopée en
vers Mahâbhârata. D'un point de vue religieux, le pays est aussi appelé Hindoustan parce qu'il est le berceau de
l'hindouisme (-stan est un suffixe d'origine persane qui signifie pays).
Le Pakistan est une invention du XXe siècle. Son nom, conçu par un étudiant en 1933, signifie le «pays des purs» et
comporte les initiales de trois provinces revendiquées par ses promoteurs : P pour Pendjab, A pour Afghanistan, K pour
Cachemire. Devenu une République islamique, il est comme l'Inde reste fidèle au Commonwealth britannique.
L'indépendance de tous les dangers
Le parti du Congrès, qui regroupe les élites hindoues, réclame dès le début du XXe siècle l'autonomie, voire
l'indépendance. La Ligue musulmane, toute aussi désireuse de voir partir les Anglais, exige la création d'un État
proprement musulman, le Pakistan.
Son chef, Mohamed Ali Jinnah, récuse toute idée de confédération entre cet État et la future Union indienne. Il
entretient ses coreligionnaires dans la conviction qu'ils ne pourront jamais vivre en paix s'ils sont en minorité face aux
hindous. Après la conférence de Simla, conclue sur un échec le 14 juillet 1946, il les appelle à une journée d'action
directe, le 16 août 1946. Il s'ensuit plusieurs milliers de morts rien qu'à Calcutta !
Les Britanniques n'en confient pas moins la direction du British Raj à un gouvernement intérimaire dirigé par
le pandit Jawaharlal Nehru, compagnon de route de Gandhi. Ils convoquent par ailleurs une assemblée constituante en
décembre 1946 mais celle-ci est boycottée par la Ligue musulmane. Les affrontements sanglants entre les deux
communautés commencent à se multiplier.
En février 1947, Londres dépêche lord Louis Mountbatten en qualité de vice-roi. Le cousin de la future reine Elizabeth
II, homme remarquable et brillantissime, qui s'est comporté en héros sur le front birman, face aux Japonais, doit
négocier les modalités de l'indépendance et éviter la partition du pays.
La préférence de Nehru va à un État centralisé pour prévenir aussi bien la création du Pakistan que la sécession de tel
ou tel État princier. Il doit aussi faire face aux extrémistes de son propre camp qui réclament la création d'un État
purement hindou, l'Hindoustan, pour faire pendant au futur Pakistan.
Lord Mountbatten cultive d'excellentes relations avec Nehru, lequel devient par ailleurs l'amant de sa séduisante femme
! Mais il désespère de préserver l'unité du British Raj et, en désespoir de cause, choisit d'accélérer le processus
d'indépendance, quoiqu'il en coûte.
Finalement, la passation des pouvoirs entre le vice-roi et le Premier ministre a lieu comme prévu le 15 août 1947, à
Delhi, au fort Rouge, l'ancien palais des empereurs moghols. La fête est réussie, malgré l'absence de Gandhi, plongé
dans un nouveau jeûne en guise de protestation contre la partition, qu'il qualifie à juste titre de «vivisection».
Les souverains des 340 États princiers qui composent l'Inde acceptent presque tous de rejoindre la future Union en
échange de généreuses compensations. L'exception la plus notable est le souverain musulman d'Hyderabad, au cœur
du pays. Celui-là ne se ralliera qu'en 1948, sous la contrainte.
Tandis que les Britanniques se retirent avec soulagement, Ali Jinnah proclame à Lahore l'indépendance du Pakistan...
Visions d'enfer
Immédiatement, dans l'affolement, la plupart des hindous et sikhs du nouveau Pakistan plient bagage et rejoignent
vaille que vaille l'Union indienne ; ils sont imités en sens inverse par de nombreux musulmans. De 1947 à 1950, quinze
à vingt millions de personnes se croisent ainsi par-dessus les frontières des deux nouveaux États, occasionnant au
passage d'innombrables incidents meurtriers.
Dans les villages où cohabitent les communautés (hindous, musulmans, sikhs) ont lieu des scènes d'épouvante :
massacres à l'arme blanche, viols, mutilations... On compte 400.000 à un million de morts rien que dans l'été 1947.
Par ailleurs, une guerre éclate dès la fin de l'année pour le contrôle du Cachemire, une province à majorité musulmane
avec un prince hindou. En ce début du XXIe siècle, le problème du Cachemire n'est toujours pas réglé et une ligne de
cessez-le-feu indo-pakistanaise coupe toujours cette province autrefois belle et prospère.
Comme si cela ne suffisait pas, le 30 janvier 1948, six mois seulement après l'indépendance, le Mahatma Gandhi est
assassiné par un extrémiste hindou. Quant à Mohammed Jinnah, principal responsable du drame, il meurt le 11
septembre suivant de la tuberculose (lord Mountbatten aurait plus tard déclaré que s'il avait eu connaissance de sa
maladie, peut-être aurait-il différé l'indépendance dans l'espoir d'éviter la partition).
Malgré ces funestes débuts, la démocratie indienne va lentement mûrir et croître sous la direction de dirigeants
remarquables, au premier rang desquels Jawaharlal Nehru et sa fille, Indira Gandhi (sans lien de parenté avec
le Mahatma, son patronyme lui venant de son mari).
Moins chanceux est le Pakistan. État artificiel fondé sur l'identité musulmane, il s'est séparé en 1971 de sa partie
orientale, aujourd'hui le Bangladesh et se trouve en ce début du XXIe siècle confronté à de nouveaux défis du fait de
l'intégrisme islamique.
Commentaire : bilan de la colonisation britannique
En Inde comme au Pakistan ou au Bangladesh, nul n'aurait l'idée aujourd'hui de rendre l'ancien colonisateur
responsable des difficultés du moment (c'est une grande différence avec ce que l'on peut entendre du côté de l'Afrique
francophone, de l'Algérie ou même d’Haïti).
Accoutumés à traiter avec des envahisseurs extérieurs (Turcs, Mongols...), les Indiens sont reconnaissants aux
derniers venus, les Britanniques, d'avoir réalisé l'unité de leur aire culturelle et permis à l'hindouisme et aux traditions
védiques de renaître au grand jour. Ils leur sont reconnaissants aussi de leur avoir donné une langue véhiculaire,
l'anglais, acceptable par toutes les composantes du pays, et surtout de leur avoir transmis les principes de l'État de
droit, sans lesquels il n'est pas de démocratie ni de paix civile. Grâce à quoi l'Union indienne peut se flatter d'être
aujourd'hui la plus grande démocratie du monde, en dépit de toutes ses imperfections.
Au passif de la colonisation britannique, il faut inscrire sans nul doute la ruine de l'artisanat qui faisait encore au début
du XIXe siècle la prospérité des Indes et la renommée de ses tissus dans le monde entier
(indiennes, cachemire, madras...). C'est en inondant le marché indien de leurs textiles produits à Manchester et
Liverpool que les Britanniques ont en bonne partie bâti leur puissance industrielle, sans égard pour le savoir-faire local,
irrémédiablement détruit (la Chine, notons-le, utilise en ce début du XXIe siècle la même stratégie à l'égard de
l'Occident).
Source : http://www.herodote.net. Herodote.net édite depuis le 1er janvier 2004 des documents d'Histoire sur
internet, sur cédérom et sur papier, avec une équipe de professionnels et le soutien des Amis d'Hérodote.
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