Corrigé des exercices du chapitre 13

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Économie internationale
9e édition
P. Krugman, M. Obstfeld, M. Melitz
G. Capelle-Blancard, M. Crozet
ISBN : 978-2-7440-7530-8
Chapitre 13 – Les comptes nationaux et la balance des paiements
Corrigés des activités
1. Nous avons précisé que le PIB ne prenait en compte que la valeur des biens et services finals, ce qui permettait
d’éviter de comptabiliser plusieurs fois certains biens ou services. Doit-on, de la même façon, comptabiliser
uniquement les importations et les exportations de biens et services finals ?
Comme l’énoncé le rappelle, pour éviter que des biens et services ne soient comptabilisés plusieurs fois, le PIB
ne prend en compte que les valeurs finales. Il faut, pour la même raison, soustraire du PIB les importations de
biens intermédiaires et y ajouter les exportations de biens intermédiaires. Supposons que la France vende de
l’acier à Toyota et à Renault. La valeur de l’acier vendu à Renault ne doit pas apparaître dans le PIB, puisque
qu’elle est prise en compte dans la valeur des véhicules produits en France. Par ailleurs, la valeur de l’acier
vendu à Toyota n’apparaîtra pas dans les comptes nationaux français sous la forme d’un produit fini. En effet, la
production de véhicules par Toyota est comptabilisée dans le PIB japonais et non français. La valeur de cet
acier doit donc être soustraite du PIB japonais, puisque qu’elle représente la rémunération des facteurs de
production français.
2. L’équation (13.2) nous enseigne que, pour réduire le déficit de son compte courant, un pays doit augmenter son
épargne privée, réduire ses investissements ou son déficit public. Certains recommandent que les pays
industrialisés restreignent leurs importations de Chine (ou d’ailleurs) pour réduire le déficit de leur compte
courant. Comment des barrières plus élevées aux importations peuvent-elles influer sur l’épargne intérieure, les
investissements et le déficit public ? Êtes-vous d’accord avec l’idée selon laquelle les restrictions aux
importations vont nécessairement permettre de réduire le déficit du compte courant ?
p
L’équation 13.2 peut se réécrire sous la forme : CC = (S – I) + (T – G). Renforcer les barrières aux importations
(alourdissement des tarifs douaniers, mise en place de quotas…) a peu de conséquences sur l’épargne privée,
l’investissement ou le déficit budgétaire, et donc n’améliore pas vraiment le solde du compte courant. Dans
certains cas, l’impact sur le compte courant est même négatif. C’est le cas, notamment, lorsque les
investissements augmentent dans les industries protégées par les barrières douanières (celles-ci sont parfois
justifiées pour offrir aux industries en difficulté l’opportunité de moderniser leurs usines et leurs équipements),
avec pour conséquence une augmentation possible du déficit du compte courant. Il est aussi possible que
l’investissement diminue dans les industries qui font face à des coûts de biens intermédiaires importés plus
élevés.
3. Expliquez comment chacune des actions suivantes donne lieu à deux écritures – un crédit et un débit – dans la
balance des paiements de la zone euro. Précisez pour chaque écriture dans quel compte elle sera enregistrée :
a. Un résident de la zone euro achète une action d’une entreprise américaine et paie avec un chèque libellé
sur son compte auprès d’une banque française.
b. Un résident de la zone euro achète une action d’une entreprise américaine et paie avec un chèque libellé
sur son compte auprès d’une banque suisse.
c. Les autorités monétaires coréennes effectuent une intervention officielle sur le marché des changes et
utilisent des euros qu’elles détiennent dans une banque française pour acheter des wons (monnaie
coréenne).
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d. Un viticulteur bordelais participe à une dégustation internationale de vins à Londres en y faisant goûter ses
meilleurs crus.
e. Une usine détenue par des actionnaires français et située en Grande-Bretagne utilise ses bénéfices locaux
pour acheter de nouvelles machines.
f.
