Maison de naissance à la française, une très longue gestation …

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Maison de naissance à la française,
une très longue gestation …
La première maison de naissance (birth center) a été fondée en 1975, à New York. Aujourd'hui il en
existe plus d'une centaine aux Etats-Unis. Au Québec, 10 MDN fonctionnent de nos jours, et 13
supplémentaires sont prévues d'ici 2018.
En Europe, le mouvement s'est d'abord implanté en Allemagne (en 1987), puis en Suisse, Autriche,
Belgique, Suède, Grande-Bretagne... Un réseau européen de maisons de naissance (Netzwerk
Europa) voit le jour en 1993.
Et en France ? En 1986, nombreuses sont les sages-femmes surprises par le soutien d'une
association de parents luttant pour le maintien de la Maison de Naissance Parentale Sainte Thérèse
dont s'occupe Madame de Béarn, sage-femme. Peu à peu une réflexion et un engagement se
mettent en place. Le Netzwerk vient en 1996 à Pau pour animer un atelier « Comment créer une
maison de naissance ? ».
En 1999, le label « maison de naissance » est déposé par un groupe national composé d'associations
d'usagers ( « Naissance et liberté », «la « Fédération Nationale des parents » ), de l'association
nationale des sages-femmes libérales et de l'ONSSF, l'un des deux syndicats professionnels de sagesfemmes. Un premier projet voit le jour à Pau, présenté alors à B.Kouchner comme projet pilote.
Enfin, le 5 mai 1999, le réseau des maisons de naissance français est créé, affilié au Netzwerk, avec
pour présidente d’honneur, Mireille Jospin. Des ouvertures de MDN se font à Pau et à Montpellier
avec des associations de parents volontaires et des sages-femmes militants, mais sans succès faute
d'autorisation des autorités et en raison de l'hostilité des responsables médicaux.
Mais les mentalités changent, lentement, très lentement en partie sous la pression des associations
d'usagers de plus en plus présentes au sein des institutions, et de professionnels souhaitant le
développement d'alternatives à l'accouchement hospitalier.
Sur l'Ile-de France, des projets existent, et un groupe de travail issu de la commission régionale de la
naissance propose en 2001 un rapport sur la faisabilité des MDN franciliennes, visible sur le site de la
DRASSIF.
En juin 2003, à la demande de François Mattei, Ministre de la santé, une mission périnatale fait vingt
propositions pour une politique périnatale, dont celle d’évaluer la mise en place de maisons de
naissance. C’est le rapport Bréart. L'idée d'une alternative à l'hôpital et l'accouchement en milieu
« hypermédicalisé » est entendue.
De même la notion de « grossesse physiologique » est réintégrée à l'obstétrique : treize points
sur « Suivi et accompagnement des grossesses physiologiques par les maternités. Fondamentaux »
sont publiés (2010) et co-signés par les sociétés savantes des obstétriciens et des sages-femmes, et la
société française de néonatologie.
Et last but not least, en 2012, le Collège national des gynécologues obstétriciens (CNGOF), dans un
texte co-signé par les professeurs Francis Puech et Bernard Hédon, prend position pour les MDN,
« Les expériences existent déjà et il est possible de se baser sur leurs résultats satisfaisants pour
poursuivre dans cette voie, avec pour seuls objectifs le bien-être de la patiente et de son nouveau-né
et le respect absolu de leur sécurité. Le CNGOF, dans la mesure où des assurances ont été données
sur les points qui l’avaient amené, en 2008, à donner un avis défavorable sur l’expérimentation des
maisons de naissance, considère que la simplification de la prise en charge obstétricale de
l'accouchement physiologique pourrait aussi s'envisager selon les modalités suivantes : lieu
spécifique aménagé en dehors du plateau technique médicalisé (mais à proximité immédiate et en
lien fonctionnel avec lui pour les raisons de sécurité évoquées ci-dessus), prise en charge par des
sages-femmes dans les limites de leurs compétences reconnues. »
Les oppositions professionnelles se sont estompées, la pression des usagers est plus forte et mieux
organisée, et enfin des hommes et femmes politiques se saisissent de ce dossier.
2013 a été l'année de l'espoir enfin réalisé: l’Assemblée Nationale a voté le 28 novembre 2013, à
l'unanimité, l'expérimentation des MDN en France. Aujourd'hui le rêve devient une réalité, et
également une responsabilité portée par toutes les sages-femmes.
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