L’ambassade des États-Unis en France achète une voiture auprès d’un concessionnaire à Paris.
a. L’achat d’une action américaine représente un débit pour le compte financier de la zone euro. Un crédit
correspondant va apparaître dans le compte de la zone euro, lorsque le vendeur américain aura déposé,
dans sa banque aux états-Unis, le chèque libellé sur la banque française. Deux cas de figure se présentent
alors : soit la banque américaine prête le montant en euros à un importateur américain – auquel cas, le
crédit apparaîtra dans le compte courant de la zone euro ; soit la banque prête le montant à un individu ou à
une société qui achète un actif de la zone euro – auquel cas, le crédit apparaîtra dans le compte financier de
la zone euro. Dans tous les cas, l’utilisation des euros par la banque américaine va entraîner un crédit dans
la balance des paiements de la zone euro.
b. De nouveau, l’achat d’une action américaine représente un débit pour le compte financier de la zone euro.
Ici, le crédit correspondant va apparaître dans le compte financier de la zone euro, lorsque le résident
européen va payer avec un chèque libellé sur sa banque suisse. En effet, les créances de la zone euro sur
la Suisse diminuent du montant du chèque. Dans ce cas de figure, le résident européen échange un actif
étranger contre un autre.
c. L’intervention des autorités monétaires coréennes sur le marché des changes consiste à vendre un actif
européen, c’est-à-dire les euros que les autorités détiennent dans une banque française. Cette vente va
s’inscrire au débit du compte financier de la zone euro. Les résidents coréens, qui vont acheter ces euros,
peuvent les utiliser soit pour acheter des produits européens (écriture au crédit du compte courant de la
zone euro), soit pour acheter des actifs européens (écriture au crédit du compte financier de la zone euro).
d. Aucun crédit ou débit n’apparaît dans le compte courant ou financier, puisque la dégustation ne représente
pas une transaction marchande.
e. Cette transaction n’implique aucune comptabilisation dans la balance des paiements de la zone euro.
f.
Cette transaction doit être considérée comme une exportation de biens français en faveur des états-Unis.
Elle s’inscrit donc au crédit du compte courant de la zone euro.
4. Imaginons le cas d’un pays présentant un déficit de son compte courant de 1 milliard d’euros et un excédent de
son compte financier (hors réserves officielles) de 500 millions d’euros.
a. Décrivez la balance des paiements. Qu’est-il arrivé aux avoirs étrangers nets du pays ?
b. Supposons que les banques centrales étrangères n’aient ni vendu ni acheté d’actifs de ce pays. Comment
les réserves étrangères de la banque centrale ont-elles évolué en 2005 ? Comment cette intervention
officielle a-t-elle été comptabilisée dans sa balance des paiements ?
c. Même question si vous apprenez que les banques centrales étrangères ont acheté pour 600 millions d’euros
d’actifs domestiques ? Comment ces achats officiels ont-ils été enregistrés dans les balances des
paiements étrangères ?
d. Construisez la balance des paiements, sous l’hypothèse que l’événement décrivant le cas c s’est
effectivement réalisé.
a. Les flux financiers entrants qui résultent des activités des banques domestiques (à l’exception de la banque
centrale) ne compensent le déficit du compte courant qu’à hauteur de 500 millions d’euros. La balance des
règlements officiels (ou balance de base) s’élève donc à –500 millions d’euros. Par ailleurs, quel que soit le
mode de financement, le pays a dû faire appel à l’étranger pour financer le milliard d’euros de déficit de son
compte courant. Les avoirs étrangers nets ont donc diminué de un milliard d’euros.
b. La banque centrale a dû puiser dans ses réserves d’avoirs étrangers pour financer la portion du déficit du
compte courant non couverte par les entrées de capitaux privés. Si aucune banque centrale étrangère n’a
acquis d’actifs domestiques sur la période, la banque centrale du pays a dû puiser 500 millions d’euros dans
ses réserves. Cette transaction apparaît comme un flux financier officiel entrant dans la balance de base du
pays.
c. Supposons maintenant que les banques centrales étrangères aient investi 600 millions d’euros dans des
actifs domestiques. Dans ce cas de figure, la banque centrale du pays a augmenté ses avoirs étrangers de
100 millions d’euros. Autrement dit, le pays a eu besoin de un milliard d’euros pour financer le déficit de son
compte courant, mais 1,1 milliard d’euros de flux financiers issus de l’étranger sont entrés (500 millions de
capitaux privés et 600 millions de capitaux des banques centrales étrangères). La banque centrale a donc
pu utiliser les 100 millions d’euros d’excédent pour prêter à l’étranger et augmenter ses réserves. Sa
balance des paiements présente toujours un déficit de –500 millions d’euros, mais cette fois il se
décompose en 600 millions d’euros d’actifs domestiques achetés par les banques centrales étrangères et
de 100 millions d’euros d’actifs étrangers achetés par la banque centrale nationale. Dans la question
précédente, la banque centrale devait vendre 500 millions d’actifs puisés sur ses réserves. Les achats, par
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les banques centrales étrangères, des actifs domestiques apparaissent dans les balances des paiements
étrangères comme des flux sortants, qui sont comptabilisés au débit. Cela s’explique par le fait que ces
transactions induisent des paiements étrangers en faveur des résidents qui ont vendu les actifs.
d. Les transactions effectuées par les banques privées vont être comptabilisées comme au b dans la balance
des paiements, mais cette fois les transactions du c viennent s’ajouter : un accroissement de 600 millions
d’euros des avoirs officiels (il s’agit d’un crédit pour le compte financier ou flux financier entrant), et un
accroissement de 100 millions d’euros des avoirs officiels de réserve détenus à l’étranger (il s’agit d’un débit
du compte financier ou flux sortant). évidemment, le total des entrées de capitaux nettes s’élève à 1 milliard
d’euros et couvre exactement le déficit du compte courant.
5. Précisez pour quelles raisons les pouvoirs publics doivent se sentir concernés par un déficit ou un excédent
important du compte courant ? Pourquoi doivent-ils, de même, se sentir concernés par la balance des
règlements officiels (c’est-à-dire la balance de base) ?
Une situation de déficit ou d’excédent du compte courant peut se révéler intenable sur le long terme. Pourtant,
dans certains cas, être temporairement en déficit peut être souhaitable. C’est le cas notamment lorsqu’un pays
emprunte aujourd’hui afin d’augmenter sa capacité de production et obtenir un revenu national futur plus élevé.
Mais pour chaque période de déficit du compte courant doit correspondre une période d’excédent (c’est-à-dire
où les dépenses deviennent inférieures au revenu), afin que le pays puisse rembourser sa dette sur l’étranger.
En l’absence d’opportunités d’investissement nouvelles, la meilleure trajectoire pour l’économie consiste à lisser
la consommation, relativement au revenu, au cours du temps.
Les réserves en monnaies étrangères, détenues par la banque centrale, diffèrent sensiblement de la valeur
inscrite dans la balance des règlements officiels. Les banques centrales utilisent leurs réserves étrangères pour
intervenir sur les taux de change. Une diminution de celles-ci risque de limiter la capacité d’une banque centrale
à modifier ou à maintenir le taux de change de sa monnaie. Pour certains pays – notamment les pays
développés – les réserves de la banque centrale peuvent jouer un rôle majeur pour encourager la
consommation ou l’investissement, lorsqu’il devient difficile d’emprunter à l’étranger. Un niveau élevé de
réserves peut, par ailleurs, jouer le rôle d’un signal pour les prêteurs étrangers potentiels, pour les convaincre
de la solvabilité du pays. La question de la balance des paiements d’un pays centralisateur de réserves en
monnaies (comme les États-Unis sous le système de Bretton Woods) sera abordée au chapitre 19.
6. Est-ce que les éléments de la balance des paiements de la zone euro donnent un tableau précis de l’ampleur
des transactions en euros (achats et ventes) des banques centrales étrangères sur le marché des changes ?
La balance des règlements officiels donne la variation nette des réserves en monnaies internationales (hors
zone euro) détenues par les autorités monétaires de la zone euro, relativement à la variation des réserves en
euros détenues par les autorités monétaires étrangères. Elle présente donc un tableau partiel de l’étendue des
interventions officielles sur le marché des changes. Supposons, par exemple, que les autorités monétaires
chinoises achètent des euros et les déposent sur un compte dans une banque en Suisse. Bien que cette
transaction soit une forme d’intervention sur le marché des changes, elle ne va pas apparaître dans la balance
des règlements officiels de la zone euro. En contrepartie, lorsque la banque suisse va créditer ce dépôt sur son
compte dans la zone euro, cette transaction apparaîtra comme un flux financier privé.
7. Est-il possible pour un pays de connaître un déficit de son compte courant et, dans le même temps, un
excédent de sa balance de base ? Explicitez votre réponse en utilisant des chiffres hypothétiques pour le
compte courant et le compte financier (hors réserves officielles). Assurez-vous d’intégrer à votre réponse les
implications possibles pour les flux de réserves officielles de change.
Un pays peut connaître un déficit de son compte courant et simultanément un excédent de sa balance de base,
si l’excédent du compte financier et du compte de capital est supérieur au déficit du compte courant. Il suffit de
se rappeler que l’excédent de la balance de base égale l’excédent du compte courant, plus l’excédent du
compte financier, plus l’excédent du compte de capital. Supposons que le compte courant présente un déficit de
100 millions d’euros, mais que le compte de capital présente un excédent de 102 millions d’euros grâce à
d’importantes entrées de capitaux. Dans ce cas, la balance de base présentera un excédent de 2 millions
d’euros.
Ce problème peut être utilisé comme une introduction à l’intervention (ou à l’absence d’intervention) sur le
marché des changes. Ce sujet sera traité plus en détail au chapitre 18. Le gouvernement des États-Unis n’est
pas intervenu de façon notable sur le marché des changes durant toute la première partie des années 1980.
Théoriquement, le solde de la balance de base aurait dû être nul. En réalité, cette dernière a présenté un léger
excédent entre 1982 et 1985. Cette période a aussi été marquée par des déficits importants du compte courant.
En fait, les entrées de capitaux aux États-Unis entre 1982 et 1985 ont légèrement dépassé les déficits du
compte courant.
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8. Imaginons que la dette extérieure nette de la France soit égale à 25 % de son PIB et supposons un taux
d’intérêt unique de 5 %. À combien s’élèvent, en pourcentage du PIB, les intérêts dus sur la dette extérieure
nette ? S’agit-il d’un montant important ? Qu’en serait-il si la dette extérieure nette représentait 100 % du PIB ?
À quel moment, pensez-vous qu’un pays doive s’inquiéter du niveau de sa dette extérieure nette ?
Si le taux d’intérêt est de 5 %, alors les intérêts nets de la dette extérieure nette s’élève à 1,25 % du PIB. Bien
que ce montant ne soit pas négligeable, il ne représente pourtant pas une charge très lourde. Lorsque la dette
extérieure nette atteint 100 % du PIB, les intérêts dus sur la dette s’élèvent à 5 % du PIB. À ce stade, les
remboursements deviennent une charge substantielle pour l’économie.
9. En 2009, les États-Unis ont reçu 585,2 milliards de dollars en revenu de capital sur leurs avoirs étrangers, alors
qu’ils ont versé456,0 milliards de dollars en règlement de leurs engagements vis-à-vis de l’étranger. Pourtant,
les États-Unis présentent un endettement extérieur net substantiel. Comment expliquer qu’ils reçoivent des
revenus du capital du reste du monde supérieurs à ceux qu’ils versent au reste du monde ?
La rentabilité que les États-Unis perçoivent sur les actifs qu’ils détiennent à l’étranger est visiblement plus
élevée que celle reçu par l’étranger sur les avoirs américains. Une des raisons à cela tient à ce qu’une partie
importante des avoirs étrangers consiste en des bons du Trésor à faible rendement.
10.Pourquoi, dans l’exemple concernant les avoirs de la Banque du Japon, assiste-t-on à un accroissement du
compte courant japonais de 20 000 euros, et, en contrepartie, à une baisse du même montant de son compte
financier ?
L’achat d’une Honda Accor par un concessionnaire français correspond à une exportation pour la firme Honda,
ce qui améliore le solde du compte courant japonais. Si la Banque du Japon accepte d’échanger le chèque de
20 000 € contre des yens japonais, cela augmente les réserves officielles de la Banque du Japon de 20 000 €
ce qui correspond à une diminution du compte financier nippon.
11.Reprenez l’exemple qui illustre le dernier encadré et qui examine l’impact d’une dépréciation de 10 % du dollar,
et calculez l’effet sur la richesse nette (en pourcentage du revenu national américain) du reste du monde
exprimée en dollars.
Si le reste du monde détient 20 % de son PIB en actifs américains et que le dollar se déprécie de 10 %, il n’y
aura aucun effet sur la valeur des engagements du reste du monde (passif), exprimés en monnaies
domestiques. En revanche, la valeur de leurs avoirs américains diminuera de 10 %. Les avoirs nets du reste du
monde vont donc diminuer de 2 % du PIB. L’impact d’une telle dépréciation sur les taux de change dépendra
évidemment du montant initial des avoirs du reste du monde détenus en dollars.
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